cat-right
Recent Comments
Random Articles
gourbet ou oyat ? L’étymologie de gourbet (ammophila arenaria Ml) comme celle de oyat est...
Chourler "boire en a... Chourla(r) « boire à long traits, buvoter,  beaucoup, longtemps …. »...
Floc "morceau" Floc « un morceau de quelque chose ».  Latin floccus signifiait « flocon,...
Pudis 'térébinthe�... Pudis « térébinthe » est un dérivé du verbe pudre « puer » du latin pūtēscĕre...
pounical pounical  « chardon bleu » voir panicaut
chafre ‘pierre à ai... chafre ou acou « un carreau de dalle autrefois un Queux ‘pierre à...

Testard, teston

Un Testard n’est pas quelqu’un qui aime subir des épreuves ou tests  mais « têtu » en occitan , adj. ou subst. La première attestation de 1300 vient de Béziers.

Testard est dérivé du latin testa « vase de terre cuite, pot, cruche » qui dans la langue populaire a très probablement servi à désigner la « tête ». Nous avons des attestations à partir du IVe siècle, de  testa avec le sens  « crane », et  le passage sémantique crane > tête est sans problème. (« pars pro toto »). Pourtant il faut attendre le Xe siècle pour trouver une attestation écrite.

En latin testa signifie aussi « coquille » en parlant des fruits de mer, et « coquille de noix, d’œuf « , dont on a trouvé des attestations en ancien occitan depuis le XIVe s.  Il peut s’agir d’un emprunt au latin ou de la survivance, difficile à savoir étant donné que la forme n’a pas changé.

Le latin avait aussi le mot testu, testum « écuelle, couvercle, pot en terre cuite », d’où en français têt « coupelle » et têt « crâne » (voir TLF) .

Teston « petite tête », diminutif de testa « tête ».  Alibert définit ce mot comme le TLF « Monnaie d’argent frappée à l’effigie d’un monarque, d’abord en Italie, puis en France sous le règne de Louis XII, et qui valait à l’origine environ dix sols. »  Je me demande si cette définition est très courante en occitan.

Test.  L’histoire de test> creuset > épreuve en anglais:

Empr. à l’angl.test, issu de l’a. fr. test « pot » (v. têt et test1) et désignant, en m. angl., une coupelle de métallurgiste servant à isoler les métaux précieux,…

est expliquée dans le TLF.

Terraire, terroir

Terraire « terroir » vient du latin territorium « territoire ». Avec ce sens il a abouti en ancien occitan à terridor, en français à terroir. Cette forme sans le changement de suffixe se trouve principalement dans l’ouest-occitan.

Avec un changement du suffixe -itorium > -arium > terrarium est devenu terraire ce qui signifiait pour l’abbé de Sauvages « banlieue d’une ville ». Latin territorium signifiait d’abord « la terre labourable appartenant à une ville » et c’est cette signification qui est plus ou moins maintenue dans le mot terraire. 

Pourquoi ce mot dans ce dictionnaire? Parce que je me suis rendu compte qu’il est pratiquement intraduisible. Notamment dans l’emploi actuel

« Ces terres considérées du point de vue de la nature du sol qui communique un caractère particulier aux productions, notamment au vin. » (TLF)

Cette notion du terroir est à l’origine des notions comme, appellation d’origine contrôlée, etc. En allemand par exemple on parle de Rheinwein, Moselwein, en néerlandais de Goudse kaas, Edammer.  mais la notion « terroir » n’existe pas. A tel point que le fromage appelé Gouda  peut être fabriqué en France.  Depuis 2010 seulement le nom  Gouda Holland  est protégé et le produit doit venir des Pays Bas.  Il ne reste  qu’une seule ferme à Gouda où ce fromage est faite.

A mon avis le terroir fait partie de l’identité française. Nous voyons quand-même que dans d’autres pays, comme l’Allemagne et les Pays Bas, on a commencé à comprendre l’intérêt de cette notion.  Dans le site allemand   Weinwiessner est écrit le Rheinwein n’existe pas.! 

J’ai essayé de traduire en plusieurs langues Sentir le terroir, avoir la saveur, le goût du terroir. Le résultat  est toujours quelque chose comme  « sentir la terre » ou le mot terroir  est maintenu.

Tavanejá

Tavanejá « bourdonner ; au figuré « errer, voltiger à l’aventure ça et là sans desein  » (1750, Sauvages). Français régional tabanéjer « idem ». (ML 8-2004). Dans sa « Faune populaire de la France » vol.13, p.183, (1911) E. Rolland mentionne un emploi figuré pour Tarascon    « papillonner autour des jeunes filles », ou « faire la coquette devant les garçons « .  Dérivé de  tavan.

Tavanejaire « qui fait des va-et-vient » (And). Dérivé du précédent.

Estavani

(s’) estavani  « s’évanouir, se pâmer »voir tavan

Tavan

Tavan « frelon, taon », en  français régional  taban (Lhubac) surtout au figuré : « quelqu’un qui n’arrête pas de bouger » vient du latin tábanus d’origine non-indo-européenne parce que ce mot existe  uniquement dans les langues romanes.

La prononciation a été assez tôt adaptée aux habitudes latines et tábanus est devenue *tabánus.  Une première attestation en ancien occitan  tavan « sorte de grosse mouche qui, durant l’été , tourmente de ses piqûres les bœufs, les chevaux , etc. et qui s’attaque aussi aux hommes, taon » se trouve chez Marcabru un troubadour gascon du XIIe siècle qui était surtout doué pour la satyre (ça pique !).

     

Le mot est commun au franco-provençal et à l’occitan. En occitan moderne il y a de nombreuses expressions comme a ‘n tavan dins lo tèsto « il est toqué »,  ou  d’uno mousquo si fa un tavan « d’une mouche il fait un taon », c’est à dire « il s’inquiète ou se décourage d’un rien ».

La distinction entre les différentes grosses mouches qui piquent n’est pas toujours évidente, de là  tavan « bourdon » ou « hanneton »(St.André de Valborgne). A Alès  un tavan-mérdanciè « fouille-merde » (au fig. ?), à Marseille tavan merdancier: « personne qui agace en revenant sans cesse à la charge », et dans les Bouches-du-Rhône on a même un tavan-banaru( = un taon avec des cornes) « capricorne ».

Le verbe composé *ex- + tabánus :  (s’) estavani  « s’évanouir, se pâmer » limité au frpr. et l’occitan a du suivre l’évolution sémantique suivante : «  s’inquiéter » > « troubler » > « troubler la raison » > « perdre connaissance ». 

Tabar « bourdon » et tabaóu « nigaud » (S) font partie de la même famille. Alibert rattache taban « nigaud » à tabal « tambour », sans explication.

Tavanás « imbécile », est dérivé de tavan.(Taleyrac 2004).

Tauvera, talvera

Tauvera, talvera s.f. « bord de champ qu’on ne peut travailler ». Un visiteur de la Haute-Vienne m’écrit :

Il y a bien longtemps, j’ai guidé les vaches de mon père pour tracer ce premier sillon : « Pitit, vene m’ajudar per far la tauvera! ».

Un mot qui a traversé des siècles. L’origine est une racine gauloise *talu- « front » (de la tête), en irlandais moderne tul, tulach « front », breton tal « front, pièce arrière (de barrique, charrette, & bateau…), & chevet, parement, pignon. ». Aux temps de Celtes a été formée une forme *talwa avec le suffixe -ara > *tálwara qui par métaphore a pris le sens de « bord d’un champ » conservée en Anjou tôvre « talus », dans le centre de la France tauvre « espace de terrain inculte, relevé en forme de butte », à Barcelonette táoubra « bord non cultivé d’un champ ».

*tálwara > tálvera parce que le deuxième –a- était atone. Par la suite d’un déplacement d’acent tálvera est devenu talvéra que nous rencontrons dans le Dauphiné ainsi que dans le centre et l’ouest de l’occitan : tarvéra « espace nécessaire pour tourner la charrue, à chaque extrémité d’un champ labouré ».  Le même sens existe  dans les Hautes-Alpes, Alpes Maritimes, Tarn et Garonne, le Quercy, Aveyron , Lozère, etc.

Les Corréziens sont des joyeux drilles : tóouvéro y a pris en plus le sens « tour de danse ». Un autre suffixe, -enna, qui est probablement d’origine prélatine, est à l’origine de certaines formes.  Notamment en dauphinois et en rouergat le suffixe -era a été remplacé par le suffixe plus courant -aria : à Forcalquier towveyra « bordure qui se laboure en travers », Aveyron toubeyro. Dans le Massif Central a été ajouté le suffiix latin –ella : Allier travellen, Thiers tovelo , Ambert tèuvello « chaintre, lisière d’un champ ».

tauvera et en Corrèze :

Tauvera, talvera ne sont pas les seuls qui ont traversé les siècles. D’autres familles de mots formées avec talu-* : talpena « auvent », talabaltz « bouclier », et des taumon « motte de terre » en franco-provençal (Suisse)

Tartifle

Tartifle « pomme de terre ». Grâce à l’essor des sports d’hiver, tout le monde connaît aujourd’hui la tartiflette.

Les Savoyards croient qu’ils sont seuls propriétaires du  mot tartifle dont il est dérivé en oubliant qu’il appartient aussi au  provençal et au  languedocien de l’est (Ardèche, Gard). En plus toute cette région a emprunté le mot au dialectes du Nord de l’Italie : le  piémontais;  il est composé de terrae + tuber « terre + bosse, truffe » .

L’introduction de la pomme de terre en Europe s’est faite en deux phases.  Elle est venue du Pérou en Espagne au début du XVIe siècle et  de là en Italie où elle a reçu le même nom que la truffe : tartoufli, tartífoula.  De l’Italie elle a été importée en Suisse, notamment à Bâle, où le nom tartuffoli  a été adapté et transformé en Kartoffel, qui est devenu ensuite le mot allemand.   La forme suisse catofle  est bien implantée dans la région lyonnaise.

De la Suisse la plante est également importée dans le Dauphiné et probablement dans le Vivarais voisin ainsi qu’en Bourgogne au début du 17e siècle. 

Olivier de Serres qui vivait dans le Vivarais écrit dans « Théâtre d’Agriculture et Mesnage des Champs » 2e éd. Paris 1603 p.513 :

« c’est arbuste dict cartoufle porte fruict de mesme nom, semblable à truffes, et par d’aucuns ainsi appellé ».

La pomme de terre,  à l’époque  une plante rare, était considérée comme une sorte de truffe,  du latin tuber qui a donné en ancien occitan trufa (XIIe siècle) « espèce de champignon souterrain, truffe » et le mot trufo, trufa, désigne toujours la « pomme de terre »  dans beaucoup de patois galloromans et en même temps la « truffe » ou le « topinambour » comme par exemple dans le Gard. Pierre Larousse donne pour tartifle « nom vulgaire de la truffe ».

Enfin en provençal et en est-languedocien c’est le mot piémontais qui a été adopté tartifle qui en languedocien au début du XVIIIe siècle avait les deux sens :  « topinambour »  et « pomme de  terre » (Sauvages) .   En Ardèche, par exemple à Saint-Alban d’Ay existe une autre forme piémontaise trifólas , devenue triffoles  en français régional

La deuxième phase n’a eu lieu qu’’au XVIIIe siècle, grâce à Antoine Augustin Parmentier, quand la pomme de terre devient un élément de la nourriture quotidienne partout en France et que dans le vocabulaire l’élément truffe a été remplacée par pomme.

 

Tarabastal

Tarabastal, « remue-ménage, vacarme festif »  mot francitan. La syllabe onomatopéique tar-  plus ou moins allongée en  tara-, tarta-, est attesté en latin taratantara « son de la trompette » ou « le bruit du tamisage ».

En provençal nous trouvons la forme tarabust- « importuner, faire du vacarme »; en français régional tarabuster « réprimander énergiquement »(Job). D’après d’autres savants locaux tarabuster signifie « harceler, inquiéter; être pressé » (AC) ou « taquiner » (And) et le subst. tarabustaïre.

Ailleurs en occitan  c’est la forme avec -a- qui domine : tarabat, tarabas, tarabast toujours avec le sens « faire du bruit, vacarme, tapage », par exemple tarabastelo « crécelle dont on se sert pendant la semaine sainte ».  De nombreux dérivés sont attestés à Alès : tarabasti « tracas, vacarme », tarabastiè « individu brouillon », tarabastejà v.n. « s’agiter pour peu de chose », v.a. « importuner ». La deuxième  partie du mot –bastal  vient probablement d’une autre onomatopée tabb- qui a donné en ancien occitan tabastel « crécelle des lépreux » (Castres, 1355)