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Bedigas

Bedigas « esprit épais, niais, bon enfant; mouton d’un an » aussi bedigo, bedet, bedig. Le sens « mouton » est attesté en wallon et en occitan. D’après le premier volume du FEW, p.312 l’étymon pourrait être une onomatopée *bed-, (pronncé  bèèèèèd) mais il ajoute que peut-être il faut partir du verber béer < badare, ou de belare.  Les nouvelles versions de ces deux verbes n’ont pas inséré bedé, bedigas dans ces articles, pour des raisons d’ordre phonétique.

Dans le Thesoc vous trouverez encore 12 attestations de bedigo, beligo « brebis » dans les Bouches-du-Rhône, le Gard et l’Hérault. Mon témoin pour Nîmes me dit que bédigas « niais » y est très courant. Voir aussi l’article Buòus, bedigas e aventuras ! dans le site du FFCC. A Montélimar : Bédigas, (asse) n.m « bête, niais »; Bédigue n.f « vieille brebis ». (Source). D’après le Thesoc bedó (Gordes, 84) et bedan (Puy-de-Dôme) désignent le « bélier », qui sont probablement de la même famille que bedá « bêler, crier des chèvres et moutons » attesté à Laguiole (FEW Incognita, XXII/1, 283b) .

traduction

Dans le volume XX/1, 286a du FEW je retrouve une variante biliga « brebis »(Clermont) et beligo (Millau) et un renvoi vers le formes beligua, beliga(t) « niais » dans la région de Die, Romans, confirmé par Schook qui donne en plus beligassas « grand idiot ». Je crois que le sens de base est « brebis, mouton ou agneau », d’autant plus que du point de vue sémantique l’évolution « mouton, brebis » > « niais, imbécile » ne pose aucun problème, l’inverse doit être rare.

Dans l’Aveyron beligas s.m. ou beligasso s.f. est le nom de la « clématite ». Ce beligas avec bedigano « sarment de lambrusque dont on fait des cannes » (Alès) et ancien occitan vedigana « bâton de vigne, tige de lambrusque (Arles 1428) est rangé comme dérivé dans l’article vitex, -icis qui a donné veze, vedze « osier » en occitan, encore vivant dans quelques départements, voir Thesoc « osier » >vege.
Le seul lien éventuel que j’ai pu trouver entre les deux sens de bedigas, beligas 1. brebis et 2. clématite est le fait que le mot vitex ne désigne en latin pas quelconque osier mais spécialement le vitex agnus castus « le saule de l’agneau chaste » appelé aussi le « poivre des moines » ou « gattillier » en français. (Il est encore utilisé de nos jours dans la naturopathie, mais avant de vous en servir lisez  cet article de l’INRA.) La plante est indigène autour de la Méditerrannée.
L’agnus castus était certainement largement utilisé au Moyen Age aussi bien dans les abbayes comme « poivre » pour les moines (les moines mâchaient les baies pour calmer les tentations de la chair) qu’à la campagne comme « osier » par les paysans. Le TLF cite une source selon laquelle les fruits du gattilier ont été pendant longtemps employés pour remplacer le poivre ; voir le mot pebre
J’ai le sentiment que,  d’une façon ou d’une autre, le nom de l’ agnus castus bediga,beliga a été tranféré à l’ agnus l’animal > beliga.

Le TLF cite une explication étymologique du nom gattillier : ….et d’un dérivé de gato (chat*) à cause de l’aspect doux et velu des fleurs de cette plante (Corominas). Un agneau est aussi doux et velu !

          
agnus castus                              baies                          sculpture en clématite sauvage

          
bedigas
 de Camargue

Dans la Grèce antique l’agnus castus était associé aux Thesmophories, une fête organisée en l’honneur de Déméter, la déesse de l’agriculture, de la fertilité et du mariage. Les femmes (qui restaient « chastes » pendant la fête), utilisaient des fleurs de l’agnus castus comme parure, et des branches, des tiges et des feuilles étaient éparpillés autour du temple de Déméter . À Rome, les vestales portaient des tiges de l’agnus castus comme symbole de chasteté. Selon la mythologie grecque, Héra, sœur et épouse de Zeus, considérée comme la protectrice du mariage, est née sous un agnus castus. Les traditions anciennes associant l’arbuste à la chasteté ont été adoptées dans le rituel chrétien. Des novices qui entraient dans un couvent marchaient sur un chemin jonché de fleurs de cet ‘arbre, un rituel qui existe jusqu’à aujourd’hui dans certaines régions d’Italie

Babune

babuno « petite pluie, bruine » voir bavard

Bavard

Bavard, babard. Attention aux faux amis : bavard (pr. babart, féminin babardo) signifie aussi « orgueilleux, -se ». Pour Mistral bavard signifie 1. bavard 2.fanfaron. L’évolution sémantique de « bavarder » > « fanfaronner » ou « se moquer » ou « mentir » se trouve un peu partout dans le domaine galloroman. Le premier sens, « bavard » a même dû se perdre dans certains parlers. Voir le Thesoc, bavarder pour constater qu’il n’y a que trois ou quatre villages où l’on a donné le type bavarder.

L’étymon est une racine*baba « bave », qui a donné le dérivé babar « baver », et comme sens secondaire en occitan bavuno, babuno « petite pluie, bruine » et au figuré bava(r) « dire son secret », bavardà.

Batudo

Batuda, batudo « demi-journée de travail ».  En provençal « séance de travail entre deux repas », ce qui revient  au même.  D’après l‘abbé de Sauvages batudo est un terme de tireur ou fileur de soie « la quantité de cocons mise en une fois dans le bassin et remuée avec le balais à battre ». Une spécialisation sémantique.

Dérivé du part. passé battuta du verbe latin battuere, « battre ». L’idée de base doit être « le travail qui est fait d’un seul trait ».
Une évolution sémantique comparable a eu lieu dans le mot français coup dans des locutions comme être dans le coup, d’un seul coup, etc.

Basseler

Basseler « chauffer, surtout un lit » fr.rég.(And) est un dérivé du latin*baccinum« bassin », dont le sens s’est spécifié en « bassin pour chauffer le lit ».

Bartasséger

Bartasséger « aller dans les bartas. Voir ce mot.

Bartas

Bartàs, s.f. « touffe d’herbe, terrain vague ». En fr.rég. « buisson; épineux » (Lhubac). Ancien occitan barta “buisson, broussaille” et les dérivés se trouvent surtout en provençal et languedocien, mais aussi en gascon.

La forme fait supposer un ancien *barrat- , du gaulois *barros, comme breton barr « tige de bois ».

Le sens passe de  « broussaille, ronce » à « terrain vague », par métonymie. A Valleraugue bortassés « broussaille » : Commencèrou per foutré fioc os bortassés, djinésses e rounssassés.. « Ils commencèrent à mettre le feu aux broussailles, genêts et ronces » Atger,p.59b.

A Arles le bartas désigne un « séchoir » car dans le Midi on séchait souvent le linge sur une bartas  « haie ».

bartas séchoirCette photo a été prise en 1890 au mas de Taxil, mainenant à l’entrée des Stes-Maries de la Mer.

La répartition géographique du type *barros est caractéristique pour le galloroman : nous ne le trouvons que dans le Midi et en wallon, c’est-à-dire dans les régions qui sont le plus éloignées de Paris. Comparez l’histoire de fandaou « tablier ».

L’abbé de Sauvages connaît un emploi au figuré: » ës toujhour per lous bartasses, « il est souvent mêlé dans de mauvaises affaires. » ainsi que les dérivés bartassado et bartassejha « quêter, chercher un lièvre », bartasseina « épagneul qui quête bien ». Ménage (1650) mentionne bartas « buisson » comme languedocien dans son dictionnaire.

Bartasser « aller dans les bartas« . français régional. Andolfi explique les différentes raisons pour lesquelles les jeunes font cela. Dérivé de bartas. D’après R.Domergue la forme en français régional est bartasséger: « Dans la garrigue, il arrive souvent que les chasseurs ( et les jeunes couples!) bartassègent. Voir aussi le site de René Domergue, qui explique comment et pourquoi on bartassège dans le Midi.

Près de Lac de Salagou j’ai photographié :

Bartassade

Barrica

Barrica, barriquo « espèce de tonneau » Dans les parlers occitans (et pas seulement en gascon comme prétend Mme H.Walter) il y a eu un autre dérivé de la même racine *barr-, le type *barrikka toujours avec le sens « espèce de tonneau », ancien occitan barrica, Alès bariquo. Dérivé d’une racine barr* voir  baraou. Le mot avec la chose ont été empruntés par le français barrique.

Comme on pouvait s’y attendre, les Français du nord en ont fait un tout autre usage. A partir du XVIe siècle ils remplissent les barriques de terre ou de matières combustibles pour se mettre à couvert et se battre contre l’ennemi ou pour incendier les vaisseaux ennemis ». Cette utilisation des barriques est devenu tellement populaire qu’on en faisait des rangées, des barricades. La « Journée des Barricades de 1588.  »

Les barricades à Paris en 1853

Les révolutions françaises de 1830 et de 1848 ont rendu le mot et la chose populaire dans le monde entier : anglais, allemand Barrikade, néerlandais barricade, italien, espagnol etc.