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Trèva

Trèva s.f. « fantôme, revenant » trêve en fr.reg. (Lhubac).

Irlandais treb « habitation, gallois tref, et ancien breton treb « quartier d’un village » permettent de supposer qu’en gaulois a existé une racine *trebo- « habitation », à partir de laquelle on a formé le verbe *trebare « habiter ».

De là naît en ancien occitan le verbe trevar « fréquenter un endroit ou quelqu’un;  y passer souvent ». Ce sens est conservé à Vaux dans l’Ain quand on parle des animaux sauvages. En dauphinois treva signifie « fréquenter, habiter » mais le plus souvent quand on parle des fantômes, et treva devient « hanter » le seul sens donné pour Die en 2002 par Han Schook. En provençal trèva signifie aussi « avoir des rapports sexuels avec une personne de l’autre sexe ». En provençal pas non plus de fantôme dans le trevanço « action de faire la cour à quelqu’un ».

trevar

En languedocien par contre le centre du champ sémantique est le fantôme qui « revient, rôde ». Gilbert Lhubac m’écrit le 01.01.10, le complément d’information suivant :  » juste une petite remarque pour « treva« : Mon pére désignait aussi sous ce terme une femme quelque peu excentrique, ou « évaporée », voire provocatrice: aquela femna es una polida treva ! Et le francitan conservait le terme: cette femme est une drôle de trêve.

A partir de Cahors vers l’Ouest, le fantôme disparaît le plus souvent du champ sémantique; à Ussel par exemple triva est « aller et venir, en parlant  des abeilles ». 

En aoc. a été créé le dérivé treu s.m. « chemin ou lieu par où on passe » conserve dans languedocien trèu « trace » (M). En général  les significations de trèvo, trèvad, trèba tournent autour du   » fantôme, du  spectre, des bruits nocturnes dans des maisons inhabitées, etc. ».

Les chasseurs utilisent le verbe atriva, atrevar « attirer, appâter » dans un atrivadoù « lieu où on place l’appât ».

atrevadou

Trescantou

Trescantou « carrefour de 3 rues ». cf. acantouna . A Marseille erronément traduit par Place 13 Cantons

Tremolar

Tremolar, tremoulá « trembler; idiome des Cévennes, tremoulave d’après SeguierI,34v.; grelotter, frisonner».

Etymologie :   le latin s’est maintenu dans le Midi où l’on l’utilise encore dans beaucoup de mots : tremoulá = latin tremulare, dérivé de l’adj. tremulus « tremblant « ; ou comme subst. « populus tremula  » le peuplier », tremol en ancien occitan.        
Dans plusieurs endroits on trouve également la forme francisée tramblá  et le sens du verbe tremoulá s’est spécifié en « grelotter, frissonner ».

populus tremula

Traversier

Traversier « bande de terre » dans une partie des Cévennes. Français régional. D’après Alibert traversier « traversin; pièce en travers , traversine; adjectif contrariant ».


dessin de Michel Rouvière

Dans le site magnifique www.pierreseche.com  l’auteur précise que ce nom est limité à la région du Vigan et de Valleraugue. (Ayant habité à Valleraugue, je connaissais uniquement ce mot traversier)  En Ardèche  c’est « une terrasse transversale barrant une parcelle, en pente ».

Traversoier vient  du latin transversarius. Le mot en ancien occitan traversier signifie « traversin » (Narbonne, XIVe s.) ou « mur transversal »(XIIIe s.) ou comme adj. « transversal, mis de travers ».

C. Lassure écrit dans son site:

« en fait, si l’on se fie à des prix-faits du XVIIe et du XVIIIe siècles publiés par Adrienne Durand-Tullou et Y. Chassin de Guerny, on s’aperçoit que le terme désignait les murs en pierre sèche eux-mêmes, à l’exception des murs de démarcation en haut et en bas de la parcelle : « 16 cannes de traversiers à pierre sèche » (1653) (Aumessas);- « 4 traversiers (…) de hauteur convenable » (1661) (Alzon / Arrigas);- « construire 12 murailles à pierre crue et de bonne qualité, savoir 10 en traversiers pour soutenir le terrain » (1788) (Saint-Laurent-le-Minier). Il saute aux yeux qu’un traversier est en premier lieu un « mur traversier » et que ce n’est que par métonymie qu’il en est venu à prendre le sens de « terrasse soutenue par un mur. »

Notre attestation du XIIIe siècle confirme son opinion.

 

Photo de Michel Rouvière

Traucar

Traucar « trouer, percer ». Avant de lire, écoutez Serge Gainsbourg « Le poinçonneur des Lilas. » (Lien supprimé)

Dans LES CRIEES ET PROCLAMATIONS PUBLIQUES DU BARON D’HIERLE ( canton d’Aulas, Gard) de1415, je trouve comme première ordonnance le texte suivant:

1. Manda la court de monsenhor d’Irle, senhor d’esta viela, que negun home ne deguna femena, de qualque condition ou estat que sia, non auze jurar ny blasfemar maliciosamen de Dieu ny de la Verges Maria. Et aquo sus la pena de cent solz tournes donados al dich senhor, et de trauquar la lengua, et d’estar sus lou costel per l’espaci de una hora.

100 sous tournois, la langue trouée et rester une heure sur le costel « pilori » (instrument fait d’un poteau et d’une planche de bois dans laquelle on peut bloquer les mains et la tête d’un prisonnier). Il est plus sévère et plus cherque le roi Charles VI. Voir ci-dessous

per traucar la lengua au XXIe s. :    

                                                                                             et sus lou costel au Moyen Age

 Traucar est le dérivé verbal de trauc « trou » et vient régulièrement d’une racine *traucum . (-au- se maintient en occitan, comme dans pausam > pausa, causam >causa, ainsi que le –c devenu final après un o, u, au en latin, comme dans focum >foc, paucum > pauc.).

L’astérisque devant *traucum indique que ce mot n’existait pas en latin. La première attestation date du VIIIe siècle sous la forme traugum. Comme les représentants de cet étymon ne se trouvent qu’en galloroman et en catalan, on a pensé à une origine celtique. Mais, il n’y a pas d’appui pour cette hypothèse, aucun *trauc dans les langues celtiques. Il faudra donc supposer que les Gaulois l’ont créé ou bien emprunté à leurs prédecesseurs. Pour cette dernière hypothèse on peut trouver quelques données dans le basque troka, dans le dialecte des Asturies (nord de l’Espagne) torcu « trou dans la terre » et en sarde trokku « abîme », qui reposeraient sur une base *troco. Mais cette base ne rend pas compte des formes avec -au- de l’occitan et du catalan trauc « trou, boutonnière ». Trauc reste donc un trou dans nos connaissances de l’histoire de la langue.

Remarque 1. En suivant le FEW qui se base sur l’Atlas linguistique de la France, le TLF remarque à propos de la notion « trou »:

« Dans l’Est et le Sud-Est, le type pertuis (v. percer) est plus largement utilisé, v. FEW t. 13, 2, p. 232a. ».

En contrôlant avec le Thesoc pour le Sud-est en tout cas, pas de confirmation; il ne donne le type pertuis que pour les dép. de l’Allier, la Creuse, l’Indre et le Puy-de-Dome. A Montélimar dans la Drôme est attesté traouché adj : « percé ».

Remarque 2. D’après le dictionnaire Panoccitan, un « petit trou » est un titolon, trauquet ou trauquilh et pour simplifier l’apprentissage de l’occitan un « poinçonneur » un senhalador, mais « poinçonner » ponchonar. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. En français, le poinçonneur est maintenant remplacé par, devinez! , un mot de typographe d’origine italienne, composteur, qui ne sert pas à faire du compost, ce serait trop simple, il sert à faire des petits trous (en tout cas à la gare de Lyon à Paris), comme autrefois le poinçonneur des Lilas.

Serge Gainsbourg   Charles VI dit Le Fou

Complément: Charles VI est plus clément que le baron d’Hierle.. En 1397 il ordonne que les blaphémateurs seront mis pour la première fois, au pilori * où ils demeureront de une heure jusqu’à neuf heure, on pourra leur jeter aux yeux de la boue ou autres ordures, sauf des pierres ou choses qui pourraient les blesser. Après ils demeureront un mois entier en prison au pain et à l’eau. A la seconde fois, on leur fendra la lèvre supérieure avec un fer chaud jusqu’à ce que leurs dents leur paraissent, à la troisième fois la lèvre inférieure ; et à la quatrième fois les deux joues ; et si par malheur, il leur arrivait de mal faire une cinquième fois, l’on leur coupe la langue en entier, qu’ainsi ils ne puissent plus dire de pareilles choses.

Trast

Trast « soupente, galetas » du latin transtrum « poutre transversale », sens conservé en wallon.

En Occitanie c’est ce qui se trouve au dessus des poutres : le grenier, et ce qui  intéresse  les chineurs « les vieux objets, les vieux meubles, les guenilles,etc. » qu’on descend vers les  vide-greniers. Une relation de contenant > contenu.

Trastes est le plus souvent au pluriel!  Dans le Tarn on traite des « personne chétives » aussi de trastes.

       

Le mot a existé en ancien français, mais a dû céder la place à tréteau. Le catalan l’a également conservé: traste « meuble, ustensile de cuisine » et espagnol trasto « chose inutile ». Anglais transom « linteau », ancien anglais « poutre », breton treûts, trest.

Tranugo, sarnuge

Tranugo, tronugo, tranüo s.f. « chiendent, herbe traînante, etc. »

Tranugo appartient à une famille de mots que nous trouvons dans l’Ouest du domaine d’oïl et en occitan. Il y a deux grands groupes, le type tranugo et le type sarnuge. Il s’agit en général de « chiendent » ou de la « renouée des oiseaux » qui s’appelle aussi « trainasse, centinode, herniole, sanguinaire », ou d’autres mauvaises herbes. Pour l’informateur de St-Bonnet-de-Four, Allier du Thesoc  la tranuge rouge est « l’achillée mille feuilles ».

La plus ancienne attestation date du IXe siècle en latin tardif ternuca « chiendent ». L’origine de ces noms est inconnue. Il s’agit peut-être d’une famille de mots pré-romanes ??? Voir FEW XXI, 196

Un jour il faudra faire une étude de la connaissance actuelle des noms locaux des plantes et la comparer aux données d’il y a une centaine d’années.

       

trainasse                     chiendent                     achillée

Trampelar


Trampelar « chanceler, tituber; languir; traîner; grelotter ».  A trampoulados est « à pas comptés, comme un ivrogne ou un petit enfant ». Un trampoun est un « ivrogne » en languedocien.

La première attestation est l’ancien occitan trampol « le bruit d’une troupe en marche » (1300 environ)

En néerlandais existe le verbe trampelen « trépigner, piétiner, fouler aux pieds », en allemand trampeln, anglais trample on , et dans les langues romanes : italien trampoli « échasses » catalan trampa « un piège dans lequel le gibier tombe », trampejar « tromper », espagnol et portugais trampa « piège; tricherie ». Dans le domaine galloroman cette famille de mots se trouve surtout en occitan, en franco-provençal et dans une bande étroite jusque dans les Vosges.

L’étymologie est très probablement la racine germanique *tramp parce que nous trouvons cette famille dans des régions proche du domaine germanique et dans les régions où les Burgonds, les Goths et les Longobards ont eu une forte influence à savoir la Suisse, le nord de l’Italie et le Midi. Le français tremplin est un emprunt tardif à l’italien trempellino.

Je donne l’histoire de ce mot parce qu’il prouve la grande importance du bilinguisme dans l’apprentissage des langues étrangères. Quelqu’un qui parle couramment l’occitan a un accès privilégié aux autres langues romanes et aux langues germaniques. La langue française est déjà le meilleur point de départ pour l’apprentissage des langues romanes, voir à ce propos le site Eurocom et pour quelqu’un qui en plus est bilingue français + occitan, les autres langues romanes : l’italien, la catalan, l’espagnol, le portugais et même le roumain sont très faciles d’accès.

Franz-Joseph Meißner / Claude Meissner / Horst G. Klein / T. D.Stegmann
EuroComRom: Les sept tamis: lire les langues romanes dès le départ; avec
une esquisse de la didactique de l´eurocompréhension
, Aachen 2004, 25,00 €,
50,00 SFr, ISBN 978-3-8322-1221-6 + CD zum Hörverstehen.