Esclapeta « petit éclat de bois; varicelle »; esclapeto « petite vérole volante » (S).
Etymologie : un dérivé » du verbe esclapar v.tr et intr. « briser en éclats, fendre du bois ». Voir Alibert pour d’autres dérivés de la même racine onomatopéique *klapp « coup, claque » et par métonymie ( cause>effet) « tache », clapar « frapper ». ou bien de la racine préromane klappa « pierre plate » > « éclat de bois »
Voir ci-dessus esclafidou. Cf. aussi clapo. Déjà en ancien languedocien (1370)on trouve le mot clapa « tache » et en ancien provençal (1300) clapat « tacheté ».
Esclapaire « celui qui fabrique des sonnettes » ou , »fendeur de bois; crabier vert, ardea virida » (Alibert), en ancien languedocien « bûcheron »et en français régional « personne de malhabile qui casse tout » (And), qui donne aussi le verbe s’esclaper « se blesser aux membres ».
Dans la course camargaise un barricadier est un biou qui se déchaîne et esclape tout dans l’arène. Cf. clapo et esclapeta ci-dessous.
Ceci est « ardea purpurea » et non pas le « virida »
Je n’ai pas (encore) d »explication de ce nom du « crabier vert » et de « l’ardea virida » . Un crabier est une : « Espèce de héron d’Amérique qui se nourrit de crabes. « , cela nous n’avance pas.
Claparda « sonnaille », clapo. Le languedocien clapo « sonnette de mouton », Aveyron clapardo, Clermont esclapaire « celui qui fabrique des sonnettes », font probablement partie d’un groupe de mots dont la racine est une onomatopée klapp qui imite «un coup, une claque » qu’on trouve dans toutes les langues romanes et germaniques, comme nl. klappen « applaudir » en flamand « bavarder », nl. klap « coup », fr. clapoter, s’esclaffer, catalan clapa « tache » (le résultat d’une claque ! », etc.
Voir aussi esclapeta « eclat de bois; varicelle »
Chucar « sucer, savourer, humer » est dérivé du substantif chuc« suc, jus » et vient du latin sucus « suc, jus », devenu suc « suc, suint » en ancien occitan et su(c) en provençal, chuc en languedocien. Cette famille de mots est limitée à l’occitan. (Français suc a été emprunté au latin à la fin du 15e siècle.) Les Toulousains ont créé une expression ni suc ni muc « sans goût ni valeur », qu’on retrouve en Rouergue. Le verbe sucar « sucer » est attesté depuis le XIVe siècle. Dans les parlers modernes on ne trouve que des formes avec (t)ch-.
En français régional actuel le sens est souvent passé à « boire, boire avec excès », par exemple à Toulouse: tchuquer v.tr. « boire (beaucoup) ». Ils ont tchuqué comme des outres » (Source). L’auteur ajoute :
» On peut entendre « tsuquer » chez les personnes de famille tarnaise, lotoise ou tarn-et-Garonnaise, qui veut plutôt dire suçoter, pour les bébés. «
En béarnais un chucadou est quelqu’un « qui boît beaucoup », et une chucadère « une sucette, un tétin ». A Nice, Carcassonne et dans la Hte-Garonne est attesté chuquet « lathraea, » une plante parasite stricte dépourvue de chlorophylle. Leur tiges souterraines blanches, recouvertes de feuilles écailleuses charnues, possèdent des suçoirs qui puisent la sève des racines de leur hôte. » (Wikipedia).
Dans le Tarn et Garonne, un chuco-bin est un « bourgeon gourmand sur la vigne ».
Photo de lathaea clandestina (Wikipedia)
Cholha, chouio (M), « émincé, griblette, tranche mince de viande pour le gril; côtelette; ami préféré (M): laido chouio « vilain, laideron, maritorne grossière (M); bévue (Alibert) ». L’occitan chouio, cholha attesté principalement en provençal et d’origine inconnue.
Le renvoi de Mistral vers l’espagnol chulla « tranche de viande », m’a incité à continuer mes recherches. Le DRAE donne comme origine de chulla le catalan xulla « lard; côtelette ».
Catalan xulla est attesté depuis le 15e siècle et vient du latin axungia « graisse d’essieu ou de porc » d’après le DEC , devenue ensunya dont une variante *enxunya a été dissimulée en enxulla et réduite à xulla.
Les deux langues, le catalan et l’occitan formaient une grande zone géographique il n’y a pas très longtemps. Le mot catalan xulla est mentionné comme faisant partie des représentants d’ axungia (composé de axis « essieu »+ unguere « oindre ») dans la nouvelle rédaction du premier volume du FEW (vol. XXV, p.1303b), mais notre cholha provençal placée dans les Incognita (FEW XXI;490b) a été oublié.
Chichourles voir didoule et fan pour l’expression fan de chichourles.
Français régional chichouiller signifie « faire des manières à table, triturer les mets » (And; confirmé par un Nîmois de souche, le 29 janvier 2005). Chichouiller fait partie d’une famille de mots dont l’origine est une suite de sons avec une valeur expressive tšitš- qui, comme une suite analogue tšikk-, désigne « quelque chose de petit », et au figuré « de peu de valeur ». En français nous avons par exemple chiche « avare » et chichi « boucles frisées » . (Comme chichis signifie « seins » en espagnol je ne trouve pas d’images des chichis « boucles frisées » sur internet).
chichi-begu
Dans le domaine occitan nous trouvons en provençal chichi « oiseau; pou (terme enfantin) » , en Vaucluse chichi-begu « ortolan » un tout petit oiseau et chichet « petit chien » (Toulouse). Des formes du type chichoul- se trouvent surtout en dauphinois jusu’à Montélimar et désignent des « mouillettes de pain dans du vin ». A Pézenas est attesté le verbe s’enchichourlá « s’enivrer légèrement ».
Il semble que chichouille revit. J’ai même trouvé une Confrérie des amamateurs de Chichouille. et un site www.chichouille.net ….
Les attestations de cette famille de mots dans les dictionnaires patois sont relativement rares et d’autre part il y a peu de continuité géographique, à l’exception du type chichoul- . Il est possible que les dictionnaires l’ont négligé parce que souvent il s’agit de termes du langage des enfants. Une autre possiblité est que les mots sont créés localement: Nîmes chichouiller , mais à Paris chichiter et chichiteux « qui fait des difficultés ». Un lecteur du Vaunage, à l’ouest de Nîmes, m’écrit que sa grand-mère disait toujours chauchiller, ce qui renforce l’hypothèse d’une origine onomatopéique avec une forte valeur expressive.