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Robert Geuljans le 1 Août 2014 dans
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Api « céleri » vient du latin apium FEW XXV, 14b . Grâce à Racine et Daudet le mot se trouve encore dans le TLF :
« … sa façon de donner aux objets des tas de noms baroques, d’appeler les céleris des api, les aubergines des mérinjanes, la faisaient, elle [Audiberte], Française du Midi, aussi égarée, aussi étrangère, dans la capitale de la France, que si elle fût arrivée de Stockholm… A. Daudet, Numa Roumestan,1881, p. 107.
Rem. Attesté ds Littré (qui écrit apy), DG et Quillet 1965.
Etymologie … Empr. au prov. api « ache » (lat. apium, ache*) dep. Daudé de Prades, xiiies. ds Rayn., 1.2, p. 104a; l’api empl. par Daudet, supra est le mot prov. lui-même;
ache des marais
D’après le TLF s.v. ache , le latin apium ne désigne pas seulement « appium graveolens » ou l’ache sauvage, mais plusieurs ombellifères:
Du lat. apium (plur. apia) désignant un groupe de 6 plantes ombellifères, d’apr. André 1956, s.v., cf. Pline, Hist. nat. 19, 123 ds TLL s.v., 239, 62 : plura genera sunt … apia. Id enim quod sponte in umidis nascitur, helioselinum vocatur …, rursus in siccis hipposelinum …, tertium est oreoselininum … et sativi; attesté dep. Virgile, Églogues, 6, 68, ibid. 240, 22 (floribus atque apio crinis ornatus amaro) où il désigne l’apium graveolens L., var. sativum (d’apr. André, loc. cit.). Le fr. du nord ache et la plante qu’il désignait furent évincés par le céléri*, plante comestible, obtenue en culture par modification de l’ache et importée de Lombardie; ache conservé dans la langue des botanistes, et sporadiquement comme nom d’une variété comestible cultivée dans les jardins; voir aussi api2.
Api ou apit en ancien occitan, ache, aiche en ancien français désigne le céleri sauvage ou ache des marais. Les attestations de api « céleri » en français sont rares; le mot se trouve uniquement dans les parlers franco-provençaux et occitans, api, apit et avec agglutination de l’article dans l’est-languedocien et le gascon lapi.
Dans le Nord de la France ache est remplacé par céleri depuis le XVIIe siècle. Le progrès de céleri au dépensde api est bien illustré dans la Lozère où , d’après les données recueillies par Rudolf Hallig entre 1932 et 1934, le nord du département a le nom céleri, le sud a conservé lapi. La zone api s’étendait plus vers le nord au début du siècle quand Edmond a fait les enquêtes pour l’ALF. Ci dessous la carte céleri tirée du livre Lectures de l’ALF .
céleri
Dans le Var est attesté le dérive apioun « ache ». L’apium graveolens s’appelle eppe en neérandais, eppich en allemand, appio en italien, api, apit en catalan, apio en espagnol, aipo en portugais.
D’autres ombellifères ont un nom composé avec api. Dans le Gard la berle ou cresson sauvage (berula erecta) s’appelle api bouscas (bouscas « sauvage, bâtard).
api bouscas
Dans l’Hérault, le Lot et le Tarn l’ammi élevé s’appelle api fol, dans le Tarn-et-Garonne lapi fol, à Frcalquier api fer.
api fol
En ancien occitan est attesté le nom apiastro pour le « ranunculus sceleratus« , en français la renoncule scélérate ou renoncule à feuilles de céleri, ce qui me rappelle qu’à La Seyne tronche d’àpi est une insulte. L’auteur de l’article Wikipedia écrit : « La plante était connue au Moyen Âge comme « Céleri du rire » car son ingestion provoquait un rictus sur le visage de la personne empoisonnée. », mais je ne l’ai pas retrouvé dans les articles en allemand ou néerlandais qui disent que son ingestion rend gravement malade. Par contre frotter la peau avec le lait de cette plante provoque des ampoules, un moyen pour les mendiants pour se faire prendre en pitié. Une tronche d’àpi ?
apiostra
Le mot céleri vient de la forme lombarde seleri emprunté au grec σελινον . Voir FEW XI, 416. En moyen français écrit avec sc-. Je ne sais qui a décidé de supprimer le s- pour simplifier l’orthographe.