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Liri, ile, lirga

Liri « lis ». Alibert donne la variante lire et pour l’Agenais ile, ili, ieri et pour les Cévennes un dérivé lirga « glaieul ». Cette même forme existe aussi à Toulouse dans les composés lirga dels pesquiers « glaïeul des viviers », lirga jaune « iris jaune », lirga larga « iris germanique, flambe ».

L’abbé de Sauvages donne la forme eli et dans la deuxième édition eli ou léri.

L’étymon est un mot du Proche-Orient, peut-être l’égyptien ou le kopte hreri, hléli qui nous est parvenu par le latin lilium ou le grec leirion. Dans notre région, de la Lozère jusqu’aux Alpes, existe une forme ilo, éli qui repose sur une base *jilium que nous retrouvons par exemple en toscan giglio. Ailleurs en occitan, mais aussi en Italie et ibéro-roman il y a les formes qui reposent sur une base *lirium . Il n’est pas impossible que dans les colonies grecques du Midi, vivaient deux formes *lirion et *lerion et que les différences actuelles entre les patois qui ont liri et ceux qui ont leri reposent sur les ces deux formes grecques.

lis

iris

iris


Les Occitans bilingues ont une position enviable! Ils comprennent toutes les autres langues ouest-européennes: catalan lliri, espagnol et portugais lirio, anglais lily, allemand Lilie, néerlandais lelie et peut-être même l’italien giglio!

Lausa

Lausa « pierre plate servant à couvrir les maisons, ardoise » est à la base d’une famille de mots qui vivent en piémontais, en franco-provençal, en occitan et dans les langues ibéro-romanes jusqu’en portugais : catalan llosa, espagnol losa, portugais lousa et basque lauza. Il est certain que l’étymon *lausa est gaulois, mais il y a des indications qui font supposer que les Gaulois l’ont hérité de leurs prédécesseurs.

Dans le Gard, les plus belles lausières sont à St.André de Valborgne. Suivez le lien pour plus de renseignements. Jean Pierre Boyer, artisan schisteur, en fait de très beaux objets, dont des croix huguenotes. A droite une lause de 25 x 20 cm environ, que j’ai ramassée moi-même.



2 toits en lauses. Si vous voyez un toit comme ceux-ci demandez au propriétaire de vous montrerr les poutres. Impressionnantes!

Français losange, emprunté par l’anglais losenge, l’esp. losanje, catalan llosange, it. lozanga, est dérivé de lausa. Pour les toponymes voir Pégorier et l’IGN qui donne 97 noms de lieu Lauze. Lausanne en Suisse est la plus connue.

Laupio, làupia

Laupio [làwpio] « abri rudimentaire » (Camargue) , làupia « pile, tas de bois; abri; tonnelles; galerie; hangar » (A), a la même étymologie que le francais loge :  le germanique laubja « abri de feuillage »,  Laube en allemand moderne, du substantif Laub « feuillage ».

Un visiteur me signale que les habitants de la DDR rêvaient d’une Laube, comme les Russes de leur datchka.

Loge, la forme du français,  a gagné presque tout le domaine galloroman, mais il n’y a pas beaucoup d’attestations pour l’occitan. Ce sont les Francs qui ont importé ce mot dans la langue d’oïl.

Mais les Francs ne sont jamais venus jusqu’en Camargue et pourtant il y a en occitan des attestations de laupio comme  dans la Drôme, à Nice làupia « treille »,   dans le Gard sou-làoupio « abri, auvent sur facade », l’Hérault et l’Aveyron.  L’origine de ces mots,  comme du  catalan llubja « grenier, magasin » doit être  le gotique *laubja .   Dans l’Italie du Nord et en Toscane ce sont les Langobards qui ont prêté le mot aux indigènes : à Como lòbio « petite terrasse avec rambanrde », toscan lubbione « loge ».
Les formes qu’on trouve dans les parlers franco-provençaux de la Val Soana e.a. et provençaux comme Valdieri ainsi que le lobio « galerie au devant de la maison » du Queyras sont des emprunts aux patois italiens voisins. En Galice est attestée une forme lobio qui serait à l’origine du basque lobio « basse-cour ».


Laupio
en Camargue

Le dérivé français logement a été emprunté par le néerlandais : logement [lógemènt].  Dans le Guide du routard de l’Indonésie vous trouverez des adresses des losmen, le logement adapté à la langue des Indonésiens, le  bahasa indonesia.

D’ailleurs vous connaissez plus de mots indonésiens que vous ne pensez, par exemple orang « homme », hutan« forêt », tomat « tomate » et paprika, restoran, copi « café », kopor « coffre, valise » (le f devient touours p) karap « carafe » mata « oeil » hari « jour », et une infinité de mots en –ion qui en passant par le néerlandais se terminent par  -i : koreksi « correction »,  korporasi « corporation », korosi « corrosion », manifestasi  manipulasi, otorisasi ( quelle idée géniale d’orthographier oto- au lieu de auto), teater, sosial, referensi, rekreasi, apresiasi, posisi, et de l’anglais sains « science » (prononcez comme cela s’écrit /s a i n s/ avec l’accent sur le -a-), bisnis, etc.


Le temple dans le jardin d’un losmen

Lagasto, langasta

Langaste « tique qui s’accroche sur la peau de nombreux animaux » (Camargue), langasta « tique; sauterelle; brocard » (Alibert). Dans un glossaire anglosaxon du VIIIe siècle se trouve ladasca: piae. Piae est une sorte de tique. Le type ladasca se trouve dans différentes formes dans toute la Galloromania.

En occitan domine un type *lacasta. La métathèse (c-à-d. échange de  leurs places  du -c- et du -d-) et le remplacement de -d- par -t– serait dû à l’influence d’un autre mot qui désigne des insectes: locusta. Nous trouvons le même type en catalan llagasta et en basque lakasta.

L’origine du gallo-latin ladasca est probablement un gaulois *laus daska « puce qui mord ». La forme avec insertion d’une nasale se trouve en provençal et en languedocien jusqu’en Aveyron. La forme lagasto se rencontre partout en Occitanie

La vie d'une tique

Lar

Lar « âtre, foyer » vient du latin lar « dieu du foyer domestique »: à côté des pénates, se placent dans la demeure des lares, humbles divinités qui furent des âmes humaines, et qui, n’ayant point été souillées, ont obtenu la permission d’habiter toujours leur demeure et de veiller sur leur famille.  MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 54.

Dans le domaine galloroman, le mot n’a été conservé qu’en occitan pour désigner le foyer et par extension la maison où l’on est ‘chez soi’, sens qu’il avait déjà en latin : Ad larem suum reverti « revenir à la maison ».  Mon témoin pour Manduel, me dit que le mot lar désigne non seulement la maison mais aussi les entours de la masion, donc là où l’on habite.

En dehors du galloroman le mot vit aussi en Italie et en catalan llar « foyer » et espagnol llares « crochet de la crémaillère ». Le domaine occitan fait, comme c’est souvent le cas, le lien entre l’italien et les langues ibéro-romanes.  En occitan nous trouvons plusieurs dérivés: Val d’Aran laré « foyer »,  Aveyron laras « rocher mise à nu par les eaux », Castres lará « carreler un four ».

Le mot français lares « dieu tutélaire, généralement du foyer domestique; statuette le représentant » ne s’applique qu’à l’Antiquité et a été emprunté au XVe siècle.

Un visiteur corse m’informe:

En Corse, à laru signifie « qui affleure » ou « à ras bord ». Il s’agit d’une expression que l’on trouve dans l’extrême sud et qui est ancienne, peu employée.

Lambrusquiero

Lambrusquiero de vedigan « cep de vigne sauvage servant à fabriquer une badine souple et légère utilisée par les manadiers » (Camargue)  vient de l’ancien languedocien lambrusquieira « cep de vigne sauvage » (Béziers, XIIIe s.) dérivé du latin labrusca, lambrusca, « vigne sauvage » qui a  peut-être été  emprunté à l’étrusque1

Ancien occitan lambrusca va signifier en occitan « grappillon » et « plante quelconque qui n’a pas poussée ». On retrouve la lambrusque dans quelques toponymes de Provence, comme le mas des Lambrusques, à Maussane-les-Alpilles, Bouches-du-Rhône, ou le quartier Lambrusque, à Forcalqueiret,Var2.

Tout le monde connaît le Lambrusco italien.  Dans le Breviari d’amor de Matfre Ermengaud de Bezers ( = Manfred …. de Béziers)   du XIIIe siècle nous trouvons:

Quan Noe de lambrusquieira
Plantet la vinha primeira
(d’après Raynouard)

Voir aussi l’article  vedigan.

Les Egyptiens l’avaient fait déjà, mais en Occident  c’est au XIIe siècle qu’on commence à décorer les plafonds et les parois des maisons avec des sculptures représentant des sarments: lambruschier. Les revêtements en bois, en marbre etc. qui garnissaient les murs d’une pièce étaient appelés des lambris, emprunté par le néerlandais : lambrisering.

Lambrusco

Abbaye de Vauclair                                                      Lambrisering aux Pays Bas

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  1. Si vous voulez tout savoir sur l’étymon  protoroman  */la’brusk‑a/ ~ */la’brʊsk‑a/ s.f. « vigne grimpante … » consultez le Dictionnaire Étymologique Roman. Un grand projet de linguistique romane.
  2. Source

Laire, lairon

Laire, lairon « voleur, larron » vient du latin latro, latronem « voleur, larron ». Rien de spécial, vous direz. Mais la forme laire rattache l’occitan au dialectes du Nord de l’Italie. Nous le retrouvons en catalan lladre, et dans le Val d’Aran. L’accusatif est à l’origine du français larron, de l’espagnol ladrón et du portugais ladrão. Normalement c’est la forme de l’accusatif latin, ici latronem, qui est conservée dans les langue romanes, laire par contre vient du nominatif. Il a existé aussi en ancien français lere.

Quelques dérivés : leirou « rejeton au pied d’un cep de vigne » (Drôme) laroun « provin »(Vaucluse) et layrous det pa « dents de lait » (= larrons du pain) dans le Val d’Arrens.

L’abbé de Sauvages (S1) mentionne le dicton : Lou praire fai lou laire « l’occasion fait le voleur ».

Ladrot

Ladrot s.m.est le nom languedocien de « l’anchois » d’après Joubin., appelé en catalan aladroc. L’origine est   l’arabe azraq « bleu » (FEW). Le lien sémantique est le fait que l’anchois devient bleu foncé quand on le sort de l’eau. Le mot est confirmé pour le bassin de Thau par Rolland et divers sites sur le Web, p.ex. celui-ci.

Le dictionnaire Panoccitan donne anchòia ce qui est manifestement un gallicisme.