Ranconner "hésiter, trainasser"
Renconner ou ranconner « hésiter, tourner, trainasser » verbe nîmois qui se trouve dans plusieurs lexiques des éditions Lacour, mais il est absent de l’Alibert. Le verbe est absent du FEW mais je crois pouvoir le rattacher à l’adjectif ranc « boiteux ».
L’occitan connait l’adjectif ranc, ranco « boiteux, cagneux » et l’expression fa la ranco galino « affecter d’être boiteux, hésiter, faire la sourde oreille ». Nous le retrouvons en italien ranco « boiteux » = dalle gambe storte, claudicante. (TLIO)
D’après le FEW1 l’étymon de ranc, ranco est le gotique *wranks « tordu, tourné ». En ancien occitan le mot ranc « boiteux » est attesté depuis le XIIe s. Le verbe ranquejar, ranqueirar « boiter » arranqueja en gascon, également attesté depuis le Moyen Age.
Dans les parlers franco-provençaux et occitans modernes ranc et les dérivés se trouvent jusqu’à la ligne Loire-Vosges2. En gascon c’est la forme aranc.
C’est le mot valdôtain rangot, rangota « qui est lent, bon à rien », qui me suggère de rattacher le verbe nîmois ranconner à la même famille. L’évolution sémantique s’explique facilement. Un boiteux ou un cagneux n’est pas un rapide, il traine.
D’autres mots qui viennent du gotique *wranks:
L’expression a pè-ranquet « à cloche-pied » qui est courante dans la région de Toulouse. A Puisserguier c’est le nom du « jeu de la marelle ».
Dans l’article du FEW il y a quelques attestations du dérivé rancou « (cheval) dont les testicules ne sont pas descendus , qui ne peut pas être châtré », rángou « qui n’a qu’un seul testicule » à Barcelonnette. D’après le Thésoc le « châtreur » s’appelle ranzèr dans plusieurs villages du Puy-de-Dôme. Han Schook, a noté à Die rancos « stérile (un testicule seulement); boiteux »
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