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Gram, agram "chiendent"

Gram, agram, grame « chiendent » vient du latin gramen1.  Dans le Gard et la Vaucluse nous trouvons le dérivé gramenas  (cf. le Thesoc) .

Le nom garan, garame, garamp  a pris le sens « corde, ficelle »  à l’est du Rhône, probablement parce que les racines du chiendent ressemblent à des cordes. La même formation se retrouve en suisse-allemand  schnurgras  littéralement « herbe à corde ». A Barcelonnette  on se servait d’une corde pour châtrer des animaux  gramar.

La première attestation en ancien occitan date du XIVe siècle.  Solerius  écrit en 1549  que les Dauphinois, les Provençaux et les Gascons ont gardé le noms latin et que les Gaulois l’appellent « dent à chien » :Gramo  et gramenas  se trouvent aussi comme toponymes. Gran, gro   « terre inculte » dans le Quiberon. Voir Pégorier.

Alibert considère  grambòt « détritus végétaux que le mer rejette » et « court-bouton en forme de coin » comme des dérivés de gramp.  Surtout le second sens est difficile à expliquer.

 

 

  1. La répartition géographique, Italie, Catalogne, Espagne, Portugal,  Corse, et le domaine occitan, permet de supposer que le sens « chiendent » a déjà existé en latin

Rabas, rabasso "truffe"

Rabas, rabasso « truffe », rabassier « ramasseur de truffes ». L’étymologie est le latin rapum « rave » + suffixe –acea.

rabassié

rabassié

Dans la bas-dauphinois, à Grenoble, en provençal,  en est-languedocien  et en Dordogne rabaso, rabasso  désigne la » truffe », un rabasié  est un chercheur de truffes; celui qui conduit les porcs à la recherche des truffes ».  En dehors du domaine des chercheurs de truffes rabas  a gardé des significations plus proches de son étymon rapum « rave », comme par exemple « racine d’un arbre, souche ».   En Ariège un rabasié  est une « houe pour le vigneron »; l’adjectif languedocien rabassot signifie « courtaud, trapu » (S2), rabasset à Marseille

Rabassa  est attesté en ancien occitan dans le département de l’Aude et les environs  avec le sens « réséda des teinturiers », ce qui est expliqué par von Wartburg1 par le fait que  les feuilles de cette réséda ne sont pas coupées mais vendues  avec la racine. Cette réséda est souvent confondue avec la gaude  « le pastel« . Voir cet article sur le pays de Cocagne. Pourtant la gaude, « guède » en français est une plante herbacée (Crucifères) à petites fleurs jaunes et dont les feuilles étaient utilisées en teinturerie jusqu’au xixe siècle pour leur matière colorante bleu foncé. RollandFlore ne donne qu’une seule fois rabassa  comme nom populaire de cette réséda.

réséda des teinturiers   

Rabas « truffe » est un homonyme de rabas  « blaireau ».

Si vous voulez savoir plus sur l’histoire des rabassaires catalans, dont le nom a la même étymologie, il vous faudra googler…

  1.  FEW X, 74 n24

Brouffade, broufado

Broufade ou brouffade du provençal broufado d’après Wikipedia. Dans les Additions au second volume de son Trésor1, Mistral nous renseigne:

Vous trouverez de nombreuses recettes sur le web.

Mistral connaît un verbe broufa :

Il semble que le plat revient à la mode. En tout cas ma femme a récemment trouvé une recette dans une revue locale, avec le titre ‘Broufade du Gard » et elle me l’a servi à midi. Voulait-elle que je m’ébroue ou que je broufe lou rire?

Le lien sémantique entre le verbe broufar  et la broufade  n’est pas évident.  Broufado  se trouve dans le FEW  avec le français brifer « manger goulument » et l’occitan bifra dans l’article brf-   une onomatopée dont nous trouvons des représentants avec le sens « manger gloutonnement » et « souffler, s’ébrouer, mugir ». Le premier avec la voyelle -i-  et le second avec la voyelle –ou-.  Quand la broufado est bien faite, les deux sens  contribuent à expliquer son nom.

  1. Vol.2,p.1155

Avelano "noisette"

ShareAvelano « noisette ». Avelano et le nom de l’arbre avelanièr, ainsi que avelanada « noiseraie »  sont pratiquement panoccitan[Pourla répartition géographique et la prononciation voir le Thesoc s.v. noisette]. L’étymologie est l’adjectif latin  nux abellana ce qui voulait dire « noix qui vient de la région d’Abella », une ville de la Campana près de Naples, Avella (Av) en italien moderne, où cette culture est toujours très importante.

Il n’y a pas que de vieilles pierres et  des noisettes dans l’Avella  de 2013:

Le type avelana  se trouve en franco-provençal et en occitan au sud d’une ligne qui va de l’embouchure de la Garonne au lac de Neuchâtel en Suisse. En franco-provençal nous trouvons souvent le type alagne, alogna  qui vient d’un dérivé *abellanea  , souvent avec  un sens collectif.

A partir du XVIe siècle on trouve une forme avec changement de suffixe aveline  dans des textes en  moyen français, probablement empruntée au latin tardif abellina.  Le type avelana  se retrouve en italien, catalan, espagnol et portugais. Voir les index de ces langues dans la catégorie « L’Occitan et … »

De nombreux toponymes sont formés à partir d’avelano, abelano.  Voir le Pégorier.

 

Pelous "bogue de la châtaigne"

Pelous « bogue de la châtaigne » est un dérivé de pèl « peau ».     L’étymologie est le  latin pĕllis « peau » devenu pel en languedocien, pèu en provençal, pet en gascon.  La forme pelous  est limitée à la l’ouest du département du Gard (Ales, Valleraugue, St-Jean du Gard), et une attestation dans l’Aveyron et une dans  la Lozère.  Ailleurs c’est la forme pelou, peloun  qui domine.  L’aspect poilu  de la bogue a dû attirer  peloun dans la sphère de pilosus « poilu », ce qui explique le -s final. L’abbé de Sauvages  écrit qu’il faut dire pelous et non pas pelon qui est un barbarisme ni hérisson. (S1). Pourtant le type pelon est très répandu ; jusqu’en angevin, poitevin et saintongeais FEW.

La Fare d’AlaisLas Castagnados,  nous fournit d’autres dérivés :

Je pense que La Fare-Alais a inventé le dernier pour des besoins poétiques1. Mistral mentionne le mot peloufassié « chataignier » pour le languedocien, dérivé de pelofo  « pelure, écorce, peau de raisin, cosse ».

Il y a eu beaucoup de rapprochements entre les  dérivés de pellis « peau »  et les dérivés de pilus  » poil ».   Peler peut signifier « arracher les poils » et « enlever la peau ». Le TLF parle même d’ étymologie secondaire.

La Pelegrino est mentionnée dans la liste des variétés de châtaignes qui existaient, dans les Cévennes, au début du XIXe siècle. Voir mon article Castagnes et marrons.

PELEGRINO la meilleure moyenne partout moyenne très productive. Bonne qualité de bois, feuilles d’un vert foncé pliées en goutière
  1. D’après les données du FEW cette attestation est unique

Autan, aouta ‘vent du sud-est’

La dormeuse de Mirepoix écrit que dans sa région d’auta  désigne « la direction de l’est sur les cartes, plans, compoix de l’Ancien Régime ». Pourtant dans la grande majorité des attestations  l’autan, ven d’autan  est le vent du sud-est ou du sud.  Notamment dans le département de l’Ariège règne une grande confusion en ce qui concerne la direction indiquée par le terme d’autan.

D’après Amilia Barthelemy1 (1673) de Pamiers auta c’est le vent du sud. Le témoin de Saverdun fournit le même sens à l’enquêteur de l’ALF au début du XXe siècle.  Dans d’autres villages c’est comme l’écrit la dormeuse le vent d’est, sens qu’on retrouve par exemple dans les Deux-Sèvres, la Haute Vienne et à Saintes. A Crampagna, un peu au sud de Pamiers, le point 783 de l’ALF, le témoin de l’ALF a dit que l’autà  était le vent du nord-ouest et il n’est pas le seul à donner cette définition.

La forme aouto, auta  avec l’accent sur la première syllabe est une formation régressive, altanus réduit à  *alta.

Le sens de l’origine de autan  le latin altanus « vent qui souffle de la haute mer » a dû rester présent dans l’esprit des gens ». Dans les premières attestations de Toulouse et de Montpellier en ancien occitan ,  altan  signifie « drection du sud-est ou de la mer ».

Le mot a été prêté au français au XVIe siècle avec le sens languedocien « vent du sud-est ». Le mot est inconnu à l’est du Rhône.

 

carte météo France vent-situation-autan-marin

  1. Barthélémy Amilia (16.. ; † 29 septembre 1673), chanoine régulier de Saint-Augustin, vicaire général, archiprêtre de la cathédrale de Pamiers, prédicateur, auteur du  texte et de la musique de cantiques célèbres. Cf. Le tableu de la bido del parfet crestia en bersses, que represento l’Exercici de la fe acoumpaignado de Las bounos obros, de Las pregarios ; Del boun usatje des sacrements ; de l’Eloignomen del pecat, et de Las oucasius que nous y poden pourta. J’ai copié ce lien d’un article de la dormeuse Note sur les cloches de l’église Saint Volusien à Foix dans lequel elle cite un très gracieux couplet d’Amilia:

    Montgauzi, mount gaujous, ô Terro de Proumesso !
    Tu qu’es le randebous de touto la jouenesso,
    Que tout chrestia de len, e les que soun al tour,
    Y fourrupen le lait de la Maire d’Amour. »

garapot "galipot"

Garapot « galipot,  une résine liquide, extraite par incision du pin maritime, solidifiée à l’air.  » (TLF). La garapot  est utilisée pour goudronner des bouteilles et dans la marine pour protéger de l’eau de mer certaines pièces des bateaux. En occitan comme en français le nom garipot est aussi transféré à l’arbre

Le mot français a été emprunté à l’occitan guarapot « mastic résineux » attesté dans le Cantal en 1380. Le galipot est produit dans le département des Landes et il s’est répandu en France et dans la péninsule ibérique grâce au commerce. Il est même passé en allemand. L’origine de garapot est inconnue.

Sanguio 'vase pour traire'

Sanguio « seau, vase pour traire » est un mot plutôt gascon, qui se retrouve dans les parlers aragonais  et en basque  šantša « petit vase pour traire ». L’origine remonte à la  nuit des temps. C’est G. Rohlfs qui a proposé une racine pré-indo-européenne *sandika.1

Mistral mentionne les deux formes   sanguio  pour les Pyrénées  et sancho pour le Bearn.

En franco-provençal la sanguio est appelé seille. Cette photo vient de la  base de données lexicographiques panfrançophone  Une découverte importante pour  moi.  Allez y faire un tour et regarder les résultats pour le mot  seille.

La Base de données lexicographiques panfrancophone (BDLP) est un projet d’envergure internationale qui s’inscrit dans l’entreprise du Trésor des vocabulaires français, lancée par le professeur Bernard Quemada dans les années 1980. La BDLP est actuellement en voie de réalisation pour les pays et régions figurant ci-dessus, mais d’autres équipes se préparent à s’y associer. L’objectif est de constituer et de regrouper des bases représentatives du français de chacun des pays et de chacune des régions de la francophonie.

  1. Pour tout savoir sur les noms des seaux, vases, cruches dans les langues romanes, suivez ce lien vers l’étude  de Walter Hebelsen de 1921