Posté par
Robert Geuljans le 11 Sep 2011 dans
r |
2 comments
Rodo, rodor
- 1. Coriaria myrtifolia (cf. Wikipedia) utilisé pour le tannage comme le sumac.. L’espèce contient de la coriamyrtine, alcaloïde qui frappe les moutons d‘intoxication alcoolique lorsqu’ils les consomment.Voir ebriago.
- 2. Sumac. Cf fustet pour les caractéristiques et l’utilisation de cette arbrisseau.
- (regardez le commentaire de H;Boyer avec des précisions botaniques)
Etymologie : latin rhus, rhoris; rore; ros. Un emprunt au grec. Les Grecs l’utilisaient déjà pour le tannage. Les formes de l’ancien occitan ros, rou reposent directement sur le nominatif rhus >ros.
Mistral, Trésor. emborracha cabras « coriaria »
Le grand étymologue Corominas suppose pour expliquer certaines formes occitanes et catalanes (ancien languedocien rodor, Aveyron roudoù , languedocien roudourié « lieu planté en roudoul ») un nom composé rhustyrius = rhus de Tyrus où turius remplace syriacus (de Syrie) parce que Tyrus, Tyr est le port le plus important de la Syrie. Dans l’Antiquité la Syrie était le producteur le plus important de sumac pour le tannage. Rhus-tyrius > rorem tyrium à l’accusatif , > *roreturium et par dissimilitaion des deux -r– > *rodeturiu, qui par l’évolution phonétique régulière a abouti à rodor, ancien catalan roudor, raudor, etc.
Les formes occitanes rodor etc. ont abouti à rodo et par changement de suffixe > rodoul, et ensuite par dissimilation des deux voyelles > redoul. Voir aussi le TLF s.v.roudou.
Voir aussi Nerta « myrte »
Un vrai connaisseur de la botanique, Henri Boyer m’écrit un commentaire:
OK pour l’étymologie, mais le référent ( le signifié) pose problème. Il y a confusion dans le texte ( y compris Mistral mais non Corominas) entre le sumac, fauvi,ou fustet = Rhus coriaria et le nertàs, ebriago = Coriaria myrtifolia, toxique.
Rhus coriaria n’est pas présent en Rouergue, mais Coriaria m. oui.
Mistral écrit « rodo » au lieu de « rôdou » paroxyton, car il n’admet jamais de finale en « ou » atone, même attestée.
Je lui ai répondu: « Merci beaucoup. Mes connaissances en botaniques sont très limitées; en plus dans les parlers régionaux il y a beaucoup de variantes sémantiques et phonétiques., » Sur quoi il me répond:
merci pour votre réponse Monsieur Geuljans.
Il existe dans le cas de « redoul » un noeud de confusion peut-être inextricable.
2 espèces locales ayant le même usage en tannerie, une comestible Rhus coriaria l’autre extrêmement toxique Coriaria myrtifolia, portant donc presque le même nom linnéen…
La confusion s’observe dans nombre de publications anciennes et modernes, et particulièrement dans les dictionnaires de langue d’oc anciens ( dès Boissier de Sauvages XVIIIème siècle ) et modernes.
Peut-être les deux espèces sont-elles homonymes dans la langue vernaculaire… c’est tout à fait courant en effet, mais j’ai un doute.
L’étymologie de Coromines concerne uniquement le lexème latin « rhus, rhus tyrius » donnant rôdou, rôdoul, avec un référent initial botanique Rhus coriaria L.
Je me demande si la confusion n’est pas d’origine littéraire par effet de compilation de lexiques en lexiques peu rigoureux.
Le « rodo » de Mistral est possiblement inexistant, pour des raisons pas claires il rejette toute forme avec /u/ atone final y compris en niçard et gascon ou elle sont typiquement idiomatiques.
Moi: >https://apps.atilf.fr/lecteurFEW/lire/100/383
Dans l’article du FEW (suivez le lien), l’auteur écrit dans la note 1 qu’il suit surtout Rolland Flore.
Je vais mettre le lien dans l’article ainsi que votre complément qui n’apparait que quand on clique sur lle titre de l’article.
Cordialement,
Pour finir:Bonjour,
se lancer dans la Flore de Rolland, c’est plonger dans un autre océan…
D’après se que je comprends de la note, Rolland a perçu qu’il s’agit de plusieurs espèces au sens botanique, mais Coriaria myrtifolia n’est pas du tout une « espèce » du genre Rhus… C’est l’usage en tannerie qui est commun d’où homonymie en langue vernaculaire ( probablement).
A lire le FEW ( hélas j’ai du mal avec l’allemand) j’observe que la confusion peut s’étendre à « roure, rouve, roube » c.à.d à diverses espèce de Quercus, plutôt à Quercus coccifera L. très utilisé pour le tanin aussi…
Pas sortis de l’auberge donc…
Henri Boyer
Dommage qu’il n’y a eu pas davantage d’échanges comme celui-ci,; cela aurait enrichi beaucoup le site.