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Mourgues

Mourgues, Mourguez « Monaco ».  Jusqu’au XVIIIe siècle, Monaco s’appelait Mourgues.   En  latin Portus Herculis Monoeci du grec Heraklès Monoikos « Hercule solitaire » .  Je ne sais pas pourquoi on a changé ce nom. FEW VI 3 p.64

Monaco (Wikipedia)

L’origine, le grec monoikos,  est la même que celle de  mounjeto, et mounjo.
Il y a plusieurs toponymes Les Mourgues dans le Gard, e.a. à Vauvert , Saint-Geniès-des-Mourgues   dans l’Hérault.

 

Eiris

Eiris ‘hérisson’.  Un visiteur me demande comment écrire Deleris, son nom de famille, en occitan. Un problème …épineux. Si je lui réponds que cela s’écrit comme cela se prononce, j’attire les foudres des « maîtres de la graphie classique », mais je serai à l’abri du Mistral :

Mistral ;  Alibert a une autre variante graphique : eiriç.

Etymologie : le latin avait deux mots pour nommer l’hérisson : erinacius et ericius. Seul le dernier a survécu dans les langues romanes. En occitan ericius a abouti aux formes données par Mistral. Nous n’avons pas d’attestations d’ericius dans le domaine de la langue d’oïl, mais il a dû exister vu le grand nombre de dérives directs comme ancien français hericier ‘dresser les cheveux’ > français hérisser.

La forme eiris a subi une très forte pression de la langue d’oïl qui avait crée très tôt un dérivé avec le suffix –one : hérisson, qui l’a remplacé presque partout, comme languedocien eirissoun (Mistral). Eiris ne s’est maintenu que loin de Paris comme dans l’Aveyron. Voir la page consacrée à l’histoire des  mots qui désignent le  tablier pour comprendre le progrès du patois de l’Ile de France dans le domaine galloroman.

Le transfert de sens à ‘bogue de châtaigne’ se trouve non seulement en occitan et en franco-provençal, mais aussi en italien et espagnol. Par la suite beaucoup d’outils ont pris le nom de hérisson.

    

Comme sobriquet urisson est attesté depuis le moyen âge en dauphinois. Le passage d’un surnom à nom propre est très courant. D’autre part j’ai trouvé dans un dictionnaire étymologique des noms propres, que le nom Leiris ou Leyritz viendrait d’un nom de lieu identique qu’on trouve dans l’Ardèche, la Haute Loire, l’Hérault et la Lozère, ce qui correpond à peu près de la géographie du mot eiris. S’agit-il de notre eiris ou de Leyris qui signifie ‘friche’ d’après Pégorier? Le problème est que  je n’ai retrouvé leyris avec ce sens dans aucun parrler occitan.
Le nom de famille Leyris est le plus fréquent en Corrèze et dans le Gard. Le nom Deleris dans le Tarn et l’Aveyron.

Espinchar

Espinchar « lorgner, épier, observer, regarder du coin de l’oeil », espincher en français régional.

Etymologie : germanique, probablement la forme francique *spehôn « épier, guetter, regarder », croisé avec le représentant d’un autre mot germanique, le verbe *wenkjan « chanceler » > occitan guinchar « gauchir, pencher », ancien occitan far ganchia  » recourir à des subterfuges, refuser » (environ 1190).

Espinchar
est limité au provençal et à l’est-languedocien. D’après le Thesoc espinchar « regarder », dans le Gard, l’Ardèche et la Lozère. En francoprovençal nous le trouvons dans le Lyonnais et le Forez. A Nîmes il est très vivant en fr.rég. Joanda, journaliste à la Gazette de Nîmes, y a consacré un paragraphe, où il écrit que le verbe guinchar est un synonyme d’espinchar. D’après lui, una espinchada est « un coup d’oeil rapide » et l’espincha « la vue; les yeux ».
Il y a un village Espinchal dans le Puy de Dôme, dont l’étymologie doit être le même  que celle de  espincher  « épier, guetter, regarder » un endroit qui permet de surveiller les environs.

Néerlandais spieken « copier » utlisé uniquement dans le langage scolaire, où il faut regarder obliquement ! Français epier, espion etc. voir TLF; allemand spähen. Pour 30 autres langues suivez ce lien.

NOUVEAU : Il y a maintenant des vidéos étymologiques (!!!) e.a. espincher sur le web!

Esperar

Espéra(r) « patienter » espérer en fr.rég.(Camargue) vient  du latin sperare « attendre, s’attendre à ».

Cette évolution sémantique s’est produite principalement dans le Midi et plus spécialement dans le milieu des chasseurs, où « attendre le gibier » est souvent synonyme de « patienter ». On n’y fait pas la chasse à courre (du verbe courrir!). Être à l’espère « être à l’affût » (Camargue), a l’espéro « à l’affût »(S); espére étant le « lieu où on l’attend un gibier »(Camargue). Dans la région d’Uzès un esperaire est devenu un « braconnier ».

Grâce à Stendhal (Chartreuse, p.52) l’expression est entrée dans le TLF : comme régional « Midi et Lyonnais »  :

« Il était presque nuit; il lui (Fabrice) semblait être à l’espère, à la chasse de l’ours, dans la montagne de la Tramezzina.. »

Atger donne le dicton : (écoutez espere) Cal bol de bel tens, cal qué l’espèré : « Celui qui veut du beau temps doit l’attendre »

 

                    

L’Esperou (Valleraugue, Mont Aigoual), était autrefois un endroit où les chasseurs ou braconniers étaient à l’affût, mais maintenant c’est un endroit où les skieurs patientent au pied du téléphérique.

Voici les plus anciennes attestations du nom de l’Espérou. A l’époque le  –final était peut-être encore prononcé.

(E.Germer-Durand, Dictionnaire topographique du Gard)

Bois des Espeisses

Le mot Bois dans le nom actuel Bois des Espeisses a une histoire spéciale. Voir l’article  Espeisses