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Agachar ‘regarder’

Agachar « regarder attentivement, guetter, épier ». L’étymologie est composé du préfixe ad- et un verbe dérivé du francique *wahta« sentinelle, homme qui fait le guet », conservé également en allemand die Wacht  « la sentinelle »,en anglais to watch « être alerte, regarder attentivement », néerlandais wacht « sentinelle ».  1

Nombreuses attestations en ancien occitan dans le Dictionnaire de l’Occitan Médiéval  s.v. agachar et dérivés comme agachonar «  pourvoir une borne de témoins » une activité du géomètre « arpenteur »  comme Bertrand BOISSET. Voir mon  article canna.

agachon canadien

agachon canadien

La langue s’adapte toujours au besoin des utilisateurs. R.Covès signale dans son Sète à dire le mot sétois agachon « cabanon de chasseur », qui dans l’expression chasser en agachon signifie « chasser en apnée au fond de l’eau en attendant le passage d’un poisson à portée de fusil ».

en agachon

en agachon

Agacho signifie aussi « baliveau » en provençal d’après Thomas dans Romania 41, p.61  que je copie ci-dessous pour montrer que les linguistes ont lutté  après la réforme proposée par P.Meyer en 1905 (! ) pour une simplification  de l’orthographe. (Lien directe vers son rapport). Une lutte hélas perdue,  qui coûte au moins un an d’études  à tous les Français, avec les résultats qu’on sait.

agachoRomania41_61

 

  1. FEW XVII, 451-457, agachar p.456

Abraser ‘brûler’

Abraser « foncer en parlant d’un chauffard;  mettre le paquet, insister (au sujet d’une femme);  brûler  (en parlant d’un alcool, du piment). »   Raymond Covès, Sète à dire. Montpellier, 1995 suggère l’étymologie abrasif et traduit  « cogner » en parlant d’un alcool, mais l’occitan abrasar vient d’une racine germanique *bras « charbon ardent », que nous retrouvons dans toutes les langue romanes, à l’exception du roumain. Il est vrai que l’élément *bras ne se trouve que dans les langues scandinaves, mais l’ancienneté des attestations dans les langues romanes, permet de supposer qu’il a aussi existé en gotique. FEW XV/1, 257

Le composé abrazar signifie en ancien occitan  « remplir d’ardeur » : Dinz el cor me nais la flama / Q’eis per la boch’ en chantan, / Don domnas e druz abrasou « brûler d’ardeur »:  Abrazar e cremar / Mi fai cum fuecs carbo. (Voir les très nombreux exemples dans le Dictionnaire de l’Occitan Médiéval.) Le deuxième sens donné par Covès  « mettre le paquet »  « Vas y, abrase cousi! » montre que l’ardeur des troubadours est toujours vivante à Sète.

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Est-ce que Gustav Klimt a connu cette miniature ?

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Le dernier troubadour de Sète a chanté Les amoureux des bancs publiques

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En occitan moderne abrasa a surtout le sens concret « mettre des braises, embraser » ( Mistral).  D’après  Covès il est vivant dans le français régional  à Sète et environs, avec des emplois figurés originaux, qui s’expliquent tous à partir de la notion « embraser, mettre le feu ». Le sens concret « brûler » se retrouve dans le dernier exemple de Covès :

Aouf. Il abrase  quicon, ce cognac !

Occitan kèsako?

Occitan adj., subst. m.   Etymologie : latin hoc « ceci » [note 1.]  kèsako « qu’est-ce que c’est »

D’après le TLF occitan  signifie:

I.AdjectifA. − De l’Occitanie (nom donné au Languedoc et au littoral méditerranéen au Moyen Âge).

B. −LINGUISTIQUE1. [En parlant de qqc.] Relatif à l’ensemble des parlers romans anciens ou modernes de langue d’oc (dialectes provençal proprement dit, dauphinois, auvergnat, limousin, languedocien, gascon, catalan, romand et savoyard); en partic., relatif à l’ancien provençal (langue des troubadours) ou au provençal prôné par Frédéric Mistral et le Félibrige (bas-rhodanien), ou au languedocien. Poésie, renaissance occitane:
II. −SubstantifA. − Habitant ou originaire de l’Occitanie.
B. −Subst. masc.,LING. Ensemble des parlers anciens ou modernes de langue d’oc (supra I B); en partic., ancien provençal (langue des troubadours), ou provençal prôné par Frédéric Mistral et le Félibrige (bas-rhodanien), ou languedocien. Synon. langue d’oc, provençal (vieilli). Occitan classique, moderne:
AÏE AÏE! Je ne connais pas l’auteur de cette définition, mais je suis sûr que les Catalans, les Suisses romands, les Savoyards, comme les Valdôtains (oubliés ici) et  une partie des Dauphinois  ne sont pas d’accord.  Qu’est-ce qu’en pensent les occitanistes  « (Personne) spécialiste de la langue et de la littérature occitanes. » (TLF) ?.
Les linguistes, dont je fais partie, non plus.
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1. Voir le site Lexilogos qui écrit:  Oc (prononcez ò )vient du latin hoc qui signifie littéralement « ce-ci ». En fait, on exprimait ainsi l’affirmative: « c’est cela » ! De ce terme s’est forgé le nom de la région du Languedoc, pays de langue d’oc. Il s’étendait de la Garonne au Rhône, sa capitale était Toulouse. Le terme Occitanie apparaît au Moyen Âge sous sa forme latine Occitania, nom dont la terminaison a certainement été forgée sur le modèle d’Aquitania.
Aujourd’hui « oui » s’écrit oc en occitan mais le c final ne se prononce pas (excepté dans le nom Lengadoc ou bien pais d’oc). En provençal, oui s’écrit o. Frédéric Mistral parle de la lenga d’o ( Quelle idée  bizarre d’écrire comme on prononce!. C’est trop facile.) A l’est du Rhône, c’est donc le pais d’o !

Rapégon, rapegon

Rapégon, rapegon « fruit de la bardane ». L’étymologie est probablement le verbe germanique rapôn « saisir, attraper ».  Voir l’article rapar.  Rapégon appartient à la même famille de mot que <arrapar et rapugaire « grapilleur ». Il est à ajouter à l’article rapôn du FEW. XVI,664-667.

Vu l’attestation suivante ; Pégon (ou rapégon) : (Prov.) Personne collante, importun. « Il m’a parlé pendant au moins une heure. Un vrai pégon », il est aussi possible que rapégon est composé de rapar + pégon dérivé de pégar « enduire de poix ». du verbe latin picare. D’après Alibert un pegon est un « amas de résine sur une branche de confère; torche de résine ».

Je penche plutôt pour la première hypothèse, parce que le fruit de la bardane ne colle pas mais s’attache avec des petits crochets aux cheveux ou au vêtements. Mais Mistral donne toute une série de mots rapega ou rampega qui ont les deux sens  « s’accrocher »  et « se coller ».  Difficile de se décider.

rapegon_bardane fruit

Aguiélas ‘aquilon’

Aguiélas « aquilon, vent du nord ». La dormeuse est retournée aux archives de Mirepoix et affirme que « il y a de la poésie, quoi qu’on en pense, dans les actes des notaires. » Elle a raison! On retrouve dans ces vieux papiers un sentiment d’attachement à la terre, à la région où l’on habite, qui a disparu dans notre monde global. Les noms locaux des vents  à Mirepoix  désignent les points cardinaux.

Son article: Chez Jean Pierre Gibelot, un médecin de l’époque des Lumières

Le compoix de 1766 indique qu’il tient à cette date, au n°169 dans le moulon 3, trente une cannes maison à la rue Courlanel [aujourd’hui rue Maréchal Clauzel] faisant coin à celle de la porte de laroque [aujourd’hui Petit Couvert] ; confronte d’auta en deux endroits ladite rue de la porte de laroque ; midy, auta et aquilon le sieur Jacques Arnaud [bourgeois], midy la dite rue Courlanel, cers en deux endroits et aquilon aussy en deux endroits Jacques Pons [bastier], du restant d’aquilon le sieur Jean Malot [marchand] ; estimée quatre vingt six livres de rente ; alivré deux livres dix huit sols cy…

L’abbé de Sauvages écrit en 1756 :

Aghiélas  s.m. le vent du Nord-Est. C’est l’Aquilon un peu défiguré dans le mot Aghiélas. Celui d’Aquilon n’entre guères que dans le style sublime ou dans la Poésie.

Aquilon « vent du nord »  est attesté en ancien français (1120) et en occitan depuis le XIIIe siècle(1.)  On le trouve avec le sens « nord » dans le Breviari d’Amor du troubadour biterrois Matfre Ermengau rédigé à partir de 1288 qui écrit :

Aguilos es secz ab frejor / quar le soleilhs de luenh li cor, / e per sso li ven d’aqui nat / son sec e freg… (Voir d’autres attestations dans le Dictionnaire de l’Occitan Médiéval).

Aguilon vient du latin aquilo, aquilonis « vent du nord; le Nord ».  D’après le FEW XXV,75b il s’agit d’un emprunt au latin et le mot n’est indigène qu’en catalan aquiló et en portugais aguião, mais je crois que la forme du dérivé aghiélas   de l’abbé Sauvages montre qu’il est également indigène en occitan.  Le fait que le notaire de Mirepoix l’utilise dans la même phrase avec  midi et  aut et cers un peu plus loin, dans un style qui n’est ni « sublime » ni de la Poésie », me semble renforcer cette hypothèse. Le –q- au lieu du -g-  dans le texte du notaire, est probablement dû au français ou au latin.

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1. Le FEW donne 1529, mais cette date récente est due à un manque de dépouillement d’archives à l’époque de la publication.