Trenco ‘pioche’. le 28 juin 1914
Tranchée, anglais trenche.
Lisez l’article consacré à la Grande Guerre dans le New York Times.
Tranchée, anglais trenche.
Lisez l’article consacré à la Grande Guerre dans le New York Times.
Seda« soie » vient du latin saeta qui désigne en latin classique le « poil de chevaux ou de porc » > « soie de porc, chevaux ». C’est ce mot qui a été adopté pour désigner la soie « tissu » dans toutes les langues romanes, à l’exception du roumain : italien seta, espagnol, catalan et portugais seda'(1.) . Saeta « soie » est aussi à l’origine du mot allemand Seide et du néerlandais zijde.
En latin classique la soie s’appelait serica. Le remplacement par saeta, seta a dû se produire assez tôt. La serica « soie (tissu) » importée de Chine ‘a été introduite à Rome à l’époque d’Auguste ( 63 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.) et elle n’est jamais devenue très populaire vu son prix élevé. Avec le recul de la mondialisation au début de Moyen Age et l’arrêt total de l’importation des produits chinois ( Qui a proposé cela récemment ?) le mot populaire saeta « soie » s’est imposé et serica a servi à désigner des produits grossiers ou de mauvaise qualité: la sarga. Voir l’article sarga sur l’origine de la soie provenant d’une « terra incognita« . Serica est peut-être d’origine chinoise ! Douglas Harper écrit à propos de silk, mot qui a suit une autre route:
Chinese si « silk, » Manchurian sirghe, Mongolian sirkek have been compared to this and the people name in Greek might be a rendering via Mongolian of the Chinese word for « silk, » but this is uncertain.
La sériciculture a été introduite en Occident au VIe siècle. La production de la soie était jalousement tenue secret. Il semble que le début de la sériciculture date de 552, quand des moines, agents (secrets?) de Byzance ont sorti des graines de vers à soie et des feuilles de murier de la Chine en contrebande. Il y des légendes sur cette contrebande.
Pendant une certaine période on a fait une distinction entre la serica « la soie importée » et la saeta « la soie fabriquée sur place ».
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1.Le sens « soie de porc » est exprimé par bristle en anglais, Borsten en allemand, cerdas en espagnol et portugais.
Trinquo forta, trinca forta (Raymond Jourdan, Montagnac) « pioche ouverte à angle de 75° à 85°, pesant 2 à 4 kg.
Etymologie : voir FEW XIII/2, 278a *trincare « diviser en trois » . Aveyron trinqua « biner une terre » A la page suivante du FEW un grand nombre d’attestations surtout de l’occitan de trenca « pioche, houe » etc. principalement dans le domaine languedocien. Voir aussi le Thesoc s.v. houe
Lisez l’article arpa de rompuda sur le travail pénible du défoncement d’une vigne avant 1914.
Tranchée, anglais trenche.
Lisez l’article consacré à la Grande Guerre dans le New York Times.
Arpa de rompeuda « trident çà angle de 75 à 85°, pesant de 2 à 4 kg » (Raymond Jourdan, Montagnac) fait partie de la famille de mots harpe « faucille ; griffe », que le latin a emprunté au grec άρπη avec ces deux sens. La plus ancienne attestation en galloroman vient de l’ancien occitan arpa « griffe d’un animal » (14e s.). Il y a de nombreuses attestations dans tout le domaine occitan, de Die jusqu’en Béarn. H.Schook (Die) donne arpa « griffe », arpic « griffe, croc de bûcheron », arpic de pola « clavaire (champignon) » et arpion « orteil (familier) ». L’abbé de Sauvages : arpatëjha « marcher en tâtonnant » et arpiou « ongle d’oiseau » dérivé de arpo « griffe » (S2, p.50). Voir les nombreuses attestations dans le Thesoc s.v. griffe ; et FEW IV, 385-388,
Arpa « outil agricole » est aussi très répandu en catalan et en espagnol. La graphie Harpa de rompuda de Raymond Jourdan montre que pour lui l’arpa a quelque chose d’un instrument de musique ( comme pour Alibert qui donne germanique Harpa comme étymologie).
Dans Culture de la vigne en Languedoc Raymond Jourdan[note1.] donne une description détaillée de sa Création d’un vignoble. Le premier paragraphe est consacré au défoncement:
Le défoncement : appelé aussi le charruage, en occitan « roumpre ». Avant 1914, avec une pioche « trinqua forta » ou un trident « harpa de rompuda » (a=o].
Travail pénible et très long fait en « collas », groupe de plusieurs salariés agricoles : brassiers et journaliers. Le défoncement, ou « rompuda » consiste à labourer profondément (40 à 60 cm) pour installer une vigne nouvelle ou « mayol« .
Après 1914, la rompudo se fait avec des chevaux 2,4 ou 6 et une grosse charrue à versoir et à mancherons.
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1.J’utilise la graphie de Raymond lui-même. Il a écrit ce texte en 1978. Ce sont ses souvenirs du début du 20e siècle. Son fils Gérard Jourdan a eu la gentillesse de me faire parvenir ce texte que j’ai lu comme un roman, avec la transcription dite classique, moins proche de la prononciation.]
Mesadié, mesadiè, mesadiero, mesadieiro adj. est subst. « mensuel, homme ou femme qui se loue au mois » appelé aussi mesaire d’après Mistral. Dérivé de mesado « durée d’un mois » ensuite aussi « salaire ou loyer d’un mois » synonyme de lunessado.
Mesado est dérivé du latin mensis« mois ». La première attestation en ancien occitan date de 1548. Voir le FEW 6/1, p.714b. (lien direct; voir aussi les notes 17 à 20) )
Raymond Jourdan de Montagnac (1976) donne une définition plus précise en ce qui concerne le mesadier dans le travail de la vigne: « »Ouvrier payé au mois, nourri, menant les bêtes ».
A Alès on embauchait des ouvriers supplémentaires pour l’éducation des vers à soie (note 19 du FEW).
Garaoubo « vesce cultivée », vient de l’arabe harruba « fruit du caroubier ». Le caroubier est indigène dans l’est du bassin méditerranéen et il a été introduit dans l’ouest par les Arabes. De là le nom d’origine arabe en italien carruba, catalan, espagnol portugais et occitan carrobi ou caróubio en languedocien.
La ressemblance des fruits du caroubier avec les fruits d’autres plantes a abouti à un transfert du nom : garrobe, garoube « vesce cultivée » dans le Poitou, la Saintonge, la Vendée, le Périgord. Il y a peu d’attestations de ce transfert en provençal ou languedocien. Mistral connait garaubo « orobe ». Il s’agit probablement d’un mot-témoin du domaine de l’occitan qui s’étendait jusqu’à l’embouchure de la Loire.
Images ci-dessous : orobe caroube vesce cultivée
Ci-dessous les liens directs vers la page du FEW et vers l’article du TLF.
Engano, lenagano ‘salicorne’ Mistral dans son Trésor:
L’ansérine ligneuse mentionnée par Mistral, fait partie du même groupe de plantes1 qui servent à faire la soude pour la fabrication du verre. Voir à ce propos mon article sansouïro ‘salicor’.
Le mot engano se trouve dans le FEW seulement parmi les noms de minéraux d’origine inconnue, avec le sens « sorte de soude ». L’auteur n’a pas mis le lien avec la salicorne, qui sert à fabriquer la soude.
Mistral suggère l’étymologie laguna, mais laguna est un emprunt du XVIe siècle à l’italien . Je penche plutôt pour une origine gauloise, *wadana « eau » qui a donné une grande famille de mots, dont, l’ancien occitan gana « sentiers fangeux ». La salicorne poussant en bord de mer, souvent marécageux, pourrait bien avoir reçu le nom du terrain où l’on la trouve.
Mais comme je n’ai pas d’autres attestations de engano, lengano que ceux de Mistral et de Rolland, cette histoire reste à compléter.
Saussola « pain trempé dans du vin, du café, etc.’ est dérivé du latin salsus « salé », attesté à Clermon-l’Hérault et à Pézenas, chouchoule à Bayonne. Suite à mon article sansouïro, où je parle du mot salsola « salicorne « , Gérard Jourdan, fidèle et précieux commentateur de mes articles, m’écrit :
Bonsoir Robert,
j’ai lu avec plaisir, et un peu de nostalgie, cet article sur la salicorne avec l’indication du terme « sausola »
Quand j’étais gamin, à Montagnac (34), donc tout proche de Pézénas et de Clermont-l’Hérault, ma mère me préparait, souvent le jeudi quand je rentrais de travailler à la vigne avec mon père, un bol rempli d’eau fraîche, avec du vin rouge et quelques morceaux de sucre ; j’y trempais une ou deux tartines de pain et c’était un plaisir rafraîchissant incomparable ; peut-être que certains, plus riches, y trempaient des biscuits, mais il n’y en avait pas chez nous.
J’appelais ça « faire saussole ».
j’ai trouvé, sur un site de Cessenon, l’indication suivante :
« Léon Cordes raconte que les habitants de Minerve, en 1907, manifestèrent sous la pancarte:
Avèm de vin, mas cal de pan per far saussòla.
Le petit livre de Minerve, Lodève, 1974, p. 24.