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Pastel

Pastel « guède isatis tinctoria; pastel ». Etymologie d’un mot languedocien devenu international, p.ex. anglais pastel. Un dérivé du latin pasta « pâte de farine « . C’est le TLF en faisant deux articles pastel qui m’a mis la puce à l’oreille : 1) guède ou isatis tinctoria et 2) poudre de couleur agglomérée en pâte servant à préparer des crayons de couleur. Dans le paragraphe étymologie, le TLF suit von Wartburg pastellus « guède » et suppose une origine languedocienne, parce que cette plante était surtout cultivée dans le Haut Languedoc, en particulier le Lauragais. Dans : Hofmann, Johann Jacob (1635-1706): Lexicon Universale, on trouve:

et

Les premières attestations viennent en effet de cette région. Je cite un des nombreux sites consacrés à son histoire qui nous fournit en même temps l’étymologie (incertaine) du mot cocagne:
« Le pastel a donné au Lauragais du 15ème au 16ème siècle une richesse jamais retrouvée, un siècle d’or (de 1462 à 1562) qui a vu le pays se couvrir de châteaux, d’églises et de pigeonniers. Les coques également appelées cocaignes ou cocagnes, sont des boules séchées et dures de feuilles de pastel écrasées. C’est la plante mythique du pays de Laurac, on l’appelle  » l’herbe du Lauragais », c’est dire combien la région et la plante sont étroitement liées. Plusieurs pays cultivaient pourtant le pastel mais comme le disait Olivier de Serres : « le pastel ne vient bien qu’en Lauragais ».

A l’époque le pastel valait de l’or! Dans un document notarial de 1405 sur la création d’une société de commerce du pastel entre un épicier et un boucher de Toulouse, j’ai trouvé:

Johannis posuit et misit in dicta societate xxxv sarsinatas pastelli aggravati
et boni et sufficientis sub precio quinque scutorum auri pro sarsinata….

reste à savoir ce que vaut scutum auri et combien pèse une sarsinata pastelli… D’après mon dictionnaire latin un scutum est un « bouclier » devenu plus tard notre écu, qui en France pesait environ 4 grammes d’or, et une sarcina « un paquet », ce qui nous n’ avance guère. Dans un vocabulaire est mentionné qu’un sarcinata = « un quart d’un muid ». Le muid semble être une mesure de liquide à Toulouse de 12 fois 288 litres mais aussi de blé ….? .

Un visiteur a eu la gentillesse de poursuivre la recherche sur la valeur de la sarsinata, et il a trouvé un article de Michel Bochaca, Bordeaux plaque tournante des exportations de pastel languedocien vers l’Angleterre et la Flandre : le rôle des Castillans dans la mise en place de circuits économiques nouveaux à la fin du XVe siècle. Divers exemples dans cet article établissent que 1 sarcinée = 125 kg; par exemple en page 3:

À Toulouse, où il se rend en personne, Diego de Castro figure parmi les principaux clients de Jean Boisson et de son gendre, Étienne Ulmier. Associé à un autre marchand de Burgos, Gratien de Mazuelo (García de Masoello), il achète de grosses quantités de pastel en 1499 et en 1500 (1080 sarcinées, soit 135 tonnes). Et plus bas dans la même page la balle en cale est de 90 kg: Le pastel réapparaît dans les sources une fois embarqué sur des navires prêts à prendre la mer … pour un total de 205 balles, soit près de 18,5 tonnes en comptant la balle à 90 kg. Pour lire tous les indications trouvées par ce visiteur sur la valeur des sarcinata, attesté au IVe siècle chez le medecin Plinus Valerianus.

.   

un champ de guède                                     ..Isatis tinctoria .                                         ….cocagne…..


……………………………..…………………………………………….le guède

Si l’histoire des couleurs vous intéresse, vous pouvez approfondir le sujet avec le livre de  Michel_Pastoureau, Bleu. Histoire d’une couleur, Le Seuil, 2002. version poche (ISBN 2020869918), version grand format (ISBN 2020204754). (Wikipedia)

Voir aussi  l’article  Le pastel, une plante qui retrouve ses  couleurs dans Telebotanica.

Nouvel article dans Télébotanica, dont je copie la partie concernant le mât de cocagne :

Voilà pour l’histoire. Mais comment obtenait on le « pastel » ?

Les feuilles étaient récoltées en plusieurs fois, à maturité optimale, de juin à octobre, séchées puis broyées à la meule jusqu’à obtenir une pâte. Femmes et enfants faisaient alors des « conques », sortes de boule d’environ 5 cm de diamètre. Celles-ci étaient stockées dans des locaux ad hoc, pour ceux qui en avaient. Les petits paysans, eux, les montaient dans des paniers en haut d’un mât qu’ils enduisaient de graisse pour rendre difficile qu’on ne leur vole . Eh, oui, l’expression mât de cocagne était née*.

Cocagne-Mât2

Un an après ce stockage, les conques étaient à leur tour broyées pour obtenir « l’agranat » sorte de granulat noir-fonçé. Mélangé dans des cuves à de l’eau, des hommes dits « les pisseurs » à qui on apportait force boisson et alcool, y urinaient, histoire d’alcaliniser le milieu… C’est ainsi que, après macération odorante et oxydation durant plus d’un an, la célèbre teinte était obtenue.

Sous Napoléon, un natif de Lectoure qui y débuta apprenti-teinturier, le maréchal Lannes convainc l’empereur à faire teindre certains uniformes de la grande armée. Gageons qu’alors, l’ammoniaque s’était substituée à l’urine.

Aujourd’hui, la teinturerie de Lectoure produit du pastel et différents cosmétiques fabriqués à partir de l’huile issue des graines.

.P

Mastra 'pétrin'

Mastra « pétrin »en provençal et est-languedocien,    l’étymologie  est  comme pour  mats, mèit   et français  maie  un mot d’origine  grecque : μακτρα « pétrin ».

pétrin provençal.

La première attestation date de 1351  à Maguelone dans l’Hérault. Le FEW donne sa source « ARom3, 371 ».  J’ai voulu vérifier, ce que je ne fais pas toujours parce que cela m’occuperait des journées entières.  J’ai « googlé « Archivum romanicum 3 »  et en effet en 3e position je le trouve.  Un certain Gulio Bertoni a dépouillé le livre de A. Germain,  Maguelone sous ses évêques et ses chanoines.  Montpellier, 1869. Aux  pp.219-288 se trouvent les  Statuts de l’Eglise de Maguelone.   Dans ces statuts il y a de nombreux mots occitans mélangés au latin.  Si cela vous intéresse,  suivez ce lien .   A la page 271 du livre de Germain est noté notre mastra:  Extrahere pastam de mastras

Quand je vois cela, je me rends compte du travail de moine que von Wartburg a dû faire  pour le FEW et la chance que nous avons de disposer d’Internet.

Pratiquement toutes les attestations actuelles de mastra viennent du domaine provençal, plus une de St-André de Valborgne (Gard), mais l’attestation de Maguelone prouve qu’autrefois cette zone était plus étendue.

Les signifcations secondaires restent proches du sens « pétrin ».  Dans la Drôme mastro  « huche de cuisine, armoire, auge à porcs », à Allos (près de Barcelonnette) « caisse dans laquelle on échaude les cochons » 1. A Nice une  mastra  est aussi un « gros derrière ». La mastro ou  la grande mastro est un terme du jeu de la pierrette, qui consiste à lancer des cailloux en l’air pour les recevoir dans le creux ou sur le dos de la main ». 2

L’étymologie μακτρα >  mastra pose un problème phonétique.  La suite –κτ- n’aboutit pas régulièrement à –st-. Dans le sud de lItalie, la Magna Graecia,  où le grec était la langue courante, la suite –κτ-  a abouti régulièrement à –tt-.   Cette forme mattra  « pétrin » est toujours vivante dans le sud de l’Italie et a conquis du terrain jusqu’en Toscane. Dans le nord de l’Italie  par contre , de Venise jusqu’au Piemont, est attestée la forme mastra,  qui doit venir d’une forme grecque régionale *μακξτρα  avec un –xsi-.  Ce changement n’est pas un cas isolé.  L’explication de la différence entre la forme du sud mattra  et celle du nord  mastra   se trouve dans l’histoire politique.  Beaucoup de dialectalismes grecs ont été adoptés dans le nord de l’Italie pendant la période de l’Exarchat. Dans Wikipedia je trouve ceci

L’exarchat est une organisation de certains territoires périphériques de l’empire byzantin, mise en place au VIe siècle pour faire face à la menace d’envahisseurs. L’exarchat est dirigé par un « exarque » qui concentre les pouvoirs civils et militaires. Cette organisation visait à réagir de façon optimale aux dangers menaçant l’empire dans ses régions périphériques, sans avoir à attendre les ordres venus de Constantinople. Ils bénéficiaient d’un plus grand degré d’indépendance que les autres gouverneurs provinciaux….Seuls deux exarchats furent constitués, à Ravenne contre l’invasion des Lombards

C’est l’Exarchat de Ravenne qui nous intéresse.

La forme provençale mastra s’explique donc par  l’influence des parlers du nord de l’Italie, le piémontais et le ligure.

Ce n’est pas uniquement dans la langue que le grec byzantin  a eu une influence à Ravenna.  Voir ci-dessous une mosaïque du Palais.

Détail d’une mosaïque faite dans un  atelier italo-byzantin  à Ravenna, achevée en  526 après JC par le «Maître de Saint-Apollinaire». Après la défaite de Théodoric, les mosaïques murales dans le Palais et la cathédrale ont été refaits par les Byzantins pour enlever des éléments gothiques. Les chiffres dans cette mosaïque ont été remplacés par des rideaux, probablement en raison du manque de temps. Plusieurs vestiges des premiers travaux sont visibles, comme une partie d’un bras sur le troisième pilier de la gauche.

L’étymologie peut mener très, très loin! De Maguelone à Istambul par exemple.

________________________________

 

  1. voir la decription et le dessin dans l’article mats, meit
  2. Impossible de trouver une description sur le web.

Patrick Bruel et Pieter Breughel ont un étymon en ...

Brueil, bruel  « breuil, petit bois clos ». Un mot du vieux languedocien (v.l.) et’un toponyme :

L’étymologie de l’abbé de Sauvages (S2), le grec bruein  n’est certainement pas la bonne. Le FEW I, 555b propose une origine gauloise, *brogilos « bois clos »  derivé d’un autre mot gaulois broga « bord, limite » (voir mon article broa). qui a été repris par la féodalité carolingienne.  Brŏgilo apparaît pour la première fois dans une des Capitularia de Charlemagne  ( Polyptique de St-Irminon, Capitulare de Villis) vers l’an 800. 1 :

Ut lucos nostros, quos vulgus brogilos vocat, bene custodire faciant. (qu’ils fassent bien garder nos terrain que  le peuple appelle brigilos)(source)

Ce sens féodal « terrain appartenant au seigneur » est attesté en ancien lorrain bruel « pré seigneurial que les habitants d’un village étaient obligés de faucher »  et en ancien alsacien brügel  « pré destiné à être au service privé du seigneur ».

Mais le vol.I du FEW date de 1922. Comme je viens de découvrir que la lettre B du  Lessico Etimologico Italiano  est disponible sur le web, j’en profite pour vous envoyer vers l’article brogilos.  Je n’ai rien à y ajouter, sauf que le même mot existe aussi en néerlandais; voir ci-dessous.

J’ai essayé de traduire le premier paragraphe avec Google traduction, une catastrophe !. Tout francophone et surtout tout occitanophone  comprendra mieux l’italien que la traduction Google. Comme preuve, voici l’original et la « traduction »:

La voce *brogilos, derivato di broga ‘campo, limite’ (scoliaste di Giovenale, Gaff., TLF 4, 944a), pare essere relitto gallico, dato che conti- nua unicamente nell’Italia settentrionale e nella Galloromania (cfr. Pellegrini,SSCISAM 21,459). Il significato più esteso sembra quello di ‘giar- dino cintato; frutteto; verziere’ (I.1.), cfr. friul. broil ‘poderetto annesso alla casa, cinto da un muro, coltivato a viti, alberi da frutta ed erbag- gi’ (PironaN), b.engad. bröl ‘frutteto’ (DRG 2, 522a), occit.a. brolh (1160ca., BernVent, Appel 9,
* Les brogilos ce point, sur le terrain dérivé Broga ‘ Limiter ‘(scholiaste Juvénal, Gaff., TLF 4, 944e), semble être l’épave gallique, comme con- nuent seulement dans le nord et Galloromania (voir Pellegrini, SSCISAM 21.459). Le sens semble plus étendue que «gar- dino clôturé, verger, verger »(I.1.), Cf. Friul. petite ferme du gril »attaché à la maison, entourée d’un mur, planté de vignes, arbres fruitiers et des erbag gi ‘(PironaN), b.engad. Bröl «verger» (DRG 2, 522e), occit.a. brolh (1160ca., BernVent, Appel 9,

Patrick Bruel    Saint-Jean de Bruel (Aveyron)  St-Jean-de-Bruel, Aveyron

Allemand brûl « pré; réserve des cerfs » (plus chez Grimm ) vient également de brogilos.   

A toutes ces attestations je peux apporter une petite contribution:  le mot néerlandais breugel  maintenant vieilli et qu’on ne trouve que dans des noms de lieu et de personnes comme en France, fait partie de la même famille, d’après de Vries,  NEW. (= etymologie-bank) qui écrit que le sens d’origine semble être « terrain clos ».  Il y beaucoup de formes différentes. Cela s’explique par le fait qu’il s’agit d’un emprunt  mal intégré.  Une de ces formes, celle du Brabant, m’ a intrigué particulièrement : bruel.

Le nom  le plus connu est  bien Breughel, graphié  autrefois Bruegel un village dans le Brabant néerlandais et un autre en Belgique. (plus dans le Tijdschrift voor Nederlandse Taal- en Letterkunde. Jaargang 31. E.J. Brill, Leiden 1912   consultable  sur le web).

Notre Patrick Bruel  se trouve donc en très bonne compagnie, Pieter Breughel :

Pieter Breughel

  1. Holder, Alt-Celtischer Sprachschatz I 619 vlg. en Nachtr. 984 vlg.

Brio, brino, brigno ‘gousse d’ail&rsqu...

Brio, brino, brigno s.f. « gousse d’ail ». L’étymologie est peut-être une racine gauloise *brinos « rejeton, tige » avec le suffixeia , mais jusqu’ici on ne connaît aucun mot celtique qui y correspond. Le 15/7/2016 : Pierre Gastal m’en fournit plusieurs ! Voir ce qu’il écrit en bas de page. .

L’évolution sémantique  « rejeton »  > « gousse  » s’explique peut-être par la forme et la fonction de la gousse.  En néerlandais il y a eu une évolution analogue. Une gousse d’ail  est nommée « teen » mot qui  signifie « tige fine, rejeton ». Je n’en suis pas sûr, parce que le mot teen  signifie aussi « orteil » et je ne connais pas encore l’histoire de teen « gousse d’ail ».

brigno-d'ail               

Il s’agit d’un tout petit groupe d’attestations. La première de ce groupe vient de l’Aveyron  (Vayssier) . Dans le  Gers  et et le  Tarn-et-Garonne la forme est   brio, dans la Hte-Garonne c’est brino. ( Thesoc type brinha)

L’article  brinos  du FEW comprend principalement des mots qui désignent des tiges, verges, rejetons, des brins. etc.  Mistral  fournit le mot brigno pour le Dauphinois avec le sens « plante herbacée très fine, qu’on emploie quelquefois en guise de bruyère pour ramer les vers à soie ».  Avec un sens très proche brinha  « sorte de roseau (pour faire des paillasses), carex; Une herbe coupante des marécages] » il a survécu à Die (Han Schook).

brinha -carex

La graphie donnée par le Thesoc, brinha vient d’Alibert, mais les gens du  Gers  et du Tarn-et-Garonne prononcent  brio, et dans la Hte-Garonne c’est brino.

Pierre Gastal, spécialiste du Celtique, m’écrit  qu’il y a bien des mots celtiques qui correspondent à cette origine:

Il est bien vrai que *brinos, qui serait à l’origine du français “brin” (celui-ci dit “peut-être gaulois” par le Dictionnaire étymologique Larousse) n’est cité ni par G. Dottin, ni par P.-Y. Lambert, et pas davantage dans le dictionnaire gaulois de X. Delamarre.
Cependant le mot est bien présent dans les langues celtiques :
V.bret. breun (breyen déb. XVe s. ; bryenen, au sing. 1732), breton mod. brien-enn, coll., « brins (de filasse, de lin), petites tiges végétales, bribes », corresp. au corn. brewyon et au gall. briwion.
On le trouve même en espagnol sous la forme brizna (brin). Le sens premier de la racine indo-européenne semble être : fragment, miette, petit morceau détaché, brisé de quelque chose de plus gros.

 

 

Espantar

Espantar « épouvanter, surprendre, impressionner, étonner ». Tu m’espante! en français régional. Espantar a la même étymologie que français épouvanter. latin *expaventare qui n’est pas attesté mais qui a dû être formé très tôt en latin parlé puisqu’on le retrouve en italien spaventare, en catalan, espagnol et portugais espantar. Les formes espand, espantable ont également existé en ancien et moyen français :

Nouveau et important: Voir le Dictionnaire du Moyen Français (DMF) ! avec de nombreux exemples, des liens, bibliographie, les etyma, etc. Vous arriverez sur la page où la recherche se fait à partir d’un étymon. Pour *expaventare cliquez dans la première ligne sur E, dans la deuxième ligne sur X et dans la troisième sur P, ensuite choisissez *expaventare. Vous trouverez les 38 articles.

En occitan moderne et en français régional le sens s’est plus ou moins affaibli par l’ usure comme cela arrive souvent aux mots expressifs. D’autre part espanter devient de plus en plus courant dans des blogs, forums etc.

En occitan moderne on trouve à côté des formes espantar des formes avec –v- : espaventá, espraventá, espabenta, qui sont probablement refaits à partir du substantif espavent « épouvantail ». Voir aussi le Thésoc, s.v. « épouvantail » pour l’ouest-occitan. En provençal comme dans des localités du Gers, Haute-Garonne et des Hautes- Pyrénées on trouve un autre dérivé en ale : espaventau.

Emprunté au français: breton spount et spoñtus « épouvantable ».espaventau

Espic, aspic 'lavande mâle'

Espic, aspic, « Aspic ou spic. Nom vulgaire de la grande lavande ou lavande mâle (lavandula spica) de la famille des labiées . » (TLF). L’étymologie est le latin spica « épi » espigo s.f.  parce que les fleurs sont rangées en épi.  Mais il y a un petit problème; spica  ou  spica nardi   ne désigne pas la lavande, que le Romains connaissaient certainement1, mais le nard indien.

Le parfum du nard indien,  très apprécié dans l’antiquité (écrits de Théophraste, Pline, e.a.), est extrait du rhizome et du bas de la tige de la plante.

nard indien

Pendant le haut Moyen Age le commerce avec l’Orient avait fortement diminué ( fin de la globalisation !)  et on a remplacé le nard par la lavande tout en gardant le nom, au masculin cette fois: espic au lieu d’espiga,  comme en italien  spigo  et le catalan  espic.  L’origine de la forme avec a- répandue depuis la Renaissance  n’est pas tout à fait clair, mais elle est également d’origine occitane.  Le TLF suit le FEW :

la forme avec initiale a- est due sans doute a) à l’influence (par étymol. pop.) de aspic, désignation du serpent ou de la vipère dans nombre de dialectes cf. FEW t. 1, p. 157b, s.v. aspis (du point de vue de l’usage : la plante pouvant être utilisée contre les piqûres d’aspic − ou du point de vue de la forme : la feuille lancéolée pouvant être comparée à un aspic); b) peut-être aussi influence du syntagme lat. sav. lavandula spica.

Le nom occitan espic, ou aspic  s’est répandu assez tôt vers le Nord avec la plante: ancien français  espig, escpic (Godefroy) depuis 1190, aspic en moyen français.  Solerius écrit en 1542 que la lavande est un pseudonardus :

aspic   (ligne 4)— le nardus celtica pousse sur les hauteurs des alpes et il est encore appelé aspic par les paysans.. Et il y a deux sortes de faux (nardus) : un masculin appelé spigo par les Italiens: par les Gaulois et chez nous aspic; un féminin appelé lavande par tous les peuples de la Gaule: lavanda par les Italens. —

Le nom scientifque du  nard celtique est Valeriana celtica L. Voir RollandFlore la Valeriana celtica L. nardus celtica, nardoceltica,  ou spica celtica , spic celtique , saliunce, salvince, fr. du xv« s., J. Camus, et Cf.Valeriana celtica dans Telebotanica

Dans la page Pl@ntuse intitulée Noms populaires des plantes je retrouve une remarque que j’ai faite à plusieurs reprises, mais qui vaut aussi pour d’autres domaines:

Les plantes sauvages utilisées localement tendent à avoir des noms populaires très diversifiés, qui peuvent varier d’un village à un autre. Par contre, les plantes qui font l’objet d’une culture, d’un usage bien établi ou d’un commerce, tendent à avoir des noms plus stables, et des noms savants. Quand elles voyagent, elles le font souvent avec leur nom. Ceux-ci s’avèrent être des indices précieux pour reconstituer le cheminement de nos plantes usuelles.

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  1. Nous ne connaissons que le mot stoechas « variété de lavande »; le mot lavande est un emprunt à l’italien

Farrouche ‘trèfle incarnat’

Farrouch  « trèfle incarnat » . Farratchal « champ de farrouch » en Ariège. Étymologie: latin farrago « mélange de divers grains pour les bestiaux ». Si l’étymologie s’arrête là, elle a peu d’ intérêt. Ce serait comme une description du Rhône dans ce genre:

Le Rhône qui se jette dans la Méditerranée  à Marseille,  prend sa source vers 1 900 m d’altitude, au glacier de la Furka, à l’extrémité inférieure du glacier du Rhône, sur les pentes du massif de l’Aar-Gothard.

Pour en savoir plus nous devons retracer l’histoire 1. de la forme du mot, 2. du sens et 3. de la plante.

farouche

1. Les Romains  disaient aussi ferrago , ce qu’on explique  comme une dissimilation des deux –a-. Ferrago est à l’origine de toutes les  formes romanes, catalan ferratge, italien ferrano, espagnol herrén, portugais ferrãn.  Dans les parlers occitans nous trouvons aussi bien les formes ferratje ou farratge,  par l’effet d’une re-assimilation au cours des siècles. Les premières attestations  comme ferratja, ferraya « terrain planté en fourrage »  viennent des Alpes-Maritimes.  L’abbé de Sauvages (S1) écrit : fëraâjhë « escourgeon » s.m. espèce d’orge qu’on fait manger aux chevaux en verd. » A Cahors ferratse est le « maïs à fourrage ».

2. Dans toutes ces attestations le sens est assez proche de celui du mot latin farrago  et désigne une plante verte qui sert de fourrage pour les bestiaux, mais en Espagne  le sens de  farratge  s’est restreint dans la pratique à « trèfle incarnat », probablement parce qu’il y réussissait très bien. En tout cas en espagnol il s’appelle aussi Trébol del Rosellon et en français trèfle du Rousssillon.  

3. Le FEW propose avec hésitation d’expliquer le –ou-  ( farroutcho)  des formes languedociennes et gasconnes par influence du mot rouge.  Le fait que j’ai trouvé la forme farrucha  pour l’espagnol avec la localisation de la plante en Catalogne, où cette plante s’appelle farratge  reste contradictoire. 1

3. C’est à partir de l’Espagne que le farouch s’est répandu  comme plante de fourrage dans tout le Midi et ensuite vers le Nord du pays.  En 1795 farouch est attesté en français.   Je dois vous renvoyer vers le livre de Pierre Joigneaux si vous voulez en savoir plus2 Voici un extrait  concernant le farouch en Ariège:

FarouchJoigneaux1et

FarrouchJoigneaux2 

FEW III,421-422.

Catalan:

farroig ‘fenc’  m BOT/AGR Fenc 1.
farratge « Blat de moro tallat abans de granar que hom dóna com a aliment al bestiar. » Le Diccionari catalan complète : « 1364; del ll. farrāgo, -agĭnis ‘grana per al bestiar’, der. de far, farris ‘blat’.

  1. J’ai trouvé quelques rares attestations d’un espagnol farrucha: dans l’Herbario Virtual  il y a les noms suivants: Nom comú català : Fenc. Nom comú castellà : Farrucha. Trébol encarnado. Distribució per províncies : Barcelona. Girona. Lleida. Dans  l’article Wikipedia Trifolium incarnatum  espagnol ,et dans un autre site espagnol ,mais dans aucun dictionnaire.
  2. Plusieurs pages intéressantes sur la luzerne pour les agriculteurs bio dans le Languedoc. Voir Joigneaux, p.316

Bar(r)aquet

Baraquet, barraquet

  • haricot blanc ;
  • escarole (Tarn; FEW).
  • espèce d’endive
  • poulie (maritime) ;
  • surnom des Espagnols à Carcassonne.

Ce dernier sens m’a été signalé par un visiteur qui l’a entendu à la radio, dans un refrain sur la Trivalle un quartier de Carcassonne situé au pied de la Cité, typique pour sa population majoritaire issue de l’immigration espagnole (les barraquets) et gitane ( voir le site carnaval de Lavalette).

Un autre visiteur me signale : « A Béziers aussi les Espagnols étaient surnommés « los barraquets« , indéniablement « les haricots verts », car après ’36 ils arrivaient minces. Les haricots blancs sont « los favariols« . Voir à propos de ce dernier favasso etc.

« Aquela Trivala, aquel polit quartièr, i a que de gitanas, e de baraquets.
An pas de sandalas, an pas de solièrs. E van far la valsa, aquí jol Pont Vièlh !»

Baraquet n’est pas dans le TLF, mais apparaît dans l’ Arrêté du 4 août 1955 concernant les semences potagères : « Nain extra-hâtif et son synonyme Baraquet « . En surfant j’ai constaté que les jardiniers et les cuisiniers ne sont pas d’accord sur le sens exact des bar(r)aquets. Certains disent qu’ils sont plats et verts, pour d’autres ils sont blancs cernés de jaune, ou gros et verts,     s’ ils n’ont pas été ramassés à temps et bons pour la soupe. Pour le dictionnaire Panoccitan le barraquet nom m. est le « haricot mangetout (vert) ». Cela vient peut-être du fait que la Commercialisation [des semences n’était] possible [que] jusqu’au 31 décembre 1997.(Arrêté du 4 août 1955 ).

Baraquets Rue La Trivalle Carcassonne.

Les noms des fèves et des haricots servent souvent comme surnom. Voir l’article favasso, favalise et Mr Bean. A Fleury d’Aude certaines personnes sont appelés Manja-favas. Voir à ce propos cette page. Voir aussi ci-dessusbajana.

Un visiteur me donne le complément d’information suivant: A Béziers, comme à Carcassonne, les immigrés espagnols étaient los barraquets, « les haricots verts. » Peut-être consommaient-ils ce légume mais je crois surtout que ces malheureux arrivaient fort maigres d’Espagne.

L’étymologie de barraquet   n’est pas enitièrement élucidée.
J’ai rassemblé les mots qui sont dans le FEW et qui pourraient avoir un rapport avec baraquet :

  1. Carcassonne barraquet  » haricot blanc dont on mange les gousses avant la maturité « ; Tarn barrakéto f. « escarole » ( FEW 21/131b Incognita. et FEW21/122a).
  2. Arrens (HtesPyr.) barraquet ‘cheval court  » p.36 dans l’article brakko « chien de chasse « . (FEW 15/1, 237a ).
  3. Mdauph barakéto f. « gourme des petits chats » > barraqueto M. – (FEW 22/1,299b Incognita. suivi de cette remarque: Probable dérivé de Basses Alpes braquet  » furoncle  » ici 15/1,237b *brakko1. (Chauveau)
  4. Vaux (Ain) barkadolà adj.  » bariolé de couleurs diverses..  » p.ex. la robe d’un animal; Drôme baraca  » bariolé « , Puyb bouraka , -edo  » qui a plusieurs couleurs « ; Yonne baraque « pie ». ( FEW 23/187b Incognita et p.224)

C’est le dernier groupe qui a fait sonner une petite clochette dans ma tête.

Dans l’article barrakan « tissu en poil de chameau » (mot arabe), sont mentionnés : occitan barracan « gros camelot qu’on façonnait autrefois avec des raies blanches » (tiré du Dictionnaire d’Azaïs), ailleurs à Marseille, Alès, Toulouse, et en Limousin avec des défintions moins préces « étoffe de laine, camelot ». L’abbé de Sauvages donne Baracan « sorte d’étoffe qui rejette la pluie ». L’espagnol barragán « sorte d’étoffe qui rejette la pluie »  a la même définition que celle de l’abbé Sauvages. Dans le même artcle du FEW sont cités les dérivés occitans barracaná v.tr. « barioler de blanc«  ou adj. « bariolé » , languedocien bracaná « bariolé » (Sauvages)  attesté depuis 1060! , Velay braccanoda « se dit d’une vache qui a deux couleurs tranchantes sur le pelage ».

Je pense que le groupe mots d’origine inconnue n° 4 ci-dessus , appartiennent à la famille barrakan. C’est la définition précise donnée par Azaïs « avec des raies blanches » qui permet d’y attacher également le mot de l’Yonne baraque « pie ».

Pour la même raison je pense que le baraquet « haricot blanc » de Carcassonne devenu « sobriquet des Espagnols » fait également partie des dérivés de l’arabe barrakan.. Une autre possibilité est que les travailleurs espagnols étaient habillés de » tissus grossiers bariolés imperméables » (barragános), quand ils sont arrivés à Carcassonne.

On peut penser qu’un « cheval court  » appelé barraquet à Arrens est également comparé à un « haricot » et non pas à un braque. En ce qui concerne la « gourme des petits chats » je dois avouer mon ignorance. Je n’ai trouvé des renseignements que sur « la gourme des chevaux ». Il faudra consulter un vétérinaire. Mais si la gourme des chats est identique à  » des vers » ( français gourme < germanique worm « vers ») , qui ressemblent à des petits haricots, alors la conclusion s’impose. Le sens « poulie » (Alibert) reste un mystère. Peut-être à cause de sa forme qui ressemble à un haricot blanc : ?

L’arabe barrakan a donné en allemand Barchent [arab. Barrakan ==> grober Wollstoff] einseitig der beidseitiggerauhte Baumwoll- oder Viskosefasergewebe mit Flanellcharakter.

Barchent

Le dictionnaire de Grimm donne les formes Barchat, Barchet et pour le moyen allemand barkan. Comme origine il cite une forme du latin médieval barchanus, parchanus. que je n’ai pas retrouvé, mais DuCange donne barracanus :

Petrus Venerab.  est Pierre de Montboissier dit Pierre le Vénérable, né entre 1092 et 1094 et mort en 1156,  était le neuvième abbé de Cluny dès 1122. Il  interdit aux moines de porter des tissus barracanos ou des burellos pretiosos.
Sur bouracan attesté depuis 1150, espagnol barragan depuis le IXe siècle, voir bouracan! (TLF et pour le moyen français le Godefroy.) Ce dernier donne les deux formes bouracan et barragan.

Espagnol: barragán2. (Del ár. hisp. bar[ra]kán[i], este del ár. barkānī, tipo de paño negro indio, y este del persa pargār o pargāl).

1. m. Tela de lana, impenetrable al agua.

2. m. Abrigo de esta tela, para uso de los hombres.

Bar(r)aquet est aussi un nom de famille. « Mangeurs d’haricots » ou « d’origine espagnole » ?

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqu...

Simbel, « appelant » mais aussi « abruti, fou, emmerdeur (Covès, Sète à dire).  Alibert  l’écrit cimbèl.

La graphie  cimbèl imposée par les Occitanistes, pourrait être l’occasion d’un débat sur l’ORTHOGRAPHE de l’occitan.  Alibert nous fournit même 3 graphies différentes suivant le sens du mot :

  • cimbala « cymbale »,
  • cimbel  » ligne, signal, enseigne’ Toulouse, Cévennes; appeau, clochette, pour bêtes à cornes. » Rouergue «  »taureau conducteur »; au figuré  » cause sujet, occasion » Far cimbèl « être dans l’attente ».
  • cimbol  « clochette, grelot ».

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.

La justification de la graphie avec c- est l’étymologie cymbalum, mais pourquoi pas cymbel ?

Pour toutes les significations que cymbalum « cymbale » a prises  principalement dans les parlers occitans voir le FEW II, 1611.  lien direct.  Les sens  fournis par Covès donnés ci-dessus, n’y sont pas. Il doit s’agir d’une évolution locale, suggérée par le mot simplet ??

Galinetta

Galinetta « coccinelle; clavaria flava (champignon) » est un dérivé de galina « poule » du latin gallina « id ». D’après ma source le claviaria jaune est le flava, le rouge est le botrytes. Mes connaissances en mycologie sont très limitées, mais je ne serais pas étonné si la galinetta est le « clavaria botrytes ».

 galineto dâou bon Diou (S) galinolo « coralloïde » (S)

L’histoire de gallina est un excellent exemple des avantages de la méthode du FEW.  Gallina « poule » est conservé dans presque toutes les langues romanes : roumain gaina, italien gallina, catalan et espagnol galina, portugais galinha, et en gallorman geline (ancien français), galino (languedocien). A partir du XIIIe siècle, on commence, notamment à Paris, à utiliser le mot poule au lieu de geline. La raison est probablement ce que nous appelons aujourd’hui le « marketing » : une poule « jeune geline » se vend mieux qu’une geline dont on connaît pas l’âge.

De nos jours l’histoire se répète. La poule a vieilli. C’est bon pour la soupe. Il n’ y a que des poulets sur la broche! Il est abattu entre 42 et 45 jours, c’est la loi. Pourtant dans la tradition la geline reste poulet jusqu’à 70 ou même 90 jours.

Un poulet  est « Petit de la poule et du coq, mâle ou femelle, entre le moment où il perd ses duvets au profit des plumes, et le moment de sa maturité sexuelle.  » TLF.

Dans les menus des restaurants néerlandais par contre on vous propose des kip(petjes)« petites poules » ou des haan(tjes) « coquelets », en Allemagne des Hänchen etc. En Espagne toujours un pollo.

Le pourquoi du transfert du nom de la poule sur la coccinelle ne m’était pas clair. On le retrouve en picard galline, à Nice galineta et en Italie dans le Valle Anzasca galining della madona. Il n’est pas impossible que la couleur rouge ya joué un rôle . Le mot coccinelle vient du latin coccinus adj. « d’écarlate » dérivé de coccum « kermès, espèce de cochenille qui donne une teinture écarlate; écarlate », en raison de la couleur des élytres de l’insecte. (TLF). Et bas latin coccus signifie « coq » animal caractérisé par sa crête rouge. Une association du sens « rouge » et de la forme « coc- » a pu être à l’origine de galino. Il est à noter que galino désigne à Marseille et à Nice le poisson rouge « trigla lyra », galinetto en provençal.

Mais l’histoire de la coccinelle est beaucoup plus complexe que je ne croyais. A ma demande Mme Jeanine Medelice, professeur à l’université de Grenoble, m’a envoyé une copie de son article Les désignations de la coccinelle dans les dialectes romans de France: commentaire des données retenues pour le dossier 08.126 de l’A.L.E. paru dans le Bulletin du centre de dialectologie, II (1986),119-136. Je la cite:

« La coccinelle est un petit animal bénéfique auquel les croyances populaires prêtent de nombreux pouvoirs : prévision du temps, prédiction de mariage … Favorite des enfants, elle est présente dans de nombreuses comptines et de nombreuses formulettes qui ont fait l’objet de tout aussi nombreuses études. » Plus loin : « l’élément primordial dans la dénomination de la coccinelle est son lien avec tout un ensemble dont le dénominateur commun est le notion de « sacré ». Coccinelle = bête à bon Dieu.

Les deux éléments de bête à bon Dieu , néerlandais lieveheersbeestje, peuvent être remplacés par des éléments sémantiquement proches: bête devient poule, petit pinson, mouche, perdrix ou galinette; le bon Dieu devient le paradis, Sainte Cathérine, catarineta (Fourques,Gard)etc. Allemand Marienkäfer. Par raccourci la galinette du bon Dieu devient la galinette tout court.

Mme J.Medelice ne disposait pour l’occitan que de l’ALF, de l’Atlas linguisique du Massif central, celui de la Gascogne et celui de l’Auvergne et du Limousin. Maintenant nous pouvons consulter les autres grâce au Thesoc. Mme Medelice a établi 5 catégories:

  • 1) La coccinelle et le sacré
  • 2. Les prénoms
  • 3. Les métiers féminins
  • 4. Le monde animalier
  • 5.Les désignations incantatoires [onomatopéïques] : a) pures [comme bab-, barb-] b) l’impératif incantatoire [ type nom + vole].

En consultant les données du Thesoc, vous verrez qu’elles rentrent (presque) toutes dans une de ces catégories. Je retrouve par exemple l’élément incantatoire dans le nom devinola (Aveyron, Thesoc).

D’après un artcile dans Wikipedia,  la coccinelle était l’oiseau de la déesse Freya : Freyafugle, ce qui a donné en allemand après la christianisation: la bête à Marie > Marienkäfer, anglais ladybird. De nombreux noms dialectaux flamands et néerlandais dans cet article de Wikipedia. L’article allemand est encore plus complet. Dans le chapitre Der Marienkäfer und der Mensch l’auteur donne beaucoup de variantes.Et il raconte que la plus ancienne attestation de la coccinelle comme porte-bonheur date de 20.000 ans . Il s’agit d’une coccinelle de 1.5 mm taillée dans de l’ivoire de mammouth , trouvée à Laugerie Basse en Dordogne.

trygla lyra _galine   
galine(tto
) en provençal         et                       galino ou dourmiliouso en languedocien

Je dois avouer qu’il n’est pas toujours évident de retrouver les motivations des noms d’animaux et de plantes. Par exemple à Barcelonette et ailleurs la gelineta est la « Lampsane commune, appelée aussi Grageline, Herbe aux mamelles, Graveline ou Poule grasse » (Voir ce site. )  

D’après le dictionnaire Panoccitan, l’occitan aurait conservé la situation ancienne galina « poule » et  pol « poulet » mais d’après le Thesoc c’est plutôt le mot  pola  que les gens utilisent. D’ailleurs le FEW a constaté en comparant les données de l’ALF aux dictionnaires plus anciens,  que  le progrès de poule « poule » au détriment de galina était déjà remarquable au début du XXe siècle . J’ai vérifié avec le Thesoc, pour le Gard. Dans ce département galino est largement gagnant, mais il est curieux que des villages comme St-André de Valborgne et Camprieux qui sont très conservateurs en général, présentent le type polo. Une explication sociologique à trouver? S’agit-il d’une reconquête de l’occitan ou d’un gallicisme?