Acoquelar, acouquli 1.v.tr. « mettre en grumeaux »(Mathon), 2.s’acoquelir « se grumeler, se rapetisser »(Alibert) a été créé à partir du substantif coquèl, du latin coccum. Latin coccum signifie « cochenille, excroissance d’un arbre ».
Coccum a pris les sens » baie, noix, oeuf, coquille de la noix », par analogie avec la forme de ces excroissances et sous l’influence du mot câouquïo « coquille » issu du latin conchylium. En languedocien a été créé un diminutif couquel « flocon, grumeau; petit enfant; femme mal mise ». Ensuite coquel désigne tout ce qui ressemble à une coquille, comme languedocien coucou « bouton de rose » ou « oronge en boule, non encore développé » ou « cocon du ver à soie »; coquo « châtaigne »; le verbe couquelá « mettre en grumeaux » et s’acouqueli « se mettre en grumeaux ».
Acabar, v.tr. et intr. « finir » est dérivé du latin caput « tête » , et au figuré : « bout, extrémité ». En ancien occitan on disait issir a cap » venir à une fin ». Acabar comme français achever, a probablement déjà été formé en latin tardif. Voir également d’autres dérivés de caput : capitelle, capejar et caput.
Acabaïre « dissipateur, prodigue » est limité à l’occitan. Voir ocobaïre la forme de Valleraugue.(Gard)
Acabaire, ocobaire « dissipateur, prodigue »(Valleraugue). Atger p.64: Oprès l’esporognaïré, ben l’ocobaïré « A père avare, fils prodigue ». Forme typique pour Valleraugue et environs : tous les –a– non accentués > o. Mistral nous donne les sens que voici:
Etymologie: acabaire est un dérivé du verbe acabar « achever ». Le sens « dissipateur » est limité à l’occitan , du dauphinois jusqu’en Gironde. D’après le FEW acabar vient par l’intermédiaire de l’expression issir a cap de (ancien français venir a chief de) » venir à bout de » d’un latin accapare1 dérivé de caput « tête, bout » mais pas tous les étymologistes sont d’accord; voir à ce propos le TLF. Le français connaît aussi le mot acheveur mais seulement avec un sens technique.
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Article revu et complété.le 29/06/2019
-ac est un suffixe de nom de lieu d’origine gauloise que nous retrouvons dans toutes les régions , -ac dans le Midi, -ai ou -y dans le Nord.
Le mieux que je puisse faire est de citer: Walther von Wartburg, Evolution et structure de la langue française. 6e éd., Berne, 1962. Page 24:
« Le type le plus caractéristique pour la Gaule c’est celui des noms en -ac dans le Midi, en -ai ou en -i dans le Nord. Juillac, Savignac; Juilly, Savigny: –ich en allemand Jülich;1
Le suffixe gaulois -acus exprimait, à l’origine, de façon assez générale, appartenance. On l’ajoutait p. ex. à des noms d’arbres pour désigner une forêt composée de telle espèce d’arbres, p. ex. Betulacum, de betula ‘bouleau. Par la suite il fut employé aussi pour dénommer une propriété rurale d’après son possesseur: Brennacus, d’après le nom d’homme gaulois Brennos. Cette formation fut en vogue particulièrement sous la domination romaine. Voilà pourquoi la plupart des noms de lieux en -ac, en -ai et en -y contiennent dans le radical un nom de personne romain. Rien ne montre mieux l’amalgame des deux éléments en présence, le latin et le gaulois. Aurillac et Orly sont donc des propriétés d’un certain Aurelius: fundus Aureliacus. Beaucoup de nobles gaulois prenaient des noms romains; il est donc à peu près impossible de faire le tri des établissements d’origine gauloise et des fondations romaines dans l’ensemble de ces localités.
Conclusion: le suffixe est d’origine celte mais le nom auquel il est attaché est le plus souvent romain, du latin.
Pour en savoir plus il faut comprendre l’allemand, comme c’est souvent le cas dans le domaine de la linguistique romane. Voici le titre d’un livre incontournable:
Skok, Peter. Die mit den Suffixen -ACUM -ANUM -ASCUM UND -USCUM gebildeten südfranzöschen Ortsnamen. Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie. Heft 2. Halle, Niemeyer, 1906. (https://archive.org/stream/zeitschriftfrr0102tbuoft#page/n159/mode/2up)
Voici la table des matières de la deuxième partie:
Taleyrac hameau de Valleraugue, :
Cette attestation de TALARIUS vient d’un livre de H.Holder, Altceltischer Sprachschatz Bd2, colonne 1709 (Leipzig, 1896)qui contient en effet un Tall-arius en Allemagne comme nom d’une montagne.
Taleyrac est attesté dans le Gard en 1202 avec la graphie Talairac. Le Taleyrac est aussi attesté comme le nom d’un ruisseau dans le Gard.
L’abréviation Sp.briv. renvoie vers Chassaing, Spicilegium brivetense. Paris,1886 (consultable en ligne avec Gallica). Là dedans est mentionné un autre Talairac, une villa mentionnée en 1247 dans la commune de Brioude, Hte Loire.
Si vous êtes passionné de toponymie, vous pouvez continuez la recherche. De nombreux documents et études ont vu le jour depuis le livre de H.Holder.
Abrigar, abriga; abric
Sabine Marterer, Acabailles gerbebaude pampaillet : les régionalismes viticoles dans les Graves de Bordeaux. Pessac : Presses universitaires de Bordeaux, 2007 décrit très précisément la zone géographique du verber abriguer « chausser, butter la vigne à l’aide d’une charrue à chausser ».
Le mot prend de nombreuses significations par rapport aux circonstances.
Abes, àbet s.m.pl. « balles de blé ou d’autres céréales » (St-Pons, Capestang), abets (Aude, Toulouse), a(w)ets (Hte-Garonne). L’accent est sur le a-. L’origine est un mot latin apex, apicem « sommet, pointe, tout objet de forme conique ». Les attestations sont relativement rares, une vingtaine, et étendues sur une région qui va de l’Hérault au Gers, auxquelles s’ajoutent probablement les mots basques abotz « criblures » et agotz « balle de blé ».1
Grâce au commentaire d’un visiteur, une attestation de l’Ariège et une correction importante du sens. Ci-dessous une image d’ abets sur l’andain, et d’autres de balles d’épeautre et de blé :
Les balles volent!
Je me demande toujours comment il a été possible qu’un tel mot latin avec un sens très spécifique a été transmis de génération en génération pendant 20 siècles, dans des villages qui sont tellement éloignés les uns des autres. Mais il est possible que des attestations nous manquent. Si vous connaissez le mot, contactez moi.
Claude Achard2 a eu la gentillesse de me contacter :
Abets : « Les faibles seront aux abets, c’est-à-dire la balle et les barbes qu’on emporte par gros ballots fort peu pesants » Raymond Escholier, Gascogne.p. 68.
“Àbets, abë, balles de céréales, vannures ; balle de grains, menue paille ; ballot de fourrage ; l’abe dou blad, la balle du blé, celle de l’avoine, voy. poussës ”. (DOUJAT, 18 ; LAGARDE, 21 ; CANTALAUSA, 30 ; de SAUVAGES, I.3 ; MISTRAL, I.6. GARY, 2 ; VESTREPAIN, 303 ; ACADEMIA, 3). Aver la clau dels abets, avoir la clé des menues pailles, ne pas être l’homme de confiance à qui on confie la clé du grenier à blé. (ALIBERT, 65).
Le mot apex a été réintroduit dans le milieu des paléontologues pour désigner le sommet des coquilles de certains fossiles, comme les ammonites. Je vois dans le TLF que cette remarque est la conséquence d’une déformation professionnelle et que apex a beaucoup d’autres significations.
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Abalhar « gauler, abattre les noix ». D’après le Thesoc abalhar est courant dans les dép.19, 24, 46, 47, 82; abalhaire « celui qui gaule », seulement en Dordogne. L’étymon est le latin baculum « bâton », qui s’est conservé uniquement chez les Ch’ti (mi), baille « barrière » (Flandres, Rouchi, Picard). En occitan existe aussi le verbe dérivé abalha « gauler » dans les départements indiqués du sud-ouest.
A Colognac (Gard) a été relevé bacular « suisse, bedeau » nommé ainsi parce qu’il portait la crosse, le bâton de l’évèque. C’est un emprunt au latin d’Eglise bacularius « bedeau »
Français baguette emprunté à l’italien , a la même étymologie.