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Robert Geuljans le 13 Juil 2011 dans
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Ase s.m. « ùne » du latin asinus. Les deux fomes latines asinus ou asilus se retrouvent dans presque toutes les langues europĂ©ennes. Voir Ă ce propos par exemple le dictionnaire allemand des frĂšres Grimm.Â
L’anglais ass « bĂȘte de somme », probablement par l’ancien celte *as(s)in « ùne », dans les composĂ©s asshead « tĂȘte d’Ăąne » = « personne stupide; jackass « personne stupide » vient Ă©galement du latin asinus.. Ne pas confondre avec ass « cul » qui vient d’un prononciation rĂ©gionale de arse. !! A propos de l’Ă©lĂ©ment jack- qui vient du français Jacques, cf.l’article Jacouti . Allemand Esel et nĂ©erlandais ezel « ùne; chevalet » (> anglais easel « chevalet).
Un Ăąne Ă la recherche d’ amourous d’ase ou de pam blan d’ase pour se farci l’ase ?
La forme ase s’est maintenue dans le languedocien et le catalan. En provençal il y a eu une Ă©volution ase > ay attestĂ©e depuis 1530.Voir pĂšbre d’aĂŻ. Dans les patois de la langue d’oĂŻl, le franco-provençal et le nord-occitan on ne trouve que la forme asne devenu Ăąne.
L’Ăąne jouait un rĂŽle trĂšs important dans la vie de tous les jours. De nombreux sens se sont dĂ©veloppĂ©s par mĂ©taphore ou mĂ©tonymie. Pour ceux qui s’y intĂ©ressent je ne peux que renvoyer au FEW vol.25, pp.437-457 (en français !). Je me contente de donner ici quelques expressions et mĂ©taphores languedociennes puisĂ©es dans la documentation extrĂȘmement riche du FEW.
Lhomme pense qu’un Ăąne est stupide : bĂšstio coumoun ase ; AlĂšs ase « sot, ignorant, imbĂ©cile, butor » asnas  « grosse tĂȘte (au fig.) »  ; en LozĂšre asenå » faire l’Ăąne » ( voir aussi mon article viĂ© d’ase ) et obstinĂ©Â : Gard testo dase  » tĂȘte dure ».
Un visiteur m’envoie les renseignements suivants sur l‘ase de Basacle;
le Basacle, lieu situĂ© sur la Garonne Ă Toulouse. (Wikipedia) et fameux par son moulin mĂ» par les eaux du fleuve. Alasan de Basacle, alezan du moulin, un Ăąne (Jean DOUJAT, Dictiounari moundi, 1638, rĂ©imp. Toulouse, 1895, 242 pages ; p. 298). Rossin del Basacle, Ăąne (G. VISNER, Dictiounari moundi, 1638, rĂ©imp. Toulouse, 1895, 242 pages ; p. 212). Es un ase del Basacle, c’est un crĂ©tin qui ne comprend rien. Es estudiant al Basacle, c’est un garçon meunier, un Ăąne, un ouvrier posant pour l’Ă©colier, etc. Enfin, mĂČl pas tant qu’al Basacle, il n’y a pas tant de travail que ça – on n’y moud pas autant qu’au B. (G. VISNER, Id., p. 36). Que s’enane al Basacle, qu’il s’en aille paĂźtre 119.I.238. Trimar coma l’ase dal Basacle, travailler dur comme l’Ăąne du B. (A. MIR, Glossaire des comparaisons populaires du Narbonnais et du Carcassez, 1882, rĂ©Ă©d. Carcassonne, GARAE, 1984, XV + 133 pages ; p. 18). AquĂČ sembla lo Basacle, c’est une cohue, un bruit Ă©tourdissant. Veja aquĂ tot son basacle, voilĂ tout son mobilier. N’i a un basacle, il y en a une grande quantitĂ©. (AbbĂ© VAYSSIER, Dictionnaire Patois-Français du dĂ©partement de l’Aveyron, Rodez, SociĂ©tĂ© des Lettres, Sciences et Arts de l’Aveyron, 1879, 656 + XLIII pages ; p. 44). Ce moulin disparut dans un incendie en 1814.
Mounta sus l’ase « chevaucher l’Ăąne » par contre est ridicule :  « cĂ©rmonie infamante qui consiste Ă monter une personne sur un Ăąne, la figure tournĂ©e vers la croupe et tenant la queue dans les mains en guise de bride ce qui se faisait surtout pour des maris battus par leur femme! Cette cĂ©rmonie s’appelait asenado.
Sagit-il dune vieille tradition romaine ? Ci-dessus une mosaïque de Meknes au Maroc (de quel siÚcle?.)
Pour « remettre Ă sa place » les membres d’un couple, les villageois n’hĂ©sitaient pas promener le mari sur un Ăąne, placĂ© Ă l’envers, comme le rappelle R.M. Lacuve ou Jol Thezard, le tout avec force bruit et commentaires. Un autre site
Corre l’ase. Un visiteur m’envoie ses notes trĂšs documentĂ©es sur une tradition du Lauraguais, corre l’ase: « A Castelnaudary nous constaterons, depuis le XVIe siĂšcle, la fĂȘte du Corre-l’ase qui s’est perpĂ©tuĂ©e presque sans interruption jusqu’en 1870. Le Corre-l’ase avait lieu le jour du Mardi gras. On promenait sur un Ăąne un mannequin de paille que l’on brĂ»lait, le lendemain… Jusqu’en 1870, les organisateurs de la fĂȘte du Corre-l’ase formaient une confrĂ©rie parfaitement organisĂ©e… L’usage des Corre-l’ase Ă©tait trĂšs rĂ©pandu dans le Lauraguais ». 99.10. « …divertissement en usage le jour du mardi gras appelĂ© corre l’ase, quand un mari se laisse maltraiter par sa femme » Revue Folklore, Carcassonne,1971.2. n° 142, p. 12, RenĂ© NELLI, L’essai historique de Castelnaudary de Jacques de Gauzy (1780) ; Cf. idem, 1949.4. n° 57, p. 77, AndrĂ© AZAĂS, SociĂ©tĂ© asinienne Ă Castelnaudary en 1867 ; Ibid., 1950.1. n° 57, pp. 13-17, H. AJAC, Courses de l’Ăąne en Lauragais, Exemples pour 1680 et 1775 au quartier de la Baffe, Ă Castelnaudary.
« A TOULOUSE les Corre-l’ase firent fureur ; Vestrepain, dans la premiĂšre moitiĂ© de ce siĂšcle [le XIXe], Ă©crivit souvent des chansons de Corre-l’ase« . (JOURDANNE Gaston, Contribution au Folk-Lore de l’Aude, deux tomes 1899 et 1900, rĂ©Ă©d., Paris, Maisonneuve et Larose, 1973, 243 pages ; p. 10, note 2. Cf. Cansou al suchet dâun courri dâazi, in-8°, Toulouse, 1828).
LECTOURE (Gers).
Lo carnaval es prĂČche. (Le carnaval est proche.)
Lo jorn de dimarts gras, (Le jour du mardi gras, )
Julherac, Julheraca, (Jullierac, femme Jullierac,)
L’ase que correrĂ … (L’Ăąne courra… )
(Jean-François BLADĂ, PoĂ©sies populaires de la Gascogne, Paris, Maisonneuve, 1881-1882, II.288-294. Cançon de Brenada.)
OS-MARSILLON (PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques). L’asoada d’Ăs, Il Ă©tait d’usage de faire monter sur un Ăąne, la tĂȘte tournĂ©e vers la queue et de promener ainsi, par les rues, un mari qui s’Ă©tait laissĂ© battre par sa femme. Affaire en 1704, ceux qui avaient fait cĂłrrer l’ase ont Ă©tĂ© condamnĂ©s.(Vastin LESPY, Dictons du pays de BĂ©arn, rĂ©Ă©d. par la lib. Limarc AndrĂ© Cadier, Bayonne, s.d. – la premiĂšre Ă©d., est de 1875 -, XVI + 285 pp. ; p. 121).
L’Ăąne a une grosse tĂȘte: languedocien ase  trĂšs petit poisson de riviĂšre Ă la tĂȘte large et plate du genre des malacopterigiens ; chabot (abbĂ© de Sauvages) Il semble ne plus exister . Une attestation pour le Gard ase  » lotte ».
tĂȘtard   cap d’ase  pe d’ase
Ase signifie galement  » tĂȘtard « (S). Le sabot de l’Ăąne ressemble aux feuilles du : cap dase  « centaure noire ou jace »
L’Ăąne est une bĂȘte de somme : AlĂšs ase de ressare  « un banc trois pieds sur lequel les scieurs de long lĂšvent et placent horizontalement leur bogue ».
L’Ăąne doit travailler dur : pati coumo lous ases de la jhipieiro  « souffrir comme les Ăąnes des mines de gypse » (S).
Farci l’ase. Enfin Ă Toulouse, Ă Foix et dans le BĂ©arn il y avait l’expression farci l’ase  » remplir la panse, manger copieusement », sĂ©mantiquement Ă partir de la notion « charger ». De lĂ , notamment dans le Gard et l’HĂ©rault ase « gros boyau farci, estomac du porc, caecum du porc » à partir de la notion « sac Ă charger ».
Pour des raisons phonĂ©tiques et de rĂ©partition gĂ©ographique il me semble peu probable que le verbe aĂŻsinĂĄ  » prĂ©parer » du latin adjacens soit Ă l’origine de ce mot, mĂȘme si par-ci par-lĂ aĂŻsinĂĄ devient asinĂĄ notamment dans le pays de Foix, Vicdesssos. Mais partout ailleurs c’est la forme ai- ou ey- qui domine. Dans la rĂ©gion de Foix on pourrait rattacher le mot ase dans l’expression farci l’ase Ă azinat « mets fait de choux et de pommes de terre’ soupe » qui provient de l’Ă©tymon adjacens, contrairement Ă FEW 25,448b, mais certainement pas dans tout le domaine occitan.
Un visiteur m’a fait parvenir des tĂ©moignages du mot ase « gros boyau farci  » Ă ROQUEBRUN (HĂ©rault). Los manja ases, les mangeurs d’Ăąnes. « On les accusait de tuer et de manger un Ăąne pour la fĂȘte du village ». Cette accusation vient de Cessenon (M. Roger Delher). Le suivant donne lâexplication: SAINT-JEAN-de-CORNIĂS (HĂ©rault). Les habitants ont pour sobriquet Los manja l’ase, les mangeurs d’Ăąne. L’ase, « l’Ăąne » Ă©tant le foie du porc boucanĂ© ou un gros boyau farci. Et : SAINT-JEAN-de-MARUĂJOLS (Gard). Manja ase blanc, amateurs de boudin blanc. Rien Ă voir avec un Ăąne albinos comme le croit AndrĂ© BERNARDY (Les sobriquets collectifs. Gard et pays de langue d’Oc. Anecdotes, dictons, lĂ©gendes, UzĂšs, Ateliers Henri PĂ©ladan, 1962, 273 pages ; p.100).
LabbĂ© de Sauvages qui en 1756 a notĂ© le dicton suivant : l’ase de la coumuno fough toujhour mou embast.  l’Ăąne de la commune est toujours le plus mal bĂąti , ce qui donne Ă Valleraugue (30570) : Un asĂ© omĂ©djiorat es toudjour mal bostat. (omĂ©djiorat est Ă©crit amejairat par Alibert, et veut dire « qui est possĂ©dĂ© par moitié »).
Un emploi trĂšs local: MARGERIDE (LozĂšre). FORTUNIO. « UĂši matin « FortuniĂČ » a cargat l’ase… tranarĂ davant miĂšgjorn (ce matin, Fortunio (point le plus Ă©levĂ© de la Margeride, 1552 m.) a mis son bonnet de nuages… il fera orage avant midi ).