cat-right
Recent Comments
Random Articles
Matado Matado « touffe, cépée » voir mato
baragane 'poireau sa... Baragane, barragane s.f. « poireau sauvage ». Deux attestations dans le FEW ...
Bout Bout « tonneau; outre » est occitan et vient du latin populaire buttis « sorte...
Bartasséger Bartasséger « aller dans les bartas. Voir ce mot.
adoubairé adoubairé voir adobar
Tort, tourdre ‘griv... Tort et le dérivé tordre, tourdre  ‘ »grive » viennent du latin tŭrdus...

Androune, andronne

Andronne, androune  s.f. « ruelle ».  Dans le Compoix de Valleraugue tome 1,p.68  : « petite androune et égouts entre deux maisons« . D’après Aimé Serre pratiquement toutes les impasses à Nîmes s’appelaient Androna, par exemple l’Impasse de l’Aurore  était Androna de l’Auba. l’ Abbé de Sauvages distingue en effet deux mots, le second ayant le sens « cul de sac ».   Andron  existe en français comme « terme d’antiquité » d’après Littré.


 Mistral cite  en plus les diminutifs androunasso « ruelle immonde » et androuneto « petite ruelle ». D’après lui androun est aussi un toponyme (près d’Aimargues) et un nom de famille provençal.

Androune   à Valleraugue            à Manduel

A voir : un site sur les Bastides dans le Lot et Garonne: http://bastidess.free.fr/doc-andr.htm avec une photo d’une androne à Monflanquin.
Etymologie : il s’agit du mot grec ανδρωνα, un dérivé de ανηρ « homme ». La forme androna se trouve aussi dans des textes en latin du VIIIe au XIe siècle. Si vous voulez tout savoir suivez ce lien vers la page de Du Cange! Du latin facile! En galloroman androna est limité à l’occitan. Le français a emprunté la forme latine andron au XVIe siècle pour décrire l’habitation chez le Grecs anciens.
En grec andron, androna désigne d’abord « l’appartement des hommes » et puis les “couloirs où les hommes discutent entre eux”: ut gynaeceum a mulieribus « comme les femmes dans les harems », écrit Festus (premier siècle).  Voir le Dizionario etimologico qui explique qu’il s’agit de traditions culturelles et le respect de la séparation des sexes dans l’habitation.   Les hommes allaient aussi dehors dans les passages entre les maisons pour « discuter ». Le résultat a été que dans quelques parlers l’ androune désigne les « latrines ». Le sens « ruelle, cul-de-sac » est également attesté dans les textes latins à travers tout le moyen âge et il est encore vivant dans le nord de l’Italie où il est féminin (La plupart des auteurs cités par Du Cange viennent  de cette région), comme chez nous et en catalan androna. En italien moderne androne  « portique, entrée » est masculin comme en latin.

  
Deux images d’un gynaeceum. Vous comprenez pourquoi les hommes partaient en mer ?

Le sens « tour de l’échelle« (= Servitude qui donne au propriétaire du bâtiment auquel est dû le droit de placer une échelle sur l’héritage du voisin pour réparer son mur. On nomme aussi androun  « un espace d’un mètre au-delà d’un mur de clôture  »

Le »tour d’échelle » est toujours d’actualité:(cliquez sur l’image)

Avisar

Avisar « prendre garde à »; avisa! « attention ». Dans les arènes camarguaises les spectateurs avertissent les raseteurs :Avise , le biòu! qui est aussi le titre d’un livre concernant la course camarguaise de René Domergue.

L’étymologie : composé du préfixe a- et le verbe latin populaire * visare, latin classique visere, intensif de videre « voir », est la même que celle du français aviser.  L’occitan de la Camargue a développé le sens « conseiller » > « faire attention » > « prendre garde »  qui a pratiquement disparu dans la langue d’oïl.  Les autres sens donnés par Alibert sont identiques à ceux du français aviser.

Avise  lo biòu

Abetilhá

Abetilhá « faire glisser des sapins de la montagne ». (Gavarnie, Htes-Pyr.)  Un verbe qui ne peut exister qu’en montagne!Voir avet.

Avet

Avet « sapin » d’après le Thesoc dans les dep. 09; 31; 64, 65, Huesca et Lerida en Espagne. D’après les données du FEW, on le trouve aussi par-ci par-là dans une étroite bande jusqu’à la frontière italienne. En effet l’abbé de Sauvages mentionne abet « sapin, arbre résineux des hautes montagnes à feuilles d’if » (S2). L’ALF confirme pour Alès : abé Abet  est passé dans des dictionnaires français, e.a. celui de Cotgrave (1611)  jusqu’au Larousse de 1948 avec la mention « régional ».

En dehors de ces régions c’est le type sappinus, composé d’un prélatin *sappus plus le latin pinus, qui domine dans les parlers galloromans.

L’étymologie est le latin abies « sapin ». Panoccitan mentionne les dérivés avetada, avetosa « forêt de sapins ». Le premier est attesté pour le languedocien, le second seulement pour Saurat (Ariège)(source.
Bien d’autres dérivés existent, comme auédolo s.f. « jeune tige de sapin » (Val d’Aure) et abetilhá « faire glisser des sapins de la montagne ». (Gavarnie, Htes-Pyr.). C’est ce dernier type de création locale que j’aime beaucoup. La langue est au service de l’homme. Une telle création n’a de sens que dans des montagnes avec des forêts de sapins exploitées. Elle ne peut exister en Camargue.

Fan, efan

Fan dans les expressions fan de chichourles (Lhubac = « exclamation d’admiration ou d’étonnement »; Alibert = chichorla « ortolan »; Mathon « juron qui nomme le sexe de la femme » ). Pour chichourle = jujube  = didoulo suivez ce lien.

                                                                                         

D’après notre femme de ménage l’expression fan de chichourles est souvent utilisée par les joueurs de carte. Marius Autran de La Seyne écrit que c’est une abréviation du mot « enfant » qui est ensuite introduite dans beaucoup d’exclamations : très fréquemment utilisé dans des formules exclamatives, dans toutes sortes de situations : surprise, admiration, désarroi, etc. : Fan de garce ! Fan de petan ! Fan de chichourle ! Fan des pieds ! Oh ! Fan ! etc.
Dans le site de Georges Mathon, , je trouve une petite histoire en patois O fan de pié .

L’article infans « enfant » dans le FEW montre qu’en effet la forme efan est typique pour l’occitan (à voir chez Ronjat 2,p.211). La forme sans -n- dans la première syllabe est très ancienne et se trouve déjà en latin dans des tablettesdu 6e siècle, appelées « tabellae defixionum » inscrites avec des malédictions qu’on a trouvées entre autres en Auvergne. Il s’agit d’un rite d’envoûtement très ancien connu des Egyptiens, des Grecs et des Romains. L’instrument en est le plus souvent des tablettes de plomb, roulées ou pliées et percées d’un ou plusieurs clous.

Didoulo

Didoulo « jujube ».

  

En occitan nous trouvons au moins 11 formes pour « jujube »: 1) jousibo (St.Pons)   2) gijoula (Nice)    3) tchitchoulo (Marseille, Aix)    4) chichourla (Bouche du Rhône, Barcelonette)  5) dzindzourlo (région de Montélimar)   6) chinchourlo (région de Loriol)   7) guindoula (Montpellier) 8) Dindoulo (Marseille,Nîmes, Alès) 9) didoule (Nimes) 10) guindoulo (Pézenas, Ardèche) 11)guindola (Biterrois d’après Alibert). Dans la Pharmacie du maître apothicaire Jean Andrieu à Tarascon se trouvaient en 1529 : tres quarteyron de jujinbarum en latin tarasconais.(Revue des Langues Romanes 43(1900) p.30.

L’origine de ces formes, ainsi que du français jujube , emprunté à l’occitan, (puisque l’arbre est méditerranéen) est le mot grec dzidzuphon, emprunté par le latin comme ziziphus, et par dissimilation zizupus . Dans un texte du 3e ou 4e siècle, l’Appendix probi genre « dites ne dites pas » , nous trouvons : zizipu non zizups.

Ils discutent de l'orthographe

Au cours des siècles le mot a subi toutes sortes de déformations pour aboutir à cette variété de formes dans l’occitan.. En ce qui concerne les formes occitanes avec -nd-, von Wartburgpense à une influence du mot guindoul « grosse cerise, guigne » à cause de la ressemblance des deux fruits. En effet d’après Alibert languedocien guindola a les deux significations.

Dans http://www.marseillais.org/dico98.html: est mentionné

Chichourle. Très répandu, ce nom masculin désigne une « bosse », ou le « sexe de la femme ». L’affectif et le sexuel dominent, en particulier en composition avec l’expression fan de chichourle (chichoune). La chichourle est une sorte de jujube peu charnue, fruit sec aux vertus curatives de la dimension d’une olive que l’on achète principalement en cornets chez des marchands ambulants. Sa forme, sa petitesse le désignent comme un attribut sexuel féminin : « -Amuse-toi bien chichourle et quand tu vois les nègres, tu fais le détour pour qu’ils te mangent pas ! » (CAU). Plus rarement, le mot est pris pour « gifle » : « -Un vrai distributeur de chichourles, la porte tournante de l’hôtel » (Or.).

chichourle-ortolan

L’évolution sémantique « jujube » > « bosse » se comprend facilement quand on regarde l’image du fruit ci-dessus : « bosse »> « gifle » est la cause pour l’effet. L’évolution sémantique de « jujube » > « sexe de la femme » est analogue à celle de berlingot « sexe de la femme ».

Notamment à Barcelonette est attesté au figuré chichourle  » personne qui ne sait jamais prendre un parti », comme  à Marseille « jeune fille écervelée » un sens qui se retrouve en picard (!) « individu un peu niais ».

Mistral : chichourle, chinchourle « bruant jaune » et il renvoie vers chi-jaune. L’élément chi- dans ce mot est d’après lui une onomatopée du cri des certains oiseaux. De là une confusion avec l’ortolan?  Dans l’expression  enfant de chichourle, chichourle signifie «  »chiche, ladre »  et fait partie du groupe « jujube ».


Photo: Nicolas Pierrard

Pour le sens « jujube » il renvoie vers son article ginjoulo dans lequel il donne une dizaine de formes (voir ci-dessus). Il reprend l’expression  enfant de chichourle « chiche, avare ». En italien giuggiola « jujube » signifie au figuré « sans valeur, sans importance ».  Catalan gínjol « jujube », et l’expression més content que un gínjol « plus content qu’un jujube » = très content. Les formes avec un -n- sont peut-être dues à une influence du catalan ou de l’italien.

D’après Mistral il y avait à Nîmes la Fiero di ginjourlo « la foire aux jujubes à Nîmes, à la St-Michel » (le 29 sept.). Georges Mathon, l’historien de Nîmes, décrit   cette foire  très ancienne dans son site!

Le tout est assez confus. Je pense qu’on a utilisé le mot pour sa jolie consonance, sans savoir ce que cela voulait dire. Quand on reçoit une « gifle » d’une porte tournante, ca fait chi-chou!

Tablettes d’exécration

Les tablettes de défixion (defixio en latin, κατάδεσμος / katádesmos en grec ancien) constituent le type de témoignage le plus répandu qui nous soit parvenu de la magie antique. (Wikipedia français; l’article Wikipedia en allemand est très fouillé et documenté!).

Ci-dessous une defixion  trouvée à l’Hospitalet-du-Larzac, publiée dans l’article Wikipedia français.

Les tablettes  sont des feuilles très minces de plomb et contiennent des textes généralement gravées   dans des lettres minuscules, puis souvent roulées, pliées ou percées de clous. Elles étaient ensuite enterrées dans des fosses ou tombes, jetées dans des puits ou des piscines, cachées dans des sanctuaires souterrains, ou clouées sur les murs des temples. Les tablettes sont également utilisées pour des conquêts amoureuses.  Dans ce cas on les  met dans la maison du ou de la désiré(e).

Ces defixiones  ont un grand intérêt linguistique. Je les ai découvertes à propos de l’étymologie des mots occitans  aurat  « léger, évaporé; tête au vent, étourdi, imprudent » et la forme fan, efan « enfant » en occitan. (Maurice Jeanneret La langue des tablettes d’exécration latines. Thèse de Neuchâtel, 1918).  Les textes en latin ou grec que nous avons, nous sont en général parvenus sous forme de copies de copies de copies.  Avec ces tablettes nous avons  des  manuscrits d’auteurs! Je les trouve passionnantes, tellement loin du latin classique que j’ai appris au lycée, le latin d’ Ovide, de Virgile et de Seneca, mais tellement proches des hommes et des femmes qui vivaient dans notre région il y a 20 siècles.

Je n’ai pas pu m’empêcher de chercher d’autres defixiones et j’ai trouvé e.a. celle-ci (une idée intéressante pour ceux qui jouent au PMU ?) :

CUIGEU  » Je t’adjure, démon, qui que tu sois, et je te demande à partir de cette heure, de ce jour et de ce moment, de crucifier et de tuer les chevaux des verts et des blancs, de tuer et de briser les cochers Clarus et Felix et Primulus et Romanus et de ne pas leur laisser la vie ; je t’adjure par celui qui t’a libéré aux temps des dieux de la mer et de l’air. IAÔ, IASDAÔ, OORIÔ, AÊIA.  » (Source : Audollent 1904, n° 286)Dessin du démon sur sa poitrine : « Antmo » ; au dessous :
Noctiuagus
Tiberis Oceanus
CENSEU
CINBEU
PERFLEU
DIARUNCO
DEASTA
BESCU
BEREBESCU
ARURA
BEZAGRA

Voici un exemple d’une telle tablette trouvée en Calabre, de l’époque où on y parlait encore grec!

Si cette forme de magie vous intéresse, taper « defixio » sous Google et vous trouverez une grande quantité de sites. La defixio désigne le procédé par lequel on exécute la deuotio. Il faut rattacher ce mot au verbe latin defigere (= ficher, enfoncer, clouer) ; defigere nomina cera « transpercer un nom écrit sur la cire (maudire qn) » Ovide.
Il s’agit d’un rite d’envoûtement très ancien connu des Egyptiens, des Grecs et des Romains.  La maladresse des inscriptions et des tracés prouve que ces tablettes étaient rédigées par tout un chacun, et souvent à la sauvette. De même, le caractère stéréotypé des formules, accompagnant une langue vulgaire remplie d’injures, traduit une tradition orale.
(Ma source)

Aura

Aura « vent » vient du latin aura « soufle, air, brise ».

Le massacre de la toponymie provençale par les géographes français a conduit à de nombreuses appellations curieuses. Un visiteur me signale: « … près de Toulon, le « baou de l’aure » (le sommet du vent du nord) est devenu le Baou de l’Heure. » (Source  ll faut dire que Google ne le connaît pas)). Un autre  me signale: dans la série des déformations, on a le chemin du Moulin de Laure à Alès et l’école du Moulin de Laure à Lançon de Provence. Le « molin de l’aura « , en territoire provençal n’est-il pas l’équivalent du « molin de vent » en Languedoc.

Fabien, qui a visité mon site m’écrit le11-10-2016:

A l’article aura, vous mentionnez le baou de l’heure à Toulon. Il s’agit du Baou de 4 Heures, c’est bien le contresens de la traduction du Baou des 4 Vents : Mistrau, Trémount, Labé, Ponant selon une étude de l’Académie du Var de 1976.

Le sens du mot aura s’est généralisé dans les langues romanes. En latin c’était surtout « une brise agréable et rafraichissante ». En galloroman aure, aura désigne tous les vents possibles, de la brise à l’orage, et il fait le tour de la boussole suivant les régions.

Suivant les attestations anciennes le mot a dû exister en langue d’oïl comme en langue d’oc, mais il a été concurrencé par le mot « vent » venant de la région parisienne et n’est plus vivant qu’en franco-provençal et dans l’est du domaine occitan, jusqu’à Trèves et Alzon dans le Gard, et en Lozère. Une autre aire se trouve en Wallonie. (voir la page Fandaou pour une histoire analogue de géolinguistique).

En occitan nous trouvons dès les plus anciens textes une série de dérivés d’aura avec le sens « fou »: Que m vol aitals amors aurane (Que me veut une telle amour légère) Bertrand de Ventadour, (Raynouard I,p. 148); auria adj. avec le même sens. En languedocien moderne on trouve le sens littéral et figuré dans aurat « léger, évaporé; tête au vent, étourdi, imprudent ». En ancien occitan, je trouve une forme qui fait très moderne aurania « légèreté, extravagance ».
D’après le FEW, on peut retracer cette signification dès le latin classique. Par exemple chez Ovide aura veut dire « inconstance ».

Une autre attestation se trouve dans une » tablette d’exécration » ou defixio.  J’ai déjà parlé de ces tablettes à propos du mot fan. Je les trouve passionnantes, tellement loin du latin classique que j’ai appris au lycée, le latin d’ Ovide, de Virgile et de Seneca, mais tellement proches des hommes et des femmes qui vivaient dans notre région il y a 20 siècles. Alors j’ai cherché le texte dont le FEW parle et je l’ai trouvé grâce à Gallica. Il s’agit d’un compte-rendu d’un livre de Maurice Jeanneret La langue des tablettes d’exécration latines. Thèse de Neuchâtel, 1918, par J.Jud dans Romania 45, p.500. Les tablettes ont été décrites par Auguste Audollent en 1904 : (A. Audollent, Defixionum tabellae quotquot innotuerunt tam in Graecis Orientis quam in totius occidentis partibus praeter Atticas in corpore inscriptionum Atticarum editas, Thèse de doctorat d’État, Paris, A. Fontemoing, 1904 ; rééd. Francfort, 1967.téléchargeable) Voici une partie du texte de J.Jud :

J.Jud discute l’interprétation de M.Jeanneret de auram patiatur et propose de le traduire par « souffrir d’un accès de folie« .

Un sujet passionnant. J’ai réuni des images et des explications: Tablettes d’exécration

Un exemple pour vous donner envie.  Cliquez sur l’image.