cat-right

Tapar, tap

Tapar v.tr. « boucher ». Alibertdonne les sens suivants  » fermer, clore, couvrir, cacher, rassasier », qui s’expliquent tous à partir du sens « boucher ».  Tapar « boucher » est attesté depuis le XIVe s. en ancien occitan et en ancien catalan. Le verbe français taper « boucher » terme maritime (TLF), a été emprunté à l’occitan au XVIIIe siècle,  ainsi que le dérive tape ‘bouchon » terme technique (TLF tape2).

Les sens « saisir, frapper, tasser », qui n’appartiennent pas à cette famille, mais à celle de l’onomatopée tapp-. Voir pour l’étymologie de ce groupe le TLF taper1

Le FEW distingue deux familles de mots pour tapar « boucher ». Dans le Nord, jusqu’à la Loire nous trouvons des représentants du substantif francique *tappo « bouchon en bois  » (allemand Zapfen  » fausset, robinet de fût ») > français tapon, tampon et au Sud de la Loire le verbe gotique *tappon « boucher ». Voir Grimm).

Le verbe tapar « boucher » et le dérivé tap « bouchon » sont  vivants dans tout le domaine occitan. (voir Thesoc, s.v. bouchon; fausset). Voir aussi l’espagnol tapar « boucher, cacher, fermer » et le substantif tapas « un petit bouchon en accompagnement de l’apéro » qui a conquis le monde entier1

Grimm écrit que les tonneaux anciens n’avaient qu’une bonde en haut et que plus tard on a fait un petit trou cylindrique en bas pour pouvoir tirer le vin ou la bière. Ensuite on a eu l’idée de faire une canelle et un robinet dans le bout de bois. Les Romains ont copié cette technique des Germains.

       

robinet de fût.                    espagnol tapas                               néerl. tappen           néerl. et  anglais tap
Le verbe anglais to tap signfie e.a. « tirer un liquide d’un fût ».

                     Tattoo            

Tout le monde connaît le tattoo d’Edimbourg. Tattoo est un mot d’origine néerlandaise taptoe et composé de tap + toe littéralement « tap fermé ». Un signal ou bruitage militaire qui rappelait les soldats ou les matelots au quartiers. Plus tard la police faisait la ronde des bars et tavernes pour la fermeture des taps. Il n’y a pas si longtemps c’était tattoo à 11H00 du soir en Angleterre.(Harper) . Voir aussi cobrifuoc « couvre-feu » pour les bruitages militaires.

Une belle histoire dans WordlWideWords sur l’expression tapping the Admiral ce qui veut dire « prendre une petite gorgée d’un alcool fort ».

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  1. Le mot tapa  est presque un faux ami.  Voici le riche développement:

    tapa1.

    (Quizá del gót. *tappa).
    1. f. Pieza que cierra por la parte superior cajas o recipientes.
    2. f. Cubierta córnea que rodea el casco de las caballerías.
    3. f. Cada una de las capas de suela del calzado, especialmente la que está en contacto con el suelo.
    4. f. Cada una de las dos cubiertas de un libro encuadernado.
    5. f. Compuerta de una presa.
    6. f. Carne de la ternera que corresponde al medio de la pierna trasera.
    7. f. En las chaquetas, abrigos, etc., vuelta que cubre el cuello de una a otra solapa.
    8. f. Pequeña porción de algún alimento que se sirve como acompañamiento de una bebida.
    9. f. C. Rica. Lo máximo, lo mejor. El equipo de Alajuela es la tapa.
    10. f. C. Rica. En las carboneras, leña gruesa que se pone sobre la leña que va a ser carbón para evitar que la tierra se introduzca entre ella.
    11. f. Filip. Tasajo o cecina.
    12. f. Guat. palabrota.
    13. f. pl. Conjunto de mantas y colcha de la cama.
    14. f. pl. C. Rica. trasero (‖ nalgas).
    ~ de los sesos.
    1. f. coloq. Parte superior del cráneo.
    abrir, levantar, reventar, saltar, o volar a alguien la ~ de los sesos.
    1. locs. verbs. Romperle el cráneo.
    2. locs. verbs. Darle un tiro en el cráneo.
    meter en ~s.
    1. loc. verb. Impr. Colocar dentro de ellas el libro ya cosido y preparado para encuadernar.

Tafanari, Fanny

Tafanari « fesse(s), cul  spécialement de Fanny (voir les règles de la pétanque)». Probablement emprunté à l’italien ou à l’espagnol. A Mâcon le tafanari  s’appelle tout court le fanny. A Lyon la forme prend un s- : stafanari. ce qui indique un emprunt récent.

     pour les collectionneurs : tafanari ou Fanny

J’ai surfé un peu en cherchant l’origine des mots Tafanari et Fanny et j’ai été surpris que tafanari se retrouve non seulement dans le sud de l’Italie à Cilento (note1) , mais aussi dans le Nord, à Milan et à Venise ainsi qu’en espagnol. L’auteur d’une liste des arabismes à Cilento écrit: « tafanario – s.m. deretano (= la parte posteriore del corpo; il sedere ) N460 ; sp. tafanario. » Comme étymologie il propose : arabe tafar + tafran  » qui n’a pas le sou » ; B.56 (note2) : tafran « homme malpropre. » Vedi S.(= voir S. =??) : tafnar ». Une autre source dit que tafanariu signifie « anus ».
Nous avons plusieurs propositions étymologiques pour tafanari :

  • 1) arabe tafar « croupière ».  Un visiteur m’écrit : « le mot arabe est thafar (th = th anglais dans thin) ». Leo Spitzer dans la Z 51(1931) p.296 émet des doutes pour deux raisons. D’abord pour une raison de principe. de recherche généralement admis. Il faut dans la mesure du possible expliquer l’histoire d’un mot en « interne », c’est-à-dire dans la langue de la région.  Secondo, dans le cas de tafario , cela suppose une dissimilation -r- / -r- > n- / -r- et en plus une dérivation avec un suffixe –ariu qui est plutôt savante.
  • 2) arabe tafar + tafran « qui n’a pas le sou ». Embrasser Fanny ou baiser Fanny n’est pas une récompense. Cela veut dire perdre une partie sans avoir marqué un seul point! un grand 0.
  • 3) D’après un dictionnaire italien, le Garzanti, tafanario est un dérivé de tafano « taon » à cause de l’habitude de ces insectes de piquer les postérieurs des quadrupèdes ». Alors tafano serait comme notre tavan et français taon. du latin tabanus. Spitzer penche pour cette étymologie donnée par Giuseppe Boerio dans son“ Dizionario del Dialetto Veneziano ” (Venise, 1856), s.v. tafanario. Celui-ci avait trouvé dans un vocabulaire sicilien le texte suivant : « Eo quod ibi confluant muscae tabani translate de hominis sede » . Le mot serait alors d’origine italienne pour des raisons d’ordre phonétique, parce que la forme tafano < latin tabanus ne s’est développé qu’en Italie.
  • 4)Dans le Diccionario de la Real academia española le mot tafanario est défini comme « nalgas« . Comme mon espagnol ne va pas jusque là, j’ai cherché la définition : « Chacune des parties charnues et rondes qui se trouvent entre le bout de la colonne vertébrale et le début des cuisses. » D’après le même vénérable dictionnaire l’étymologie de tafanario est antifonario (un dérivé de antífona) qui signifie : 1.livre des antiphones.      2. cul ou fesses, c’est-à-dire que antifonario c’est un synonyme de tafanario.
  • 5) Dans un autre site quelqu’un affirme que le mot arabe tafar signifie « fabricante y vendedor de lozas » (fabricant et vendeur de faïence) et non pas « croupière ». Difficile à vérifier pour moi.
  • 6) En catalan existe le verbe tafanejar  « fouiner, fureter dans des affaires de quelqu’un » et l’adjectif tafaner : d’origen incert, probablement alteració de tofoner, der. de tòfona, aplicat inicialment a persones o gossos cercadors de tòfones que furguen i ho remenen tot]. Et le tofona qui vient d’un « cat. ant. tòfera,1507; ll. dial. *tufara, ll.latin cl. tubera, pl. de tuber c’est notre truffe.

    

tafanario ………………………. et ………………………….. antifonarios (espagnol)

Etymologie. Je suis le plus séduit par la proposition du Diccionario de la Real academia española. Je vois bien un Espagnol dire à un copain: « siéntate en tu antifonario »,  pas seulement parce qu’un antifonario est un gros recueil des chants liturgiques ennuyeux et répétitifs mais parce que les antiphones sont chantés par deux choeurs, alternativement. Dans le TLF antiphone est défini comme : Psaume ou chant d’église exécuté en alternance par deux chœurs, l’un disant les versets, l’autre répondant par une antienne.

Amando de Miguel dans une rubrique Frases y palabras du 26 mai 2006 soutient cette  explication: « África Marteache quiere saber el significado de tafanario. Como ella misma indica, es una variante jocosa de lo que por otros nombres es el culo, las asentaderas, las nalgas, el trasero, el pompis, el culete. Tafanario es una corrupción de « antifonario« , un libro de regulares dimensiones que figura en el coro de las catedrales, donde se recogen los textos de las antífonas o cantos rituales. Quizá sea la magnitud del objeto y sobre todo su índole ( caractère solennel) solemne y sagrada lo que determina que, por antífrasis, se pueda aplicar al culo. Recuérdese una expresión que recoge ese mismo juego de la antífrasis: « confundir el culo con las témporas ».(confondre le cul et les quatre-temps = chacune des quatre périodes (au début de chaque saison) qui dans l’année liturgique comporte trois jours de jeune et de prière).

Quelle histoire est la plus probable?  la proposition de Giuseppe Boerio, suivi du dictionnaire Garzanti, qui le rattache à tabanus ?. Mais il faudra mieux connaître l’histoire du mot et surtout les dates des attestations dans les parlers italiens. Une origine sicilienne n’exclut pas l’étymon arabe thafar « croupière ». En ce qui concerne le mot espagnol antifonario il faudrait également savoir depuis quand il est utilisé pour désigner las nalgas.

Michel Wienin ajoute une attestation de l’Algérie:

TAFANARI           :              Ouï du Gard, c’est du provençal/marseillais même si le mot est connu un peu partout. C’est aussi du « pied noir », au moins de l’est de l’Algérie d’où la famille de ma femme est originaire (donc probablement d’origine italienne). Pourquoi ne pas relier ce mot au corse tafonu (trou)… ? etc. Le popotin, c’est bien l’emballage du trou du cul.

1) NIGRO, M., Dizionario Etimologico del Dialetto Cilentano. Centro Grafico Meridionale, Agropoli, 1990.

2) BELOT, J.B., Dictionnaire Al-Fared Arabe-Francais. Librarie Orientale, Beyreuth, 1964. tafar est suivi de la réf. B. 452; tafran de B56.

Rebaladis

Rebaladis « train, embarras, remue-ménage » Canté rébaladis « Quel tracas! Quel tapage » (S).  Rébala « trainer »; rébalado « femme livrée aux plus honteux exces »; jhita uno peiro dé rébaleto « tirer une pierre terre à terre ». En français régional de Nîmes des rebaladis, rabalinques, rambaladis sont des  « choses inutiles »,  synonymes de rounhes, trastes, enquestres (Job; Castanier).

Alibert donne une quinzaine de dérivés dont les sens s’expliquent à partir du verbe rebalar « traîner, entraîner; glisser; ramper », et  comme verbe réfl. « se traîner, être malade, ramper devant quelqu’un; avoir des rendez-vous suspects (entre amoureux). »   En Camargue: « un raseteur peut se faire rabaler par un taureau » voir Domergue.

Dans les langues romanes et germaniques il y a des groupes de mots qui ont comme base une racine *rabb- et qui désignent des activités qui font du bruit comme français rabâcher, ancien français rabaster « faire du tapage », ancien occitan rabasta « querelle, coups de bâton », en occitan moderne rabastá « ramasser, racler », et le résultat : rabasta « débris de filage de soie; denrée de rebut »; languedocien « provision de bouche qu’un journalier porte aux champs » (S2); à Nîmes « embarras, bagage de toute sorte  » selon Mistral.

En francoprovençal et en occitan existe le type rabalá « traîner (avec du bruit) », dont est dérivé rabalado « traînée, action de traîner; les avanies que l’on fait subir à quelqu’un » (Ales), rabaladis « bruit qu’on fait en traînant quelque chose; train, embarras; personne embarrassante » (Ales), robolodis « fréquentation suspecte avant le mariage; affaire ennuyeuse, qui trâine; désordre, confusion. »

Le FEW  suit Ronjat et rattache le groupe avec -lh- ou –y- à la même racine *rabb- : rabalha « ramasser ce qui traîne par terre avec un balai, les mains etc »  La plupart des attestations de ce groupe viennent de l’est du Rhône, mais il y a aussi le languedocien a rabalhous « à foison ».

L’évolution sémantique de ce groupe est très variée et aboutit à des notions assez vagues, mais le noyau reste toujours « traîner ».  Par exemple dans la Gazette de Nîmes, n° 504, rubrique Lenga d’oc l’auteur Joanda donne la phrase « Il te rabale un raumàs que je te dis pas » = Il a la crève…

Rampelar, rampéou

Rampelar ou rampellar, v.tr et intr. « rappeler, battre le rappel, gronder grommeler; battre de l’aile; renchérir (au jeu) ».
rampeller « traîner, lambiner » mais aussi positivement, comme conseil : rampelle ‘vas-y doucement » (Nîmes et Manduel). Rampeller   signifie aussi  « hésiter longuement, ressasser invariablement la même chose; installer des appelants dans la chasse aux oiseaux » et un rampel « qqn qui hésite, ou ressasse; qqn qui répète inlassablement les mêmes remarques ». Souvent utilisé dans la circulation à Nîmes, à propos de « pépés » dans une Axam.(Joblot).

    

Ci-dessus des images du  jeu de rampéou « rampeau » en français, qui se joue encore en Gascogne et en Périgord;  un jeu de 9 quilles. Il y a une « Place du Rampeau à 46700 Puy-l’Evêque (Lot) et des « Pré du Rampeau » ailleurs.
Andriu de Gevaudan m’écrit : A propaus de « rampelar« . Lo dialòg de Las tres nimfas se pòr trobar dins Pierre Bec : Le siècle d’or de la poésie gasconne (anthologie bilingue), Les belles lettres, 1997. p.125 ss. Nimfa gascona:

S’en man mos hilhs avèn lo temps passat tenguda
La pluma com lo hèr jo poirí rampelar,
Mès entr’eths, d1inquio ací Pallàs s’es vista muda
Car eths an mes amat plan hèr que plan parlar.
traduction 1

Dans les dictionnaires nous trouvons différents jeux, par exemple à Voiron dans l’Isère, c’était « un jeu des enfants qui consiste à faire dans un carré tracé sur la terre 9 petits trous qui reçoit chacun un numéro. On lance une boule vers ces trous; le joueur gagne en entrant dans le numéro 9, au milieu ».

A Marseille un rampèou était « l’action de mettre sur une carte une forte somme » et vu la caractère des Marseillais « querelle, habitude de grogner ». Pour les chasseurs marseillais c’était aussi un « sifflet d’oiseleur » ou « un oiseau qui attire les autres dans le piège par son chant ».  Le sens « querelle, bagarre » se retrouve en français régional de la haute vallée de l’Hérault (Lhubac).

L’origine du mot est le latin appellare « adresser la parole à quelqu’un » avec le préfixe re- qui renforce la signification. Le sens « sifflet des oiseleurs; appelant » est très proche du sens du mot latin.

Dans certains jeux de quilles faire rampeau veut dire « faire partie égale », de sorte qu’il faut jouer une deuxième fois. Ce sens se trouve partout en galloroman.
En occitan s’y ajoutent « renchérir au jeu de cartes » et « sifflet d’oiseleur, appelant ». Je pense que l’évolution sémantique de rampeller dans la région nîmoise a dû être : la notion répétitive dans rampelá « manière de battre sur la caisse en roulant ».
Chez l’abbé de Sauvages nous trouvons encore rampôgno « noise , querelle d’Allemand,  » an toujhour câouco rampogno ils ont toujours maille à partir » et rampougna « quereller, gronder ».

Si vous taper rampelaire avec Google, vous trouverez entre autres: Le groupe des Rampelaïre (ceux qui battent le rappel pour rassembler les gens) dans les Alpes de Haute Provence.


Lei Rampelaire d’Ubajio

En français moderne, au poker, rampeau a le sens suivant: « en cas d’égalité, le rampeau est un coup supplémentaire qui sert à départager les joueurs. Le coup nul est généralement suivi d’un rampeau. » Dans un autre jeu de dés: « Le jeu peut être joué en 1 seul coup. En cas de rampeau (égalité), un nouveau coup sec départage les joueurs. »

  1. Si en mains mes fils avaient le temps passé tenue ».
    « La plume comme le fer je pourrais avoir des prétentions »
    « Mais entre eux jusqu’ici Pallas s’est vue muette »
    « Car eux ont mieux aimé bien faire que bien parler »

Rabas, ravat

Rabas, rabat, ravas, ravat « mouton à laine grossière et pendante, commun dans le Piemont, la Lombardie et la Savoie; la peau de ce mouton; la housse de cheval ; peau de blaireau; blaireau (l’animal); blaireau à barbe; putois (chez l’abbé de Sauvages, S2 et à St-Germain-du-Teil (Lozère) ».   Rabatos f.pl. « troupeau de brebis qu’on mène paître sur les montagnes des Cévennes pendant les chaleurs de l’été ».

  mouton face de blaireau Voir le commentaire d’un visiteur!
     

Les formes avec –v- viennent d’après Mistral du Dauphiné, de la vallée du Rhône et de l’Auvergne, mais l’abbé de Sauvages (S2) donne  rabas et ravas « mouton malingre ».

  1. L’étymon est le latin rapax « qui saisit, emporte »,  et comme subst. « voleur ». Le blaireau a la mauvaise renommée d’être un voleur et d’ emporter des céréales dans son nid. Le FEW X,61a-b a  séparé les attestations de rabas « blaireau » des attestations ravas « mouton, peau de mouton, etc. »pour des raisons d’ordre phonétique: le -p- intervocalique en latin devient -b- en occitan, et passe à vseulement dans les parlers du nord occitan.
  2. L’évolution sémantique : « voleur » > « mouton » était énigmatique.

Nous croyons avoir trouvé une explication  surtout pour l’évolution sémantique. Les formes avec un v peuvent s’expliquer par une influence des parlers nord-occitans  et franco-provençaux.

Le blaireau est présent dans toute la France, excepté la Corse. Voir à ce propos ce lien.

Rabas avec le sens « blaireau » se trouve en provençal et en languedocien dans une zone qui va du Var (Hyères, St.-Luc) jusqu’à Millau, où il est déjà attesté en 1474, et à Mende. A La Ciotat c’est un « hérisson » et à St-Germain-du-Teil (Lozère) un « putois ».

Dans le volume Incognita XXII/1,p.283b du FEW, nous trouvons la famille de ravas  « (peau de) mouton à laine grossière et pendante »   attesté en provençal depuis le XVe siècle  et en franco-provençal du Forez .  Par exemple dans l’Isère la ravata est la « laine grossière » et par métonymie ravat prend le sens de son utilisation : « collier de cheval » ou comme en provençal de Barcelonette ravàs « peau de mouton qui sert de housse au collier des chevaux de charette ».

Or dans l’Aveyron et la Lozère sont attestées des formes avec un –b- : robàs, rabas, qui viennent certainement de rapax et qui désignent « une fourrure attachée au collier d’un cheval de trait, ordinairement en peau de mouton, ou de blaireau »  exactement comme le ravàs provençal à Barcelonette.

On peut supposer une évolution sémantique comme suit : rapax « voleur » > « blaireau »>  « peau de blaireau » >  « peau de blaireau utilisée pour le collier des chevaux » > « peau de mouton à laine grossière utilisée pour le collier des chevaux » >  « mouton à laine grossière et pendante » > « mouton (malingre) ». Il  est donc probable que les mots qui désignent le « blaireau » avec un -b- et ceux qui désignent la « mouton à laine grossière et pendante » ont la même étymologie.

Sur le web, j’ai trouvé plusieurs attestations de cette fonction de la peau de blaireau, e.a.:

avec le texte suivant
« de nos grelottières pour attelage « en poste » avec la traditionnelle « queue de renard ». Il nous reste à mettre en place le non moins traditionnel entourage en peau de blaireau ! »Source!

En Auvergne, la brebis Rava fait partie du paysage. Avec plus de 40 000 brebis, cette race avec sa belle tête mouchetée, est gagnante là où d´autres échouent. Source.

Conclusion:  ravas  « (peau de) mouton à laine grossière et pendante » , et les autres mots dans  le volume Incognita XXII/1,283b du FEW viennent tous du latin rapax « voleur ». Les formes avec  -p- > -v- s’expliquent par le fait que l’origine de la race de moutons avec sa tête comme un blaireau  est l’Auvergne, c’est-à-dire une région où l’évolution -p- > -v- est régulière.