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Barigoule ‘pleurote du panicaut’

Barigoulo « pleurote du panicaut »Ce nom est  surtout connu à cause de la recette de artichaut à la barigoule.  Le TLF donne deux  significations pour le  mot  barigoule:

1.Région. (Provence). BOT. Champignon comestible du genre agaric. Synonyme lactaire délicieux.  Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires  généraux  du xixe et du xxe siècle.
2.ART CULIN.  À la barigoule. Manière d’apprêter les artichauts en remplaçant le foin par une farce à base de champignons et d’oignons, et en les faisant cuire dans l’huile

Dans Wikipedia nous trouvons que :

La recette  d’ Artichauts à la barigoule doit son nom au champignon pleurotus eryngii appelé aussi pleurote du panicaut, ou encore argouane, bérigoule, girboulot, et l’auteur fournit une vingtaine d’autres noms vernaculaires:
pleurote du panicot, argouagne, argouane, beigoula, bérigoula, bérigoule, berigoulo, bolet dau baja preire, bouligoule, boulingoulo, bridoulo, brigoule, brigoulo, grigoulo, canicot, cardoueto, champignon de garrigues, champignon du panicaut, canquesto, congue, corgne, couderlo, congouerto, escouderme, fougga, gingoule, girboulot de panicot, onglet, oreille de chardon, oreillette, panichaou, panicau, ragoule, ringoule.
pleurote de panicaut
pleurote du panicaut  pleurotus eryngii
Comme ça on sait de quel champignon  on parle!
La question qui reste est de savoir pourquoi précisément la pleurote du panicaut?
C’est l’abbé de Sauvages qui dans la deuxième édition de son Dictionnaire languedocien-français (S2) explique la relation entre  l’artichaut et la pleurote du panicaut. :
Les préparations étaient identiques à son époque. Ce champignon  ne pousse qu’au pied du panicaut champêtre  ou sur les racines de Eryngium maritimum. En plus le  panicaut champêtre ressemble beaucoup aux petits artichauts provençaux.

panicaut campestre     
panicaut campestre              artichaut provençal

panicaut avec pleurotte

Dans Rolland Flore XI, p.145 nous trouvons la répartition géographique  du mot  barigoulo  avec  le sens  pleurotus eryngii :

barigoulo RollandFlore Souvent il y a  de la confusion en ce qui concerne les noms des champignons.   Dans le matériaux dialectaux nous trouvons que  le type lexicologiue barigoulo   est utilisé aussi  pour nommer  « la chanterelle,   la  morille » et même un « champignon bon à manger »en général.  Par exemple  Rolland a réuni dans l’article morchella esculenta « morille »  le  type lexicologique « barigoulo » dans les régions suivantes:

berigoulo "morille" Rolland
et pour le breton la forme :
 C’est cette dernière forme  avec m-  initial qui  a peut-être inspiré von Wartburg. Dans le FEW  il propose comme étymologie de toute cette famille *maurīcŭla « morille »,  dérivé de maurus « habitant de la Maurétanie ». Le  b- initial de formes comme  barigoulo s’explique par l’influence de mots comme bulle  ou balle à cause de la forme ronde  du champignon.

Le TLF écrit que la première attestation de barigoulo en occitan date de 1716. Pourtant Rolland p.177,  mentionne que  bourigoulo « morille » en  provençal en 1549 par Solerius. Cette indication a réveillé le rat de bibliothèques en moi.   Dans la bibliographie de Rolland je trouve l’indication suivante:

Solerius (Hugo), sanionensis, Scholiae… à la suite de Aetii medici tetrabiblos... édité par Cornarius, Lugduni, 1549, in-fol.

Cela m’a permis grâce à internet de retrouver le texte  que voici1:

(Champignons chez les Gaulois (on dit) des champignons: chez les Dauphinois des bracoules, chez les Italiens prignoli chez nous 2  des bourigóulos: d’aucune utilisation en médecine.)

L’accent sur le ó   dans le texte de Solerius signifie probablement que l’accent  tombe sur l’avant-dernière syllabe.  Il est également possible qu’il  veut  indiquer une prononciation –óou-. Pour en être sur   il faudra étudier toutes ses graphies des mots en provençal en en dauphinois et les comparer à la prononciation actuelle.

Artichauts à la barigoule.  L’étymologie d’artichaut est décrite dans l’article carchofa.

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  1. Si ce texte vous intéresse suivez le lien donné dans Plantnetprojet
  2. Chez nous veut probablement dire le  provençal  du Lubéron. D’après Ludovic Legré,  La botanique en Provence au XVIe siècle. Pierre Pena et Mattias de Lobel. Marseille, 1899, p.72 n.2  Solerius vient du village de Saignon dans le Lubéron.  Solerius  cite dans son livre  les monticules appelées  « les trois frères »  près de Pertuis, ce qui prouve qu’il connaissait bien la région

Tartonraira "tartonraire"

Tartonraira « passerina tartonraira » (Marseille) Nom scientifique actuel : Thymelaea tartonraira subsp. tartonraira (Tela Botanica). Une modeste contribution au site Plantuse  dans le domaine des noms populaires de la flore,  est l’occasion de revoir mes articles sur les noms occitans des plantes.

La coordination avec Michel Chauvet, ethobotaniste (Plantuse) a donné la première attestation de tartonrare :  Pena et Lobel, Stirp. advers., 1570. voir page 160

Ci-dessous une photo de la tartonraire  prise à Marseille Marseille (13) le 14 avril 2010.
Un abonné à ma « Lettre de nouvelles » a eu la gentillesse de m’envoyer le lien vers le livre  téléchargeable de Ludovic Legré, La botanique en Provence au XVIe siècle. Louis Anguillara, Pierre Bellon, Charles de l’Ecluse, Antoine Constantin.  Marseille, 1901qui m’a permis de retrouver l’origine du nom botanique et populaire de la tartonraire. En le feuilletant je lis que l’ amateur-botaniste provençal Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (né le 1 déc. 1580) correspond régulièrement avec Charles de l’Escluse, appelé Clusius1 , qui enseigne à l’université de Leyde aux Pays Bas. Peiresc  lui envoie des colis avec des fleurs, feuilles, semences et racines de plantes de Provence, notamment de Marseille.  Les lettres de Peiresc témoignent du zèle avec lequel il s’efforça de donner la plus complète satisfaction aux desiderata du célèbre professeur de Leyde.

Voir en bas de cette page l’inventaire de la boîte que Peiresc à envoyée à Clusius.  Les lettres conservées à Leiden ont été numérisées. Une trouvaille.

En 1603 Clusius lui envoie son portrait et un exemplaire de son  Rariorum plantarum historia : Fungorum in Pannoniis observatorum brevia historia (1601),  et lui demande en même temps des graines de l’Astragale marseillais.

Charles de l'Escluse                                  

                        Clusius                                                       illustration extraite de Rariorum Plantarum Historia

Peiresc lui répond le 25 février 1604 :

En plus de l’astragale il lui envoie

une autre plus rare que les mariniers appellent tartonraire  et de  laquelle ils se servent  pour se purger d’autant qu’elle faict une merveilleuse opération tant par le haut que par le bas.

Dans le tome IX de RollandFlore, qui n’est pas numérisé hélas, il doit y avoir une attestation de 1570 du nom tartonraire.

L’étymologie  est d’après le FEW l’onomatopée trant- « balancer, vaciller ».  Voir aussi  l’article trantanelCette étymologie n’est pas 100% justifiée. C’est Mistral qui l’a suggérée à von Wartburg.  Un visiteur m’a signalé une correspondance entre Mistral et Ludovic Legré à propos de l’origine de tartonraire.  Cette correspondance que vous pouvez consulter ici contient les autres propositions plus ou moins fantaisistes qui ont été proposées depuis le XVIe siècle.

Il faudrait savoir ce que Peiresc veut dire exactement par « une merveilleuse opération tant par le haut que par le bas »  pour pouvoir expliquer le lien sémantique entre « vaciller » et l’effet  de la tartonraira  sur les mariniers marseillais. Michel Chauvet (Plantuse) m’explique « son sens est clair quand on lit Cazin : c’est un purgatif violent, qui purge par le haut et par le bas ! »

Voici les autres attestations de tartonraire  dans le volume des mots d’origine inconnue du FEW:

Vous constatez que le premier  lexicographe à le mentionner est l’Anglais Cotgrave, un excellent connaisseur de l’occitan.  Les autres dictionnaires l’ont simplement copié.

Le dernier est Pierre Larousse:

TARTONRAIRE s!’ in. (tar-ton-rè-re). Bot.
Nom Vulgaire d’un arbrisseau du ‘genre
dàphne.  On dit aussi TÀRTONAIRE.

 

 

 Le deuxième partie de cette fiche se trouve dans l’article aliboufier « styrax officinalis ».

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  1. Un  article intéressant sur Clusius, médecin et botaniste, un des plus fameux du XVIe siècle,  dans Wikipedia

Drouya "bardane"

Drouya « bardane, herbe aux teigneux, oreille de géant ».  Rolland FloreVII, 131 a relevé une attestation occitane:

(E.Edmont est l’enquêteur de l’Atlas linguistique de la France ALF).

Pour des images de la bardane voir l’article lampourde.

Etymologie : le FEW propose avec beaucoup d’hésitation:  gaulois dravoca   « ray-grass; ivraie »,  qu’on retrouve en  breton draok. Dravoca  est attesté  dans un Glossaire latin du Xe siècle1.  Il est peut-être à l’origine de  dravière (TLF) et dragée « mélange de diverses graines »(TLF). Il n’y a que quelques rares attestations  en  occitan, dans les Alpes-Maritimes drouya,  et la Drôme draouvyo (ALF112) , d’autres en franco-provençal, Rolland Flore VII, 137..

Voir à propos de l’étymon dravoca   probablement d’origine celtique, l’article  de Joachim Grezega,  Romanica Gallica Cisalpina. Studien zu den oberitalienische-rätoromanische Keltizismen.  Zeitschrift Beiheft Band 311. Tübingen, 2001, p.162 dravoca < drabuka gall.?  qui n’ajoute rien à l’article du FEW;   dans le Glossaire des Patois de la Suisse Romande il y a l’article dravase.

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  1. dravière se rattache prob. au b. lat. dravoca (xes. CGL t. 3, 592, 30), mot gaulois Pokorny, p. 209

Fobèlo "fabagelle"

Fobèlo s.f. « fabago »  aussi  appelée fagabelle,  le zygophyllum fabago (L.) d’après Rolland Flore IV, 253 1.

Le nom scientifique  fabago a été créé par les botanistes et introduit en français au XVIIe siècle. la première attestation  se trouve chez Cotgrave,1611 qui l’appelle fabagine, plus tard  elle devient fabago et fabagelle(=Telebotanica). 

Il semble que les boutons peuvent être utilisés comme des câpres, après les avoir nettoyés dans de la saumure. (Sans garantie!!!!)

L’étymologie est le latin faba« fève » parce que son fruit ressemble à une fève. La formation fobélo  de la Lozère a été faite sur place.

fabèlo

La raison de cet article est de montrer une fois de plus l’énorme travail qui a été fait par les chercheurs-amateurs au XIXe siècle, dont Eugène Rolland. L’abréviation r.p. signifie:

Il y  a des milliers de r.p. dans sa Flore comme dans sa Faune. Tout cela serait pratiquement perdu sans lui.

 

  1. texte à toiletter

Garou "sainbois"

Garou  synonyme de sain(t)bois, bois gentil, daphne gnidium1.

Etymologie d’après FEW suivi du TLF:

Mot empr. du prov., cf. Nice garoupa bot. (FEW t. 14, p. 169), Nice garoup bot. (Risso ds Roll., loc. cit.), garou bot. (Mistral), et qui est entré dans le fr. général lors de la diffusion des noms de plantes du maquis. Garoupa est formé du préf. préindo-européen *war- et du suff. préroman -uppa (cf. ang. jaroupe bot., issu du m. lat. garropa, jaroppa, xie s. ds Orbis t. 4, p. 220). Pour garou, il faut sans doute supposer une forme préromane warúbo- ou warōbo-, ce qui fait difficulté, car il n’existe pas d’autres noms de plantes de formation analogue, v. FEW t. 14, p. 170a-171a.

Hubschmied écrit dans le FEW XIV, 170 :

Que le français  garou  a été emprunté à l’occitan, ne ressort pas seulement des attestations anciennes qui viennent principalement du Midi, mais aussi du fait que les plantes désignées par les représentants de la racine *war- sont caractéristiques des maquis.

Garou  et les dérivés de la racine *war-   désignent d’après les  données du FEW :  le daphne gnidium, le cucurum tricocon2 (?), une euphorbe, le daphne laureola, le veratrum album  (Véraire , Ellébore blanc , Varaire  en français),  la  gentiane jaune, le rhododedron,  une plante grimpante non identifiée.

Pour enjoliver un peu cet article, je vous les présente:

                         Daphne laureola                     Cneorum tricoccon               gentiane jaune              véraire              daphne gnidium

Si la phytothérapie vous intéresse, cherchez la:

Pommade de garou Elle est composée d axonge de porc préparée 3 20 parties cire 32 parties écorce de garou préparée 1 28 parties3

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  1. Vous trouvez une description dans le Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes : avec un atlas de 200 planches lithographiées (3e édition, revue et augmentée par le docteur Henri Cazin,…)  par F.-J. Cazin, pages 365-366

    ou tout le chapitre sur les daphnes  dans Plantuse

  2. probablement le n° de ma source:  4o63 Camélée à trois coques Cneorum tricoccon Cneorum tricoccon Linn spec 49 Lam Illstr t 27 Chamelaea tricocon Lam Fl. fr. p. 682 – Cam. Epît. 973 ic .
  3. Manuel Des Pharmaciens Et Des Droguistes, Ou Trait Des Caractères Distinctifs, Des Altérations Et Sophistications Des Médicamens Simples Et Composés, |…, Volume 2 page 566  par J.B. Kapeler, Caventoun Ebermaier.