Badar
Badar « béer, bayer » bader en français régional, badailler, badetcher (Lhubac). L’étymon doit être un latin vulgaire batare « bayer, béer » (FEW I, 282 ), qui n’est pas attesté avant le VIIIe siècle. Déjà en ancien occitan badar signifie: « être ouvert, s’ouvrir; ouvrir la bouche; béer; regarder bouche béante » etc. Dans le Donatz proensal du XIIe siècle : badar = os aperire.
Vous pouvez consulter et télécharger en format pdf. la nouvelle version de l’article du FEW batare à cette adresse. Voir aussi le riche développement de cette famille de mots en Italie décrite dans le LEI s.v. batare.
Badar a eu un riche développement sémantique, souvent plus ou moins péjoratif. Dans les arènes camarguaises un taureau peut bader les gens en contre piste ou sur les gradins : les regarder en se désintéressant des raseteurs. (Domergue). A Nîmes badar « regarder », signifie aussi « admirer ». Ma grand-mère disait :‟celui-là il bade tellement sa femme qu’elle le mène par le bout du nez”. Dans la pétanque un Jeu qui bade est un jeu facile. V+ G+ C+ M+. Boule qui bade, boule facile à tirer.(Domergue, Avise, la pétanque!)
On a créé de nombreux dérivés, surtout des adjectifs, avec le sens « fou, niais, sot » badaul, baduel, badaluc, badarel, baduec. En ancien occitan: badoc subst. est le « fou » du jeu d’échecs. (Raynouard) . D ‘après Mistral ma badino a un sens positif « ma mignonne » en languedocien.
Dans l’Aveyron est attestée une jolie expression: un badobec « une parole ou une action qui jette dans l’étonnement ». Alibert donne les sens: « musard, badaud, nigaud, bâillon ».
Dérivé : abadalhar « ouvrir; faire bailler », en v.r. « se crevasser » (Alibert).
Anglais bay dans bay window a la même origine, comme français baie et néerlandais baai « petit golfe ». (Voir TLF). Anglais abeyance de l’ancien français abeance a pris le sens « propriété qui n’apparient à personne temporairement ».
Français badiner, badinage sont dérivés de badar et empruntés au provençal badin « nigaud », adj. et subst. (Mistral). L’adjectif estseulement attesté à la fin du XVIe s. (PANSIER, t. 3), dérivé du provençal badar « bayer » fin XIIe s.-début XIIIe s. . Le changement de sens au XVIIe s. s’explique par le fait que badin a été employé pour désigner le bouffon dans les comédies au XVe s. et au XVIe s., personnage qui fait le sot, par conséquent qui provoque un rire facile. Voir TLF qui donne comme « vieilli » le sens « Plaisanter, taquiner, amuser, tromper par jeu « , mais en Camargue badiner s signifie bien « tromper » (Domergue)
Badarela adj fem. « qui ne fait que bailler ou crier » d’après Alibert, « femme qui n’arrête pas de pleurnicher« , d’après Nicole de Rodilhan (30). Un dérivé de badar. Badarel est déjà attesté en ancien occitan avec le sens « »badauderie ».