cat-right

Haricot

haricot

  1. ragoût
  2. semences de phaseolus vulgaris

Voir l’article  quincarlotà  où toute une famille de mots est réunie.

Hérault

Hérault « Hérault », nom de rivière. Le nom de l’Hérault se rattacherait à la grande famille des rivières en Ar comme l’Ariège, l’Aar suisse ou encore l’ancien nom de la Saône, Arar.

La première attestation de Arauris vient de Strabon d’Amasée (Géographie, IV, 1, 6 source p.40), au début du Ier siècle.  Quelqu’un, (j’ai oublié qui ?) propose comme étymologie que  « Arauris, dérive vraisemblablement de Ar-Av-Aris , ce qui est presque trois fois le même radical.  »

Comme toutes les rivières des Cévennes sont aurifères , je ne serai pas étonné si l’élément -auris vient du latin aurum « or ».  La signification du nom Hérault serait alors « La rivière d’or ». L’orpaillage est pratiqué dans beaucoup d’endroits;  c’est une très intéressante occupation d’été pour de nombreux touristes  et leurs enfants.

 

Eh bordure du Gardon

Herm, erm

Herm, erm « friche, lande, désert » vient  du latin tardif eremus emprunté au grec erèmos « friche, désert ».

Le mot (h)erme a existé en français jusqu’au XVIIIe siècle. Il a dû exister dans le Nord, parce qu’il y des noms de lieu comme Ermier, mais les atttestations viennent surtout de l’occitan et du franco-provençal. Ancien occitan comme adjectif erm « solitaire, mélancholique » et comme substantif erm « terre inculte, lande » , languedocien hèrme « désert ». Avec le suffixe dépréciatif : ermas, armas « terre inculte ». D’autres dérivés ermetat, ermetas ermitura toujours avec le sens « terre inculte ». Ancien occitan a(z)ermar, adermar signifie « rendre désert, dévaster, négliger ». Il y a dû y avoir des confusions entre les ermitages où habitaient les ermites et les ermitats « terre incultes » de sorte que des noms de lieu ont changé de sens. Dans le Dictionnaire topographique du Gard j’ai trouvé deux toponymes qui désignent probablement des « terres incultes » . Il mentionne aussi Les Armas et les Hermasonnes à Jonquières-St-Vincent.

et

Un visiteur me donne l’information suivante : « J’ai retrouvé dans plusieurs courriers de mon arrière grand-père le terme de harmas pour designer une terre inculte (avec un H, et non armas). Je suis natif de la commune de Beauvoisin (au sud de Nimes) et mes grands parents y étaient aussi. …Le terme d’Harmas, pour mon grand père , et mon père aussi, était plutôt dans un sens de terre négligée, et non pas inculte.
La graphie avec ou sans H- est au choix. Il n’y a pas d’Académie occitane ni de ministère de la culture occitane. Anglais hermit, Néerlandais hermiet « ermite ».

Il y a à Sérignan-du-Comtat ( Vaucluse) , L’Harmas de Jean-Henri Fabre, un musée avec jardin botanique consacré à l’entomologiste et à ses travaux.. (Wikipedia)

Erm existe aussi en catalan erm, espagnol yermo, italien ermo et basque eremu « désert ».

Horrupa

Horrupa forme gasconne pour fourrupa.

https://www.etymologie-occitane.fr/Migon, migou

Migon, migoun « crottin de la bergerie » désigne en provençal et languedocien « crottin des bêtes à laine », à Valleraugue migou avec la chute du –n final caractéristique, en Rouergue « fiente de brebis ou volaille » et dans les grandes villes comme Aix et Marseille migon prend le sens citadin de « mauvaise odeur du corps échauffé ».

Etymologie: migon est un dérive du latin mica « miette, un petit peu de quelque chose » qui a abouti en français à mie et les dérivés comme miette, miche,  en occitan à mitounar « cuire un mets longtemps »  et ensuite « se dorloter ». A Alès un micho  était un pain de 20 à 25 livres » et « un petit pain ; la ration du berger aux champs ». La première attestation de miche avec le sens « fesses » vient du dauphinois franco-provençal(1665), et a été  repris par le Larousse de 1907. Dans l’argot du Val Soana (Italie) métsya devient « mamelle ». Les deux sens sont courants en français moderne.

Migou, migoun avec le sens « crottes de brebis » est attesté en provençal à Briançon , Nice  et en Lnaguedocien  jusqu’à Pézenas et l’Aveyron.  Voir le FEW vol VI,2 page 71 a-b en bas de la page.

En languedocien mica  a aussi été conservé  sous la forme des dérivés ne ….minga « aucun, nul » et ne… mingon « aucun, point, nullement » . (Cf. ne… mie  du français)
Alibert ajoute pour migon  les sens « colombine » = « fiente de volaille » , attesté en Rouergue seulement , et « bourbier » que je ne retrouve nulle part. En dehors de la région provençale et languedocienne migoun prend des sens très différents, p.ex. dans le Maine mion « gamin ».

André Favède, écrivain et Manduellois, écrit dans son livre La boîte en fer  (Nombre7 éditions, 2020) , page 28  que  quand les brebis partaient en transhumance au nord du Ventoux,,il fallait nettoyer la bergerie.

Chaque année c’était l’épaisseur d’un mètre  de migou (fumier) qu’il y avait à épandre dans le potager. Mais aussi des grands champs de céréales et du vignoble à perte de vue.

Huitante

Huitante « quatre-vingts ». Que c’est simple de dire huitante et nonante au lieu de faire des calculs : 4 x 20 + 10 = 90.
Dans le domaine galloroman, ce ne sont que les régions restées plus ou moins longtemps hors de l’influence du français, c’est-à-dire du patois de l’Ile de France, qui ont pu garder le latin octoginta, comme la Suisse,  la vallée d’Aoste, le Québec et dans le domaine occitan les Cévennes et l’Ardèche.  Dans  Séguier2, qui date du  début 18e s.!, j’ai trouvé à la p.5 au recto: huitante , nonante et même milant pour « 1 million ». L’abbé de Sauvages écrit : « iuétanta : quatre vingt & non huitante ».  Il nous reste milanta « un grand nombre » dans Alibert s.v. mil .
Le dictionnaire Panoccitan propose uech 8, ochanta 80 et nonanta 90.

Inquet, enquestres

Inquet « crochet; hameçon ». Un visiteuse, enseignante en occitan, m’écrit : « L’inquet désigne le marché des brocanteurs et bouquinistes qui se tenait autour de la basilique St Sernin à Toulouse jusqu’à il y a peu de temps ».  Je viens de participer à l’inquet de Manduel et  la métaphore « crochet, hameçon > marché de brocante », me semble à propos; c’est essayer de hameçonner les clients.  Elle ajoute que c’est aussi avec un inquet (crochet) que les pelharòts (chiffonniers) fouillaient pour rechercher de la marchandise.  La  Calandreta de Toulouse organise depuis quelques années un  Inquet.      Le latin avait le mot hamus « crochet, hameçon » et ce mot vit encore en italien amo, catalan ham, sarde amu, basque amu. Par l’évolution de la prononciation le mot s’était réduit en langue d’oïl à un seul son : /ain/. Très tôt on a senti le besoin de le rallonger avec un suffixe et c’est le diminutif -eson qui a gagné:  hameson, attesté depuis ca.1100 ametson. Je ne sais qui a décidé de compliquer la tâche des profs de français et d’écrire hameçon! ?

Dans quelques coins de la Gaule,  un autre suffixe, à savoir : -ica > *hamica s’ést imposé et  s’est maintenu en Wallonie, loin de Paris : Liège inge, dép. de la Manche angue , le Forez ainche et en Béarn anque, angue. Mais pour les pécheurs du Midi, à partir de Pézenas jusqu’à l’Atlantique, cela ne suffisait pas. Peut-être avaient-ils peur d’une confusion avec anca « fesse » . En tout cas on a  ajouté un deuxième diminutif -ittu : hamus + -ica + -itta, ou -ittu : inquèt « hameçon », le plus souvent masculin mais en béarnais féminin enquete.

Je ne suis pas sûr si le mot  enquestres « vieux objets »  fait partie de la même famille, mais l’utilisation d’un inquet  par les pelharòts  sur un Inquet comme celui de Toulouse, le rend possible.

Commentaires des visiteurs:

Gérard Jourdan m’écrit :

Dans mon village de MONTAGNAC (Hérault) les vieux employaient le terme « enclastre » pour désigner un objet encombrant et inutilisé dont on voulait se débarasser et qui encombrait les greniers. Mistral (page 891 du tome 1) indique pour « encastre » la signification « vieux meuble encombrant ».
Cordialement
Gérard Jourdan

Irange

Irange « orange ». Pourquoi dit-on irange de la rive droite du Rhone jusqu’en Béarn et en basque iranja? Mystère! Et pourquoi arange en provençal? A l’est du Rhône le mot arange, attesté (provisoirement) depuis 1373, est venu avec le fruit du Sud de l’Italie : arancia. L’étymologie est l’arabe naranga « orange ». Une narange est rapidement passé dans la prononciation à une arange. Le fruit désigné par arange / irange au Moyen Age est l’orange amère, qui en français moderne s’appelle aussi bigarade, un autre mot emprunté au provençal bigarrado « espèce d’orange aigre, chinois » (Mistral t. 1) dérivé du prov. bigarra, de même origine. que bigarrer*; le subst. m. fr. bigarrat est emprunté au prov. bigarrat, part. passé du verbe bigarra. (TLF)

Une carte géo-linguistique  de l’Europe des différents types lexicaux, publié dans Reddit par Bezbojnicul.

cliquez sur la carte pour l’agrandir

Ce sont les Perses qui ont fait connaître la naranga aux Arabes. Au 11e siècle elle est cultivée en Sicile et de là elle s’est répandue autour du bassin méditerranéen. Dans le Nord de l’Italie, comme dans la péninsule ibérique et en grec on trouve les formesoù l’initiale n- a été conservée : espagnol naranja, catalan naronja. Elle se retrouve en hongrois, narancs, qui l’a emprunté au persan en passant par le turc.
En Sicile una narancia est devenue una aranciu avec des hésitations entre le masculin et le féminin arancia, arancio. Les formes galloromanes viennent donc du Sud de l’Italie. Le féminin y domine parce que en franàçais les noms des fruits sont féminins en général. Je pense que la différence entre le provençal arange et le languedocien  irange s’explique par une différence d’origine d’importation. Cela reste à prouver par une recherche dans les dialectes siciliens. Il est très curieux que la forme provençale arange, aranje se retrouve en moyen néerlandais et dans les parlers de l’ouest des Flandres (L. De Bo, Westvlaamsch Idioticon, p.1308-9).

Vera Grau Idali m’a fourni les corrections suivantes en ce qui concerne le catalan:

article « orange » : aranja en catalan est le pomélo. orange = taronja, toronja, rouss. formes plus etymologiques : toronjo/toronge

NARONJA f. o naranja
Poncem; fruit de l’arbre Citrus medica, semblant a la taronja, però agre i de pell molt berrugosa; cast. toronja. Ab such de malgranes, ho de limons, ho de taronges, ho de naronges, Arn. Vil. ii, 180. Jo que per salvar-lo aniria a cercar les tres naronges d’or passant per la boca del drac, Ruyra Flames 98.
Fon.: nəɾɔ́ɲʒə (or.); naɾɔ́ɲʤa, naɾɔ́ɲʧa (val.).
Var. form.: naranja (Llimones, naranges y taronges, Libre de la Pesta, 70, ap. Aguiló Dicc.); naranxa (A curar puhagra prin escorxa de frexa e de pomer e de naranxa, Flos medic. 121).
Etim.: de l’àrab naranja ‘taronja’.

TARONJO m.
Taronja (Rosselló, Conflent, Cadaqués). «Aquests toronjos són bons». Lo suc del taronjo, Agustí Secr. 132.
Fon.: təɾɔ́ɲʒu (Cadaqués); tuɾɔ́ɲʒu (Perpinyà, Conflent).

Quand les Portugais ont ramené l’orange douce de Chine au 16e siècle, le nom de l’orange amère est tout naturellement passée à l’orange douce.
En néerlandais moderne l’orange douce s’appelle sinaasappel « pomme de Chine » , Apfelsine en allemand.

 

Willem Alexander, Prince d’Orange

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Orange. La forme avec o- initial a conquis le monde. En général on dit que le nom orange n’a rien à voir avec la ville d’Orange. Pourtant la seule explication et la plus probable est que le o- vient d’une confusion avec le nom de la ville d’Orange. Comment? Quand le fruit apparaît dans le Nord de la France autour de 1200, il est appelé pume orenge, pomme d’orenge par ex. dans le Cantique des cantiques ; orenge tout seul n’apparaît que vers 1400. Pomme d’orange est un emprunt – traduction de l’italien melarancia « orange ». Le nom pomme d’orange a suivi le commerce du fruit vers le Nord de l’Europe : allemand Pomeranze, suisse-allemand bumeranz, néerlandais pomerans orange amère ou aigre; suédois pomerans et traduit en breton avalloanjez. Le o- viendrait d’une interprétation de pomme d’orange, comme pomme (de la ville) d’Orange, puisque les oranges venaient du Midi.
Pour une histoire analogue, voir l’article sur le serp volant.

Au Pays Bas où règne la Maison d’Orange, le mot oranje n’a été gardé que pour la couleur, qui est devenue le symbole national.  Le nom de Prince d’Orange vient de la Principauté d’Orange. Charlesmagne qui a nommé Guilhem (le Guilhem qui a fondé plus tard l’abbaye de Guilhem-le-Désert), Prince d’Orange en récompense des services rendus. Ses descendants ont gardé ce titre parce que le Prince d’Orange était un Prince électeur, l’égal d’un roi.

Les Orangistes ont choisi leur nom en honneur du roi Guillaume d’Orange

Iscla

Iscla « petits morceaux de terre plate recouverte souvent de petits arbres et de buissons » (Camargue). Dans l’Alibert s.v. illa « île; pâté de maisons; alluvions » nous trouvons les variantes que voici inla ,et les synonymes irla isola,iscla, nisola.
Le FEW sous l’étymon insula (voir la page spéciale où l’article complet est cité) est nettement plus précis: la forme iscla qui nous intéresse, est attestée en ancien occitan ainsi qu’à Nice, Marseille, isclo à Alès, La Salle (Gard) et  dans le Béarn.
En surfant, j’ai l’impression que la forme iscla a la préférence de ceux qui écrivent en occitan. Reinat Toscano, par exemple, né à Nice, écrit à ses parents : dins una barca que va d’iscla en iscla, en silenci, per non faire paur ai polas d’aiga que siam venguts sorprendre. L’auteur me précise le 26.08.2004: « Petite précision: Dans le texte que vous citez, « iscla » a le sens très particulier de banc d’alluvions où poussent des arbres, dans le lit du Var. »

Dans le site de la FFCC il y a  une information complémentaire: « Banc de sable au milieu ou au bord de la Durance ». Brice Peyre, dans son « Histoire de Mérindol en Provence », précise que le hameau était appelé, aux XVIe et XVIIe siècles, « l’Iscle » ou « les Iscles » (c’est-à-dire « iscla », variante « isola », pâté de maisons.  A Villeneuve-des-Escaldes (Calogne Nord), on trouve une église paroissiale dédiée à Saint Iscle ( = saint Assiscle).

Le spécialiste de la langue sarde, Massimo Pittau, a publié un article sur insula/iscla où il écrit : »È cosa nota a tutti i cultori di filologia romanza e di linguistica neolatina che il lessema latino, di epoca classica, insula «isola fluviale, lacustre e marina» in età tardo imperiale si era trasformato in iscla, attraverso le forme *isula, *isla, *iscla. E da questa forma sono infatti derivati i nomi di varie località italiane chiamate Ischia, nonché il sicil. iska «isola fluviale» e «terra irrigua», calabr. iska «striscia boscosa e cespugliosa lungo un fiume», l’irpino iska «terreno irriguo o presso l’acqua», il trent. iscia «giuncheto»(1).

Ischia (près de Naples)

La ville de Lille qui  est appelée Rijssel en Néerlandais, devrait s’orthographier L’île. Rijssel est une abréviation de  ter isel  « sur l’île, en flamand.  L’évolution de  -i- en -ij- , prononcé [èí] en néerlandais est régulière et très fréquente, par ex. Paris > Parijs.

Anglais isle, allemand Insel, et toutes les langues romanes: catalan illa, espagnol isla, portugais ilha. L’insertion d’un -s- dans l’anglais island « île » est due à une association avec le mot isle. Attention, français Islande s’appelle  Iceland « pays de glace » en anglais.

Issar(t)

Issar « essart,  lieu défriché »;  faïre un issar « écarter un champ, un bois etc. » (Sauvages).  En allant de Comps à Avignon le long du Rhône, je vois un panneau « Les Issarts », un nom qui m’intrigue. Je cherche d’abord dans le dictionnaire de l’abbé Sauvages et trouve la définition donnée. Puis sur internet je vois qu’il s’agit d’un château en bordure du Rhône!

L’étymon est le  dérivé *exsartum « lieu défriché », qui vient du participe passé sartus du verbe sarire « sarcler ».  Le mot n’existe pratiquement plus que dans la toponymie. En français essart est « rare », voir TLF, mais  Charles Atger l’utilise  dans l’histoire Lou loup e lou Roynal : … per faïre un issard o lo borio de Pelet, dins lous coms de Boucofredjo. (p.59).

Dans le Compoix de Valleraugue il y a le dérivé issartiel probablement avec le même sens, dérivé d’ issart, comme airiel de aire. Dans le Dicitionnaire topographique du département du Gard, vous trouverez de nombreux Issarts, Issartiels, Issartas, et Issartines

Dans LES CRIEES ET PROCLAMATIONS PUBLIQUES DU BARON D’HIERLE (1415) : Item, manda may la dicha court que degun home ne deguna femena, de qualque condition ou estat que sia, non auze mettre degun bestiari en pratz, ny en vignes, ny en ortz, ny en yssartadas joves, ny en aultre loc, houc poguesson far mal, tala ny damnage. Et aquo sus la pena de cinq solz tournes de jour, et de detz sols tournes de nuech, donados aldict senhor. Et que tout home que ou veyra sia crezut a son sagramen

L’abbé de Sauvages, écologiste avant la lettre, ajoute que les issar sont des terrains très fertiles par le compostage de feuilles etc, et qu’ils produisent beaucoup les 2 à 3 premières années.