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Aubarda

Aubarda « sorte de bât allongé », qu’on trouve dans l’Ouest-occitan fait partie de la même famille que bardot  et  bardotades, mais a été emprunté à l’espagnol albarda qui avait gardé l’article arabe comme dans beaucoup d’autres mots d’origine arabe. 

Aubardo signifie à dans le Val d’Aran et à Bagnères « la laine laissée sur la peau de la brebis à l’occasion de la tonte ». Une spécialisation remarquable.

En béarnais aubardà « ôter le bât; se débarasser d’un vêtement lourd ». Voir l’article  bardotades.

Baou(ch), bau

Baou, bau « fou », provençal bau « plaisant, facétieux », lang. bauch ou  baou « fou » (M), dans l’Hérault tši baou « chien enragé ». C’est Joan Coromines grand connaisseur du catalan, castillan et de l’occitan qui l’a rattaché au germanique *bald « hardi, courageux ».   Une forme gotique *baldius serait passé très tôt en roman.

baou ou boud?

L’évolution sémantique « hardi » > « fou » ne pose pas de problèmes:  quand je veux monter sur le toit pour orienter la parabole ma femme me dit « t’es bàou », moi je me trouve bald, boud, mais je pourrais m’abaouchá.. »tomber sur le visage ».(S).  Le sens originel de *bald existe encore en néerlandais boud prononcez [bàout], boute dans l’expression een boute bewering « une assertion hardie », ou l’adv. boudweg ‘d’une façon hardie, téméraire’, le prénom Boudewijn, Baudewijn « Baudoin », le deuxième élément de Leopold , Archibald. Ancien occitan baut « joyeux, hardi », allemand bald adv. « bientôt », anglais bold « courageux ».

En Occitanie, la forme avec un – c à la fin et ses dérivés sont limités au languedocien, ancien occitan bauc « fou , niais », bau, baudjo adj. (Gard), bauch, -jo (Aveyron),mais on le retrouve en catalan boig, boja adj. »fou, malade mental », se dit aussi d’une aiguille d’une boussole (DIEC). Déjà attesté en ancien occitan bauc adj. « fou, niais ». Mistraldonne pour le languedocien les dérivés bauchas « grand niais », bauchet « petit fou », bauchinard « folâtre », bauchun « extravagance », et spécial à Nîmes baugeso s.f. « fadaise » (XVIIe siècle).
Dans le lexique de Montpellier (XIXe siècle): baug (pron. « baw ») (=) fou, v. fòl, caluc, tímbol « A fauta d’un baug metem un savi en cadièira » (Prov); bauginardàs (=) petit fou.; rire baug (=) fou-rire.
Les Valleraugois (30570) connaissaient un dicton: Longo é primo, booudjo o lo cimo « longue et mince, folle à la cime » (Atger, p.67).

D’autres mots du même champ sémantique, comme brave,  suivent une évolution analogue.

Discussion.

Dans le nouveau dictionnaire étymologique du néerlandais (EWN s.v. boud) , je trouve qu’il y a également des mots celtiques comme ancien irlandais balc « fort » et gallois balch « fier, joyeux » (pour écouter la prononciation clicquez ici ) qui proviennent d’une racine *balk,   un emprunt à une langue pré-indo-européenne. Cette racine avec –k expliquerait les formes languedociennes et catalanes.

Sujet à approfondir! Je crois qu’il faudra revoir l’étymologie de cette famille de mots, et les rattacher plutôt au celtique *balk- qui expliquerait notamment les formes féminines et les dérivés.

Dans un dictionnaire du Proto-celtique je trouve: Proto-Celtic: balko- ‘strong’ [Adjective]
Old Irish: balc [o] ; Middle Welsh: balch ‘fine, proud, strong, brave’ ;Middle Breton: balc’h ;Cornish: balgh ;Proto-Indo-European: *bhel- ‘strength’
Page in Pokorny: 120; IE cognates: OE beald ‘bold’ .

Bachalan

Bachalan d’après une amie, c’est la surnom des paysans au nord d’Uzès . Les habitants de Marsillargues sont appelés des bajan (Camargue). Le mot se trouve dans Alibert avec le sens « bavard, vantard » et ce serait un dérivé avec une variante phonétique du verbe bajanar « blanchir des légumes à l’eau bouillante, échauder, tremper dans l’eau froide » et bajanada « plat préparé par cuisson à l’eau bouillante; niaiserie ».

L’évolution sémantique a dû passer par un sens comme « pois et fèves trempés dans l’eau »; les mots qui désignent ces légumes secs sont souvent associés à l’idée « niais, nigaud », par exemple en néerlandais in de bonen zijn  » être dans la lune » (littéralement : « être dans les fèves »). Cela s’explique peut-être parce que les mangeurs de fèves étaient généralement des paysans pauvres. Un dérivé du latin bajanus « trempé » dérivé du nom de la ville Bajae une station termale près de Rome. Voir ci-dessous

Abetilhá

Abetilhá « faire glisser des sapins de la montagne ». (Gavarnie, Htes-Pyr.)  Un verbe qui ne peut exister qu’en montagne!Voir avet.

Avet

Avet « sapin » d’après le Thesoc dans les dep. 09; 31; 64, 65, Huesca et Lerida en Espagne. D’après les données du FEW, on le trouve aussi par-ci par-là dans une étroite bande jusqu’à la frontière italienne. En effet l’abbé de Sauvages mentionne abet « sapin, arbre résineux des hautes montagnes à feuilles d’if » (S2). L’ALF confirme pour Alès : abé Abet  est passé dans des dictionnaires français, e.a. celui de Cotgrave (1611)  jusqu’au Larousse de 1948 avec la mention « régional ».

En dehors de ces régions c’est le type sappinus, composé d’un prélatin *sappus plus le latin pinus, qui domine dans les parlers galloromans.

L’étymologie est le latin abies « sapin ». Panoccitan mentionne les dérivés avetada, avetosa « forêt de sapins ». Le premier est attesté pour le languedocien, le second seulement pour Saurat (Ariège)(source.
Bien d’autres dérivés existent, comme auédolo s.f. « jeune tige de sapin » (Val d’Aure) et abetilhá « faire glisser des sapins de la montagne ». (Gavarnie, Htes-Pyr.). C’est ce dernier type de création locale que j’aime beaucoup. La langue est au service de l’homme. Une telle création n’a de sens que dans des montagnes avec des forêts de sapins exploitées. Elle ne peut exister en Camargue.