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artelhar, artela

Artelhar, artela v.intr. « marcher vivement »voir arteguer

Arteguer

Artéguer semble être la forme en français régional (Lhubac;Domergue) de l’occitan artelhar v.intr. « marcher vivement » (Alibert), artela en provençal (Mistral). Ce verbe est un dérivé d’artalh « orteil »,  du latin articulus « articulation, jointure, nœud; doigt, orteil », un diminutif de artus « membre ». La forme occitane a dû subir l’influence de verbes comme bouleguer « remuer, tourner » en passant au français régional. Dans tous les dictionnaires patois nous trouvons la forme avec un –y- arteya(r).

Le sens varie suivant les localités. A Alès et dans le languedocien de l’ouest le sens de s’artelhar est « se heurter les orteils » et de là « trébucher », au figuré « s’embrouiller en paroles », mais en allant vers l’ouest, dans le Gers, un artilhaire redevient un « bon marcheur » >et ensuite  « un commissionnaire ».

Je n’oserais prétendre que pour les gens du Midi bouleguer + artailhs « remuer + orteils » est la même chose que « marcher vite »… Il doit s’agir du maintien du sens « articulations, jointures ».

  Elle a artégué..

    

Serp, ser

Serp, ser  « serpent, couleuvre ». Dire: l’étymologie est latin serpens est trop simplifier les choses. Latin serpens, serpentem aurait dû aboutir à serpan ou sarpent (attesté par Mistral) en languedocien, mais ces formes sont manifestement des emprunts au français ou à l’italien.  La forme indigène est serp ou ser, attesté depuis le XIIe siècle dans tout le domaine occitan. Nous retrouvons la même forme en italien: serpe, s. f. « (region. o lett. s. m.) serpente, spec. se non grande e di specie non velenosa | a serpe, a spirale | scaldarsi, nutrire una serpe in seno,… »en roumain sarpe, en rhéto-roman, en catalan serp, espagnol sierpe et portugais serpe.
Ces formes nous obligent à supposer un étymon *serpem.  Au VIe siècle, Venantius Fortunatus utilise le mot serps au nominatif, ensuite la forme serpes est attestée du VIIe au Xe siècle dans des textes en latin .

Le pourquoi de la répartition géographique des deux types serpentem/serpem n’est pas clair, peut-être y a-t-il une distinction entre langue littéraire et langue parlée, étant donné que le serpent joue un rôle important dans la Bible.

 

A l’origine de cet article est une discussion dans le site Lexilogos sur l’étymologie de cerf-volant:

  • Gros coléoptère mâle (Lucanides) dont les mandibules de grande taille et proéminentes rappellent les bois du cerf.
  • Objet constitué par du papier ou de l’étoffe, tendu sur une armature légère de bois et une queue servant de contrepoids, que l’on fait voler dans les airs au gré du vent, en le maintenant relié au sol par une attache.

Le FEW met les deux sens sous cervus « cerf », mais dans un article paru dans Romania, t. 93(1972) 563-567, H.Polge suppose un étymon du type *serpe volante « serpent volant ». En effet quand je vois un cerf-volant :

 

je pense plutôt à un serpent ou un dragon qu’à un cerf.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cerf-volant a été introduit en Europe par Marco Polo à son retour de la Chine. La première image d’un cerf-volant en Europe date de 1326 et comme toute invention il est rapidement utilisé comme arme! Dans le site http://www.carnetdevol.org/siteCVang/navang.htm vous en trouverez quelques-unes.
Si vous lisez l’espagnol, il y a une belle histoire d’un général coréen qui avait envoyé une grande quantité de cerfs-volants avec des lumières au dessus du campement des Japonais.

Une des premières descriptions vient du manuel machines de guerre Bellefortis (1405) de Conrad Kyeser. qui contient l’illustration suivante. Vous voyez bien qu’un cerf-volant prend la forme d’un dragon.

ll faudrait mieux connaître l’histoire de la propagation du cerf-volant en Europe.  Il a dû arriver en France à partir de l’Italie (Marco Polo). En passant par la Provence, il a pris le nom  ser volant, et  je ne serai pas étonné si quelqu’un découvre qu’un Marseillais  est arrivé à Paris avec ce  nouveau jouet et que le Parisien lui a demandé kesako? et le Marseillais lui a répondu « ung ser-volang » . Et le Parisien répète: Ah,bon un cerf-volant! Je vais le noter!

Dans le Nord, wallon, picard, flamand, la Moselle et jusqu’ à Montbéliard le cerf-volant est appelé dragon!

Arcanettes

Arcanettes « le sang qui monte à la tête » voir arcana

Arcana

Arcana s.f. « craie rouge, ocre rouge, sanguine, oxyde rouge de mercure ». L’étymologie est le nom du « lawsonia inermis », appelé henné en français moderne, Henna ou echte Alkanna en allemand. C’est un arbuste de l’Orient dont les feuilles servent à fabriquer un colorant rouge depuis la nuit des temps. Il s’agit du  hinna en arabe et au XIIe siècle ce nom a été latinisé par Gerardo di Cremona (1114-1187) en alchenna. Ensuite il  a été vulgarisé par les médecins dans les langues romanes. FEW XIX,71

           

                                    lawsonia inermis.…………….. alkanna tinctoria

En ancien occitan le diminutif arcaneta a été donné à une plante locale, « alkanna tinctoria » orcanette en français moderne qui donne une couleur comparable ( or- au lieu de ar- probablement sous l’influence du mot or).
Dans notre région et en franco-provençal le mot sert aussi à désigner « l’ocre rouge » dont se servent les charpentiers pour marquer les poutres et les marchands de bestiaux pour marquer les bêtes. Un Néerlandais occitanophone (oui ça existe !) m’écrit : »arcana » èis un mot coneissut en Droma per desinhar lo marcaire roi de fias (fedas).
Beaucoup de dérivés sont attestés dans la région de Loriol et de la vallée de la Drôme, comme arcanayre « ouvrier employé aux mines de fer », arcanœyro « coloration en rouge » et arcanà  « marquer à la craie rouge », mais je pense que ces mots existent également dans la région de Roussillon.

     

Les carières d’arcana à Roussillon.                          Avoir les  arcanettes         

Arcanettes, avoir les arcanettes « le sang qui monte à la tête »  expression très courante en français régional.

Arabic

Arabic, alambic s.m. D’après le site de la FFCC arabi, alambi il s’agit d’un « Nom Commun masculin provençal : espèces de moustiques, de petits cousins de 1 à 4 mm (les simulies) qui s’infiltrent dans les cheveux et dont la piqûre est brûlante. C’est un insecte qui appartient à l’ordre des Diptères (mouches et moustiques), ils ne possèdent que deux ailes. Sa famille est celle des Cératopogonidés et son genre est Culicoïdes.
Il n’y a pas beaucoup d’attestations anciennes de ce nom. E. Rolland III, 252 donne deux sources qui ont décrit l’arabic comme « acarus ciro L. ». Mais d’après les images que j’ai trouvés sur le web, cet acarus est un genre de mite, ce qui ne correspond pas du tout à la description et à l’image de la FFCC. Il semble que le mot arabi avec ce sens est maintenant courant dans tout le Midi. D’autres info de l’INRA, sur la langue bleue des moutons qu’il provoque  ici.

Mistral traduit arabi, alambi par « cousin » (= Insecte à longues pattes grêles, très répandu dans les pays marécageux, connu pour son bourdonnement importun et pour la piqûre désagréable et contagieuse de la femelle. TLF). J’ai regardé les images fournies par Google pour « cousin insecte ». Tous les « cousins » montrés sont du genre moustique et non pas du genre mite.

René Domergue, spécialiste éminent des moustiques de Camargue me donne les informations  géolinguistiques suivantes :

Bonjour,
chez moi, à Montpezat, on distinguait les moustiques (grosses bestiasses) des alambics. Ces derniers plus petits, à la redoutable piqûre, sont sans doutes les « arabi » de Camargue ou des Costières. Je demanderai si quelqu’un connait le mot arabi, quant à moi je l’ai découvert du côté de Générac.
Pour lutter contre ces bestioles on avait le nopic.
René

D’après le FEW XIX, 8a, il s’agit d’un emploi au figuré de alambic de l’arabe anbiq « le chapiteau de la cornue » (cf. TLF) sans donner une explication. Je ne vois pas très bien le lien, mais c’est peut-être un manque de fantaisie.

Alambic « vaisseau qui sert à distiller » a la même origine et est devenu international.

Le flamand lambiek est une « sorte de bière fort agréable qu’on fabrique à Bruxelles » (prononcez [brussèl] en non pas [bruksèl]. Voir l’article lambic de Wikipedia.
Lambiek est aussi un personnage d’une BD fort appréciée en Belgique et aux Pays Bas (Bob et Bobette). Tapez Lambiek sous Google.

 

Arapoman

Arapoman « gallium arapine » en français le « gaillet gratteron ». Voir Wikipedia. Pour l’étymologie et les autres plantes nommées arapoman voir  rapar.



Nadelo

Nadelo « petit poisson genre athérina », anadelo « apron, aspro vulgaris ». Nadelle, le nom languedocien francisé de ces petits poissons est donné pour la première fois par Guillaume Rondelet, médecin originaire de Montpellier en 1554 :

Nadelle est restée dans les dictionnaires français jusqu’au Larousse de 1903. L’étymologie,  latin annus « an »,  est donnée par Barbier dans le Revue des Langues Romanes, tome 63(1926) p.2:

Maintenant vous voulez les voir ces nadelas « sardines fraîches » (Alibert):

De nos jours la nadelle s’appelle apron en français, dérivé de âpre ou rugueux comme ses écailles; espèce devenue très rare et strictement protégée en France et en Suisse.