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Uganaud "huguenot" et deganau "niga...

Uganaud « huguenot » vient de l’allemand Eidgenosse « confédéré ».  L’histoire ou l’étymologie de ce mot n’a de sens que quand on raconte toute l’histoire.

La première attestation en occitan iganauds  « huguenots, calviniste » date de 1581.   A la même époque on trouve d’autres formes iganau à Nîmes, eganaou, higounaud  dans l’Aveyron, etc. La première attestation en français date, pour le moment, de 1483 et vient d’une lettre du duc René II de Lorraine  à son cousin:  dans laquelle il écrit :

En somme les Esguenotz n’ont delibéré laisser passer en manière quelconques gens de cheval ne de pied qui viennnent par deça; et de ce lesdictz Esguenotz escripvent à la Seigneurie et à nous, nous priant que nous desportons de ceste emprise.

Escript à Padue le XIII jour d aoust 1483

Vostre cousin RENE

Esguenotz-Huguenot DMF2012  (texte complet)

René II de Lorraine

Au XVe siècle les  Eidgenossenles Confédérés suisses,  avaient déjà instauré le service militaire obligatoire à partir de l’âge de 16 ans. (Cf. le NZZ online). Les  Esguenotz qui ne laissaient passer personne d’après  la lettre du duc René II,  sont donc des soldats.  Plus tard, le  même mot écrit  aguynos désigne les  « partisans du parti politique qui défendait la liberté de la ville de Genève contre les tentatives d’annexion du duc de Savoie » comme en témoigne  un document  de 1519 provenant de la ville de Genève .  La graphie du mot varie beaucoup dans les textes, ce qui se comprend facilement parce qu’il s’agit d’un mot allemand prononcé par des francophones.  Il y a même une variante avec la nasalisation de la  première syllabe: hangenots.  Dans la seconde moitié du XVIe siècle apparaît la forme huguenots toujours avec le sens « partisans… etc. ».  Entretemps   la ville de Genève  avait réussi à faire reconnaître son indépendance en 1530.

La Réforme protestante,  une volonté d’un retour aux sources du christianisme, est amorcée au XVe siècle et culimine au XVIe siècle. (Wikipedia) L’adoption de la Réforme a aussi un caractère politique. C’est un moyen pour les princes d’affirmer leur indépendance face à une papauté revendiquant une théocratie universelle ou pour les populations de pouvoir se révolter face un souverain mal accepté comme en Écosse et aux Pays-Bas espagnols. La Réforme se traduit donc au XVIe siècle par de nombreux conflits, entre l’empereur Habsbourg et les princes allemands mais aussi des guerres civiles en France, en Angleterre et en Écosse.

Mur de la Réformation à Genève

Monument international de la Réformation à Genève 1

A Genève la Réforme commence en 1532.  Calvin le co-fondateur de la doctrine des Eglises Réformées, appelée le calvinisme, s’installe à Genève en 1540.  Le  calvinisme  s’est répandu en Europe à partir de cette ville.  Le nom ou surnom  des indépendantistes genevois Eidgenossen,  prononcé  à la française  aignos,   ou  iganau  en languedocien, higounaud  dans l’Aveyron, passa aux « protestants de langue française » dans la deuxième moitié du XVIe siècle.  Dans la région de Béziers, Pézenas et dans l’Aveyron  naît une forme avec un  d-  agluttiné deganàu  à partir d’une expression dans le genre diable d’egenau.  Il est aussi possible que  le type egenau a fusionné avec le mot duganau « imbécile » dérivé de dugon « grand duc ». Voir l’article duc, dugou.

Nous sommes bien arrivés dans la période des guerres de religion.   Dans certains milieux le mot  huguenot  est lourdement chargé de haine.  En provençal un duganèu est un « nigaud », à Béziers ou à Puisserguier  un  deganau est  un « impie, un débauché »,  à Cahors c’est un  iganaou,   dans l’Aveyron un igounaou  « un mécréant, quelqu’un qui ne vas pas à la messe »! comme en Lozère, en Ardèche et dans la Hte-Loire. Ces sens péjoratifs se trouvent un peu partout en France, mais il y a une forte concentration des  attestations  en languedocien.

Le mot était encore vivant au début du XXe  siècle à Montagnac (Hérault). Voici le témoignage d’un de mes  visiteurs qui   est  entrain de retranscrire les mémoires de son père2. Ces mémoires  rapportent ses souvenirs de jeunesse entre 1914 et 1944.  Il m’écrit  à propos du mot deganouaous:

Au long de ces cahiers, je rencontre des termes occitans (il parle plutôt de patois) qu’il écrit phonétiquement. Dans le cahier n°8, je rencontre un terme pour lequel je ne trouve pas d’explication précise.
Le contexte est celui de ma grand-mère disant à mon père, amoureux d’une fille cévenole et protestante habitant le Pont-de-Montvert (48), « tu n’as qu’à te faire protestant pour pouvoir être accepté par les parents » (mes grands-parents et mon père étaient athées).
Mon père écrit donc cette phrase :  » …et puis ton père (mon grand-père) préférera te voir « deganouaous » que catholique, car ils étaient (les protestants) sectaires en religion, mais sincères, farouches laïques et républicains ».
Ce terme de « Deganouaous » s’applique aux protestants de Montagnac (34) et je pense qu’il s’agit là d’une expression péjorative critiquant le comportement des protestants.

La rivalité entre catholiques et protestants existait aussi à Valdrôme et les villages voisins où les cathos aimaient dire  Las campanas de Vaudroma fan dançar los uganauds, los fan far de sauts coma de crapauds. (Communication de Han Schook)

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  1. : Guillaume Farel (14891565), l’un des instigateurs de la Réforme à Genève, Jean Calvin (15091564), le personnage central du mouvement, Théodore de Bèze (15131605), recteur de l’Académie de Genève, et John Knox (1513-1572), fondateur du culte presbytérien en Écosse.
  2. Voir Sources s.v. Montagnac

Carreira "quartier des Juifs" et le chou...

Carreira, carièra  a la même étymologie que le français carrière mais pas la même signification !
Un film sur Arte de  Marek Halter  et sa  conférence au Salon de la Biographie à Nîmes (2012) sur le Birobidjan  , où le yiddish est encore parlé par quelques milliers de personnes, m’a rappelé qu’en Provence, il y avait le Comtat Venaissin , lou Coumtat Venessin,  où  les Juifs  parlaient le shuadit ou chouadit, également appelé judéo-provençal, judéo-comtadin, une  langue morte appartenant à la famille de l’occitan , anciennement utilisée par les Juifs.  Le dernier locuteur connu est l’écrivain Armand Lunel,  décédé en 1977.

Comtat Venaissin

Une brève description avec une bibliographie de cette langue se trouve ici (Judeo-Provençal – Jewish Language Research Website).

En surfant et cheminant de lien en lien, j’arrive aux Carrières .  Les Carrières sont le terme employé sur les terres des Papes d’Avignon, pour désigner la rue ou le quartier juif où la population juive en son entier devait résider.  Le mot ghetto n’a jamais eu cours à propos des quatre Saintes  Communautés d’Avignon, de Carpentras, de Cavaillon, de l’Isle-sur-la-Sorgue.  Plus de renseignements ici
Le mot carrière avec le sens « rue, quartier des Juifs » est une francisation erronée  de carreira  qui peut même prêter à confusion quand on ne connaît pas le mot occitan.

Entrée de la Jutarié d'AptEntrée de la Carrèira d’Apt.

Sopar und Suppe

Übersetzung aus : http://www.etymologie.info/~e/ Etymologie-Portal von  dem Absatz  Die Bezeichnungen der Mahlzeiten  in die Europäische Sprachen in meinem Artikel Sopar,dinar . dejunar

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Sopar

Unter dem Stichwort « sopar » = « Suppe » hat Robert Geuljans auf seiner okzitanischen Etymologie-Site (süd- und südwestfranzösischen Dialekte) einige Bezeichnungen von Mahlzeiten in verschiedenen germanischen und romanischen Sprachen zusammengestellt. Eine Erkenntnis ist, dass für uns Menschen, genau wie für die Tiere das Wichtigste beim essen, nicht « geniessen » ist, sondern « beissen ». Als deutliches Beispiel kann « Imbiss » gelten.

beissen    

Typ « Unterbrechen des Fastens »: occitan, frz. « déjeuner » (= « unterbrechen des Fastens »), engl. « breakfast » (= « Fastenbrechen »), span. « desayuno » = « Frühstück » (= « Fastenbrechen »), port. « jantar » = « Abendessen » (lat. « jantare » = « prendre le petit déjeuner » aus « jejunus » > « jejentare » ), port. « refeição » = « réfection » = « Renovierung » (lat. « reficere » = « erquicken », wörtlich « wiederherstellen », vgl. « Refektorium »). Auch international « Restaurant « , ein Wort erfunden von Boulanger in 1765 wobei er dachte an die Bibelstelle « venite ad me qui stomacho laboratis, et ego restaurabo vos ».

USA       France

Typ « Inhalt der Mahlzeit »: span. « sopa » (= « Suppe »), frz. « souper » (= « Abendessen »), engl. « supper » (= « Abendessen »), dt. « Abendbrot ». Wesentlicher Bestandteil der « Suppe » war (und ist für mich immer noch) das eingetauchte oder zumindest dazu gegessene Brot. Sprachlich hängen die « Suppe »-Wörter mit dt. « saufen », « saugen » zusammen.

Suppe  potage,  Brühe ohne Einlage!

Typ « Mengenbezeichnungen »: frz. « petit déjeuner » (wörtlich « kleine Fastenunterbrechung), span. « pequeno almoço » (Übersetzung habe ich nicht gefunden – vielleicht wörtlich « kleiner Schleim/Brei ») almoço = span. almuerzo = Typ beissen lat. morsus.

Typ « Zeitbezug »: ital. « prima (colazione) » = « erstes Frühstück », dt. « Frühstück » (« frühes Essen »), dt. « Abendessen », ndl. « avondeten » (« Abendessen »), dt. « Mittagessen », engl. « lunch » (entstanden aus « luncheon » (1580), engl. « lunch » = « Brocken », « Bissen » und « Äon » = « Zeitalter », « Weltalter » (wörtlich also « Beißzeit »), oder aus « nonechenche » (« none » = « neun » + Entlehnung von span. « lonja » = « (Brot-)Scheibe, also wörtlich « Neunuhrbrot ») », ebenso fläm. « noenmaal » = « Neun(uhr)mahl » (ahd. « mal » = « Zeit(punkt) », « Markierung », « Ziel », urspr. « Abgemessenes »), ital. « pranzo » von lat. « prandium » = « erstes Frühstück » oder « erste Mahlzeit » = « premier repas » (lat. « prandere » = « frühstücken », « zu Mittag essen »). Span. « Cena » = « Abendessen » (« l’Ultima Cena » = « das Letzte Abendmahl »), wobei lat. « cena » vermutlich auf eine Bedeutung « Schneiden », « couper » zurück gehen dürfte.

Typ  » Essen »: span. « comida » = « Mahlzeit », « Mittagessen » (aus « com » + « edere » = « zusammen essen »), dt. « -essen », ndl. « -eten », ital. « pranzo » = « (Mittag)Essen » von lat. « prandium », das vermutlich eine Zusammensetzung mit lat. « edere » = « essen » ist.

Typ « Rahmenprogramm »: ital. « colazione » = « Frühstück », frz. « collation » eine Entlehnung aus Kirchenlat. « collatio » = « Versammlung », « Unterredung » = « Zusammenkunft der Mönche », insbesondere wurden während der Mahlzeiten religiöse Texte verlesen.

Typ « Art und Weise des Speisens »: 1) Typ « beißen », oder « brechen » wie span. « almuerzo » = « (zweites) Frühstück », « Mittagessen » (wörtlich – span. « muerzo », « Biss » mit arab. « al » – « das Beißen »), port. « almoço » (beide von lat. « morsus » = « Beißen »), ndl. « ontbijt » = « Frühstück » (Wörtlich = « Anbiss », ndl. « bijten » = « beissen »), dt. « Imbiss » (wörtlich etwa « Hineinbeissen »), frz. « casse croûte » = « Imbiss », « Vesper » (wörtlich etwa « Brechen der Kruste », « Brechen/Beißen des Brotes »), engl. « snack » (wörtlich « beissen », engl. « to snack » = « schnappen »), ndl. « hapje » = « Happen » = « Zubeissen », « Zuschnappen », ital. « spuntino » = « snack » (ital. « spuntare » = « sprießen », « aufgehen », « anbrechen »).

2) Typ « kosten » wie frz « déguster » = « kosten », « probieren », frz. « goûter » = « kosten », « probieren », span. « tentempie » = « Imbiß » (wörtlich etwa « tenter à pied » = « im Stehen probieren »).

déguster

"déguster" kosten kann nur ein Mensch

Mastra 'pétrin'

Mastra « pétrin »en provençal et est-languedocien,    l’étymologie  est  comme pour  mats, mèit   et français  maie  un mot d’origine  grecque : μακτρα « pétrin ».

pétrin provençal.

La première attestation date de 1351  à Maguelone dans l’Hérault. Le FEW donne sa source « ARom3, 371 ».  J’ai voulu vérifier, ce que je ne fais pas toujours parce que cela m’occuperait des journées entières.  J’ai « googlé « Archivum romanicum 3 »  et en effet en 3e position je le trouve.  Un certain Gulio Bertoni a dépouillé le livre de A. Germain,  Maguelone sous ses évêques et ses chanoines.  Montpellier, 1869. Aux  pp.219-288 se trouvent les  Statuts de l’Eglise de Maguelone.   Dans ces statuts il y a de nombreux mots occitans mélangés au latin.  Si cela vous intéresse,  suivez ce lien .   A la page 271 du livre de Germain est noté notre mastra:  Extrahere pastam de mastras

Quand je vois cela, je me rends compte du travail de moine que von Wartburg a dû faire  pour le FEW et la chance que nous avons de disposer d’Internet.

Pratiquement toutes les attestations actuelles de mastra viennent du domaine provençal, plus une de St-André de Valborgne (Gard), mais l’attestation de Maguelone prouve qu’autrefois cette zone était plus étendue.

Les signifcations secondaires restent proches du sens « pétrin ».  Dans la Drôme mastro  « huche de cuisine, armoire, auge à porcs », à Allos (près de Barcelonnette) « caisse dans laquelle on échaude les cochons » 1. A Nice une  mastra  est aussi un « gros derrière ». La mastro ou  la grande mastro est un terme du jeu de la pierrette, qui consiste à lancer des cailloux en l’air pour les recevoir dans le creux ou sur le dos de la main ». 2

L’étymologie μακτρα >  mastra pose un problème phonétique.  La suite –κτ- n’aboutit pas régulièrement à –st-. Dans le sud de lItalie, la Magna Graecia,  où le grec était la langue courante, la suite –κτ-  a abouti régulièrement à –tt-.   Cette forme mattra  « pétrin » est toujours vivante dans le sud de l’Italie et a conquis du terrain jusqu’en Toscane. Dans le nord de l’Italie  par contre , de Venise jusqu’au Piemont, est attestée la forme mastra,  qui doit venir d’une forme grecque régionale *μακξτρα  avec un –xsi-.  Ce changement n’est pas un cas isolé.  L’explication de la différence entre la forme du sud mattra  et celle du nord  mastra   se trouve dans l’histoire politique.  Beaucoup de dialectalismes grecs ont été adoptés dans le nord de l’Italie pendant la période de l’Exarchat. Dans Wikipedia je trouve ceci

L’exarchat est une organisation de certains territoires périphériques de l’empire byzantin, mise en place au VIe siècle pour faire face à la menace d’envahisseurs. L’exarchat est dirigé par un « exarque » qui concentre les pouvoirs civils et militaires. Cette organisation visait à réagir de façon optimale aux dangers menaçant l’empire dans ses régions périphériques, sans avoir à attendre les ordres venus de Constantinople. Ils bénéficiaient d’un plus grand degré d’indépendance que les autres gouverneurs provinciaux….Seuls deux exarchats furent constitués, à Ravenne contre l’invasion des Lombards

C’est l’Exarchat de Ravenne qui nous intéresse.

La forme provençale mastra s’explique donc par  l’influence des parlers du nord de l’Italie, le piémontais et le ligure.

Ce n’est pas uniquement dans la langue que le grec byzantin  a eu une influence à Ravenna.  Voir ci-dessous une mosaïque du Palais.

Détail d’une mosaïque faite dans un  atelier italo-byzantin  à Ravenna, achevée en  526 après JC par le «Maître de Saint-Apollinaire». Après la défaite de Théodoric, les mosaïques murales dans le Palais et la cathédrale ont été refaits par les Byzantins pour enlever des éléments gothiques. Les chiffres dans cette mosaïque ont été remplacés par des rideaux, probablement en raison du manque de temps. Plusieurs vestiges des premiers travaux sont visibles, comme une partie d’un bras sur le troisième pilier de la gauche.

L’étymologie peut mener très, très loin! De Maguelone à Istambul par exemple.

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  1. voir la decription et le dessin dans l’article mats, meit
  2. Impossible de trouver une description sur le web.

Redable "tire-braise"

Redable « tire-braise » vient du latin rutabulum « fourgon 1 , râble de boulanger, spatule » surtout avec le sens « tire-braise ».

Dans un site marchand, je trouve la description suivante:

Les outils du boulanger : Râcle, écouvillon, pelles. Vous les connaissez peut-être déjà sous des noms différents de ceux que je donne ici. Pas d’affollement !! Ils ont un nom par village… ou peu s’en faut. Le râcle (râble, etc.). Une plaque de 25 x 6 cm taillée dans les chutes de la tôle qui a servi à fabriquer la porte, 40cm de fer à béton de 8, quelques points de soudure et 2m de bambou. Le râcle sert à étaler les braises pendant la chauffe et à les retirer dur four après la chauffe.

 

La voyelle de la première syllabe varie dans les parlers locaux : ridable, radable, roudable et le -b- devient souvent -p-.

Le FEW suivi par le TLF rattachent le mots râble (surtout en parlant du lièvre et du lapin) à rutabulum.  Le Bloch-Wartburg suivi par A.Rey,  écrit que

le mot  râble (du lièvre) est probablement une extension de rable « fourgon spatule » par analogie d’aspect; certains instruments appelés râbles étant munis de fourchons fixés dans la barre comme l’échine est munie de ses côtes « .

Dans le FEW von Wartburg est beaucoup plus nuancé. Il y suggère la même comparaison, mais les formes occitanes avec -e- au lieu de -a- posent un problème d’ordre phonétique. La forme rièble se trouve déjà dans le Miroir de Phébus (1390) de Gaston comte de Foix.

Von Wartburg pense que râble  en parlant du lièvre est un mot de chasseurs, qui est passé  dans la langue générale au cours du XVIe  siècle. La première attestation en français de râble (1532) vient de l’auteur de Pantagruel et Gargantua! Le mot s’est répandu ensuite dans les dialectes. Il y a donc deux histoires.   Rutabulum > redable en occitan, ou  rouable, roable en ancien français avec le sens « tire-braise » qui a eu une évolution à partir du latin.  D’autre part  râble (de lièvre) qui s’est répandu à partir du XVIe siècle dans tout le domaine galloroman.  Les formes occitanes avec –e- s’expliquent peut-être par une influence du mot rèble(s) « de la blocaille: petites pierres pour remplir entre les parements d’un mur »(S1), du verbe reblar « remplir, garnir de blocaille » (S1) du latin replēre « remplir ». Cette explication ne me convainc pas à 100%. Une autre explication de C. Nigra dans l’Archivio Glottologico 14, p.374.

Pour le moment aucune étymologie est vraiment satisfaisante. Si vous avez une idée…

A Die et à Trièves les formes sont identiques: riable s.m. « dos » et « rivet du boulanger ». (Schook)

  1. Fourgon « Longue barre métallique ou longue perche garnie de métal utilisée pour remuer la braise ou la charge d’un four, d’une forge, d’un fourneau, ou pour attiser un feu. » (TLF). Le fourgon « automobile » doit probablement son nom à cette barre;  même mot que fourgon 1, ce mot ayant dû désigner successivement le « bâton de la ridelle » puis la « ridelle » et enfin la « voiture à ridelle » (ces deux derniers sens étant attestés en prov. mod. : MISTRAL, s.v. fourgoun) TLF