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pairado pairado « pâtée de son, raves, etc. pour les bestiaux ». voir...
Pessugà "pincer"... Pessuguer  « pincer, attraper ». en français régional. L’étymologie est...
Bau,baou Bau(s) « rocher escarpé dont le sommet est plat; précipice ». Le Pégorier...
Brega, brego ‘lèvre...

Ce qui frappe en étudiant la répartition géographique de ces attestations est le fait qu’elles se trouvent sur une très grande étendue, des Cévennes jusqu’à St.Maximin et Hyères, avec une certaine concentration dans le triangle formé par Avignon, Nîmes et Arles. Le fait que brega est attesté à St.-André-de Valborgne, un village isolé des Cévennes, pourrait nous suggérer qu’il s’agit d’un mot fossile. Mais St.-Maximin et Hyères ne sont pas des lieux isolés.Pour en savoir plus, j’ai cherché le mot brego dans le Trésor de Mistral :

Dans les exemples et expressions qu’il fournit, on voit bien qu’ à la campagne c’est un outil, un brisoir de chanvre, sens qui a disparu avec la disparition de la culture du chanvre, en ville par contre le sens « bouche, mâchoire » est dominant.

Oughes ‘hièble&rsqu... Oughes « hièble, yèble » plante annuelle qui ressemble au sureau  et...
Babarauda Babarauda « manteau de deuil à capuchon en usage autrefois à Montpellier »...

Trampelar


Trampelar « chanceler, tituber; languir; traîner; grelotter ».  A trampoulados est « à pas comptés, comme un ivrogne ou un petit enfant ». Un trampoun est un « ivrogne » en languedocien.

La première attestation est l’ancien occitan trampol « le bruit d’une troupe en marche » (1300 environ)

En néerlandais existe le verbe trampelen « trépigner, piétiner, fouler aux pieds », en allemand trampeln, anglais trample on , et dans les langues romanes : italien trampoli « échasses » catalan trampa « un piège dans lequel le gibier tombe », trampejar « tromper », espagnol et portugais trampa « piège; tricherie ». Dans le domaine galloroman cette famille de mots se trouve surtout en occitan, en franco-provençal et dans une bande étroite jusque dans les Vosges.

L’étymologie est très probablement la racine germanique *tramp parce que nous trouvons cette famille dans des régions proche du domaine germanique et dans les régions où les Burgonds, les Goths et les Longobards ont eu une forte influence à savoir la Suisse, le nord de l’Italie et le Midi. Le français tremplin est un emprunt tardif à l’italien trempellino.

Je donne l’histoire de ce mot parce qu’il prouve la grande importance du bilinguisme dans l’apprentissage des langues étrangères. Quelqu’un qui parle couramment l’occitan a un accès privilégié aux autres langues romanes et aux langues germaniques. La langue française est déjà le meilleur point de départ pour l’apprentissage des langues romanes, voir à ce propos le site Eurocom et pour quelqu’un qui en plus est bilingue français + occitan, les autres langues romanes : l’italien, la catalan, l’espagnol, le portugais et même le roumain sont très faciles d’accès.

Franz-Joseph Meißner / Claude Meissner / Horst G. Klein / T. D.Stegmann
EuroComRom: Les sept tamis: lire les langues romanes dès le départ; avec
une esquisse de la didactique de l´eurocompréhension
, Aachen 2004, 25,00 €,
50,00 SFr, ISBN 978-3-8322-1221-6 + CD zum Hörverstehen.

Trallar

Trallar « se promener », fr. rég. traller « se balader, vadrouiller » (Lhubac).

Le verbe trallar se trouve dans les volumes Incognita du FEW, avec dans  l’article « Les fêtes »  les mots occitans que voici:  Puisserguier trallo « noce, fête, riboter, fainéantise », Toulouse « folie, débauche » (M), tralla v. « secouer, remuer, agiter, faire la fête, vaquer, se promener »(vol. XXII/2, 175 b). L’auteur suggère l’étymologie : *tragulare, vol. XIII/2, 175b.

En  moyen français est attesté  le verbe traller « troller » terme de chasse. Dans le TLF, s.v. troller avec une variante traler, il y une définition bien plus précise: « chercher la bête avec les chiens sans avoir aucune piste et sans avoir quêté auparavant avec le limier ».  C’est une variante de « vadrouiller » pour les chasseurs.

Quand un mot comme trallar quitte le milieu des chasseurs et passe dans la langue générale, le sens devient également plus général. Dans ce cas précis il devient synonyme de « vadrouiller, se balader ».
Dans le TLF s.v. troller vous pouvez lire les problèmes et propositions d’ordre phonétique de cette étymologie .

Voir aussi l’article dralha « piste »

Toupin, topin

Toupin, topin « pot de terre » ; « sot, imbécile » dans le Tarn et l’Hérault, « pot de confitures » dans l’Aude (Alibert).

Français toupin a été emprunté à l’occitan au début du XXe siècle, mais il a existé en ancien français pour disparaître de la langue au XVIe. (TLF). Pendant une promenade à Sain-Quentin-la-Poterie, j’ai photographié l’enseigne que voici:

A Saint Quentin chaque toupin trouve sa cabucelle.

Expression l qui veut dire « trouve chaussure à son pied ». (Camps). Il s’agit  d’un expression que nous retrouvons déjà chez les Romains : Invenit patella operculum et dans beaucoup d’autres langues, comme le néerlandais, l’allemand etc.

L’étymologie de toupin est d’après le FEW un ancien franc *toppin « pot ».  Cf. allemand Topf « pot », Pour des raisons d’ordre phonétique l’auteur pense que *toppin s’est répandu en galloroman à partir de l’Alsace, vers les régions de l’Est et le Sud, poursuivant son chemin vers le Nord de l’Italie, la Catalogne et l’ Espagne. D’après le Diccionari etimològic catalan topi est d’origine inconnu et preroman. D’après le RAE, l’espagnol tupin est un emprunt à l’occitan. Les savants sont donc pas d’accord.

Le TLF mentionne toupin, toupine comme français régional de la Provence et du Languedoc. C’est aussi le nom d’un « Fromage à pâte cuite, de forme cylindrique et fabriqué dans la vallée d’Abondance en Savoie » (TLF). En Savoie « La sonnaille (ou toupin) est portée par les vaches lors de la montée à l’alpage ou durant la désalpe. Regardez les données du Thesoc pour les dénominations des pots et leur utilisation. Vous verrez que dans beaucoup de parlers occitans le mot toupin a pris un sens spécialisé.

Il y a une étude  de Toole (R.). « Wortgeschichtliche Studien, toupin und bronze« . Jena-Leipzig, 1934. que je n’ai pas pu consulter.

Tosela

Tosela « tauselle » orthographié en français également touzelle, tauzelle etc.
Charles Atger « Valleraugue. Petites histoires et anciennes coutumes », Le Vigan 1972 , p.12 écrit :

« La plupart de temps il [le paysan] faisait lui-même le pain du ménage avec la farine du seigle récolté à la ferme. Cette farine était mélangée à celle du froment ou de touzelle, achetée chez le boulanger et cela donnait un pain excellent….

J’ai repris le manuscrit de Seguier1, feuille 41 r.: touselle « lou blad lou pu pesant lou pu beu lou millou et aquel que fait lou pan lou pu blanc de tout lou languedoc ». et un peu plus loin : miscle: « blad mele de touselle et de siguie ».

tosela touzelle

Etymologie : cette image explique l’étymologie du mot : c’est un blé sans barbe autrement dit « tondu », ce qui s’appelait tonsus le part.passé du verbe  tondere, avec le suffixe -ellu.

Il s’agit d’un variété de froment cultivé uniquement dans les régions méditerranéennes. Le mot est également occitan, même s’il a été importé en français par Rabelais qui lui, savait de quoi il parlait, ayant fait ses études à Montpellier. Dans le Quart Livre des faits et dits héroïques du bon Pantagruel:

« cestuy home caché dedans le benoitier, aroyt un champ grand & restile, & le semoyt de touzelle « ,

contrairement à Jean de La Fontaine qui utilise le mot également dans : Le Diable de Papefiguière :

Le Manant dit :  » Monseigneur, pour le mieux,
Je crois qu’il faut les couvrir de touselle,
Car c’est un grain qui vient fort aisément.
– Je ne connais ce grain-là nullement,
Dit le Lutin. Comment dis-tu ?… Touselle ?…
Mémoire n’ai d’aucun grain qui s’appelle
De cette sorte ! Or emplis-en ce lieu :
Touselle soit, touselle, de par Dieu !

La Fontaine  a avoué à Richelet, l’auteur d’un dictionnaire, qu’il ne savoit pas ce que c’était. Pourtant le mot est resté dans les dictionnaires français jusqu’à nos jours avec la graphie tauselle. Enfin dans le TLF on le trouve avec la graphie touselle, touzelle.

Et pour terminer voici ce que l’abbé de Sauvages qui savait de quoi il parlait, a écrit à propos de touzelo,

 

L’histoire du pain de Gonesse  fait uniquement avec de la tauselle,  est confirmée dans ce site : . Du XVe au XVIIe siècle, le village se tailla une solide réputation pour la qualité de son pain fabriqué avec le blé du terroir, le pain mollet de Gonesse

Tocs

Toc(s) : Les habitants de Marseillan appellent la rive sud-est de la lagune de Thau : les tocs. Voir estoc.

Titolet

Titolet est un diminutif de titol « titre; point sur le i » (Alibert)  et vient du latin titulus « titre, inscription; écriteau » (Gaffiot).

Une visiteuse m’écrit: « expression utilisée pour désigner un objet dont on a oublié le nom. On l’emploie aussi pour désigner le point sur le i . Botar los titolets ou titolar  » mettre les points et les virgules ». Le sens « point sur le i » est bien occitan. Il n’y a pas beaucoup d’attestations, mais celles données par le FEW viennent de Barcelonette et du Béarn. Le sens donné par ma visiteuse doit être dérivé du « point sur le i » qu’on oublie souvent.

Pour Lhubac le titoulet ou titourlet est « le cochonnet de la pétanque ».

    

Une autre visiteuse m’écrit: « Chez moi (ma grand-mère était occitanophone de Capestang), on a toujours parlé du « titolet » de la cocotte minute, en désignant la soupape. J’ai cru longtemps que c’était le vrai nom de ce petit objet. »

Louis Rouquier (Puisserguier) a utilisé le verbe titoulejà avec le sens « exagérer », ce qui s’explique à partir de l’expression « mettre les points sur les i ». Pour les modélistes français un titolet est un planeur.

Titolet, Titoulet est aussi un nom de famille. L’origine de ce nom doit être le même mot titulus > titol en ancien occitan avec le sens « fonction qu’on a à remplir »

Tigno

Tigno « teigne; engelure; nid de mante religieuse (provençal, languedocien)  du latin tinea « ver rongeur, teigne des livres; mite ».

D’apres le livre du fameux entomologiste  Jean-Henri Fabre , en Provençe la tigno est le nid de la prègodiéu . Mais le mot tigno signifie d’abord

  • 1. l’insecte la teigne, et
  • 2.la maladie du cuir chevelu et
  • 3. engelure .

Ce dernier sens est limité au provençal et à l’est-languedocien.

L’étymologie de tigno (Mistral) ou tinha (Alibert) est le latin tinea « ver rongeur, teigne des livres; mite ». Le sens  « nid de la prègodiéu » donné par J.-H. Fabre  doit s’expliquer par son aspect et la fameuse théorie des signatures, selon laquelle les plantes indiquent leurs vertus thérapeutiques par leur forme, leur couleur ou leur mode de vie. Suivez le lien vers le site de Fabre pour tout savoir sur les effets thérapeutiques de la tigno.

nid de la prègodiéu

teigne

Tif taf

Tif taf « mot inventé pour exprimer cette palpitation, ce battement de cœur que nous éprouvons quand la peur nous prend. Son cor et farrié tif taf » . 

J’ai rencontré cette expression dans le manuscrit  de  Joseph Séguier, prieur de Saint Jean de Valériscle (Gard)  en 1747,  SeguierI 35r.

Je ne sais pas si cette expression est encore vivante quelque part en occitan.  Si vous la connaissez, veuillez me le faire savoir. merci d’avance.

Mon  ami du Sidobre, le petit géologgue,   m’écrit:

 « ok, mais, dans les montagnes sidobriennes, on dit: »cette chose là me fait envie »: aquo mé fa tifo tafo » si tu préfères: j’ai bien envie « de », mais effectivement ça correspond à une palpitation, mais ………..pas du tout de peur, plus tôt d’envie, de hâte d’essayer, etc etc!!!! »

Deux attestations en plus de 250 ans pour cette belle expression.  Comment a-t-elle pu échapper  à tous les dictionnaires ??

L’échoppe du petit géologue me fa tifo tafo!

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