cat-right

marranes portugais « juifs convertis »

Petit détour par Bayonne. Simone Salette une amie, à Manduel, documentaliste de profession et hispanophone, a continué les recherches et trouvé des liens qui nous amènent à Bayonne et son chocolat :
« Ce sont les marranes portugais obligés de fuir, qui ont amené cette tradition de boire du chocolat, puis on a interdit à ces pauvres convertis exilés de faire ce commerce – ils ont fermé leurs boutiques et sont partis à Amsterdam et sont surement à l’ origine de la « Compagnie des Indes « . C’ est en 1615 que la France découvre le chocolat lors du mariage d’ Anne d’ Autriche fille de Philippe III d’ Espagne avec Louis XIII, mariage célébré à Bordeaux.. » Je stoppe là et vais boire…..mon café noir. Pour en savoir plus… 

C’était un article dans un Newsletter , qui n’est plus  consultable.  Dommage ! Je vais le ontacer.

Reste de l’ancien article!

J’ai pensé aussi au verbe germanique *marrjan «  »freiner; empêcher; égarer » qui a donné en ancien occitan marrir « (s’)égarer » , le dérivé marriment « chagrin, déplaisir » et dans le Gers marran « ennuyeux, embêtant » (Cf. TLF s.v.marre2) comme origine de ce groupe de mots avec le sens « maladie épidémique » mais je n’ai pas d’autres arguments et c’est peu probable  du point d vue sémantique.

 

avaregrognon revêche

Je ne sais où classer le mot attesté àMontauban márre « verrat » marranet « maison où il y a un verrat » rattachés à la racine ibère *marr- « bélier » par le FEW. Il peut s’agir en effet d’un transfert du nom d’un animal mâle à un autre animal mâle. Un connaisseur de la langue basque m’écrit : « Je suis d’accord avec vous, d’une langue à l’autre le même terme peut désigner un animal différent. J’ai ce cas dans mes recherches sur les liens du basque avec d’autres langues ( non le basque n’est pas une langue isolée, sortie du néant, c’est absurde, même si elle est très ancienne!). Le basque bargo « cochon » connu aussi du gascon (bargoù) a un correspondant caucasien barg « bélier »!.

Une nouvelle attestation. Marrane = ?? Suite à nos échanges épistolaires à propos des oves marranos, la dormeuse de Mirepoix m’écrit : « Dans l’état des portes et des fenêtres de la commune de Mirepoix dressé pour l’an 7 en exécution de la loi du 4e frimaire an 7e, j’y ai trouvé l’entrée ci-dessus. Les colonnes indiquent, de gauche à droite, dans la section considérée, le n° de la maison, le nom du propriétaire ou du locataire, et, sur le bord droit de la page le nombre de portes et de fenêtres. Dans ce cas il y a dans, la colonne nom de propriétaire ou du locataire, « Néant. La Marrane ». Nombre de portes et fenêtres : 1. « La marrane » a donc une porte et pas de fenêtre.  » S’agit-il d’une maison où il y a une verrat? Ce sens est inconnu des patoisants actuels.

Marana « vase de fonte pour cuire certains aliments en les desséchant » dans les Cévennes.(Alibert). Pour Mistral c’est un sens secondaire de marrano « Tuf; terre tufière, terre tufière blanche et sèche; vase propre à faire cuire des viandes en Languedoc. » Le sens « tuf » etc. est classé dans le FEW dans l’artcile *marr- « pierre » d’origine préromane, voir marron ci-dessous, mais le sens languedocien « vase… » dans les Incognita FEW XXIII,35a

Maran « infortuné » (Puisserguier, Louis Rouquier dans Lou bounétou de Bépou. Paris, 1933, p.69.

Marron

Marron « châtaigne greffée ». L’étymologie reste obscure.Dans le domaine gallo-roman le mot marron est récent et emprunté à l’italien marrone « châtaigne gréffée », où il est attesté depuis le XIIe siècle principalement en Lombardie et dans la région de Venise.

Le mot marron (et très probablement cette variété ) est entré en France par la région lyonnaise. Jusqu’au XVIIIe – XIXe siècle les grosses châtaignes comestibles étaient appelées marrons de Lyon. Au XVIe siècle marron est passé en anglais maroon.
De l’Italie jusqu’au Portugal existent des mots avec une racine *marr- qui signifie «caillou, roche ». Il s’agit d’une racine d’origine pré-romane que nous retrouvons sous différentes formes dans nos patois.  Par exemple  provençal marro « tuf » et « auge dans laquelle tourne la meule d’un moulin à huile », et marrado « le contenu de cette auge » marroc « gros bloc de pierre ».

En français du XVIIe siècle un mereau est « un petit caillou » .  Avant, au Moyen Age, il désignait déjà un « jeton », ensuite en moyen français le « « jeu de la marelle » sens conservé en languedocien, entre autres à Valleraugue marél. Le féminin marèlo désigne « le jeu de la marelle » ou « le petit caillou ».

Quand on joue,  il y a toujours des tricheurs plus adroits que d’autres, ce qui donne en Languedoc marélar « tromper au jeu » et marélaire « fripon, trompeur ».

Dans le jeu de marelles on fait des carreaux :

A partir de  marélo « carreau » a été créé  au XVIIIe siècle à Alès le verbe  marélar « vitrer ». Dans la sériciculture  marélar a  pris  un sens très spécialisé : « distribuer le brin de soie sur l’écheveau de la roue à ce qu’il y fasse des losanges ».

Le dérivé marron étant relativement récent n’a pas été très productif en occitan. Pour distinguer le marron comestible du fruit du marronnier dit d’Inde à saveur très amère , les Languedociens et plus spécialement les Gardois ont créé le mot amarou et amarounier, composé de amaru (amer) + marron. quoique… il y a plusieurs noms de fruits que les languedociens font précéder d’un a- cf. amarou.
La couleur marron est la base des noms d’animaux comme marel « boeuf de couleur sombre » (Toulouse,
Alibert) et maréla « truie » ( peut-être avec influence de mauro)

Une évolution sémantique de « caillou » vers « tas de cailloux » semble assez facile à comprendre; ensuite « un tas de cailloux » devient « tas, amas », languedocien marelle « monceau; assemblage de choses » attestée en 1655, et amarrá « râteler, amonceler, entasser » Cf. Alibert marèl, marra.

marsioure 'ellébore'

Marsioure, marsivol marsioul  « ellébore » vient d’un *marsīlium « ellébore » attesté seulement en latin médiéval. Les formes citées se rencontrent principalement en provençal et est-languedocien1 Alibert propose la  graphie  basée sur une fausse étymologie  marciure.

La forme marsioure  semble être une combinaison de *marsīlium  et de siterus   qui signifie également « ellébore ».

Les formes marsioul, marsivol   sont  peut-être influencées par un dérivé en ble  que nous trouvons par exemple à Apt moursuble,

     

L’étymon *marsilium fait partie d’une famille de noms de plantes qui ont l’élément mar  en commun et qui semble être très ancien. Voir aussi TLF marrube.

Une fois de plus nous constatons une très grande variété phonétique dans le nom de cette plante. Toutes sortes d’associations l’ont influencé. Dans l’Ariège l’ellébore et la chélidoine s’appellent martiri association de martyr,  peut-être parce que le suc de la plante coule comme du sang quand on la coupe.  Dans l’Ariège la chélidoine s’appelle aussi flou de sank (de krist ?).  Parce que la marsioure fleurit au printemps on a associé son nom au mois de  mars, etc.

Cette grande variété de formes s’explique par le fait que ces plantes ont peu d’intérêt intercommunautaire  et/ou commercial.

martiri (Ariège) chélidoine

 

  1. Données incomplètes dans le  Thesoc: ARDECHE, AUDE, AVEYRON,GARD, HERAULT, LOZERE.

Martola

Martola « belette » (d’après Thesoc dans les Alpes Maritiimes). Martola est un dérivé de l’ancien bas- francique *martar, (allemand Marder «martre». (CNRTL); néerlandais marter, anglais marten. Le mot n’est pas indigène en occitan, mais un emprunt au français, surtout avec le sens « fourrure de martre ». Voir l’article moustelo

Masada "fourmi"

Masada « fourmi » et le dérivé masadier, masedera  « fourmilière » témoignent  d’après le FEW de la présence des Goths dans les départements de la Hte Loire, le Puy de Dôme, la Creuze et le Cantal, qui ont fait partie du royaume Ouest-gothique.  L’étymon est d’après le FEW un gotique *af-maitjô « forumi »  qui fait partie de la même famille que l’allemand Ameise « fourmi ». Cette étymologie est discutée. Voir ci-dessous.

masad carte tirée de  Lectures de l’Atlas linguistique de la France  de Gilliéron et Edmont.  (Voir s.v.  ALF), qui ne présente que les dérivés de maz-.

En ce qui concerne cette étymologie, il y a une nouvelle proposition par Gaston Tuaillon, qui pense plutôt à un substrat préroman.   A consulter dans une bibliothèque universitaire: Tuaillon, Gaston,  Les désignation de la fourmi dans les parlers romans.  Géolinguistique 1(1984) 7-29 , qui doit fournir une explication des formes  du domaine d’oïl comme mazel  (Allier) et franco-provençales comme mozoy.

Le Thesoc fournit quatre types masada, madasa, masadis, masela,  mais elles reposent toutes sur la même origine.  Les formes données  à Edmont pour l’ALF varient fortement.  Nous avons déjà remarque ce phénomène pour d’autres mots comme le nom du sureau.  De nombreuses attestations et formes dans  Albert Dauzat,  Essais de géographie linguistique. 1921. pp85-86.

Mascarà

ShareMascara v.a. « noircir, charbonner, barbouiller ». Ce matin, le 22.04.2011, une amie  m’annonce : Le ciel se mascare!   Je lui ai dit que  cette façon de décrire le ciel était très poétique.  Elle ne comprenait pas mon compliment.   C’est l’abbé de Sauvages qui m’explique que   se mascarer  signifie tout simplement « se noircir » :

     

comme Séguier1 qui donne même la conjugaison: est tout mascara; s’est masacara; l’ant mascara; vous masquarevez).  Le verbe est courant en occitan et il est resté vivant en français régional. D’après Domergue dans les arènes de la Camargue  quand les raseteurs sont mauvais et la course est décevante  les spectateurs se font mascarer. En sortant ils disent : « Aujourd’hui on s’est bien fait mascarer » (noircir, machurer… avoir).

Un dicton donné par l’abbé  a été noté à Pouzilhac (Gard) : lu piróu ké mascare la sartan  à la fin du XIXe siècle. A Valleraugue (30570) Charles Atger a noté une variante: Lo podéno qué bol moscora lou cremal = le poêle qui veut noircir la crémaillère.

Mascara est un dérivé de mask- « noir » un mot qui est absent du latin et qui, pour des raisons phonétiques et/ou sémantiques ne peut être ni celtique ni germanique ou arabe. Par conséquence on suppose une origine pre-indo-européenne. La racine mask- est à l’origine de trois groupes de mots avec les sens :

  • 1. sorcière,   p.ex. à Alès : masquo « femme vieille, laid et méchante; fille espiègle »; en Auvergne masque « prostituée ». Marseille masco « papillon tête de mort, dont la venue est prise en mauvais augure ».
  • 2. noircir avec de la suie,  p.ex. anc. français maschier « feindre; cacher »; occitan mascoutá  » cacher le défaut d’une marchandise »; Val d’Aran maskart (-arda) « nom d’une race bovine dont la tête est noire »; mascara « fard de cils » voir ci-dessous.
  • 3. masque,  p.ex. masque « fard »; masquer « cacher »; languedocien mascarado « troupe de gens déguisés et masqués »

L’ancien occitan masco « sorcière » est conservée dans beaucoup de parlers provençaux et languedociens p.ex. en Camargue  subst. m. et f. « jeteur de sorts, sorcière » et à Béziers au fig. « nuage qui annonce la pluie »). En français régional être emmasqué veut dire « être victime d’une sorcière » (Lhubac). Le masculin masc «sorcier » existe également.

Dans un vieux texte de Narbonne (1233) nous trouvons  le dérivé. mascotto « entremetteus ( ?), sortilège, ensorcellement au jeu » qui a donné en  français mascotte. Les dérivés avec le sens de « sorcier, ensorceler » etc. sont innombrables, ainsi que les mots avec le sens « noircir, barbouiller », comme p.ex. mascara verbe n. et s., par-ci par-là machura, matchura.

Mascara s.m. « fard de cils ». Dans Wikipedia l’histoire du mascara est décrite comme suit :

Le mascara moderne a été inventé en 1913 par un chimiste appelé T. L. Williams pour sa sœur, Maybel. Ce premier mascara était fait de poussière de charbon mélangée à de la vaseline. Williams vend son produit par correspondance et crée une société qu’il appelle Maybelline, combinaison du nom de sa sœur Maybel et de vaseline. Maybelline est aujourd’hui une importante société de cosmétiques appartenant au groupe L’Oréal. Le mascara n’était disponible que sous forme de pain, et était composé de colorants et de cire de carnauba. Les utilisatrices mouillaient une brosse, la frottaient sur le pain de mascara puis l’appliquaient sur les yeux. La version actuelle comprenant un tube et une brosse a été présentée en 1957 par Helena Rubinstein.

Williams a peut -être passé des vacances en Allemagne, où un certain Eugène Rimmel  a crée en 1834 un produit cosmétique permettant de surligner les yeux en colorant les cils et leur donnant plus de longueur apparente. En allemand le mascara s’appelle Rimmel ®.

Le sens du  mot mascara « fard de cils » a donc été crée par T.L. Williams  et ce sens a été emprunté par le français  à l’anglais.  Ce qu’il faudrait savoir où Williams l’a trouvé. Les étymologistes anglais ainsi que le TLF lui donnent une origine espagnole où màscara signifie « masque » et non pas « fard de cils ». Mme H.Walter lui attribue une origine italienne, sans dire pourquoi. Le dictionnaire espagnol de la Real academia española (voir Lexilogos), lui attibue également une origine italienne maschera qui l’aurait emprunté à l’arabe mas·arah « objet de risée ».  Pour compléter ces résultats, je trouve  dans un dictionnaire italien  : » mascara sm. inv. [sec. XX; dall’inglese mascara, risalente allo sp. máscara, maschera]. Cosmetico per ciglia,…. » . Nous tournons en rond.

Williams a peut-être aussi passé des vacances en pays d’Oc.  En le renseignat sur la météo son hôte  lui a dit « Le ciel se mascare! »  Vu sa forte présence dans tous les parlers d’oc je propose donc une origine occitane,mascara a exactement le sens qu’il faut « noircir »…? J’ai écrit à Maybelline NY qui a racheté l’entreprise de T.L.Williams., pour une confirmation.  J’ai attendu longtemps une réponse, qui n’est jamais arrivée. La maison m’a envoyé de la  publicité!!

Je crois avoir convaincu Douglas Harper qui suit cette proposition dans son site et cite le FEW von Wartburg! .s.v. mask. Pour ça, je suis content.

Dans l’argot des catcheurs/lutteurs mascara signifie « cagoulard (cf P.Perret « Le parler des métiers« ) sens qui se rapproche de l’italien ou de l’espagnol.

Le sens « masque » de masquo  (déjà S)  est un emprunt à l’italien maschero, du XVIe s. mais la forme masquo existait depuis longtemps.  L e nom Mascator est attesté à Arles en 520, et vit toujours en Languedoc : autrefois Mascaire   et avec une graphie francisée Maquere. Si vous vous appelez ainsi, s.v.p. ecrivez-moi!.  Dans l’ Hommage du château de Saint-Martial (Gard) à l’évêque de Nîmes de mars 1179. est nommé un Petro Mascharono archidiacono..

mascaret

Mascaret « onde lourde qui devient lame de fond aux marées d’équinoxe et qui remonte au plus profond  des terres les humeurs océanes » Définition trouvée dans le Guide de l’abbaye de La Sauve-Majeure, lors d’une visite de ce site magnifique de l’Entre-deux-Mers.

Étymologie. Le FEW VI/1,430b rattache ce mot à la racine pré-indo-européenne mask- « noir » et plus précisément au dérivé diminutif mascaret, mascarete « petite bovine dont la face est tachetée de noir, de blanc, de gris »  dans la note 11, p.439b. C’est Lazare Sainéan, dans Les sources indigènes de l’étymologie française volume1, p.261 qui propose ce rattachement. Il écrit : « C’est au fond la même image que la mer  moutonnante couverte de vagues blanchissantes précipitées par  le vent ».

Grâce à YouTube nous pouvons voir des mascarets ! Ci-dessous une image tiré d’une vidéo dans YouTube Il faut avoir un peu de patience, la boue n’arrive qu’au bout d’une minute de film.

mascaret une onde lourde de boue s’étend sur le terrain.

Le mascaret ne me fait pas du tout penser à un troupeau de bovins noirs. Cela ressemble plus à un gros nuage: 

mascare le ciel se mascare

Je rattache donc le mascaret directement au sens le plus répandu du verbe mascar « noircir, barbouiller ».  Regardez la vidéo ! Impressionnant.

Un mascaret pour les surfeurs en Gironde.

Un mascaret chinois Le dragon d’argent.

 

 

 

Massacan

Massacan signifie aussi   » grosse omelette avec de menus morceaux de viande » et une massacanayre devient une cuisinière sans finesse, gargotière ».  D’après le FEW il s’agit d’un emploi au figuré de massacan  « grand marteau, massue ». Voir l’article massacan. Mais là j’ai un petit doute.

Dans le TLF je trouve sous le mot masse : Du latin massa «pâte; masse; tas», empr. au grec ‘madza’ «espèce de grosse crêpe d’orge mêlée d’huile et d’eau». Une grosse omelette ressemble beaucoup à une grosse crêpe!

 

   

à gauche « crêpe »          à droite « omelette »

Massacan, mascagnar

Mascanhar « charcuter, manier malproprement » fait partie d’un groupe d’emprunts des parlers occitans aux voisins italiens, comme le piémontais massè « tuer », italien amazzare.
L’italien mazzacane,  littéralement mazza + cane « tue + chien », est un mot des maçons et désigne la « caillasse ». En ancien occitan est attesté le  massacan  » pierre de blocage » (1427)  Dans la Vaucluse un massacan est « un caillou pour boucher les interstices des murs en pierre sèche ».

,

Des massacan

En languedocien le verbe  mascanhar a pris le sens péjoratif  « charcuter » , mais  dans le Quercy il signifie ,  « travailler péniblement, fatiguer » d’après Mistral. Une estrangère  installée  à Montauban confirme cette signification. Dans son site  elle elle écrit :

Mascagner. Depuis que j’habite ici , je n’ai pas encore pu réussir à traduire ce mot  . Je ne peux que vous l’expliquer … plutôt tenter de vous l’expliquer . C’est à la fois peiner beaucoup mais surtout dans de mauvaises conditions , de force, de temps, de lieu , bref ce serait quelque chose comme “s’emmerdouillaminer” . Et encore sans la certitude de réussir !! Bref , je viens de “mascagner” pour vous traduire ce mot.

Dans les Oeuvres complètes de Victor Gelu avec la traduction littérale en regard (1886),

Massacan. Au propre, pierre bonne pour assommer un chien. Caillou brut. Moellon à bâtir. Au figuré, lourdaud. Maladroit. Stupide. Le père Faou n’avait jamais été un aigle : il ne se faisait aucun scrupule d’en convenir. Lorsqu’il se
présenta pour être ordonné prêtre, son évêque, peu satisfait, sans doute, des résultats de l’examen
qu’il lui avait fait subir, faisait beaucoup de difficultés pour lui conférer la prêtrise ; mais le jeune
diacre Faou dit au prélat : Mounsignour, sabi ben que sieou un massacan ; mai quant un maçoun
bastisse un bel oustaou, se li mette dé bèlei peiro dé tai, li fa tamben passa fouesso massacan. Vou
n’en foou dé massacanà l’Égliso : é ben ! ieou n’en serai un . . . Et grâce à la naïveté de sa remarque,
l’abbé Faou fut ordonné prêtre, quoique massacan.

Gelu_massacan

Au figuré massacan peut devenir  » grosse omelette avec de menus morceaux de viande » et une massacanayre devient une cuisinière sans finesse, gargotière », d’après le FEW. Mais là j’ai un petit doute. Dans le TLF je trouve sous le mot masse : Du latin massa «pâte; masse; tas», empr. au grec ‘madza’ «espèce de grosse crêpe d’orge mêlée d’huile et d’eau». Une grosse omelette ressemble beaucoup à une grosse crêpe!

Ce groupe d’emprunts est dérivé d’une forme *mattea « massue » qui n’est pas attestée en latin mais qui est à la base de toutes les formes dans les langues romanes, comme par exemple ancien occitan massa « arme de choc formée d’un manche et d’une tête de métal, souvent garnie de pointes ou évidée en ailettes » et français masse « gros marteau », catalan massa, italien mazza, espagnol maza, anglais mace « sorte de mallet ou club de golfe », néerlandais matsen « frapper » (flamand; Maastricht matshamel « merlin »), déjà chez Kiliaan : « mats-hamer fland. j. her-hamer. Cestra, malleus militaris ». Giorgio (Facebook) m’a écrit : « En pièmontais, la « massùca » (le u se lit comme en français) est encore la massue et nous disons « massùch » (le ch se lit c) à une personne qui a la tete dure. »


Un démon armé d’une massue enfourne les damnés dans la gueule du Léviathan (Conques)

massa à ailettes et le massier

Une attestation de massacan  « massaquant » avec le sens de moellon qu’il ne veut pas utiliser pour son tombeau (on dirait aujourd’hui parpaing) se trouve dans un texte de V.Gelu.

Masti

Masti « gros chien », voir mousti