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Robert Geuljans le 3 Mar 2015 dans
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Christine Belcikowski , autrefois La dormeuse est revenu à son cher Compoix de Mirepoix:
Jâai cherchĂ© Ă localiser dans Mirepoix cette « maison avec chartreuse et jardin contigu, le long de la promenade du nord anciennement appelĂ©e les EscoussiĂšres, confrontant en corps de levant les hĂ©ritiers Estupui, de midi la dite promenade, du couchant Victor Commelera, dâaquilon rue dite de la Tinité ». La promenade du nord, aussi appelĂ©e promenade Saint-Antoine, câest lâactuel cours du Colonel Petitpied. La rue de la TrinitĂ©, câest aujourdâhui la rue Vidal-Lablache.
En 2017 je reçois d’Alain Marmion nous fournit les complĂ©ments d’information et un lien vers son blog dans lequel il nous fournit un plan de la ville de Mirepoix Ă©tabli d’aprĂšs les donnĂ©es du compoix de 1661. http://aline.marmion.free.fr/mirepoix_terrier.htm Allez-y !
Il y a des annĂ©es qu’elle m’a demandĂ© de chercher l’Ă©tymologie du nom EscoussiĂšres, mais n’ayant rien trouvĂ©, j’ai abandonnĂ©, mais j’ai gardĂ© quelques images: Â
J’avais trouvĂ© 2 autres attestations, une dans le site Le Patrimoine bĂąti du vendredi 6 janvier 2006, par GeneviĂšve Durand sur Clermon-le-Fort, qui Ă©crit:
La cour du Fort et son puits
Un trĂšs petit nombre de maisons ont aujourdâhui une porte sâouvrant dans cette cour. Mais cela devait ĂȘtre trĂšs diffĂ©rent lorsquâune muraille les enserrait : il y avait toujours un espace, lâescoussiĂšre, entre la muraille et les maisons qui devaient alors sâouvrir vers la cour intĂ©rieure. Le puits, avec la corde enroulĂ©e sur le tour, a servi jusque dans les annĂ©es soixante. Il a plus de 20 m de profondeur.
et la deuxiĂšme intitulĂ© « Un siĂšcle d’administration communale à Aucamville (Tarn et Garonne ») d’aprĂšs les comptes consulaires (1346-1446), par F. Galabert et publiĂ© dans les Annales du Midi de 1908, pp.313-350 . A la p. 320 il Ă©crit:
Les auvents construits, il fallut, un peu plus tard, s’occuper des escossiĂšres ou chemins de ronde que l’on rĂ©para durant plusieurs annĂ©es. Cela coĂ»ta 5 moutons d’or en 1435,4 moutons d’or et 4 pegas de vin en 1441. On verra par les citations ci-dessous que ces chemins de ronde Ă©taient couverts :
Item fesem repara xiiii brassas he xvii de las cossieras que hĂ©ron casudas… he costeron de la ma des maistres v escutz d’aur, 1435 (f» 8).
Cette graphie, cossiera un endroit couvert, permet de supposer par exemple qu’il servait Ă Ă©cosser les lĂ©gumes (cossier « tiges et cosses sĂšches de pois » de cochlea « escargot; cosse ») FEW II,826b;
Le FEW range ce groupe de mots dans l’article cursus FEW II, 1576
Pourtant le plus probable me semble ĂȘtre le latin excussorius « qui sert Ă battre et enlever », bref le « flĂ©au », qui dans l’Aveyron a abouti Ă escoussouyro « aire », attestĂ© depuis 1514 et Ă Barcelonnette Ă escoussouiro « chacune des planchettes mobiles qui forment le devant du coffre Ă grains ».
Excussorius a pratiquement disparu des parlers galloromans et a Ă©tĂ© remplacĂ© par fleau, mais le verbe excuter avec le sens « battre le blé » s’est maintenu dans beaucoup d’endroits. En ancien occitan escodre, eyscoyre , en occitan moderne escoudre, escoure toujours « battre le blé ». FEW III, 286 ss.
Tout Ă fait au nord du domaine galloroman, en wallon, le mot escoussiĂšre existe Ă©galement et lĂ il dĂ©signe une meule spĂ©ciale dans les moulins pour l’Ă©peautre, dĂ©crite ainsi:
Le grain Ă©tait conservĂ© dans ses enveloppes. La prĂ©sence dâenveloppes tenaces autour du grain constituerait une protection contre les dĂ©prĂ©dations (oiseaux et charançons) et protĂ©gerait le grain contre les micro-champignons lors des conditions dĂ©favorables Ă la germination. Dans la zone de culture de lâĂ©peautre en Belgique, les moulins Ă moudre les cĂ©rĂ©ales possĂ©daient un Ă©quipement particulier destinĂ© Ă dĂ©cortiquer lâĂ©peautre, câest-Ă -dire Ă dĂ©barrasser le grain de ses enveloppes, avant de le broyer1. Les moulins possĂ©daient en gĂ©nĂ©ral trois meules dont une servait uniquement Ă monder la cĂ©rĂ©ale. Les parties travaillantes Ă©taient des meules grossiĂšres, fortement trouĂ©es et plus Ă©cartĂ©es que celles destinĂ©es Ă moudre la farine. Les moulins que nous avons pu encore visiter possĂ©daient des meules provenant du cĂ©lĂšbre centre de production de pierres meuliĂšres de La Ferte -sous -Jouarre en France. Cette meule spĂ©ciale portait un nom particulier : lâesqueure  (charte de Nismes 1451), ou plus rĂ©cemment lâescoussiĂšre  (enquĂȘtes). (http://civilisations.revues.org/1425#tocto2n2)
Ces meules faisaient donc le travail pour lequel on utilisait le flĂ©au pour les autres cĂ©rĂ©ales. L’Ă©tymologie est donc probablement la mĂȘme.