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Guinsal, guissal

Guinsal, guissal « hart, corde, lien; corde de pendu »  a un lien étymologique avec guindre. Dans le site Panoccitan, sont mentionnés : guinsa nom f. » mèche de cheveux » loc ; guinsal nom m. « hart » nom f. et guinsalh nom m. guinsal. Il s’agit d’un groupe de mots dont les attestations sont très rares. La première vient de Giraut de Bornelh (c. 1138 – 1215) ginsaill « laisse pour conduire les animaux ». Louis Rouquier de Puisserguier (début XXe s.) utilise le mot guissal avec le sens « hart ou corde de pendu »; à Toulouse c’est le guinsal. D’autres attestations viennent du Béarn guissalh « hart, corde, guenille; petit serpent ».

D’après le FEW c’est un représentant du gotique *windseil « laisse ». Le verbe winden « se tortiller, serpenter; envelopper en tournant une corde, une bande de tissu  » est très répandu dans les langues germaniques. Je ne crois pas qu’il est nécessaire de supposer le composé windan « tortiller » + seil « corde », puisqu’un un dérivé windsel « bande de tissu pour envelopper ou lier » est un dérivé courant en néerlandais en tout cas. En moyen français existaient des emprunts au néerlandais comme windelingue avec une significations très proche. (Voir DMF). Néerlandais windeling a le même sens et est attesté depuis le Moyen Age.

Je suis étonné d’autre part que personne n’a suggéré à ce que je sache, qu’il y a peut-être un lien avec les mots issus de vinculum et *vinciculum qui existent dans la même région avec la même signification « lien ». Voir vencilh.

Je ne sais si guinsa « mèche de cheveux » appartient à la même famille de mots.

Guit, guita 'canard, canne'

Guit s.m. »canard, canard gras », guita s. f. »cane » ; guiteta « petite cane » , guiton « caneton ».  Pour la répartition géographique voir le   Thesoc : guit    HAUTE-GARONNE  GERS, GIRONDE, LANDES, LOT-ET-GARONNE, PYRENEES-ATLANTIQUES, HAUTES-PYRENEES, TARN, TARN-ET-GARONNE. En cliquant sur ces liens vous verrez immédiatement les formes locales de chaque département.

D’après le FEW (IV,138b) il s’agit d’une onomatopée utilisée en Gascogne pour appeler les canards, les chèvres (geta dans le Val di Ledro, et giding en Ligurie Italie), ou les poules ( quite quite à Provins (Seine-et-Marne). Pour les attestations cliquez ici.. La zone gasconne guit continue dans le Nord de la péninsule ibérique, aragones gita, gito (Hecho, Aragues) (source Z). En dehors des langues romanes, par exemple en Souabe (Allemagne) gitz est aussi  utilisé pour appeler les canards.

Un visiteur me signale les mots celtiques suivants ; Bret. gwaz, oie; corn. goth (vx guit), gall. gwydd (moyen gall. guit); irl. géadh (vx géd); < celt. *gegda. (Dict. étym. du bret.). La répartition géographique, notamment la zone aragonaise que les Celtes n’ont jamais habitée exclut une étymologie celtique, mais les formes celtes données par mon visiteur montrent que le même procédé peut se produire partout.

D’après le DEAF G 1672  les mots béarnais guitoù  « fainéant »,   guit  « cheval qui rue », enguitouní-s  « devenir fainéant, tomber dans le vice (d’une femme) » et guitèro « paresse » (Foix), comme le catalan guit,  guitó  et l’espagnol  guitón appartiennent à la même famille et sont à séparer de l’ancien français guiton « jeune garçon, valet » qui appartient à une famille de mots d’origine germanique *wiht « fainéant ». (FEW 17, 582b).

Dans le site de La vieille chouette » vous trouverez toutes les informations et bien plus sur la cuisine locale et régionale de Montauban. Pour elle le Guit n’est pas une marchandise:

guit : la canard gras … le vrai, celui qui a couru tout seul rejoindre la fermière assise sur sa caisse de bois . C’est qu’il aimait se faire câliner le « col » ( le cou) cet animal lorsqu’elle lui « entonnait » la « gavette » ! Et comme il était déçu , si n’ayant pas assez bien digéré aux yeux de sa gaveuse, elle le renvoyait jusqu’au lendemain

 

Guitoù 'fainéant'

Guitoù  « fainéant » béarnais. Voir l’article guit, guita

gusard ‘vaurien’

Dans la description de la Révolution française telle qu’elle s’est produite à Mirepoix En 1791, en Ariège, on se traitait communément de cacaracà, Christine Belcicowski  écrit:

A Pamiers, on faisait alternativement la chasse aux prêtres réfractaires et aux prêtres constitutionnels, on commettait des abominations à l’église du Camp, on portait des charognes dans l’église des Carmes, on se traitait communément « de gusard 6 et de jean foutre, de pouf 7 et de cacaracà » 89.

Note 6 : Gusard « fripon » en occitan.

L’étymologie est selon le FEW XVI,98 le moyen néerlandais guit  prononcé [gœüt] « vaurien ». Gueux a  fait l’aller – retour entre la République des Pays Bas et le Royaume France, gueux, gueuse m. et f. « vil mendiant, vil personnage » attesté depuis 1452, gus « gueux » à Marseille,  en languedocien et en Bigorre. Le dérivé gusard, guzard « gueux, scélérat, canaille » est attesté dans plusieurs parlers, dont le normand, le dauphinois et le gascon.

Le 6 avril 1566 les nobles hollandais ont adopté le nom geus    comme nom d’honneur  pour exprimer leur indignation d’être abaissés à l’état de mendiants par le régime espagnol, en criant Vive les gueus.  Une ébauche concernant la Révolte des gueux en Hollande se trouve dans Wikipedia.

les Gueux

les Gueux en 1572

 

H

Gascons, si vous cherchez un mot qui commence avec une h-  et vous habitez au sud de la Garonne, cherchez plutôt dans la lettre F surtout s’il s’agit de mots anciens, c’est-à-dire de mots utilisés depuis toujours.  Par exemple « fumer » au sens de « fumer du tabac » est relativement récent et dans beaucoup de villages on dit fuma, mais « fumier » hems;  « Février » se dit febrje ou hebre dans les Pyrénées Atlantiques. Voir le Thesoc sous la lettre F. Un carte synthétique de cette évolution phonétique, qui rattache le gascon au castillan, se trouve dans Lectures de l’Atlas linguistique de la France de Gilliéron et Edmont : du temps dans l’espace. Auteur : Dirigé par Guylaine Brun-Trigaud | Yves Le Berre, Jean Le Dû. Genre : Sciences humaines et sociales .

 

Haricot

haricot

  1. ragoût
  2. semences de phaseolus vulgaris

Voir l’article  quincarlotà  où toute une famille de mots est réunie.

Hérault

Hérault « Hérault », nom de rivière. Le nom de l’Hérault se rattacherait à la grande famille des rivières en Ar comme l’Ariège, l’Aar suisse ou encore l’ancien nom de la Saône, Arar.

La première attestation de Arauris vient de Strabon d’Amasée (Géographie, IV, 1, 6 source p.40), au début du Ier siècle.  Quelqu’un, (j’ai oublié qui ?) propose comme étymologie que  « Arauris, dérive vraisemblablement de Ar-Av-Aris , ce qui est presque trois fois le même radical.  »

Comme toutes les rivières des Cévennes sont aurifères , je ne serai pas étonné si l’élément -auris vient du latin aurum « or ».  La signification du nom Hérault serait alors « La rivière d’or ». L’orpaillage est pratiqué dans beaucoup d’endroits;  c’est une très intéressante occupation d’été pour de nombreux touristes  et leurs enfants.

 

Eh bordure du Gardon

Herm, erm

Herm, erm « friche, lande, désert » vient  du latin tardif eremus emprunté au grec erèmos « friche, désert ».

Le mot (h)erme a existé en français jusqu’au XVIIIe siècle. Il a dû exister dans le Nord, parce qu’il y des noms de lieu comme Ermier, mais les atttestations viennent surtout de l’occitan et du franco-provençal. Ancien occitan comme adjectif erm « solitaire, mélancholique » et comme substantif erm « terre inculte, lande » , languedocien hèrme « désert ». Avec le suffixe dépréciatif : ermas, armas « terre inculte ». D’autres dérivés ermetat, ermetas ermitura toujours avec le sens « terre inculte ». Ancien occitan a(z)ermar, adermar signifie « rendre désert, dévaster, négliger ». Il y a dû y avoir des confusions entre les ermitages où habitaient les ermites et les ermitats « terre incultes » de sorte que des noms de lieu ont changé de sens. Dans le Dictionnaire topographique du Gard j’ai trouvé deux toponymes qui désignent probablement des « terres incultes » . Il mentionne aussi Les Armas et les Hermasonnes à Jonquières-St-Vincent.

et

Un visiteur me donne l’information suivante : « J’ai retrouvé dans plusieurs courriers de mon arrière grand-père le terme de harmas pour designer une terre inculte (avec un H, et non armas). Je suis natif de la commune de Beauvoisin (au sud de Nimes) et mes grands parents y étaient aussi. …Le terme d’Harmas, pour mon grand père , et mon père aussi, était plutôt dans un sens de terre négligée, et non pas inculte.
La graphie avec ou sans H- est au choix. Il n’y a pas d’Académie occitane ni de ministère de la culture occitane. Anglais hermit, Néerlandais hermiet « ermite ».

Il y a à Sérignan-du-Comtat ( Vaucluse) , L’Harmas de Jean-Henri Fabre, un musée avec jardin botanique consacré à l’entomologiste et à ses travaux.. (Wikipedia)

Erm existe aussi en catalan erm, espagnol yermo, italien ermo et basque eremu « désert ».

Horrupa

Horrupa forme gasconne pour fourrupa.

https://www.etymologie-occitane.fr/Migon, migou

Migon, migoun « crottin de la bergerie » désigne en provençal et languedocien « crottin des bêtes à laine », à Valleraugue migou avec la chute du –n final caractéristique, en Rouergue « fiente de brebis ou volaille » et dans les grandes villes comme Aix et Marseille migon prend le sens citadin de « mauvaise odeur du corps échauffé ».

Etymologie: migon est un dérive du latin mica « miette, un petit peu de quelque chose » qui a abouti en français à mie et les dérivés comme miette, miche,  en occitan à mitounar « cuire un mets longtemps »  et ensuite « se dorloter ». A Alès un micho  était un pain de 20 à 25 livres » et « un petit pain ; la ration du berger aux champs ». La première attestation de miche avec le sens « fesses » vient du dauphinois franco-provençal(1665), et a été  repris par le Larousse de 1907. Dans l’argot du Val Soana (Italie) métsya devient « mamelle ». Les deux sens sont courants en français moderne.

Migou, migoun avec le sens « crottes de brebis » est attesté en provençal à Briançon , Nice  et en Lnaguedocien  jusqu’à Pézenas et l’Aveyron.  Voir le FEW vol VI,2 page 71 a-b en bas de la page.

En languedocien mica  a aussi été conservé  sous la forme des dérivés ne ….minga « aucun, nul » et ne… mingon « aucun, point, nullement » . (Cf. ne… mie  du français)
Alibert ajoute pour migon  les sens « colombine » = « fiente de volaille » , attesté en Rouergue seulement , et « bourbier » que je ne retrouve nulle part. En dehors de la région provençale et languedocienne migoun prend des sens très différents, p.ex. dans le Maine mion « gamin ».

André Favède, écrivain et Manduellois, écrit dans son livre La boîte en fer  (Nombre7 éditions, 2020) , page 28  que  quand les brebis partaient en transhumance au nord du Ventoux,,il fallait nettoyer la bergerie.

Chaque année c’était l’épaisseur d’un mètre  de migou (fumier) qu’il y avait à épandre dans le potager. Mais aussi des grands champs de céréales et du vignoble à perte de vue.