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Afanar

Afanar (s’), afaná (s’), afanamar (s’),   v.tr. et intr. « se fatiguer, se hâter » (s’afana sens jamais entancha lou trabalRouquier2 p.9), comme fr. ahan.

On suppose que l’origine est un latin *af(f)anare « se fatiguer », mais ce sens n’existe ni en italien affanno ni en espagnol où le mot a le sens de « douleur, souffrance ». Il n’est donc pas impossible que ce dernier est le sens d’origine, étant donné que l’évolution sémantique « douleur, souffrance » > « travail » est assez courante. Latin labor (> labeur) signifie d’abord « peine », et secondairement « travail ». Labor est de la même famille que le grec loobè « mauvais traitement, outrage ». Français travail vient de tripalium « torture, souffrance » ,  le néerlandais arbeid et l’allemand Arbeit « travail », mais aussi « peine, douleurs de l’enfantement ».

Ancien occitan afan s.m. « effort, tâche pénible, peine, fatigue »; afanador n. m. « homme de peine, manœuvre »; afanamen s. m. ‘effort, travail’.

Le verbe  afanar  signifie en ancien occitan

  1. 1. v. tr. a). ‘fatiguer’; b). ‘produire (par son travail)’ c). ‘mériter’ d.) ‘faire souffrir, affliger’ e). ‘aspirer à, désirer vivement’.
  2. 2. v. pr. a.) s’a. alc. ren ‘gagner (par son travail)’ b.) ‘se donner du mal’ …… etc.

Allez voir le site du Dictionnaire de l’Occitan Médiéval. Pour chaque signification moult exemples!

Adobar

Adobar v.tr. »accomoder, préparer, arranger, apprêter » a la même étymologie que le français adouber « armer chevalier » : le germanique *dubben « frapper ». L’évolution sémantique est bien expliquée dans le TLF s.v. adouber qui fait la remarque générale suivante: « Malgré la diversité des domaines dialectaux où il est fait usage de adouber, on y trouve toujours le sens de accommoder, raccommoder, mettre en état. »

Mirepoix

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La dormeuse de Mirepoix me signale le mot adoubairie, adouvairie dans le Compoix de Mirepoix de  1766. Il s’agit toujours   d’ habitations de tanneurs. Les nombreux exemples donnés par le DOM s.v. adobar ss.  confirment que cette famille de mots est très usuelle pour les tanneurs.

Le verbe adobar, adoubar est un exemple parfait de la flexibilité sémantique des mots. Le sens s’adapte aux besoins de ceux qui parlent. Adobar a pris les significations suivantes en occitan :

  • préparer, arranger. Dans l’Ariège (!) aussi « préparer le pré à être fauché ».
  • raccomoder
  • remettre un membre démis, rebouter
  • frapper, abîmer de coups (languedocien)
  • assaisonner (voir daube ci-dessous)
  • châtrer (uniquement en occitan : une attestation en ancien occitan: … e fo per causas per far enguens per far adobar ·i· caval. DOM)
  • tanner
  • vanner, cribler
  • Divers: coiffer (Briançon); ôter les fils des haricots verts (Nice); relier des futailles (Languedocien, S1 )

Pour l’abbe de Sauvages (S1) un adoubairé de boutos est un « relieur de tonneaux », un adoubairé de souliés un « saveteur ambulant » et un adoubairé de pels un « peaucier, mégissier ». D’après le Dictionnaire de l’Occitan Médiéval, l’adobaria est le nom de l’atelier des tanneurs.

daube provençale

 

Daube. Pour les Catalans adobar signifie aussi « cuire la viande à l’étouffée dans une marinade richement aromatisée » et ils parlaient d’une viande en adop ou a la doba. La cuisine catalane a eu une grande influence en Italie où est adoptée la dobba « à l’étouffée ». Au 17e siècle la daube a été introduite en France, dobo « étuvée » à Marseille, douogo « daube » en Aveyron. (Voir TLF daube).

Cot, acout « pierre à aiguiser »

Cot s.f. « queux, pierre à aiguiser » et  français queux s.f. représentent le latin cōs, cōtem « pierre à aiguiser », comme l’italien cote  et le catalan cot. (FEW II, 1242) En occitan nous trouvons les formes cout(s), cot, acou(t), toujours avec le sens « pierre à aiguiser surtout (la faux) ».  Pour l’abbé de Sauvages co  est synonyme d’ esclafidou  (S1)

La forme queux du français a subi des déformations dues à l’homonymie avec queue du latin coda.

 

 

dalhaïre

L e dalhaire avec la cot. Remarquez le coufié, codier, codil sur sa hanche.

A Marseille et en ancien provençal est attesté le mot escoudo « marteau de carrier, servant à briser les pierres », qui doit dériver d’un verbe escoudar avec le sens « former la pierre à partir du bloc ». Le latin avait déjà créé le dérivé cotarium « coffin du faucheur » mot prononcé coufié, koudié, koutyé en occitan, couié à Champsaur, écrit « codier, codil d’après Alibert. Mistral donne une dizaine de graphies différentes suivant les régions.

La forme languedocienne coudiou, coudièou (Gard) est expliqué par le linguiste Gamillscheg comme une influence des faucheurs lozériens qui venaient faucher dans la plaine. En effet en Lozère cotarium devient régulièrement coudyo, transformée par les employeurs de la plaine en coudiou.   Cet article  qui doit être très intéressant est publié en 1922 dans la revue Archivum Romanicum t.6 (1922). Numérisé mais pas consultable…

Voir aussi l’article codou, code  « caillou ».

Gamillscheg (E.). Wetzstein und Kumpf im Galloromanischen. Arch. rom. 1922, t. 6, n o1, p. 4

acabaïre, ocobaïre

Acabaire, ocobaire « dissipateur, prodigue »(Valleraugue). Atger p.64: Oprès l’esporognaïré, ben l’ocobaïré « A père avare, fils prodigue ». Forme typique pour Valleraugue et environs : tous les –a– non accentués > o. Mistral nous donne les sens que voici:

Etymologie: acabaire est un dérivé du verbe acabar « achever ». Le sens « dissipateur » est limité à l’occitan , du dauphinois jusqu’en Gironde. D’après le FEW acabar vient par l’intermédiaire de l’expression issir a cap de (ancien français venir a chief de)   » venir à bout de  » d’un latin accapare1 dérivé de caput « tête, bout » mais pas tous les étymologistes sont d’accord; voir à ce propos le TLF. Le français connaît aussi le mot acheveur mais seulement avec un sens technique.

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  1. FEW II, 339a-340a

Abrigar, abriga; abric

Abrigar, abriga; abric

  • 1. verbe transitif   « abriter »  est une généralisation du verbe latin apricare « chauffer au soleil »  et au figuré « réchauffer quelqu’un sous son toit et à sa table ». Dans l’expression abriga un ëfan « choyer, mitonner un enfant » (S) et l’ancien occitan abriar, abrigar « couvrir, vêtir », le sens est encore tout près de celui du verbe latin.
  • 2. Depuis ca.1200 existe le verbe réfléchi s’abrigar ou s’abriar « se mettre à l’abri ». Le glissement de sens vers  « (se) protéger »  est commun à toutes les langues romanes.
    La forme de l’ancien occitan abriar, abrigar « couvrir, vêtir »  a été formé à partir du substantif abri, abric (Thesoc) 1 .   Cela explique la chute du -c- et l’apparition du -g-. Normalement le -c- aurait dû se maintenir.

Sabine Marterer, Acabailles gerbebaude pampaillet  : les régionalismes viticoles dans les Graves de Bordeaux. Pessac : Presses universitaires de Bordeaux, 2007  décrit très précisément la zone géographique du verber abriguer   « chausser, butter la vigne  à l’aide d’une charrue à chausser ».

Le mot prend de nombreuses significations  par rapport aux circonstances.

  1. comme fr. abriter a été céé à partir de abrit.