cat-right

Rese ‘tique’

Rese « tique, ixode (chien et boeuf) d’après Alibert,  synonymes pat, fedon, legast. » L’étymologie est le latin rĭcĭnus « une grosse tique » d’après mon dictionnaire latin. En occitan les attestations sont rares et viennent principalement des départements du Gard, de l’Aveyron et de la Lozère.  Voir le Thesoc : tique rese [reze] AVEYRON, GARD, HERAULT, LOZERE, TARN.

Pourtant en dehors du galloroman le nom a survécu en Sardaigne, en catalan de Mallorca, en espagnol et même en albanais.

L’abbé de Sauvages le connaît bien. Il écrit:

 » Rêzë, le Riccin, la tique, & selon l’Académie la tic insecte du genre des acarus qui s’attache aux chiens & à d’autres quadrupèdes, il est de la grosseur d’un pois, on distingue peu la tête & les pattes de du reste du corps qui a la forme d’une boulette. Il s »attache si bien à la peau des animaux qu’on ne le tire qu’avec peine: de là le Proverbe ; — ten coum’un rêsë; il tient comme la teigne.

Ixodes_ricinus_08   ou celui-ci?  Rhipicephalus_sanguineus

Images Wikipedia

Et il ajoute:

Le Ricin ou le Pignon d’Inde est la semence d’une plante de même nom qui ressemble un peu à la tique des chiens & qui est fort joliment bariolée.

Ricinus_communis_-_Köhler–s_Medizinal-Pflanzen-257  http://fr.wikipedia.org/wiki/Ricin_commun  Ricinus_communis Seeds

Images de la plante Wikipedia

Latin rĭcĭnus est aussi le nom de la plante  ricin,  attestée chez Pline, qui a d’ailleurs donné le même nom à « une sorte de mûre qui n’est pas encore arrivée à toute sa croissance ».  En français la première attestation de ricin « Grande plante originaire de l’Afrique tropicale (famille des Euphorbiacées) » (CNRTL) date de 1548 et vient des médecins/botanistes de l’époque.  

L’abbé de Sauvages ou son frère François, se trompe donc en appelant le ricin le Pignon d’Inde, mais il sait que ces graines, dont on fait  l’huile de ricin, viennent de loin. C’est une autre plante de la même famille.

 

Tique En ce qui concerne le mot tique le CNRTL mentionne que la  première attestation dans le dictionnaire de l’Académie date de 1798. Or, le dictionnaire de l’abbé de Sauvages date de 1756.  Il a donc utilisé la 3e édition de 1740 ou antérieure.   Le FEW XVII, 329 ne mentionne pas non plus la graphie tic. A trouver. 

Le FEW mentionne que le mot tique a eu aussi le sens de « fruit du ricin »,  dans des dictionnaires du français de 1635 à 1675.  Curieux. Probablement un sens fantôme.

 

 

 

 

Euze

Euze « yeuse, chêne vert »  ou « quercus ilex ». Etymologie est le latin  ēlex,  ēlicis « chêne vert »., une variante régionale de l’Ombrie du latin īlex, īlicis.  Ce dernier a été conservé dans le sud de l’Italie et en Sardaigne, tandis que   ēlex est à l’origine des formes nord-italiennes, occitanes.   Attesté en ancien occitan elzer à Montpellier en 1179. A l’est du Rhône nous trouvons une forme avec -v- :  eouve, que Ronjat, Grammaire istorique des parlers provençaix T. 2,127  ne donne pas d’explication, mais constate que l’insertion d’un –v- précédé d’un -[w]- n’est pas rare.

Le dérivé provençal  euziera , languedocien éouzieiro désigne un « lieu planté de yeuses ».

Nous retrouvons l’adjectif  dérivé ilĭcīna  » du chêne vert »  devenu aussi substantif et qui a donné l’espagnol encina,  le portugais enzinha et le catalan alsin,  dans les département du sud-ouest du Languedoc  à Lézignan et dans l’Aude auzino,  dans  l’Ariège alzino et dans la Haute Garonne.  L’abbé de Sauvages écrit:

éouzino « gland de chêne-verd », Car d’ëouzîno « chair ferme ».  Il explique « Les cocons nourris de glands ont la chair plus ferme et de meilleur goût. On trouve en Espagne une espèce de chêne-verd dont les glands ont le goût de la châtaigne & sont bons à manger… »

Plus d’attestations dans le Thesoc:

ause°° HERAULT.;   ausin AUDE, HERAULT.; ausina ARIEGE, AUDE, HERAULT, PYRENEES ORIENTALESeuse ARIEGE, AUDE, HERAULT, PYRENEES ORIENTALES.

lèuge GIRONDE, LANDES. ; leugièr°° avec agglutination de l’article et le suffixe –ier dans ARIEGE, HAUTE-GARONNE, GIRONDE, LANDES, LOT-ET-GARONNE

Leuge casse léuge comme adjectif dans DORDOGNE, GIRONDE, LOT-ET-GARONNE.

Valleraugue élze  et plus d’informations dans le FEW 4, 544-5

Français yeuse a été emprunté à l’occitan avec adaptation de la prononciation.

Une belle photo faite par le Docteur Pierre Elzière

yeuse "quercus ilex"

quercus ilex

 

 

limon ‘citron’

D’après le Thesoc s.v. citron le type  limon « citron » est courant  dans  les  ALPES-MARITIMES, AUDE, GARD., le type limona dans l’  AUDE, GARD, HERAULT.
Alibert : Limon « citron; vallisnérie » .  Limona « citron; mélisse; potamot comprimé »1

Etymologie. Les Romains ne connaissaient le citron que par ouï-dire. Vers la fin de l’empire ils ont cultivé en Italie le cédrat  citrus medica. ( FEW XIX,109 )

cédrat

cédrat

Ce n’est que bien plus tard que les  croisés ont ramenés des limons   « Fruit du limonier, analogue au citron à la différence près qu’il est plus acide et que son écorce est moins épaisse » CNTRL.  D’abord en Italie , le limone  » sorte de citron très acide » le Citrus aurantifolia

limon

limon

Le nom limone a été emprunté à l’arabe laimūn, les Arabes ayant introduit la culture du fruit dans tout le bassin méditerranéen, mais l’origine de la plante et du nom līmūn  en persan est la Perse, apparenté au Sanskrit nimbu  » limon. » L’arbre et le fruit ont été introduits en France à partir de l’Italie. Italien  limone  est devenu limoun  écrit limon  (A).   Le nom limoun s’est maintenu en occitan, en tout cas dans les départements cités plus haut.  L’espèce par contre a changé. Les citrons cultivés appartiennent à l’espèce  Citrus medica var. limon L. Nous  retrouvons  le nom en anglais:  lemon « citron », ainsi que dans plusieurs dialectes allemands Limone.  Le limon y s’appelle lime, emprunté à l’espagnol lima.  Néerlandais limoen prononcez limoun, emprunté au français, est tombé en désuétude au XIXe siècle pour réapparaître au XXe pour désigner le Citrus aurantifolia.   

Le nom français citron, composé de l’élément citr- de citrus et du suffixe -on de limon ne date que de la fin du XIVe siècle.  Citron a éié emprunté par le néerlandais : citroen, (prononcez citroun) .  Aux Pays Bas citrtoen est même devenu un nom de famille Citroen (prononcez citroun). 

Wikipedia me fournit le compléments suivants:

Le nom Citroën possède toute une histoire. L’arrière-grand-père d’André, dénommé Roelof4, est un marchand d’agrumes en Hollande. En 1810, lorsque Napoléon Ier annexe le Royaume de Hollande, les juifs néerlandais sont soumis au code Napoléon et doivent choisir un nom pour leur identification. Roelof choisit alors de se faire appeler Limoenman (« homme-citron »), surnom que ses clients lui donnaient5. Son fils, Barend, ne prend pas la suite des affaires de Roelof et se tourne vers le négoce de joyaux, qui connaît un essor important au XIXe siècle. À la suite de ce nouveau statut social, Barend francise progressivement son nom, dans un premier temps en Limoenman-Citron puis en Citroen6.

 

alt=Description de cette image, également commentée ci-après                

 

 

  1. Potamot   FEW IX,252b  3646 Potamogeton compressus Telebotanica    et nomenclature.

Courcoussoun ‘charançon’

Le courcousson c’est simplement un charançon, la prononciation est peut-être plus proche de courcoussou ou plutôt courcoussoun . C’est un genre d’insecte caractérisé par une sorte de trompe, plus ou moins longue ; le rostre. D’ailleurs pas besoin de grandes explications quand on sait que cette bestiole est dans la famille des CURCULIONIDÉES (d’ailleurs c’est plutôt, en biologie, une superfamille, juste au-dessus de la famille), le nom français est peut être simplement une erreur de casting1.

Vous avez certainement deviné que l’étymologie est le latin cŭrcŭlio « charançon », (gourgouillon en moyen français)  dont la deuxième partie a été remplacée par cŏssus « ver » dans une partie de l’occitan. Voir le FEW II, 1563  pour la répartition géographique. Le latin avait déjà une variante gŭrgŭlio que nous retrouvons notamment en languedocien gourgoul.

Le charançon de la noisette ou Balanin des noisettes s’appelle Curculio nucum, sa larve peut vider complètement la coquille sans plus rien laisser à l’intérieur, d’où l’expression « avoir le courcousson » pour dire que l’on a un trou de mémoire. Heureusement ; il n’y a pas encore de courcousson du cerveau.

Courcoussoun

Balanin des noisettes – Curculio nucum

Les vieux meubles, attaqués par des insectes xylophages sont couvert de séries de trous ; on dit alors qu’ils sont courcoussonnés, bien que ces poinçonneurs ; vrillettes, Lyctus ou autre capricornes …n’appartiennent pas du tout à la famille des charançons.

courcoussouna

courcoussounat

Un nouveau Courcousson qui détruit de gros Palmiers en très peu de temps. Arrivé depuis peu chez nous le Charançon Rouge du Palmier (Rhynchophorus ferrugineus), un gros coléoptère de 3 à 4 cm de long, colonise petit à petit le pourtour méditerranéen au grès des importations de végétaux ! En faisant disparaître toutes les espèces de palmier qu’il colonise … avant de s’attaquer a d’autre plantes, peut-être moins « ornementales » . Il laisse derrière lui des palmiers totalement vermoulus ; et particulièrement courcoussonnés.

Rhynchophorus ferrugineus R

Photo de Georges Simon

Très belle photo faite en utilisant le « stacking » c’est-à-dire en empilant 11 photos. Suivez le lien pour en savoir plus.

Article rédigé par Rudy Benezet que je remercie cordialement pour sa contribution.

Gérard Jourdan (Montagnac) , fidèle visiteur du site m’écrit:

Bonsoir Robert,
je lisais votre article sur le charançon et son appellation occitane de courcoussoun.
Ce brave insecte doit avoir des « cousins » amoureux des vieux meubles et des outils en bois car chez moi, dans l’Hérault, à Montagnac, on disait, en mêlant le français et l’occitan (un peu le francitan de Lhubac) :
« ce meuble est tout cussonné »,
« il a chopé le quissous« .
Etat qui se manifeste par des trous bien circulaires d’où sortait quelquefois un peu de sciure signe de la présence de vrillettes.

Et comme insectes nuisibles du bois on peut indqiuer :
1. la petite vrillette  (Anobium punctatum)
2. la grosse vrillette  (Xestobium rufovillosum)
3. le charançon  (Euophryum confinent)
4. le capricorne des maisons  (Hylotrupes bajulus).

Je vous joins un article présentant la fabrication d’un râteau en bois du côté des Rousses en Lozère, article où l’auteur cite les quissous.
Cordialement à vous,

Le mot est donc vivant en français régional.  L’article sur le fabrication du râteau en bois à l’ancienne, par Aimé Martin à Carnac, commune de Rouuses,  le montre aussi. Vous pouvez le lire en suivant ce lien. rateau_quissous.

Aimé Martin est un connaisseur. Il dit:

AiméMartinRousses

 

La roudergue est le vent de l’Ouest appelé aussi la traverse.

Roudergue est le vent qui vient de la Rouergue. La traverse est d’après Alibert le  vent du Nord-Est.

 

 

 

  1. Français charançon a une étymologie discutée pour ne pas dire inconnue; voir CNRTL

escabot ‘troupeau transhumant’

Escabòt  « Troupeau transhumant » dans Thesoc, AUDE, GARD, HERAULT, PYRENEES ORIENTALES. vient du latin scapus « tige, tronc, fût d’une colonne ». Pour les formes et les sens voir FEW XI, 287b

L’évolution sémantique surprend, mais la même évolution a eu lieu avec ramus « tige » dont le dérivé en ancien occitan   ramat  signifie également « troupeau », ramat ou arramat en languedocien  moderne FEW X, 44 b « tronc ».

En plus, une évolution analogue s’est produite dans le sens du mot allemand Stamm « tronc »  qui a pris le sens de « partie d’un peuple, famille », sens qui est utilisé dans le classification des plantes et des animaux et dans la généalogie. Eve est la Stamm Mutter du genre humain.  Toute la descendance d’un Mère fait partie du Stamm. A partir de cette l’évolution on comprend  le sens « troupeau » dans l’élevage, à partir d’une mère ou d’un père.  En français on parle de l’ arbre généalogique, en néerlandais du stamboom.

Troupeau-transhumant venant-de-Lasalle-credit-photo-Guy-Gregoire

Troupeau-transhumant-venant-de-Lasalle-credit-photo-Guy-Gregoire_lightbox