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Kali, salicor, ‘soude’

Salicorne ou kali   « nom qu’on donne en général au meilleur soude du Languedoc . » 

Attesté dans le dictionnaire de Trévoux de1721  et repris par Mistral.  Une forme du moyen  français  salicor.

Etymologie inconnue. FEW XXI, 154 soude.

Voir les plantes  salicorne  dans Wikipediabing.com/images/search

Kali  « soude » vient du mot arabe quali  « soda » s.m. produite de l’incineration de la plante appelée soude (saouda) et de quelques autres plantes   en français depuis 1509. Le mot vient de l’arabe par le latin médiéval  dans toutes les langues romanes. Pour la plante on a dès le début utilisé le mot sans l’article arabe  al.. 

Lisez FEW XIX, 82 

Il s’agit d’une plante qui pousse aux bords de la Méditerranée.

Ne manquez pas l’occasion de la goûter!


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Marmiton
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cardoussés’ chardon d’Espagne’

Cardoussës « épine jaune » en latin « scolymus » plante à fleur jaune aux environs de Montpellier; on mange la racine en sausse ou en friture. (Sauvages, 1756).
Étymologie: ce nom appartient au groupe de dérivés de card(u)us chardon » > carde et chardon (FEW II,371), mais ‘Wikipedia :

Chardon est un terme générique qui désigne de nombreuses espèces de plantes épineuses appartenant principalement à la famille des Asteraceae…

Cardoussés « chardon d’Espagne est un  genre mais appartient à la même famille.

Dans le FEW il y a d’autres attestations de cardousso, cardoussé mais ils désigne la « carline » qui est un autre nom pour la cardabella

Cardoussés:

Scolymus_hispanicus cardoussesToutes sortes de conseils de jardinage de cette plante re-doucouverte dans le site OOreka

La plante qui contient de l’inuline est comestible : on peut consommer les jeunes pousses en salade et les racines cuites en ragout. En Algérie, on consomme les pétioles (« tiges » de la feuille, ou plus exactement nervure principale) cuits dans le bouillon qui accompagne le couscous.

Cardousses_ en_ragoutcardoussës en ragoût (Wikipedia)

trulet ‘boudin, boyau’

Trulet ‘boudin, boyau’ à Montauban.  Le mot est absent du Thesoc. L’étymologie est inconnue d’après le FEW XXI, 470qui donne par contre pas mal d’attestations provençales, à l’est du Rhône. L’abbé de Sauvages connaît le trullë au figuré comme « homme ventru ».

Il est à noter que j’ai trouvé ce mot dans le site de La vieille chouette de Montauban, tout à fait de l’autre côté du domaine occitan.  Il serait intéressant de savoir si mes lecteurs le connaissent ??

trulet

Dans le site de La vieille chouette plein de bonnes recettes de cuisine à l’ancienne vous trouverez un petit lexique de mots régionaux. qui sentent bien le terroir.

 

Il y a longtemps elle m’ écrit:

Pour le mot « trulet » je vous confirme qu’ici le mot est utilisé dans les deux sens -boyau et boudin – je pense que le mot devait désigner au départ le boyau puis par la suite ce que l’on met dedans ??? comme ils disent ici  » lou farson« .

La plus locale : le boudin « galabare » les morceaux de tête coupés petits, sont mélangées avec du sang, et les « garnitures » (des oignons , de l’ail fondus et des épices * ).
On les « entonne » dans le gros intestin d’où un énorme « boudin » rondouillard et contorsionné comme un gros nuage d’orage d’été (et les orages sont gros chez nous l’été!).
– encore local, le « trulet als cebas » (boudin aux oignons) Avec le sang , un peu de petits lardons et beaucoup d’oignons bien « séchés » et dorés à la poêle avec les autres « garnitures » et les épices * .
– moins local le « trulet als pomas » (boudin aux pommes) , avec de bonnes pommes anciennes (de la Ste Germaine ou de la reinette calvine,) des oignons , pas d’ail … et des épices douces
– encore moins d’ici mais bien « corse » et « corsé » « trulet als castanhas » (le boudin aux châtaignes) avec des châtaignes pré-cuites, les « garnitures », pas de « Rabelais » mais plutôt des épices douces … un délice tout doux
– testez aussi le « trulet als rodabèls » (boudin aux lardons ) avec des lardons bien grillés, et les » garnitures »et épices * habituels
– et le « boutifar » ??? vous connaissez??? un boudin avec un peu de viande, des « garnitures et beaucoup de poivrons séchés et du piment, (un peu comme le mélange pour merguez) Importé par nos voisins espagnols il est également assaisonné de 4 épices et cannelle en plus
– le pas du tout « del païs » le boudin « féroce »antillais au riz et piments avec lardons, légumes + riz mi-cuit, épices (massalé, hot curry, gingembre …) + piment « lantern » et autres petites bonnes choses qui vous laissent la langue d’un dragon crachant le feu
– la liste n’est pas exhaustive ! on m’a parlé d’un boudin aux herbes, aux noix et d’un farci avec la langue pré-cuite . Je n’en ai jamais fait donc je ne saurais vous éclairer … cette « eau de boudin » mais « res se pèrder res dins lou tessou ».
et puis il y a les boudins blancs , pas vraiment des trulets » puisqu ‘il y a de la viande de veau (ou de volaille dans certaines familles) avec la panne de porc . Et le sang est remplacé par lait, mie de pain et blanc d’oeufs mais on l' »entonne » dans les mêmes boyaux et on le cuit pareil . Vous avez compris que je ne vous parle pas des « bâtons de craie » des grandes surfaces mais de ravissantes choses roses nacrées que vous pourrez déguster aussi bien froides dans une salade que chaudes dans les recettes de dessous !

NB Les boudins vont cuire dans un bouillon corsé mais à petite température pour ne pas « esclapar » . On met le galabare en premier ( plus gros donc il mettra plus longtemps à cuire) dans le bouillon frémissant dans lequel ils vont pré-cuire et gonfler tout doucement . D’où l’interêt de ne pas trop « entonner les budèls » car sinon ils éclateraient dans l’eau .
Surtout ne jettez pas « l’aigo de boudine », le bouillon de cuisson , les convives (au moins les « sudistes » ) vont adorer avec des « trempes de pan goussé » comme chez Victorine ou avec des gros vermicelles comme chez Maria . Une autre cousine y mettait du tapiocca et ce potage « en famille » était « l’entrée » du festin du cochon parce que …  » res se pèrder res dins lou tessou ».

ampouleto ‘mâche’

Ampouleto, ampouleta est le nom de la mâche (Valerianella locusta) dans le Gard, l’Hérault et la Lozère. L’étymologie est un croisement du latin pullus + ampula. (FEW IX,537).

Vous pouvez vous demander quel est le rapport entre une salade, une poule et une ampoule ou vase à large ventre ?

Or, dans les parlers franco-provençaux et quelques parlers occitans  la mâche s’appelle grasso poulo ou poulay grasse. Ce nom est même mentionné dans l’Encyclopédie de Diderot et le premier Larousse poule grasse.
Mario Rossi donne une réponse dans son Dictionnaire étymologique et ethnologique des parlers brionnais : bourgogne du sud. 2 juin 2004., hélas sans nous fournir  sa source. Il écrit qu’à l’origine la poule grasse est la lampsane1  :

Rossi MacheCette  histoire de poult  me semble peu convaincante.  Un premier problème est posé par  le fait que pou, pous rarement poul du latin pŭls « bouillie » est en général masculin, ce qui aurait donné *le pous gras. Secondo, dans les dérivés c’est un –t- qui apparait et non pas un -l-: par exemple potie « grain de poussière », Barcelonnette poutilhas « bouillie de farine », occitan poutigno « chassie ». Voir pour beaucoup  d’exemples le FEW IX, 549 et suivantes. Enfin la lapsana s’appelle Gallina grassa ou  Erba delle mammelle en italien; il est donc très probable que poule grasse est une simple traduction du nom latin ou italien.

Déjà le Lozérien  Guy de Chauliac  (1298-1368)  parle de gallina grassa qui entre dans la composition de l’ onguent verd des herbes qu’il recommande à mettre sur de vieilles playes. (Dans la Grande chirurgie de Guy de Chauliac p,677.La recette se trouve à la p.617-618. )  Il est donc possible qu’il ait simplement traduit le nom régional en latin, mais je pense que c’est plutôt l’inverse.. ( Cf. RollandFlore 6,p.294, que vous pouvez consulter dans le site de Plantnet ). D’après l’éditeur du texte de Guy de Chauliac il existe dans la bibliothèque du Vatican un manuscrit du Moyen Âge avec la traduction en provençal. Il serait intéressant de savoir comment  le latin gallina grassa a été traduit.

La lampsana et la mâche ont ceci en commun que les feuilles se mangent en salade, ce qui explique le transfert du nom poule grasse.

ampouleto

ampouleto

poule grasselapsana

 Le FEW suppose que  la forme ampouletta   est née par étymologie populaire de la poula > la pouletta > l’ampouletta.
L’étymologie populaire est un procédé analogique par lequel le sujet parlant rattache spontanément et à tort un terme ou une expression dont la forme et le sens sont pour lui opaques à un autre terme ou expression mieux compris par lui, mais sans rapport.
Dans ce cas la forme du bouton de la fleur est associée à une ampoule.

Voir  FEW IX,537

 

  1. poule grasse « lampsana communis » ou lapsane  est attesté en français depuis 1784, signification répandue surtout dans la langue d’oïl

Desco ‘panier’

ShareHenry Bel, dont j’ai déterré l’étude de phonétique historique sur le patois de Valleraugue,  s’est lancé aussi dans la traduction de Mireio de Frédéric Mistral. Je n’en ai retrouvé que trois groupes du Chant 5.  Voici les premiers vers:

Mistral:
Un vèspre dounc, en la Crau vasto,
Lou bèu trenaire de banasto
A l’endavans d’Ourrias venié dins lou droiòu.

Henri Bel
Un vèspre doun, din lo Kràw basto
Lou poulit trenayre de deskos
Ol doban d’Ourrias benyò din lou koroyrou.

Traduction
Un soir donc, dans la vaste Crau,
le beau tresseur de bannes,
à la rencontre d’Ourrias, venait dans le sentier.

Henri Bel a  adopté non seulement  une graphie qui lui permettait de bien rendre la prononciation locale, mais aussi un vocabulaire différent de celui de Mistral, dont

Desko(s)

« grande corbeille ronde; panier rond; personne à la démarche lourde et gauche »(desca Alibert).

Etymologie: latin discus emprunté au grec δίσκος « disque à lancer ». Le mot avait déjà pris le sens « assiette, plat » chez les Grecs au premier siècle. Discus chez les Romains est un palet en pierre ou en fer, un plat ou un plateau ou un cadran solaire. Dans la langue latine écrite un palet ou un disque s’appelle orbis, mais dans la langue parlée, l’origine des langues romanes, c’est plutôt discu.

Le sens « disque à lancer » s’est perdu avec la pratique de ce sport à la fin de l’empire romain.

Les langues germaniques et celtiques ont adopté très tôt discus avec le sens « grand plat rond ».

Nous le retrouvons en breton disk, en anglais dish « plat, vaisselle », en danois disk « assiette », mais curieusement pas dans les langues romanes à quelques exceptions près. Ensuite discu prend le sens « table » comme en allemand Tisch et néerlandais dis « table », opdissen « mettre sur la table » 1, ce qui s’explique par le fait que les Germains mangeaient souvent avec des petites tables individuelles. Tacite 2 écrit « separatae singulis sedes et sui cuique mensa« (pour tous une chaise séparée et sa propre table) .

desc2

Les premières attestations de  discu devenu  deis  en ancien français et  des(c) en ancien occitan désignent une « (grande) table« , mais elles sont plutôt rares.

Le mot deis désigne par la suite aussi le « pavillon qui surmonte une table seigneuriale, puis aussi un lit un trône, un autel, ou qui est porté au-dessus du Saint Sacrément dans les processions. L’ancien occitan dèi est un « dais d’église ».

dei

Comme le sens « disque » de des(c)  avait disparu depuis longtemps, il faut supposer que le sens « grande corbeille » s’est développé en occitan à partir du sens « table ». Il a du s’agir d’abord de grands paniers ronds et peu profonds.

desco

L’ancien occitan disc« panier » est encore utilisé à Lézignan, Béziers, et quelques autres endroits. Le dérivé desca, desco est plus répandu.

Un lecteur italien m’informe : « En Italien, on trouve le mot masculin « desco » ( = « table »). On l’ultilise que dans la poésie.« . Merci !

  1. Actuellement uniquement au figuré « raconter des balivernes« .
  2. La Germanie 22