Chichourles
Chichourles voir didoule et fan pour l’expression fan de chichourles.
Chichourles voir didoule et fan pour l’expression fan de chichourles.
Français régional chichouiller signifie « faire des manières à table, triturer les mets » (And; confirmé par un Nîmois de souche, le 29 janvier 2005). Chichouiller fait partie d’une famille de mots dont l’origine est une suite de sons avec une valeur expressive tšitš- qui, comme une suite analogue tšikk-, désigne « quelque chose de petit », et au figuré « de peu de valeur ». En français nous avons par exemple chiche « avare » et chichi « boucles frisées » . (Comme chichis signifie « seins » en espagnol je ne trouve pas d’images des chichis « boucles frisées » sur internet).
chichi-begu
Dans le domaine occitan nous trouvons en provençal chichi « oiseau; pou (terme enfantin) » , en Vaucluse chichi-begu « ortolan » un tout petit oiseau et chichet « petit chien » (Toulouse). Des formes du type chichoul- se trouvent surtout en dauphinois jusu’à Montélimar et désignent des « mouillettes de pain dans du vin ». A Pézenas est attesté le verbe s’enchichourlá « s’enivrer légèrement ».
Il semble que chichouille revit. J’ai même trouvé une Confrérie des amamateurs de Chichouille. et un site www.chichouille.net ….
Les attestations de cette famille de mots dans les dictionnaires patois sont relativement rares et d’autre part il y a peu de continuité géographique, à l’exception du type chichoul- . Il est possible que les dictionnaires l’ont négligé parce que souvent il s’agit de termes du langage des enfants. Une autre possiblité est que les mots sont créés localement: Nîmes chichouiller , mais à Paris chichiter et chichiteux « qui fait des difficultés ». Un lecteur du Vaunage, à l’ouest de Nîmes, m’écrit que sa grand-mère disait toujours chauchiller, ce qui renforce l’hypothèse d’une origine onomatopéique avec une forte valeur expressive.
Cascavel (Gard) « grelot ». L’étymon *cascabella n’est pas attesté, mais il s’agit d’un dérivé de cascabus « poêle, chaudron ». Le mot vit en occitan, catalan cascavel et espagnol cascabel et cascabillo. Ce dernier a donné kaskabil en basque. En galloroman le mot est limité aux domaines occitan et franco-provençal. A Nice il y a une expression amusante : avé de cascavèu en testa « être écervelé ».
Le transfert de sens de « chaudron » > « cloche, clochette » est fréquent.
Cascavéou « taureau réfractaire, qui hésite, ou refuse, de suivre la manade lors de l’acampado » en Camargue.
En néerlandais il y a un mot similaire belhamel littéralement « bélier à sonnailles » qui a suivi une évolution sémantique analogue, utilisé surtout au fig. « boutefeu ».
La révolte des Cascaveous (ou Cascavèus) désigne une révolte populaire survenue à Aix-en-Provence en 1630 sous le règne de Louis XIII, roi de France, en raison des craintes d’inflation que provoque un édit du cardinal Richelieu. (Plus dans Wikipedia)
Dans le site de World Wide Words vous trouverez l’histoire amusante de cascabel en anglais américain modernes et en anglais britannique. Pour les premiers un cascabel est un genrie de medium hot chili, pour les seconds un élément d’un canon qui a la forme d’un grelot. Cliquez ici.
Meriam Webster : Definition of CASCABEL :
1: a projection behind the breech of a muzzle-loading cannon.
2: a small hollow perforated spherical bell enclosing a loose pellet = « grelot ».
Le cascabel, qui se trouve sur la culasse du canon ressemble en effet à un grelot. Le deuxième sens est donc à l’origine de celui donné en premier.
Cascalhar, cascailler « caqueter; bavarder », d’un latin *quasicare « secouer; écraser », formé sur quasare qui avait le mêmes sens.
Quasicare a donné casca(r) « secouer; frapper, émotter » en occitan. Le dérivé cascalha a pris le sens de « grelot » à Marseille probablement sous influence de cascavel. Dans le Périgord et le Médoc cascà a gardé le sens « écraser » comme dans le Lot et Garonne « herser ».
Le verbe cascalhar « gazouiller, caqueter, bavarder » se trouve surtout en provençal et est-languedocien. Le FEW donne certaines localisations de cascalhar sous l’étymon *quasicare d’autres sous l’étymon onomatopéique kak- « caqueter » avec la note « sous influence de quasicare, mais je pense qu’il faut les réunir tous sous quasicare.
Le félibre Camille Reybaud (Carpentras 1885 – Paris 1866) dans son Adieu a ma muso coumtadino écrit:
Adiéu! me sovendrai, ma Muso, de moun jas,
De moun riéu que cascahio oû mitan dei roucas,
De ma cabreto blanquinèlo,
Doû galoubé tan dous e doû gai tambourin,
De l’orgue de la gléiso e de soun vièi refrin,
E de moun ciel clafi d’estèlo.
René Domergue étudie les rapports sociaux dans les villages du Midi. Dans son premier ouvrage, ‘Des Platanes on les entendait cascailler‘, il analyse la vie quotidienne et le changement social en mettant en exergue le point de vue des paysans.
Si vous voulez connaître les rapports entre notre cascalhar et le français casque de l’espagnol cascar, casco allez voir le TLF.
L’espagnol cascar signifie aussi « papoter, bavarder ».
La notion sémantique ou l’image exprimé par quasicare » écraser, casser, frapper » est aussi à l’origine du verbe barja < *brekan « casser, broyer » qui d’après l’étymologie fait référence au bruit que fait la braga « instrument pour broyer le chanvre ». (Voir brega).
Jean-Philippe DALBERA Des dialectes au langage. Une archéologie du sens (Linguistique française, 13). – Paris : Champion, 2006, fournit de nombreux cas où les différends noms (signifiants) qu’on trouve dans les dialectes occitans pour le même sens (signifié), s’expliquent par l’ image qui est à l’origine de ces mots.
Un exemple le martinet. Certains noms du martinet « s’éclairent à partir de faucilh, qui compare l’oiseau à la lame de la faucille, pour la forme de ses ailes déployées et la vivacité tournoyante de son vol. Comparé à un instrument coupant en mouvement, le martinet devient raspalhòu, rasclòu » coupeur, trancheur » ou » (petit) barbier » (manieur de rasoir) : barbairòu, barbairon… Ces formes éclairent l’étrange barbajòu, littéralement » barbe de Jupiter » qu’il faut renoncer à comprendre autrement que comme une variation arbitraire à partir d’une base évoquant le » barbier » (plus l’attraction gratuite de la forme barbajòu désignant la » joubarbe « ).(Compte-rendu du livre de J.-Ph. Dalbera, par Patrick Sauzet, Zeitschrift für französische Sprache und Literatur 118.2, 2008, 173-180.).
Cascalhar « bavarder », barjar, barjaquar « bavarder » viennent tous les deux de verbes qui signifient « faire du bruit en frappant« . En regardant ce qui se passe ou s’est passé en dehors de nos frontières, nous constatons que non seulement l’espagnol cascar « casser »a aussi pris le sens « bavarder » dans le langage populaire, mais que la même évolution a eu lieu dans les langues germaniques : néerlandais kletsen « bavarder » et flamand klappen « parler », conservé en néerlandais dans une expression 1 et le dérivé verklappen « révéler » viennent d’étyma qui signifient « frapper ». Néerlandais klap « coup; baffe ».
Un autre cas qui s’explique de cette façon se trouve dans le mot ruscle « forte pluie » à Nîmes, et « une faim de loup » ailleurs.
L’étymon braso « braise » a donné abrasa « affamé » dans les Hautes Alpes.
Escarraunhar « égratigner, écorcher la peau », fr.rég. escarougner est dérive de carraunha (Alibert) ou corrouogno « charogne » qui représente un latin *caronia « appât, charogne » lui-même dérivé de carnem « chair ». Les formes avec -rr- se trouvent en occitan, catalan carronya et espagnol carroña, probablement à partir d’une prononciation avec double -rr- qui augmente la valeur affective du mot souvent utilisé comme injure. L’injure est même passé en néerlandais: kreng « femme méchante; vieux « charogne », le k- s’explique par un emprunt aux parlers du nord-ouest (picard, normand).
Le sens « écorcher » qui est très vivant dans le Midi, s’est développé à partir du sens « mal couper, déchirer la viande; déchiqueter ».
L’étymologie *caronia est à revoir; il s’agit d’une double étymologie du FEW: dans mon article escarrafi du germanique *skarrô,
j’écros: Le gotique *skarrôn a donné le gascon escarrá « râcler, ratisser’, et plusieurs dérivés comme escarrat « individu qui n’a plus le sou », escarragná « érafler » qui vivent surtout en béarnais. Voir FEW XVII, p.102a-b.
Aujourd’hui le 16 janvier 2019 un visiteur m’écrit:
Bonjour,
Tout d’abord félicitations pour ce magnifique site d’étymologie occitane.
Je ne parle pas du tout occitan mais lorsque je vivais à Alès, mon grand père s »escarougnait pas mal les mains en bricolant et moi-même je m’escarougnais les genoux. Je voulais savoir si la forme pronominale d’escarougner était attestée.