ariège 'salsepareille'
Ariége, saliége, (S2), clariège (M), rinvierge à Marseille d’après Mistral.
Ci-dessous la description de l’abbé de Sauvages (S2 identique à celle de S1 de 1756))
La forme ariège est attestée à Nice et dans la Gard par l’abbé de Sauvages et dans le Trésor de Mistral. Le FEW fournit aussi un faliège, mais c’est une fausse lecture pour saliége (voir l’image ci-dessus).
L’étymologie de ce groupe de mots était inconnue. Le FEW ne savait pas quelle forme pourrait être à la base de ce groupe..
Grâce à Mistral qui note le mot catalan aritjols et au Diccionari de la Llengua Catalana, ab la correspondencia castellana qui écrit que la salsepareille s’appelle aritjols ou arinjol, je l’ai retrouvé dans le Diccionari etimològic : aritja « sarsaparilla » attesté depuis 1650 … de l’arabe ´arîša « parra » (« treille » en français). avec trois dérivés : aritjol, aritjar et aritjolar. Cette étymologie doit venir du grand étymologiste Coromines, mais je ne suis pas en possession de son dictionnaire étymologique du catalan. Je retrouve la même étymologie dans le Diccionari cat. :
aritja [1650; de l’àr. ‘arîša ‘parra’] f 1 BOT Arítjol. 2 ALIM Beguda que s’obté de la cocció de l’arrel d’arítjol ( aritjol « smilax aspera »; aritja Smilax aspera var balearica arítjol baleàric ). J’ignore hélas tout de l’arabe, mais dans le Glossaire Des Mots Espagnols Et Portugais Derives de L’arabe Par Reinhart Pieter Anne Dozy, W. A. Engelmann (coaut), p.58, je trouve les remarques suivantes:
L’arabe aricha peut donc désigner un treillage sur lequel on fait monter de la vigne … ou sur lequel monte la salsepareille.
Je pense que cette étymologie est la bonne.
Salsepareille. Les premières attestations du nom français salsepareille « smilax europaea » datent de 1570 et viennent du portugais çarçaparrilha , devenu salsaparrilha influencé par salsa « persil ». Cotgrave (1611) écrit zarzeparille en suivant la forme espagnole zarzaparilla. Au XVIe siècle les Portugais ont importé de Chine le smilax China L. Le nom salsepareille a été donné également à plusieurs espèces américaines, spécialement de la côte est du Mexique et de Colombie où le Smilax medica Schlecht et le Smilax officinalis sont indigènes. Les racines de la salsepareille ont joué un rôle important dans le traitement du syphilis1
L’élément zarza- est probablement d’origine préromane et indigène dans la péninsule ibérique. FEW 21,181b.
D’après Pouzolz, vol.II, p.385, la salsepareille s’appelle lenga de ca dans le Gard.
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- C’est à cela que l’abbé de Sauvages fait allusion quand il dit que « notre salsepareille est employée aux mêmes usages que celle d’Amérique, mais en plus forte dose. ↩