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Marrane ‘maladie des ovins’

Marrano,  « maladie (du charbon?) des ovins ».

Dans le Cartulaire de Mirepoix, que j’ai découvert grâce à la  dormeuse, il y a une Charte de la boucherie de 1303, dans laquelle est écrit: « Videlicet quod nullus carnificum ville predicte audeat vendre in dicto macello publico oves marranos.« : Il va de soi que nul boucher de la ville susdite n’osera vendre sur les dits étals publics des brebis marranes (atteintes du charbon?). L’éditeur de la charte traduit marranos par « languissants, étiolés » d’après le sens du mot donné par Mistral.

Cliquez sur le texte de Félix Pasquier, Cartulaire de Mirepoix, tome II, p.p. 42-46, Editions Privat, Toulouse, 1921.    

Cette découverte  dans un texte de 1303 a chamboulé la conception qu’on avait de l’histoire des mots rattachés à l’étymon arabe mahram « sacré, inaccessible » Il est devenu impossible de rattacher marrane « maladie  » à marrane « Juif converti » comme l’a fait le FEW en l’expliquant comme un transfert du mot marrane sur une longue maladie. Au moment de la rédaction de l’article  mahram,  la première attestation de marrane avec le sens « maladie épidémique »  datait  de 1650, et  marrane  « Juif converti »  du XIIIe siècle.

Borel 1750

    Mistral

Marrana « maladie chronique ». De Nice jusqu’en Béarn: marrana a pris le sens d’une maladie chronique : à Alès « espèce de phtisie des brebis; dépérissement des muriers », à Béziers, encore plus général marrano « épidémie », St-André « typhus », et languedocien marano s.f. « mite de fromage: le plus petit des insectes qui sont sensibles à la vue simple. On tue les mites du fromage avec de l’huile »(Sauvages1756). S’agit-il d’une « maladie » du fromage?. Alibert donne une autre forme avec un seul –r-: marane « maladie des bêtes à laine; marasme; épidémie; épizotie; clavelée; jaunisse des plantes; mite du fromage (copié de Sauvages ?). L’attestation donnée par le FEW pour le français marrane « maladie de langueur » dans Borel 1655 (p.514) a certainement un rapport avec le languedocien, dont il était un bon connaisseur, étant né à Castres.

Un visiteur me signale: « Dans l’Hérault, autour de Pézénas, Roujan, Neffiès, etc. le mot marrane, peut désigner le « mildiou de la vigne ». J’ai relevé l’expression « ai la marrana » qui peut se traduire, selon les circonstances par : « je couve la grippe », « je ne me sens pas d’attaque », ou encore « j’ai le cafard ».

Mai 2018  je reçois une nouvelle attestation de marrano  « maladie de la vigne »de lAude:

En cherchant « miquelet », je lis l’entrée « marrano », ce qui me transporte vers cette remarque de mon père concernant une chanson sur les maladies de la vigne : « « La cochylis és uno bèstio, un parpalhol, és uno garço que nous escano, chuco broutinhos, chuco rasins, chuco sulfato, chuco ço bou, e chuco tut, mè chuco pas la marrano, que nous esca-a-no ! ». (marrano peut-être dans le sens d’épidémie comme à Béziers… mais l’Aude, contrairement au Rhône n’a-t-il pas été une frontière linguistique intra-languedocienne ?

Attestations et attributions nouvelles.
  • Oves marranos par »maladie du charbon des ovins » ( charbon > noir, anthrax). Il est évident qu’il s’agit dans ce texte d’une maladie dangereuse pour les consommateurs, mais la traduction « du charbon » est basée sur le Trésor de Mistral.
  • Dans le DMF je trouve un autre mot : morille « Maladie (chez l’homme et l’animal) : » sorte de dysenterie provoquant de violentes coliques et pouvant entrainer la mort; cadavre », comme dérivé de Maurus « maure, noir » mais le FEW remarque qu’il faut le classer peut-être sous mori « mourir », comme le mot morine « maladie mortelle, épidémie, mort ».
  • J.-P. Chambon(1) est d’avis que le mot  morrono f. « dépérissement, langueur » attesté à Sévérac dans l’Aveyron, classé par le FEW s.v. mori et moráno « malchance » à Chavanat (Creuse), classé par le  FEW s.v. annus font partie des descendants de *mahram, parce que -a- prétonique >-o- est régulier dans ces deux endroits. Cette note est également à revoir suite à la découverte des oves marranos à Mirepoix.
  • Barcelonette marran « bouton recouvert de croûtes » et marrane s.m. « aspérités rondes qui recouvrent certaines ardoises » sont classés sous *mahram, mais le dauphinois marãn « pustule maligne », Queyras marant « plaie, ulcère », Barcelonette malan « idem; croute sur la tête des enfants »  dans l’article malandria « plaie, ulcère »(FEW VI/1,81a) en supposant une évolution malandria > *malandrum > maland, malan(t).  Il faudra au moins réunir les deux.
  • Marran « dur au travail ». Le FEW et Alibert rattachent à l’étymon mahram les sens « travailler dur », comme à Cahors morráno « ardent au travail », Saintonge maraner « travailler, peiner, frapper avec force; se fatiguer beaucoup »; marran « dur au travail » et marranar « travailler avec peine, avec vigueur ».  D’autre part dans l’article marra « houe de vigneron; sarcloir; grosse pioche » (FEW VI/1, 376b) je trouve marâ « piocher, avec la marre, travailler péniblement » (Forez), et en occitan, du Dauphiné jusque dans le Gers le même verbe marra(r) « houer, piocher, accomplir un travail dur », et dans le Cahors moronà avec le même sens. Le substantif marreneur « ouvrier qui laboure avec la marre » paraît même dans le dictionnaire de l’Académie de 1840. D’autres mots dans le DMF sous le lemme marreneur. Tous ces mots sont  à classer sous marra « houe de vigneron ».
  • Le mot de l’Aveyron marrána « vache difficle à traire » et d marran « se dit des bêtes et de gens qui, malgré la bonne nourriture ne peuvent engraisser » (Vienne) dans l’article *mahram sont à classer sous marr- « bélier », avec une douzaine de dérivés avec les sens : « entêté, borné, pousser de grands cris; plainte; paillard, débauché, etc », béarnais marranè, -re adj. « qui a mauvais caractère, bourru, bougon, opiniatre », subst. « opiniatreté ». ainsi que le verbe gascon marruná « grogner; au fig. ronchonner, récriminer » attesté dans l’Atlas linguistique de la Gascogne.

Pour le moment il convient de classer marranos « maladie des ovins » et toutes les variantes sémantiques, dans les volumes des Mots d’Origine Inconnue. Il faudrait avoir plus de renseignements sur le sens exact de marranus. De quelle maladie s’agit-il et quels sont ses symptomes? S’il s’agit à l’origine de la « maladie du charbon » (une maladie ovine très répandue en Languedoc) on pourrait penser à maurus « noir », puisque « L’infection cutanée [du charbon] est caractérisée par l’apparition de bosses prurigineuses semblables à des morsures d’insecte, suivie d’une ulcération et de la formation d’une escarre noire indolore. » (Source).

Une dernière étymologie, que je viens de trouver est le grec μαραινω qui  pourrait convenir du point de vue phonétique et surtout sémantique:

 

bru et picho bru

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Bru   « erica scoparia »  et  picho bru « callune vulgaris » (Pouzolz II,19-20). L’abbé de Sauvages (S1) l’écrit brus, brussës   au pluriel : « dont on fait des balais ou qui servent comme rameaux pour les vers-à-soie »  brussës de magnas.

Actualités: « terre de bruyère dans le tabac »:

E.RollandFlore populaire VII, 251
No comment!

 

    

De nombreuses formes dans Rolland Flore Populaire, VII, p.248-250; toponymes, onomastique, proverbes et dictons p. 250 ss.

L’étymologie est probablement un gaulois brūcus « bruyère », qui vient d’un ancien celtique *vroicos. (FEW suivi par TLF).  La racine simple n’a été conservée que dans le Midi, où  le dérivé brugiera  désigne un « champ couvert de bruyères », comme  en ancien français, mais très tôt ce  dérivé y désigne la plante seule.

Dérivés:  languedocien bruguiè  « taillis de bruyère à balai qu’on met en coupe réglée »; brugas  « lande couverte de bruyère » , brugassiè « habitant des bruyères » ou en Rouergue « pie-grièche ».

Une utilisation spéciale a donné le verbe brugar dans le Var « flamber l’extérieur d’un bateau avec de la bruyère »

Le nom vulgaire brémale donné par Pouzolz ci-dessus est mentionné dans le TLF s.v. brumaille²: Étymol. et Hist. 1548 brumalles (Chatelleraud, Arch. Vienne dans Gdf.); 1858, 23 mai bremaille (Article sur la terre de Chambord dans le Journal L’Union, cité par Jaub.); 1874 brumaille (Les Primes d’honneur, p. 365, Paris dans Littré); 1925 breumaille, supra. Mot dial. du Centre (Jaub. : brumâle, brumaille, bremâle, bremaille) et de la région de Blois (A. Thibault, Gloss. du pays blaisois : brumaille, bremaîlle) issu du croisement de bruyère* avec mâle*, lat. masculus (FEW t. 1, p. 558b), cette bruyère (bruyère à balais) étant celle qui prend les plus fortes dimensions (Jaub.).

Stephane Gendron, Les noms de lieux de l’Indre. Académie du Centre, 2004, p.160-161 signale ce nom comme toponyme:

Une  Villa Brugariae  est attestée dans le Gard  depuis 870.

D’après E.Rolland, Flore VII, p.215 et l’ALF Supplément le « rhododendron ferrugineum » s’appelle bruirasso, bruassa, brouàsa  dans le dép. des Hautes-Alpes.

En Gascon un  bruc  est un « cèpe, boletus edulis » , à Toulouse le bruguet  « sorte de champignon », mais je ne sais lequel??, languedocien brugassou  « agaric marbré »

En Italien 1. brugo ,  2 brughiera. En piemontais brùvéra.

Azaïs, Bulletin 1871, p.17  sur bremale

 

Lampourda "bardane"

Lampourda « bardane », Pouzolz. Le type lampourda  est limité au provençal et à  l’est-languedocien1. La première attestation de lampourde  en français et en  occitan vient d’Olivier de Serres, originaire de l’Ardèche, qui a introduit beaucoup de mots occitans  du domaine agricole en français.  Mais pour la langue française c’est un mot de dictionnaires, peu connu. Le TLF ne le donne même pas comme synonyme de « bardane ».

   petite bardane

La grande bardane possède des feuilles arrondies alors que la petite bardane (arctium minus) a des feuilles pointues.

Ci-dessous un extrait (la p.127)  des 15 pages que comprend l’article bardane   dans   RollandFlore (lien vers le site Plantuse)  vol.VII :

TLF  s.v. lampourde : plante des champs de la famille des Composées poussant au Sud de la France dans des endroits incultes et dont une espèce est nommée communément petite bardane. Lampourde épineuse; lampourde à grands fruits; lampourde glouteron (ou herbe aux écrouelles). La Lampourde donne sur un pédoncule floral deux graines (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 536).

Le TLF donne une version extrêmement raccourcie de l’article lappa « bardane » du  FEW2. Le latin  lappa « bardane »   a été conservé en ancien provençal et a été emprunté par le moyen français au XVIe s.  Les attestations dialectales viennent des parlers au sud de la Loire.

En plus du type lappa  nous trouvons de nombreux dérivés  dans les parlers occitans:
lapas, lapasse, alapas (S1, Valleraugue) , laparasso (Toulouse, Carcassonne) , naparasso  (Tarn), raparasso (Aude) , ancien provençal laporda, lampourdoun « gallium aparine » (Alpes Mar.) , lapourdie (Marseille) , lapuc (Gerrs) , nàpoul « capitule de bardane » (Averyon) et j’en passe.
A propos d’alapas  l’abbé de Sauvages  écrit en 1756 :
« … dont les larges feuilles servaient autrefois de masque aux Comédiens. Les Polissons jettent des têtes de Bardane  (dë Lampoûrdos ou  tiro-pêous)  sur les cheveux ou habits des passans, auwquels ces têtes se prenent facilement.
Pouzolz, dans le tome 2 de son Flore du département du Gard, p.2  écrit :
La forme des feuilles de la bardane ou les fruits sont à l’origine du transfert de lapas  à d’autres plantes; notamment au molène (RollandFloreVIII, p.148):alapàs (Alès et Castres), lopàs , olopàs (Aveyron),  lapaso  (Lozère). A Montpellier la  lapourda , lampourda  est la « Lampourde d’orient’ ou « xanthium strumarium ».
                 
molène                                                                          lampourde d’orient
Nous constatons de nouveau une très grande variété des noms d’une plante qui a priori n’a aucune valeur commerciale, et par conséquent ne sert que très peu dans la communication entre des personnes de  régions différentes. Pour moi c’est cette variété des parlers locaux ou régionaux qui est la grande richesse de l’occitan et le patrimoine qu’il faut défendre et conserver. L’unification des parlers occitans, qui semble être le but suprême de certains occitanistes, ferait disparaître cette richesse de la langue.
Pour montrer cette richesse des parlers galloromans, je joins le page onomasiologique(incomplète!) du FEW du concept « bardane », auquel manque les noms de la bardane d’origine inconnue. Bardane_FEWindex_onomas.
  1. Les données du Thesoc bardane, sont très incomplètes
  2. Prononc. : (lɑ ̃puʀd). Étymologie et Histoire 1600 (O. de Serres, Théâtre d’agriculture, L. 6, chap. 5, p. 614). Empr. au prov.lampourdo « bardane » (Mistral), var. de l’a. prov. laporda (xves. ds Levy (E.) Prov.), lui-même dér. de l’a. prov. lapa (Pt Levy (E.), lappa (mil. xives. ds Rayn.), du lat. lappa, même sens.

Tian "plat" et l'amnésie des étymol...

Tian « Le tian désigne, d’une part, un ustensile de cuisine traditionnel de la Provence, à l’origine un simple plat en terre ou maintenant en terre vernissée et en couleur, et d’autre part, une préparation culinaire typiquement comtadin et qui a été adopté par une grande partie de la Provence jusqu’à être aujourd’hui considéré comme une spécialité de la cuisine provençale« .
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Dans Wikipedia je trouve  aussi l’étymologie :

Paul Peyre, linguiste et étymologiste provençal, a mis en exergue la racine commune de tian, mot d’origine provençale, avec tajine, mot d’origine berbère désignant aussi le plat et le mets. On retrouve en effet une séquence consonantique t / i-j / n commune d’un côté et de l’autre de la Méditerranée2. Le Dictionnaire historique de la langue française – Le Robert d’Alain Rey indique lui que les mots tian et tajine sont des emprunts du français, l’un à ancien provençal, l’autre au berbère, « issu[s] du grec têganon […], « poêle à frire », « plat en terre », mot technique sans étymologie connue ».

et je me demande où Paul Peyre et Alain Rey ont trouvé cette étymologie. J’essaye de trouver Paul Peyre, mais à part l’histoire du mot tian, Google ne me fournit que des publications d’un Paul Peyre phytopharmacien. Je pense donc que Paul Peyre a trouvé cette étymologie dans  le Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey. Je clique sur le lien  de Wikipedia  et je vois que dans l’édition de 1993,  Alain Rey écrit:

Tian  n.m. , attesté  au XXe s. en français central et dès 1803  sous la forme  tion   dans une acception technique en fonderien est l’emprunt  d’un mot occitan déjà attesté en ancien provençal pour désigner un écuelle, un bassin de poterie, un plat de terre. Celui-ci est issu du grec  têganon  variante de  tagênon (forme étymologique) « poêle à frire », mot  technique sans étymologie connue.

Il ne fait pas le lien avec tajine.   Le TLF peut-être?

Étymol. et Hist. 1940 « plat provençal cuit dans un récipient de terre cuite » (L. Daudet, Qd vivait mon père, p. 105); 1948 « récipient de terre cuite (écuelle, plat) » ici, en partic. « écuelle dans laquelle on lave la vaisselle » (Cendrars, Bourlinguer, p. 283: [elle] entassait la vaisselle dans un tian, et versait de l’eau bouillante, lavait). Du gr. τ η ́ γ α ν ο ν, forme ionienne de τ α ́ γ η ν ο ν « poêle à cuire », par l’intermédiaire de l’a. prov. tian « écuelle sans oreille », à Marseille 1391 (An. Soc. Et. Prov., 4, 107 ds Levy (E.) Prov.); cf. le prov. mod. tian, tiam ds Mistral; de là aussi le fr. tion « caillou ou fer plat qui sert à tirer les crasses et les cendres du creuset ». Bbg. Germi (Cl.). Mots de Gap… Grenoble, 1985, p. 172.

C’est Madame Claudettes Germi, et Lucci V.  Mots de Gap. Les régionalismes du français parlé dans le Gapençais.  Grenoble, 1985, qui ont trouvé cette étymologie et le lien avec tajine.  Google a numérise ce livre et  malgré les droits d’auteur, on peut en consulter des extraits; pourquoi se gêner?

Enfin je trouve une source, c’est le FEW XIII/1, 152a. Mais toujours pas de lien avec tajineVoici l’article du FEW:

    

Aucune attestation à l’ouest du Rhône  mais les représentants de teganon sont assez fréquents en Italie.  Le renvoi du FEW à un article de Schuchardt « Es ist auch ins berber. eingedrungen. s. SchuchBerb. 57 1  n’a pas été numérisé mais  je continue de surfer et trouve  un texte qui a pu être lu par Schuchardt

Introduction historique et critique aux livres de l’A. et du N …, Volume 2  Par Jean-Baptiste Glaire Paris,1843 (= 2e edition)  p.329

La note 2 de Jean-Baptiste Glaire vient directement, comme indiqué par les guillemets,  du livre de Shaw : Voyages de Monsr. Shaw, M. D. dans plusieurs provinces de la …,  de la Barbarie et du Levant: contenant des observations geographiques, physiques, philologiques et melées sur les Royaumes d’Alger et de Tunis, sur la Syrie, l’Egypte et l’Arabie Petrée. Avec des cartes et des figures. Traduits de l’Anglois, Volume 1Volume 1,  Par Thomas Shaw;  Hate,1743, note d) pp.384-385. Ci dessous la partie de la p.385:

La double signification « plat, écuelle » et « contenu du plat »  était déjà connue des Grecs.

Sur le grec ταγηνον  voir le  Dictionnaire Etymologique de la langue grecque  par Pierre Chantraine (1968)

A propos de l’étymologie de  tajine le TLF écrit :

Empr. à l’ar.ṭāǧin, ṭāǧ ι ̄n « plat de terre qui ressemble à une poêle à frire; tout ce que l’on cuit ou rôtit dans cet ustensile » (Dozy t. 2, pp. 27-28), lui-même empr. au gr. τ α ́ γ η ν ο ν, τ η ́ γ α ν ο ν « poêle à frire » (K. Vollers ds Z. der deutschen Morgenländischen Gesellschaft, t. 51, p. 299; Lanly, loc. cit.; cf. également FEW t. 13, p. 152, s.v. teganon).

A l’époque de la parution de l’article teganon, (1965) le mot tajine  n’était pas encore dans les dictionnaires.

Le source de Paul Peyre ?

  1. ce qui veut dire : » le mot a aussi été emprunté par la langue berbère, voir  Schuchardt, Hugo,  Die romanschen Lehnwörter im Berberischen; Sitzungsberichte der philosophisch-historischen Klasse der Wissenschaften in Wien188, 4. Wien, 1918; p.57.

Mayrial, Marinade et Bellemaire

Bellemaire, au Mayrial, à la Marinade, à la Condamine, à Mirepoix .

Il y a quelques semaines la dormeuse a donné la description que voici:

Situé au-delà de Cariou, i. e. à l’ouest, sud-ouest du moulon, le hameau de Bellemaire, ou Bellemayre, s’étage sur la pente des collines qui bornent sur sa rive gauche le cours de l’Hers. Il doit sans doute son nom de Bellemaire, “belle maire” ou “belle mayre”, au caractère riverain de sa situation géographique, qui est ici celle de bord ensoleillé du “lit d’un fleuve”4, bord depuis lequel, abrité de ici de l’inondation, l’on jouit d’une “belle” vue sur les rives de l’Hers et sur la colline de Terride ainsi que sur le château du même nom. Au pied du hameau de Bellemaire, le lieu dit “La Marinade” se trouve, lui, plus directement riverain du territoire de divagation de l’Hers, ou, conformément à l’acception plus large du mot “maire, mayre”, plus directement riverain du “fossé principal qui reçoit l’eau de ruissellement des collines environnantes”5. A noter qu’au bord du cours actuel de l’Hers, on trouve au nord, nord, est de Mirepoix, le moulon du Mayrial, dont le nom renvoie lui aussi au sens de “rivage”. Bellemayre, La Marinade, le Mayrial -, ensemble les trois toponymes se souviennent des divagations qui furent au cours des âges celles d’une rivière connue pour l’amplitude de ses divagations et pour ses crues dangereuses, dont celle qui emporta en 1289 la première ville de Mirepoix.

Photo de la Dormeuse

Pégorier: maire, mayre  « lit ou source d’un fleuve » prov. et lang.

Etymologie : latin mater « mère », et « lit de rivière » à partir du Ier siècle.  Dans le domaine galloroman le sens « lit de rivière » est limité au provençal et  au languedocien, mais il a dû exister aussi en gascon, parce que le verbe desmayrà « déborder, sortir de son lit » est attesté en béarnais. Nous retrouvons le sens « lit de rivière » en catalan mare,  espagnol et portugais  madre.  Les rares attestations en moyen français viennent d’Olivier de Serres et de Cotgrave, connus pour leurs occitanismes.

Le rièu meirau, rec mâiral (S2) ou  la mayre del riu est « l’égout collecteur, fossé mère ».   La  mayre   est aussi la « source d’un cours d’eau ». Dans l’Aveyron un « endroit où se cache le poisson ».

Les 3 toponymes cités par la dormeuse : Mayrial, Marinade et Bellemaire  sont  bien occitans1, mais ils ne sont pas (encore?) attestés comme substantifs.

______________________________________

  1. Il y a des toponymes comme Bellemare   en Normandie, mais leur étymologie n’est pas la même

Clavelada "raie bouclée; potasse"

Clavelado « raia clavata » ou « raie bouclée » est l’espèce la plus importante de cette famille pour la pêche.  Etymologie :  clavelada  est dérivé de clavellus  « petit clou ». Une image explique le nom occitan et latin. Clavada  est attestée en provençal et languedocien, depuis 1373.

clavada

Il y a aussi le cendra clavelada.  « potasse d’une qualité supérieure tirée de la lie de vin séchée et calcinée à l’usage des teinturiers ». L’étymologie est la même, mais je n’ai pas trouvé d’images. L’attestation en ancien occitan senres claveladas , Albi 1200, précède celle de l’ancien français. 1280.

En feuilletant le Cartulaire de Mirepoix,p.233,  je vois qu’en 1343 à Mirepoix la cendre clavelée est lourdement  taxée:  2 deniers par quintal pour le vendeur, l’acheteur et le transporteur.  Cendres clavelées?  des cendres avec des clous?

Le TLF traduit « cendres gravelées »  comme  des « cendre faite de lie de vin ».  Gravelée  a remplacé un plus ancien clavelée  dérivé de clavel  « clou,  pointe »,  la surface semblant garnie de pointes, et me renvoie vers sa source,  le FEW t. 2, p. 758a et 759, note 3.

 

gravelée ou gravelle

Ce qui suit devrait intéresser les archéologues-chimistes.  Par contre si c’est l’histoire de la médecine qui vous intéresse, il faut suivre le lien vers  Bertrand de Gordon (Wiki)  et son  Lilium Medicinae (Gallica) qui utilise la cendre de claveleure.

L’Encyclopédie de Diderot me renseigne:

CENDRES GRAVELEES, (Chimie) elles se font avec de la lie de vin : voici suivant M. Lemery la façon dont on s’y prend. Les Vinaigriers séparent par expression la partie la plus liquide de la lie de vin, dont ils se servent pour faire le vinaigre ; du marc qui leur reste, ils forment des pains ou gâteaux qu’ils font sécher, cette lie ainsi séchée se nomme gravelle ou gravelée : ils la brûlent ou calcinent à feu découvert dans des creux qu’ils font en terre, & pour lors on lui donne le nom de cendres gravelées. Pour qu’elles soient bonnes, elles doivent être d’un blanc verdâtre, en morceaux, avoir été nouvellement faites, & être d’un goût fort acre & fort caustique. L’on s’en sert dans les teintures pour préparer les laines ou les étoffes à recevoir la couleur qu’on veut leur donner. Voyez TEINTURE. On les employe aussi à cause de leur causticité dans la composition de la pierre à cautere, qui se fait avec une partie de chaux vive, & deux parties de cendres gravelées. Voyez CAUTERE.

cendres gravelées

Potasse calcinée

Dans le Nord où le bois est fort abondant on en brûle exprès ainsi que beaucoup déplantes pour retirer de leurs cendres un alkali assez fort mais très impur que l on nomme Potasse Voyez ce mot Cet alkali est toujours très phlogistiqué & contient beaucoup des matières salines étrangères dont on a parlé On emploie la potasse aux usages dont nous venons de parler les Teinturiers s en servent aussi dans quelques unes de leurs opérations On peut purifier le sel de la potasse par les moyens dont on vient de parler & en faire un assez bon alkali Le marc & la lie de vin desséchée que l on nomme gravelle étant brûlés laissent une cendre très riche en sel alkali que l on appelle cendre gravelée Cet alkali est non seulement fort abondant mais encore lorsque les matières qui le fournissent font brûlées proprement & avec attention il est le plus pur de tous ceux qui font dans le commerce s il contient du fer c est en quantité insensible & il est naturellement exempt du mélange des sels étrangers Aussi les teinturiers & autres manufacturiers dont les opérations exigent un alkali pur préfèrent la cendre gravelée aux autres cendres alkalines (Source)

 

 

Tielle sétoise

Tielle sétoise, tiella di Gaète

tiella di Gaète   Tielle sétoise

 Tiella di Gaète                                   Tielle sétoise

  Etymologie : napolitain tièlla s.f.  « couvercle » du latin tegilium  diminutif de tĕgīlĕ « petite couverture ».  (Dictionnaire étymologique du napolitain). D’après Wikipedia :

La tielle a été importée de Gaète en Italie à Sète par les immigrés italiens au XVIIIe siècle. Adrienne Virduci (18961962) fut la première à commercialiser la tielle, à partir de 1937. Trois de ses six enfants héritent de la recette et du savoir-faire. La tielle traditionnelle est aujourd’hui fabriquée et commercialisée par ses petits-enfants.

Mais il n’y a pas de références pour le XVIIIe siècle et je n’en ai pas trouvé.  Dans un autre site l’auteur raconte que la tielle de Gaeta, a été introduite par les soldats espagnols aux XVIe-XVIIe siècles:

L’histoire de la tielle commence à Borgo de Gaeta, un petit village de pêcheurs au nord de Naples, à l’époque de la domination espagnole. Les autochtones remarquèrent que les soldats espagnols fabriquaient une sorte de pizza assez comparable à la leur, mais avec un couvercle : ce qui évitait à la garniture de se dessécher. S’inspirant de cette façon, ils innovèrent en se servant d’un moule appelé « téglia » devenu « tielle » en français. Trois siècles plus tard, les Italiens du Mezzogiorno débarquèrent à Sète avec dans leurs bagages la tielle de Gaète.

La tielle s’appelait bien sûr tiella à Gaete, la forme espagnole,  et non pas teglia, la forme italienne.  Naples faisait partie du royaume espagnol au XVIe-XVIIe siècle.  Pour aller plus loin  il faudra faire des recherches sur ces « pizzas  espagnoles », qui  ont peut-être déjà un nom dérivé de tegilium..

Selon un cuistot napolitain (Gaète se trouve près de Naples) :

 tielle è il plurale di tiella, propriamente il tegame, la padella, la teglia in cui o si frigge in olio basso, sugna etc. o si preparano i fondi per non troppo elaborati sughi piuttosto veloci;

 

Arapède ‘mollusque du genre patella’

Arapède « mollusque du genre patella » . L’attestation occitane le plus ancienne (1560)  vient de Conrad Gesner, Nomenclator aquatilium animantium p.223 :

lapedo alapedeIl spécifie que « chez nous » est près de Montpellier.

arapède

Le TLF suit le FEW V,257  et  donne l’étymologie suivante:

Empr. au prov. mod. alapedo, arapedo « genre de mollusques qui s’attache aux rochers » (Mistral t. 1 1879), lui-même issu du lat. lĕpas lepădis « patelle » (gr. λ ε π α ́ ς, -α ́ δ ο ς « id. ») (Plaute, Rud., 2, 1, 8 ds Forc. t. 1 1864-1926) avec infl. du lat. lappa « bardane » pour le changement de la voyelle du rad. -e- > -a- et le doublement du -p- > -pp- (cf. infr. availlon « id. », Palissy ds Gdf.); le rapprochement avec lappe est prob. dû à l’analogie entre le mollusque attaché à son rocher et la bardane qui s’attache aux vêtements (Barbier ds R. Lang. rom. t. 51, no1, p. 276).

Comme influence je vois plutôt le verbe arrapar  « saisir », d’autant plus que  Villeneuve-Bargemont (Christophe, comte de) dans sa  Statistique du département des Bouches-du-Rhône, écrit d’après Rolland Faune t.3 p. 192

et le nom de la bardane ou gratteron arrapoman. En plus les arapèdes  s’attachent au rocher avec les pede  « pieds ».  A Marseille, dans le 8e arrondissement , il y a la Rue des Arapèdes.  Ce nom y est aussi  employé au figuré:

L’arapède est un mollusque bien connu à Marseille au sens propre comme au sens figuré. Il est difficile à arracher de la paroi sur laquelle il est accroché et traiter quelqu’un d’arapède c’est lui reprocher de coller d’un peu trop près.

L’emploi au figuré à Marseille montre qu’en tout cas l’étymologie populaire marseillaise  rattache arapède  à  arrapar.

D’après le DG CCRF il y a trois espèces de mollusques qui ont le droit d’utiliser le nom commercial arapède:
Crepipatella spp  arapède du pacifique
Patella caerulea  patelle ou arapède
Patella rustica  patelle ou arapède