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Margal ‘herbe de printemps’

Margal « herbe de printemps » d’après l’article de Wikipedia Agriculture en Camargue.
Graaphie margalh pour les occitanistes.  Loliium perenne pour les botanistes.

Étymologie : margal  vient d’une racine préromane *margalio- « ivraie ».

here de printemps

margal, lolium perenne  (Wikipedia)

Voici  le texte de Wikipedia:

Le fermier camarguais jouissait de libertés (ou profits) dans son exploitation. Ces droits étaient au nombre de quatre : la margalière, les pasquiers, les luzernières et la pâture4.

La margalière consistait à tirer profit du margal, herbe de printemps, pour ses ovins. Elle n’était disponible dans les restoubles que de mars à avril et aux premiers labours. Les pasquiers correspondaient à la fraction de terres labourables converties en prairies annuelles. On y semait avoine, orge et vesce noire (ou barjalade). Le surplus fauché trouvait preneur auprès de charretiers qui voituraient le sel de Peccais 4.

Le lien vers la source étant mort, je l’ai recherché et trouvé (difficilement) dans le site du patrimoine de la ville d’Arles. , texte de Gérard Gangneux. L’ordre de Malte (Hospitaliers de Saint-Jean) en Camargue au XVII et XVIIIe siècles. Extrait de sa thèse de 1970.

Il faudra retrouver ses sources afin de mieux dater ces attestations. En ancien occitan est attesté marjuelh « ivraie » au 14e siècle.

Le 15 juillet 2013 un de mes fidèles visiteurs, Rudy Benezet,  m’a demandé l’origine de ce  margal  et il a ajouté:

Bonjour, ……..Cela m’a rappelé les longs après-midi ou je devais aller arracher les herbes dans les vignes;  quand il n’y avait rien d’autre a faire.
Mon grand père me disait Mais tu n’as rien a faire !  va donc à l’Esquillon tirer les jambes rouges ( Chenopodium album ) et  les blés (Amaranthus hybridus ? ) et prend le bigot (la pioche) pour arracher le grame (chiendent, Elytrigia repens ) et sans oublier un flo  ; et n’oublie pas d’enlever les grosses mattes de margal ( ivraie , Lolium perenne ).
Après mon passage plus un brin d’herbe dans la vigne;  tel Attila ! J’étais a l’époque un véritable désherbant manuel……   🙂  c’était il y a plus de 50 ans ! Et pendant tout ce temps mes copains galopaient sur le pic des ânes ; derrière Geronimo et Kit Carson !Mon grand père ne me  parlait jamais en patois, <<C’était interdit pas Monsieur le Maître d’école >>   Je n’en prenais quelques mots que quand ils causaient entre vieux….
Étymologie : margal  vient d’une racine préromane *margalio- « ivraie ».   D’après les données du FEW VI,1 p.323  le type margal, margalh  se trouve en franco-provençal, en Provence (Vaucluse, Var, BRhone, AlpesMar) et en languedocien le long de la côte jusqu’en Catalogne (margall « lolium italicum ») .  Le Thésoc y ajoute les départements ARIEGEHAUTE-GARONNE, TARN-ET-GARONNE.
Dans  l’AUDE il y a quelques attestations du  type amargalh  avec le  préfixe a-  dans les noms des plantes est d’après Hubschmid (spécialiste du préroman)  est également d’origine préromane.
D’après M.Palun1  Le « raygrass »  Lolium perenne L et le Lolium multifflorum Lam. s’appellent margai  à Avignon et environs.
Le lien fonctionne toujours parfaitement. Pour m’assurer j’ai consulté l’index et suivi l’indication vers la p.165  où on trouve même  deux esoèces  de  lolium avec le nom margal:
lolium perenne dans M.Palun
Mistral donne en plus  margalheiro  s.f. «  »champ où le ray-grass abonde ».
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  1. Palun (Maurice), Catalogue des plantes phanérogames qui croissent spontanément dans le territoire d’Avignon et dans les lieux circonvoisins. Avignon, 1867. 2-189 p. Table alphabétique des noms vulgaires des plantes en provençal aux pp.183-189. Disponible dur le web archive.org

cervesa – bierra

Une belle carte  de géo-linguistique de l’Europe et des régions voisines  trouvée sur le web sans nom d’auteur :

Le mot bierra a la même étymologie que le mot bière  en français.  Je cite le TLF:

Terme d’origine germanique qui au xve s. évinça cervoise*, d’origine gauloise. Le mot nouveau correspondant à une technique nouvelle : la bière avec houblon (bière) tendait à supplanter la bière sans houblon (cervoise). Il est difficile d’établir si l’emprunt a été fait au moyen haut allemand bier (Lexer30) ou au moyen néerlandais bier (Verdam), les bières allemandes semblant alors fort connues (FEW t. 15, 1, p. 104) et la brasserie ainsi que les cultures de houblon étant fort développées au Moyen Âge en Flandre et dans les Pays-Bas (Valkh., p. 61, Gesch., p. 14); l’influence néerlandaise paraît cependant prépondérante.

La cervesa, cervoise en français est une:

Boisson alcoolisée obtenue par fermentation d’orge ou de blé, sans addition de houblon, qui se buvait chez les Anciens, les Gaulois et jusqu’au Moyen Âge, au nord de l’Europe. » Étymologie : Du latin impérial cervesia « id. », mot panroman (REW3, no1830) d’origine gauloise.

Les deux types de bières existent encore en Angleterre beer et ale. À l’origine, en Grande-Bretagne et dans les pays scandinaves , toute bière était une ale, à savoir une cervoise, aromatisée au moyen de fruits plutôt que de houblon. (Wikipedia).

Contrairement aux Celtes, qui fabriquaient et buvaient de la cervoise (en Gaule la cervoise  était une boisson populaire au 1er siècle de notre ère.),  les Germains ne connaissaient  à l’époque de César  seulement une boisson  préparée par fermentation d’un hydromel épicé. Peu après les Germains  ont appris des Celtes  à brasser la cervoise   car Tacite mentionne que la cervoise était la boisson courante chez eux.

L’utilisation du houblon date du XIIe siècle et vient de l’Allemagne. Les inflorescences femelles, les cônes du houblon sont utilisées pour aromatiser la bière depuis le XIIe siècle lorsque Hildegarde de Bingen (1099-1179) découvrit les vertus aseptisantes et conservatrices du houblon (ainsi que son amertume). Il permettait ainsi à la bière de se conserver mieux et plus longtemps.  Le mot bière  est donc venu avec la chose de l’Allemagne. Que le mot cervesa  s’est conservé  en catalan et d’après  Alibert quelque part en occitan (??) s’explique par le fait que le bière n’était pas une boisson populaire  dans cette région. La bière est venue avec les touristes et la globalisation.

Actualités

Cela n’a pas fait la une dans les chaines TV de l’info.  Pourtant le 10 mai 2012, le pape Benoît XVI étend le culte liturgique de sainte Hildegarde de Bingen à l’Église universelle, dans un processus connu sous le nom de « canonisation équipollente » (ou canonisation équivalente). Le 28 mai 2012, Benoît XVI annonce la proclamation d’Hildegarde de Bingen comme Docteur de l’Église, qui a eu lieu le 7 octobre 20122,3, faisant d’elle la quatrième femme Docteur de l’Église

De très nombreux sites, e.a. sur YouTube sont consacrés à Hildegard von Bingen.

Tougno "Antoinette; imbécile"

Tougno « Antoinette; imbécile, niais ». Étymologie  Antonia féminin du nom de baptême Antonius. La tradition de donner des noms de saints de l’Eglise comme nom de baptême date du XIIIe siècle dans le Languedoc, d’après l’étude d’A.Dauzat1.   Les données ne permettent pas de savoir quel saint, Antonius le grand ou Antonius de Padoue est à l’origine du nom de baptême.

      

L’explication la plus probable du sens « imbécile, niais, etc »  est que  le nom de baptême Antoine devenu  Toni  en occitan, Toine  en français populaire, a subi le même sort que plusieurs autres noms de baptême très fréquents comme  Jean  et Jacques  en devenant péjoratif jusqu’à prendre le sens de « simple d’esprit, imbécile, niais ».

Dans l’article bala Mistral donne le proverbe suivant: ou Toni est « tout le monde ».

On trouve des représentants  du nom  Antonia, Antonius  avec ce sens  dans le domaine de la langue d’oïl en Lorraine et en Normandie , mais la grande majorité fait partie du  domaine de la langue d’oc.  Nous trouvons ces représentants parfois sous forme d’adjectif masculin, mais surtout comme adjectif ou substantif  féminin, par exemple à Alès togno « femme difforme, stupide, grossière », tougnas, -asse « gros benêt’,   à Saint Pierre de Chignac  le

Voir l’article Antoine prénom dans Wikipedia, qui donne ce nom dans les autres langues européennes.

Tougno « pain de maïs »  est un homonyme. Voir l’article tougno, tougnol.

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  1. Les Noms de personnes. Paris,1946

Rabas, rabasso "truffe"

Rabas, rabasso « truffe », rabassier « ramasseur de truffes ». L’étymologie est le latin rapum « rave » + suffixe –acea.

rabassié

rabassié

Dans la bas-dauphinois, à Grenoble, en provençal,  en est-languedocien  et en Dordogne rabaso, rabasso  désigne la » truffe », un rabasié  est un chercheur de truffes; celui qui conduit les porcs à la recherche des truffes ».  En dehors du domaine des chercheurs de truffes rabas  a gardé des significations plus proches de son étymon rapum « rave », comme par exemple « racine d’un arbre, souche ».   En Ariège un rabasié  est une « houe pour le vigneron »; l’adjectif languedocien rabassot signifie « courtaud, trapu » (S2), rabasset à Marseille

Rabassa  est attesté en ancien occitan dans le département de l’Aude et les environs  avec le sens « réséda des teinturiers », ce qui est expliqué par von Wartburg1 par le fait que  les feuilles de cette réséda ne sont pas coupées mais vendues  avec la racine. Cette réséda est souvent confondue avec la gaude  « le pastel« . Voir cet article sur le pays de Cocagne. Pourtant la gaude, « guède » en français est une plante herbacée (Crucifères) à petites fleurs jaunes et dont les feuilles étaient utilisées en teinturerie jusqu’au xixe siècle pour leur matière colorante bleu foncé. RollandFlore ne donne qu’une seule fois rabassa  comme nom populaire de cette réséda.

réséda des teinturiers   

Rabas « truffe » est un homonyme de rabas  « blaireau ».

Si vous voulez savoir plus sur l’histoire des rabassaires catalans, dont le nom a la même étymologie, il vous faudra googler…

  1.  FEW X, 74 n24

Autan, aouta ‘vent du sud-est’

La dormeuse de Mirepoix écrit que dans sa région d’auta  désigne « la direction de l’est sur les cartes, plans, compoix de l’Ancien Régime ». Pourtant dans la grande majorité des attestations  l’autan, ven d’autan  est le vent du sud-est ou du sud.  Notamment dans le département de l’Ariège règne une grande confusion en ce qui concerne la direction indiquée par le terme d’autan.

D’après Amilia Barthelemy1 (1673) de Pamiers auta c’est le vent du sud. Le témoin de Saverdun fournit le même sens à l’enquêteur de l’ALF au début du XXe siècle.  Dans d’autres villages c’est comme l’écrit la dormeuse le vent d’est, sens qu’on retrouve par exemple dans les Deux-Sèvres, la Haute Vienne et à Saintes. A Crampagna, un peu au sud de Pamiers, le point 783 de l’ALF, le témoin de l’ALF a dit que l’autà  était le vent du nord-ouest et il n’est pas le seul à donner cette définition.

La forme aouto, auta  avec l’accent sur la première syllabe est une formation régressive, altanus réduit à  *alta.

Le sens de l’origine de autan  le latin altanus « vent qui souffle de la haute mer » a dû rester présent dans l’esprit des gens ». Dans les premières attestations de Toulouse et de Montpellier en ancien occitan ,  altan  signifie « drection du sud-est ou de la mer ».

Le mot a été prêté au français au XVIe siècle avec le sens languedocien « vent du sud-est ». Le mot est inconnu à l’est du Rhône.

 

carte météo France vent-situation-autan-marin

  1. Barthélémy Amilia (16.. ; † 29 septembre 1673), chanoine régulier de Saint-Augustin, vicaire général, archiprêtre de la cathédrale de Pamiers, prédicateur, auteur du  texte et de la musique de cantiques célèbres. Cf. Le tableu de la bido del parfet crestia en bersses, que represento l’Exercici de la fe acoumpaignado de Las bounos obros, de Las pregarios ; Del boun usatje des sacrements ; de l’Eloignomen del pecat, et de Las oucasius que nous y poden pourta. J’ai copié ce lien d’un article de la dormeuse Note sur les cloches de l’église Saint Volusien à Foix dans lequel elle cite un très gracieux couplet d’Amilia:

    Montgauzi, mount gaujous, ô Terro de Proumesso !
    Tu qu’es le randebous de touto la jouenesso,
    Que tout chrestia de len, e les que soun al tour,
    Y fourrupen le lait de la Maire d’Amour. »