Sernalha « lézard gris ». est limité à l’ouest du domaine occitan, en gascon, mais aussi dans l’Ariège, à Toulouse sernaillo, dans la Hte Garonne, le Lot sarnalhe etc. Orthographié Cernalha par Alibert, pourquoi?? D’après le Thesoc sernalha se trouvedans les dép. ARIEGE, AUDE GERS, HAUTE-GARONNE, HAUTES-PYRENEES LOT, LOT-ET-GARONNE, PROV. DE LERIDA (ESPAGNE) PYRENEES-ATLANTIQUES, TARN, TARN-ET-GARONNE.
Gerhard Rohlfs (1892-1986), linguiste spécialiste du gascon, suppose qu’il s’agit d’un dérivé en -acula du latin lucerna « lampe »(RLiR 7(1931)p.131, suivi par von Wartburg dans le FEW. Le transfert sémantique sur un animal a déjà été fait en latin, comme en témoigne lucerna « poisson de mer qui brille quand les nuits sont claires » (Pline).
Lucerna a été conservé avec le sens « lampe » en ancien occitan luzerna et le verbe qui en est dérivé luzernà « paraître par intervalles, en parlant du soleil; épier, regarder de près » en occitan modene. En provençal et en est-languedocien luzerno, luerna désigne le « ver luisant ».
L’étymologie *lucernacula > sernalha pose quand même un problème: comment justifier la chute de la première syllabe lu- ? Du point de vue sémantique on peut penser que les petits yeux brillants du lézard font penser à des petites lampes (FEW).
Je pense qu’il s’agit par association avec le mot ser « serpent ». On a interprété lusernalha comme *lu+ ser+nalha par étymologie populaire. L’association du lézard au serpent est assez fréquente comme il ressort des types lauserp (Hérault, Hte Garonne, Tarn, Béarn),aussi luserp en gascon, serpauda (Hte Vienne), serpelèta (Corrèze) serpentina (Puy-de Dome) serpèta (Creuse).( Thesoc). Mais je ne sais ce que *nalha pourrait signifier.
Voir aussi le mot langrola qui par étymologie populaire est devenu grisolo et lacerta > luserp (Tarn), lauserp (e.a. Hérault, gascon) > laïmbert « lézard vert » en ancien provençal, limber à Marseille.
Et la luzerne alors? La culture de la luzerne comme plante de fourrage commence au XVIe siècle. Au début la luzerne était appelée herbe d’Espagne ou foin de Bourgogne., mais rapidement le mot occitan luzerno s’est imposé. Voir le CNRTL : « Emprunté au prov. luzerno, de même sens, emploi métaphorique, en raison de l’aspect brillant des graines de la plante, de luzerno «ver luisant» (encore attesté dans les patois, v. FEW t. 5, p. 433b), issu de l’ancien provençal luzerna «lampe» (Rayn. t. 4, p. 109a), du latin lŭcerna, (u court) devenu lūcerna (u long) sous l’influence de lūcere «luire» (u long) « .
(Le CNRTL utilise l’abbréviation prov. pour désigner l’occitan comme avant la guerre).
Ceba « oignon » vient directement du latin cepa « oignon », qui a été conservé en roumain ceapa, en galloroman et en catalan ceba. Dans le nord de la France, cive a été remplacée dans de nombreux endroits par le type oignon. Dans les autres langues romanes c’est le diminutif cepulla qui a pris la place de cepa : italien cipolla; espagnol cebolla, portugais cebola, et emprunté par le basque kipula, tipula. A partir de l’Italie cepulla est arrivé en Suisse et en Allemagne Zwiebel et de là même en frison siepel, une langue régionale du nord des Pays Bas.
Le type oignon a gagné l’anglais onion et le néerl. ui.
Causses « plateaux calcaires du Tarn, de l’Aveyron et de la Lozère », nom attesté en occitan depuis le XIIe siècle et prêté au français depuis 1791.
D’un latin *cálcinus, « calcaire ». Le languedocien a également formé le dérivé caussinar « habitant des causses », prêté aussi au français, mais chez nous cela signifie également « petit mouton des Cévennes ».:
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Causeta « belette » à Navarrenx dans les Pyrénées-Atl. (Thesoc). Schuchardt cite la forme causete « belette » et il ajoute « à comparez d’un côté à béarnais causou, causilhou « jeune fille » et de l’autre côté au patois de Nürnberg schönes Dinglein « belette », littéralement « belle petite chose ». (Z 36, p.166 note).
Etymologie : latin causa « chose ». Voir surtout l’article moustelo « belette »
Catolic, catoulic « catholique ». Du grec katholikos > latin catholicus « universel, régulier, général ». Un fourneau catholique sert « à toutes sortes d’opérations chimiques ».
Dérivé adverbe catoulicamen, uniquement avec le sens péjoratif. Le TLF donne l’exemple vin pas catholique « vin dilué à l’eau ».
L’expression est toujours couramment utilisée, surtout en politique.
Cascavel (Gard) « grelot ». L’étymon *cascabella n’est pas attesté, mais il s’agit d’un dérivé de cascabus « poêle, chaudron ». Le mot vit en occitan, catalan cascavel et espagnol cascabel et cascabillo. Ce dernier a donné kaskabil en basque. En galloroman le mot est limité aux domaines occitan et franco-provençal. A Nice il y a une expression amusante : avé de cascavèu en testa « être écervelé ».
Le transfert de sens de « chaudron » > « cloche, clochette » est fréquent.
Cascavéou « taureau réfractaire, qui hésite, ou refuse, de suivre la manade lors de l’acampado » en Camargue.
En néerlandais il y a un mot similaire belhamel littéralement « bélier à sonnailles » qui a suivi une évolution sémantique analogue, utilisé surtout au fig. « boutefeu ».
La révolte des Cascaveous (ou Cascavèus) désigne une révolte populaire survenue à Aix-en-Provence en 1630 sous le règne de Louis XIII, roi de France, en raison des craintes d’inflation que provoque un édit du cardinal Richelieu. (Plus dans Wikipedia)
Dans le site de World Wide Words vous trouverez l’histoire amusante de cascabel en anglais américain modernes et en anglais britannique. Pour les premiers un cascabel est un genrie de medium hot chili, pour les seconds un élément d’un canon qui a la forme d’un grelot. Cliquez ici.
Meriam Webster : Definition of CASCABEL :
1: a projection behind the breech of a muzzle-loading cannon.
2: a small hollow perforated spherical bell enclosing a loose pellet = « grelot ».
Le cascabel, qui se trouve sur la culasse du canon ressemble en effet à un grelot. Le deuxième sens est donc à l’origine de celui donné en premier.
Jean-Philippe DALBERA Des dialectes au langage. Une archéologie du sens (Linguistique française, 13). – Paris : Champion, 2006, fournit de nombreux cas où les différents noms (signifiants) qu’on trouve dans les dialectes occitans pour le même sens (signifié), s’expliquent par l’ image qui est à l’origine de ces mots.
Un exemple le martinet. Certains noms du martinet « s’éclairent à partir de faucilh, qui compare l’oiseau à la lame de la faucille, pour la forme de ses ailes déployées et la vivacité tournoyante de son vol. Comparé à un instrument coupant en mouvement, le martinet devient raspalhòu, rasclòu « coupeur, trancheur » ou « (petit) barbier » (manieur de rasoir) : barbairòu, barbairon… Ces formes éclairent l’étrange barbajòu, littéralement « barbe de Jupiter » qu’il faut renoncer à comprendre autrement que comme une variation arbitraire à partir d’une base évoquant le « barbier » (plus l’attraction gratuite de la forme barbajòu désignant la « joubarbe »). (Compte-rendu du livre de J.-Ph. Dalbera, par Patrick Sauzet, Zeitschrift für französische Sprache und Literatur 118.2, 2008, 173-180.).
Cette nouvelle approche de l’étymologie peut nous aider à mieux expliquer certaines évolutions sémantiques et l’apparition de significations inattendues comme barbajou « hirondelle », jusqu’ici mystérieuse. Le fait que nous avons trouvé des évolutions analogues dans d’autres langues peut étayer ces hypothèses.
Cascalhar « bavarder » et barjar, barjaquar « bavarder » viennent tous les deux de verbes qui signifient « faire du bruit en frappant« .
En regardant ce qui se passe ou s’est passé en dehors de nos frontières, nous constatons que non seulement l’espagnol cascar « casser »a aussi pris le sens « bavarder » dans le language populaire, mais que la même évolution a eu lieu dans les langues germaniques : en néerlandais kletsen signifie « frapper avec du buit » et « bavarder » et flamand klappen « parler », signifie en néerlandais « applaudir », klap « coup; baffe ». lL’origine de l’Anglais to chat anciennement to chatter, est une onomatopée , qui imite un bruit. Les Allemands kwatschen « bavardent », et quand un Allemand vous dit Kwatsch! , vous avez proféré du « non-sens« , Unsinn.
Espagnol cascar « briser » et « bavarder ». cháchara « papoter » un emprunt à l’italien chiacchierare « bavarder, papoter » une onomatopée basée sur clap clap ;
Barja, barjaqua « bavarder, papoter » de brega » broie » outil pour broyer le chanvre qui fait un bruit rapide.
Un autre cas qui s’explique de cette façon se trouve dans le mot ruscle « forte pluie » à Nîmes, et « une faim de loup » ailleurs. L’évolution sémantique n’est pas évidente. Re + ustulare « brûler, roussir, brûler en parlant du froid » a pu donner > » brûler de faim », > » avoir une faim de loup », comme l’étymon braso « braise » a donné abrasa « affamé » dans les Hautes Alpes.
Le sens « averse » est expliqué par von Wartburg (FEW14, 81b) par l’image d’un pré après une averse qui ressemble à un pré brûlé , mais je ne trouve cette explication pas très convaincante.
Par hazard je rencontre une évolution similaire qui se trouve dans l’article raspon » gratter » (FEWXVI,670a + 768b). Dans plusieurs villages du canton de Vaud le mot rapaye « action de râper, écorchure » signifie aussi « bruit de forte pluie; grosse averse ». En effet le bruit d’une forte pluie fait penser au bruit quand on met une viande dans la poêle, ou quand on gratte fortement un objet.
A midi ma femme a fait cuire des saucisses au piments d’Espelette. Essayez! Le bruit des petites gouttes de graisse qui sautent et salissent la plaque, imitent bien le bruit d’une forte averse!
C’est également le bruit que fait l’estomac quand on a faim qui peut expliquer le sens « faim de loup ». En néerlandais rammelen van de honger « avoir une faim de loup », littéralement « secouer, cahoter de faim ». (Un rammelaar est un « hoquet »). En familier on dit aussi mijn maag knort « mon estomac grogne ».
L’étymon braso « braise » a donné abrasa « affamé » dans les Hautes Alpes.
Nl. dolik dér. de dol « enragé, fou ». CF. dolik. , notamment d’autres herbes qui en allemand s’appellent Tollhaver
Collins English Dictionary – Complete & Unabridged 10th Edition :
Anglais darnel any of several grasses of the genus Lolium, esp L. temulentum, that grow as weeds in grain fields in Europe and Asia. [C14: probably related to French (Walloon dialect) darnelle, of obscure origin]
dolik zn. ‘soort raaigras (Lolium temulentum)’
Mnl. dolik, dol(e)ke [1305; MNHWS]; vnnl. dolck ‘dolik’ [1599; Kil.].
Het woord is wrsch. een afleiding van → dol 1, omdat de plant verdovende eigenschappen heeft. Het zaad ervan is giftig. De naam behoort in dat geval tot de in het Nederlandse en Noord-Duitse gebied vaker voorkomende planten- en diernamen die gevormd worden met -k, zoals → ganzerik, → wederik. In het Middelnederlands bestond daarnaast ook een andere afleiding: dolre ‘dolik’ [1350-1400; MNHWS].
De plant heet in het Engels (bearded) darnel, wrsch. afgeleid van Frans (dial.) darnelle, darnette, dat verbonden wordt met woorden die een toestand van verdoving aangeven. De Franse naam is ivraie, dat wordt verbonden met ivre ‘dronken’. De Zweedse naam is dårrepe, letterlijk ‘gekkenraaigras’. De extensie van de wetenschappelijke naam, temulentum, betekent ‘beschonken’. Ook andere planten kunnen dergelijke namen krijgen: Duits Tollhafer, Tollkraut ‘dolle kervel’ (Grimm, DW II,641) enz.
Lit.: W. Meid (1967) Germanische Sprachwissenschaft III. Wortbildung, Berlin, par. 153
Le lien sémantique entre « balancer, vaciller, trembler » et les deux plantes « bourdaine » et « garou » n’est pas évident. Bien sûr il y a le tremol, « tremble » mais c’est un grand arbre dont les feuilles tremblent au vent et que tout le monde connaît. C’est en surfant sur le net à la recherche d’une description de la bourdaine que j’ai lu dans plusieurs endroits que les chevreuils raffolent de la bourdaine, qui pour eux est une drogue.
Dans Wikipedia : « son fruit, très prisé des chevreuils notamment, contient un alcaloïde aux effets psychotropes. Les chevreuils qui en consomment en fin de printemps errent sans conscience des dangers, particulièrement sur les autoroutes. » Autrement dit les chevreuils sont comme des ivrognes, ils vacillent. Peut-être qu’il y a eu un transfert de nom de l’effet vers la cause « la bourdaine ».
Voir le nom en nl. Source : http://www.meertens.knaw.nl/pland/woordenboekartikel.php?term=Sporkehout,%20vrucht
Les noms des fruits de la bourdaine dans les parlers néerlandais sont : dolbeer composé de dol « fou » + beer « baie », klotskers compose de klots » » + kers « cerise », klots + bes et duivelskral composé de duivel « diable » + kral (=?) . Le verbe klotsen est une onomatopée qui dans le sens moderne imite le bruit fait par un liquide en mouvement, comme des ondes contre une digue. Un sens très proche du trant-
Dans l’article trant- (onomatopée) « balancer, vaciller » du FEW , je trouve, un peu caché il faut le dire:
« languedocien trantanel m. « passerina tinctoria » (1674, Littré). Marseille tartonraire « passerina tartonraira (1570) d’ou le nom scientifique. » Lors de la rédaction de l’article trant- , un paquet de fiches avec trantanel a dû s’égarer et par la suite le lien avec la racine trant- a été oublié, de sorte que toute la famille trantanel « daphne gnidium » ou « bourdaine » a été réunie dans les « incognita ».
La passerina tinctoria est la Daphne vermiculata Vahl, Daphne vellaeoides
Rodr.
Nomenclaturaux : Stellera tinctoria (Pourr.) Kuntze, Passerina
tinctoria Pourr., Chlamydanthus tinctorius (Pourr.) C.A.Mey.
Mots utilisés pour « éboulis de terre » d’un mur qui « fait du ventre »; en anglais « scission d’un glacier ou d’un grand bloc de glace »; néerlandais « terrain affouillis par une rivière ou la mer ». Voir l’article vedel, vedeou.
et Harper calf . Le mot calf signifie aussi « mollet », sens attesté depuis 1275-1325 , emrunt à l’ancien norvégien kalfi.