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Robert Geuljans le 29 Oct 2013 dans
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Mounine s.f. « Sexe de la femme » est un dérivé de mona « guenon ». L’étymologie de mona est l’arabe maimun « singe », mot introduit dans presque toutes les langues romanes par le commerce des singes.: italien maimone, catalan gat maimó, móna, espagnol et portugais mono, mona, italien et espagnol monina. Les deux mots monne et monine ont aussi existé en français. Cotgrave (1611) écrit:L’évolution de la forme maimon attestée en ancien occitan (1339) vers mona s’explique par la chute de la première syllabe sentie comme une réduplication.
La première attestation de monina (1470) vient du provençal (Avignon) et ce dérivé est surtout répandu dans le domaine occitan.
Plusieurs sites marseillais donnent uniquement le sens « sexe de la femme« . Couillon de la mounine « Simple d’esprit »: « Vé le, ce couillon de la mounine qui fait pas la différence entre un 51 et un Casa ». Variante : moumoune.
Ci-dessous l’article mounino de Mistral, vous voyez que le sens du mot a évolué depuis le 19e siècle :
Dans son article enserta « greffer » il cite en plus l’expression enserta ‘no mounino « reboire avant d’être dégrisé ».
la calanque Mounine
Mona, monine et les autres dérivés de maimun « singe » se trouvent dans tout le domaine galloroman. Pour le moyen français voir 6 articles dans le DMF. D’après la classification du FEW XIX, 115 il y a dans les parlers galloromans une douzaine de significations:
- figure ou femme laide, par ex. béarnais moune
- grimace, boudeur, maussade, par ex. dans le Tarn mouná « bouder », Pézenas mouniná
- fantôme dans le Périgord mounardo « mort »
- enfant, jeune par ex. Paris mounin « petit garçon, apprenti »
- sexe de la femme par ex. dans le Rouchi et en argot moniche
- vieille vache, par ex. dans le Cantal mona « vieille vache qu’on engraisse »
- ivresse, par ex. Alès mounino, Montpellier carga la mouninà ‘s’enivrer »
- sourd
- nigaud, par ex. à Lyon mounin « sot, nigaud »
- poupée , par ex. à Lescun mounáko
- chatte , par ex. à Toulouse mouna, à Barcelonnette mounet, en Limousin mounasso
- autres animaux , par ex. en provençal mouno « gadus merlangus », mouna à Nice et à Palavas.
Toponymie. Devinez quel sens est à l’origine du toponyme. Un indice → Calanque Mounine (très belle photo par Amodalie).
Un visiteur me fait parvenir un jolie légende sur l’origine du même toponyme situé cette fois dans l’Aveyron, le Saut de la mounine :
« Vue sur le château de Montbrun au Saut de la Mounine » by Daniel CULSAN – Own work. Licensed under CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons.
Une jolie histoire à insérer, si cela vous semble opportun, après l’article « mounine » (j’y suis allé en vacances, à Saujac; c’est à côté de Cajarc, là où on trouve le célèbre « Moulinot » de Coluche… c’est pour ça que « mounine », que je n’avais jamais entendu avant, me parle) :
En suivant la D 24 vers Saujac, on débouche en haut d’abruptes falaises (enface, le château de Montbrun et un large méandre du Lot). Le saut de la Mounine tire son nom d’une vieille légende. Un ermite, au retour d’un pèlerinage à Compostelle s’était retiré dans une grotte en compagnie d’une mounine (une guenon). Le sire de Montbrun ne pouvant accepter l’amour de sa fille Ghislaine pour le fils de son pire ennemi jure qu’il aimerait mieux la voir se précipiter dans le vide. La fille vint confier ses malheurs à l’ermite. Celui-ci sacrifia la guenon vêtue des habits de Ghislaine, en la précipitant du haut de la falaise, pour simuler sa mort. Le châtelain est bouleversé à la vue de la dépouille qu’il croit être de sa fille. Le stratagème dévoilé, il accorde le pardon et sa main au jeune galant.