cat-right

Trenco ‘pioche’. le 28 juin 1914

Tranchée, anglais trenche.

Lisez l’article consacré à la Grande Guerre dans le New York Times.

Trenco, trinca ‘pioche’

Trinquo forta, trinca forta (Raymond Jourdan, Montagnac) « pioche ouverte à angle de 75° à 85°, pesant 2 à 4 kg. 

ArpaRJourdan

Etymologie :  voir FEW XIII/2, 278a  *trincare « diviser en trois » . Aveyron trinqua « biner une terre » A la page suivante du FEW un grand nombre d’attestations surtout de l’occitan de trenca « pioche, houe » etc. principalement dans le domaine languedocien.  Voir aussi le Thesoc s.v. houe

Lisez l’article arpa de rompuda sur le travail pénible du défoncement d’une vigne avant 1914.

Tranchée, anglais trenche.

Lisez l’article consacré à la Grande Guerre dans le New York Times.

Arpa de rompuda ‘trident’

Arpa de rompeuda « trident çà angle de 75 à 85°, pesant de 2 à 4 kg » (Raymond Jourdan, Montagnac)  fait partie de la famille de mots harpe « faucille ; griffe », que le latin a emprunté au grec άρπη avec ces deux sens. La plus ancienne attestation en galloroman vient de l’ancien occitan arpa « griffe d’un animal » (14e s.).  Il y a de nombreuses attestations dans tout le domaine occitan, de Die jusqu’en Béarn. H.Schook (Die) donne  arpa  « griffe »,   arpic « griffe, croc de bûcheron », arpic de pola « clavaire (champignon) » et arpion « orteil (familier) ». L’abbé de Sauvages : arpatëjha « marcher en tâtonnant » et arpiou « ongle d’oiseau » dérivé de arpo « griffe » (S2, p.50). Voir les nombreuses attestations dans le Thesoc s.v. griffe ;  et FEW IV, 385-388,

Arpa « outil agricole » est aussi très répandu en catalan et en espagnol.  La graphie Harpa de rompuda de Raymond Jourdan montre que pour lui l’arpa a quelque chose d’un instrument de musique ( comme pour Alibert qui donne germanique Harpa comme étymologie).

Dans Culture de la vigne en Languedoc Raymond Jourdan[note1.]  donne une description détaillée de sa Création d’un vignoble. Le premier paragraphe est consacré au défoncement:

Le défoncement : appelé aussi le charruage, en occitan « roumpre ». Avant 1914, avec une pioche « trinqua forta » ou un trident « harpa de rompuda » (a=o].

ArpaRJourdan

Travail pénible et très long fait en « collas », groupe de plusieurs salariés agricoles : brassiers et journaliers. Le défoncement, ou « rompuda » consiste à labourer profondément (40 à 60 cm) pour installer une vigne nouvelle ou « mayol« .

Après 1914, la rompudo se fait avec des chevaux 2,4 ou 6 et une grosse charrue à versoir et à mancherons.

_________________________

1.J’utilise la graphie de Raymond lui-même. Il a écrit ce texte en 1978. Ce sont ses souvenirs du début du 20e siècle.  Son fils Gérard Jourdan a eu la gentillesse de me faire parvenir ce texte que j’ai lu comme un roman, avec la transcription dite classique, moins proche de la prononciation.]

Leseno, alzena "alène" et français "...

Leseno, alzena s.f. a  la même étymologie que le mot français « alène » à savoir un germanique *alisno  « poinçon  courbé pour coudre le cuir ». Le mot a dû être adopté assez tôt, avant le IVe siècle,  dans le latin parlé, parce que nous le retrouvons en italien  lezina,  catalan alena  et espagnol  alesna, lezna. En occitan les formes avec déglutination du a-  initial sont les plus répandues.

*alisno a remplacé le latin subula  « alène; outil pour polir des pierres », qui s’est maintenu en roumain sula  et dans des parlers régionaux italiens. Il y a aussi quelques attestations en moyen français sublot, subille « alêne » (DMF). Le fait qu’on le trouve également en moyen néerlandais : eyn suwel (< subula) off eltzen (< alisno) zuwele, suwel, subst. fem. Mnd. suwele;  et en moyen haut allemand mhd. siuwele, siule. (WNT) montre qu’il a probablement existé dans le domaine d’oïl.

Quelle peut être la raison de cet emprunt au germanique?     S’agit-il de la meilleure qualité des  alênes  germaniques?  Deutsche Qualität?  ou s’agit-il d’ alène de cordonnier « leseno » et d’alène médicale « subille »?

Plus intéressant est le lien avec le verbe français lésiner « épargner d’une façon raffinée et sordide jusque dans les moindres choses », dérivé du substantif  lésine   qui désigne ce genre d’épargne.  Lésine  a été emprunté à l’italien  lesina,  à la suite de l’énorme succès d’une satire de Francesco Vialardi intitulé Della famosissima compagnia della Lesina dialogo, capitoli, ragionamenti. Elle a été traduite en français  en 1618!

traduction de Della compagnia della lesinaSi vous voulez le lire, suivez ce lien.   Il y a  des avares qui vont jusqu’à coudre eux-mêmes leurs chaussures!  La devise de la  Compagnia     est sur la page du titre : Omnia vincit subula.  Cela va vous rappeler  L’avare  de Molière.

Voici un lien vers un site  qui en parle

Littérature facétieuse de la lésine

A la suite de la parution du recueil Della famosissima compagnia della Lesina (1598), une série de publications autour des plaisanteries relatives à la lésine voit le jour en Italie (1).

Ces textes sont traduits et imités en France dans le premier quart du XVIIe siècle (2).

Ils créent un fonds de bons mots et d’anecdotes, dont on retrouve plusieurs traces dans la comédie de L’Avare :

 

 

Redable "tire-braise"

Redable « tire-braise » vient du latin rutabulum « fourgon 1 , râble de boulanger, spatule » surtout avec le sens « tire-braise ».

Dans un site marchand, je trouve la description suivante:

Les outils du boulanger : Râcle, écouvillon, pelles. Vous les connaissez peut-être déjà sous des noms différents de ceux que je donne ici. Pas d’affollement !! Ils ont un nom par village… ou peu s’en faut. Le râcle (râble, etc.). Une plaque de 25 x 6 cm taillée dans les chutes de la tôle qui a servi à fabriquer la porte, 40cm de fer à béton de 8, quelques points de soudure et 2m de bambou. Le râcle sert à étaler les braises pendant la chauffe et à les retirer dur four après la chauffe.

 

La voyelle de la première syllabe varie dans les parlers locaux : ridable, radable, roudable et le -b- devient souvent -p-.

Le FEW suivi par le TLF rattachent le mots râble (surtout en parlant du lièvre et du lapin) à rutabulum.  Le Bloch-Wartburg suivi par A.Rey,  écrit que

le mot  râble (du lièvre) est probablement une extension de rable « fourgon spatule » par analogie d’aspect; certains instruments appelés râbles étant munis de fourchons fixés dans la barre comme l’échine est munie de ses côtes « .

Dans le FEW von Wartburg est beaucoup plus nuancé. Il y suggère la même comparaison, mais les formes occitanes avec -e- au lieu de -a- posent un problème d’ordre phonétique. La forme rièble se trouve déjà dans le Miroir de Phébus (1390) de Gaston comte de Foix.

Von Wartburg pense que râble  en parlant du lièvre est un mot de chasseurs, qui est passé  dans la langue générale au cours du XVIe  siècle. La première attestation en français de râble (1532) vient de l’auteur de Pantagruel et Gargantua! Le mot s’est répandu ensuite dans les dialectes. Il y a donc deux histoires.   Rutabulum > redable en occitan, ou  rouable, roable en ancien français avec le sens « tire-braise » qui a eu une évolution à partir du latin.  D’autre part  râble (de lièvre) qui s’est répandu à partir du XVIe siècle dans tout le domaine galloroman.  Les formes occitanes avec –e- s’expliquent peut-être par une influence du mot rèble(s) « de la blocaille: petites pierres pour remplir entre les parements d’un mur »(S1), du verbe reblar « remplir, garnir de blocaille » (S1) du latin replēre « remplir ». Cette explication ne me convainc pas à 100%. Une autre explication de C. Nigra dans l’Archivio Glottologico 14, p.374.

Pour le moment aucune étymologie est vraiment satisfaisante. Si vous avez une idée…

A Die et à Trièves les formes sont identiques: riable s.m. « dos » et « rivet du boulanger ». (Schook)

  1. Fourgon « Longue barre métallique ou longue perche garnie de métal utilisée pour remuer la braise ou la charge d’un four, d’une forge, d’un fourneau, ou pour attiser un feu. » (TLF). Le fourgon « automobile » doit probablement son nom à cette barre;  même mot que fourgon 1, ce mot ayant dû désigner successivement le « bâton de la ridelle » puis la « ridelle » et enfin la « voiture à ridelle » (ces deux derniers sens étant attestés en prov. mod. : MISTRAL, s.v. fourgoun) TLF