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Feda

Feda « brebis ».

Le latin avait un substantif fetus ou fœtus « enfantement » et un adjectif fetus « ensemencé, plein, gros ». Au féminin feta a pris le sens « qui a accouché » et substantivé « mère ». Ce sens s’est conservé en gascon hedo « femme qui vient d’accoucher », comme en italien feta et fetare « accoucher ». Feta a pris le sens spécifique de brebis déjà en latin; sens qui s’est maintenu en occitan, franco-provençal et dans certains patois en Italie.

Après le Moyen Age feta a été remplacé par les représentants de vervex (> brebis) dans le Nord-Est du galloroman. Pour les différends noms de la brebis en occitan voir le Thesocs.v. brebis

Uniquement en galloroman nous trouvons dérivé feto, fetonem avec le sens « petit d’un animal » faon en ancien français, sens qui se restreint à « petit de la biche » au XVe siècle (1re att. 1360 DMF). De là anglais fawn avec lez même sens. En occitan nous trouvons fedon, fedou(n) « poulain » mais aussi « agneau » et le verbe fedouna « mettre bas en parlant des juments et des ânesses ».

            

               

Fato, fate

Fato, fata s.f. « chiffon », en français régional une fate « un bout de chiffon » (Manduel), . La fato cremado est  la « mèche pour faire du feu avec le fusil. » La mèche tient lieu d’amadou et prend feu plus aisément d’après l’abbé de Sauvages. Plus d’informations dans Wikipedia dans le paragraphe  Système de mise à feu

Pour l’étymologie voir l’article fataire.

Fartalio fartaille

Fartalio (fartaille en  fr.rég.) « menues herbes potagères »(déjà S ; Job). « vieilleries »(Andolfi).

  à Bruxelles

Du latin fartalia (dérivé de fartum le part. passé du verbe farcire) attesté au VIe s. chez le médecin Anthimus, avec le sens « farce, hachis ».

Le mot, ainsi que les dérivés fartaiaire « marchand de jardinage »(Mistral) et fartaiá v.a.« cueillir et parer les herbages d’un potager, les préparer pour la vente », semblent être typiquement nîmois. Pourtant dans le dictionnaire de 8 langues de Junius, Hadrianus (1511-1575): Nomenclator octilinguis j’ai trouvé :

mais je connais pas l’origine de cette traduction en grec.

Frigoulo, farigoulo

Frigoulo « thym », vient du latin fericula un dérivé de ferus « sauvage ». Un mot typique pour la région autour du golfe de Lion, cf. catalan frigola,  et  l’ancien occitan ferigola.

Normalement  fericula aurait dû aboutir à *fericla, mais c’est  peut-être sous l’influence des moines qui s’occupaient beaucoup des plantes médicinales et du latin, que l’évolution de la forme a été ralentie. Michel Chauvet me fait savoir que le mot se retrouve dans les parlers italiens (Penzig, Flora popolare italiana) :

Liguria : Ferrùgera (Bordighera); Ferùgula (Mortola); Ferigola, Frùgola, Figoli (Nizza); Frùgola, Furùgola (Escarena)… En italien, ces formes sont normales, l’accent étant sur la syllabe précédant le o / u. Pourrait-ce être une influence italienne, et alors pourquoi ?

En languedocien nous trouvons aussi le dérivé frigoulous « terre en friche rempli de thym ». Un autre dérivé, frigoulo, ou frigouleto  désigne le « serpolet » qui est très proche du thym. Depuis le XVIe siècle la férigoule se trouve dans des textes français mais toujours avec une référence au Midi, par ex. Pierre Larousse : « farigoule  nom du thym dans le midi de la France ». Il y a beaucoup de noms de lieu, par ex. :

L’abbaye St. Michel de Frigoulet. Magnifique!

Une recette trouvé sur internet : « Fricassée de volaille au pèbre d’ail et farigoule ». C’est devenu un nom de magasins, restaurants etc.

thym         serpolet

D’autres noms pour le thym pebrada, serpol, voir Thesoc.

Farda

Farda « habits, linge, hardes, robes » représente le mot arabe farda «balle de marchandise » ou plus précisément « la moitié de la charge d’une bête de somme ».

una mummia del Perù ancora avvolta nel fardo; circa XII sec.

esp., pg. fardo « paquet de marchandises »,

Italien fardo, cat. farda « ensemble de choses inutiles » et « paquet de nourriture pour un voyage d’une journée », comme à Pézenas fardo  « besace dans laquelle les journaliers portent leurs provisions de bouche ».  Dans le Tarn fardel « paquet  de tripes »  et en Rouergue a la fardoulho « en désordre, à la hâte » (M).

D’après le FEW le mot aoc. fardel « paquet », comme français fardeau 1, ont été empruntés à l’italien ou directement à l’arabe comme terme technique de commerce. Ensuite on a créé une ‘racine’  *farda  avec les mêmes sens. Le mot arabe farda signifie aussi « étoffe, habits »  car, quand on voyage le ballot  ne contient souvent que des habits. De là languedocien fardo « vêtements, hardes », Alès fardos « trousseau de la nouvelle mariée » (S), et des dérivés comme languedocien. fardetos « layette d’enfant », fardá « habiller, équiper, ajuster » Aveyron fardasses « chiffons ».

les anges boutis font partie des  fardos  à Alès.

La répartition géographique du  type farde « étoffe » est limité au gascon et languedocien.

Fargasse s.m. « homme négligé ». Dérivé de farda avec un –g- sous l’influence de quel autre mot ?

Petite excursion :

Au XVIe s. les soldats gascons ont introduit le mot farda dans le français de Paris  avec leur prononciation à eux : h- au lieu de f- : hardes et cette forme s’est répandue de la capitale vers les provinces du nord principalement. Le sens péjoratif  du mot  hardes qui au XVIe s. signifiait «  bagage, vêtements, linge et coffre d’une personne »,  n’est attesté que depuis 1771. Le dictionnaire de l’Académie de 1762 parle encore de « belles hardes » ! De nos jours c’est un terme historique comme dans « les hardes et uniformes de matelots ». Voir TLF.

  1. Les mots farde, fardeau et le verbe farder en français, ont la même origine; voir le TLF

Farandoulo

Farandoulo « farandole » est passée dans  le Dictionnaire de l’Académie depuis 1835 (TLF) . Le nom farandole n’est pas attesté avant le XVIIIe siècle.

L’étymologie d’après le TLF, qui suit le FEW , est  » incertaine; peut-être altération du provençal barandello, brandello « farandole »  un dérivé de branda « remuer, branler », de même origine que brandir*, sous l’influence de dérivés occitans tels que flandina « cajoler », flandrina « lambiner », flandrin « fainéant » 1

Je ne suis pas très convaincu par cette étymologie et ceci  d’autant plus que b(a)randello est définie comme une « farandole languedocienne »! Voir aussi mon article brandado.

Hector Rivoire Statistique du département du Gard, Tome premier, Nîmes, 1842, p.343 cette danse est décrite ainsi:

Dans un très petit nombre de communes des arrondissemens de Nimes et d Uzès et en traversant les cantons de St Quentin d Uzès de Montaren de Blauzac et de Lussan toute la musique se compose d un hautbois et d un très petit tambour qui sert d accompagnement Dans quelques unes de ces localités la danse y est appelée branle ou baran delle C est une sorte de valse russe extrêmement précipitée dans laquelle on tourne continuellement sur un même plan »

 

une  farandoles (en bas de l’image)

Catalan : farandola « Dansa popular que hom practica actualment encara a Provença, però que també havia estat ballada a Catalunya ».

______________

  1. FEW t. 15, 1, p. 252, note 14 et t. 15, 2, p. 136b; v. aussi Coromines.

Fanga, hagne

Fanga « boue ». L’histoire de ce mot est la même que l’histoire du fr. fange.Cf. TLF fange .

Des formes comme le gascon hagne, le pérgourdin et le limousin fagno reposent directement sur le gotique *fanja « boue ». On les retrouve dans les parlers plus au nord, jusqu’à la Loire. Un deuxième groupe, comme occitan fanga, fango vient d’un germanique fani- + ga. Le plus répandu en occitan est le dérivé expressif fangas « bourbier ».

A partir de ce dernier la créativité lexicale des Occitans ne connaît plus de frein : fangassié « celui qui se plait à marcher dans la boue; râle d’eau », fangassous « bourbeux », s’esfangassar « s’affaisser, s’aplatir comme de la boue » (Barcelonnette), etc.

Fatras

Fatras « haillon » (S). Probablement un dérivé de fato, voir fataire. A cause de l’attestation tardive du mot français fatras  au XIVe siècle seulement et du mot provençal et languedocien au XVIIIe , von Wartburg pense que l’occitan l’ a emprunté au français (FEW).

Vu le fort développement du mot et des  dérivés de fato, en occitan, je pense qu’il s’agit plutôt d’un dérivé de celui-ci. Les mots expressifs en –as  sont très nombreux en occitan  et l’insertion du –r- peut s’expliquer par l’influence de mots comme  pataras « sale ». Il est également possible que le  -r- a été inséré par association avec  des mots comme fatrassou « petite guenille ; petit marmouset ». Fatrassou vient   de *fatelassou   Occitan  fatras  a  ensuite été prêté au français.

Afatrassir 1. v.tr. »rendre mou, lâche » 2.v.r. « s’avachir » (Mathon ; Alibert ) composé de ad + fatras ‘rendre comme un haillon’.

Alibert mentionne  faterassa « chiffon; molène « . Connaissez-vous la molène? Cliquez sur le lien! La description « Ses feuilles sont épaisses et ovales, mais surtout laineuses au toucher » explique le nom. En Angleterre on en faisait des mèches de bougies et la plante s’appelle « candlewick plant »ou « flannel plant ».

Voir fato cremado ci-dessus s.v. fato.