Grifol, grifou, ifou dans le Gard et l’ Hérault (Thesoc) « fontaine (publique) » le plus souvent « grande fontaine monumentale sur la place du village ». Il n’est pas clair ce qui est arrivé au gr- initial ( > ifou) dans le Gard et l’Hérault. Cette forme n’est pas mentionnée dans les vieux dictionnaires. On trouve aussi la forme griffon attestée à Marseille avec le sens « robinet » comme à St-André-de-Valborgne. A Montmorin près de Gap griffou a pris le sens « auberge » et l’aubergiste est devenu un grifounier, le seul à avoir un robinet?
Etymologie : gryphus « griffon » + -ulus. Ce sont les croisés qui ont ramené du proche Orient le goût de des animaux imaginaires, qui dans le monde islamique date de l’époque des Fatimides. De l’Egypte ils ramènent au début du XIIe siècle le fameux Grifone qui est exposé au Camposanto à Pise:
« L’imponente statua in bronzo del Grifone (o Grifo) è opera di artigiani islamici, risalente al periodo Taifa (1031-1086) e proveniente quasi per certo dalla Spagna come preda di guerra di una delle tante battaglie vinte dai Pisani contro i Musulmani, probabilmente quella delle Baleari (1113-1115). » Wikipedia.
Sa renommée se répand rapidement dans toute l’Europe. Les artistes et les artisans rivalisent dans l’art de faire des Griffons devenu une source intarissable d’inspiration; c’était beaucoup mieux qu’un Lion et le Griffon était dans l’air du temps. Toute commune qui se repectait voulait avoir son Griffon sur la place centrale.
Le sens « fontaine » apparaît en occitan à la même époque. Les mécènes ont remplacé la fontaine ordinaire sur la place centrale des villes et des villages par un grifol. Un visiteur me signale que le mot se trouve dans le DuCange . Cela m’a incité à approfondir cette histoire. Du Cange écrit : « Grifoulus, Vasconibus Grifoul, Fons saliens, in Hist. Eccl. D. Fleury lib.. 97. num. 3. » ( Traduction: Pour les Gascons le grifoul est une grande fontaine). La source de Du Cange est l’ Historia Ecclesiasitca de Hugues de Fleury. qui date du début du XIIe siècle.
Le griffon fait partie de toutes les mythologies du Moyen Orient.
Littérature. Les bestiaires du Moyen-Age dérivent tous, plus ou moins directement, d’un ouvrage grec du IIème siècle « le Physiologus ». L’auteur inconnu cherche en premier lieu à associer à chaque animal (qu’il soit réel ou légendaire), une signification chrétienne. Il a été traduit en latin dès le IVème siècle. Le « Physiologus » a exercé une influence déterminante sur toute la chrétienté. Par le biais des nombreux manuscrits, souvent illustrés, les monstres de l’Orient et de l’Antiquité gréco-romaine ont ainsi pénétré l’imaginaire des hommes du Moyen Age. A partir du XIIème siècle, apparaissent des traductions en langue vulgaire. On note ainsi plusieurs bestiaires dont ceux de : Philippe de Thaon, qui rédige vers 1121 son « Bestiaire », dédié à la femme de Henri Ier Beauclerc, roi d’Angleterre et duc de Normandie (Source).
Sculpture et architecture.
Grifol de Toulouse
Un de mes visiteurs m’a écrit: « Je trouve, sur un site internet consacré à Montagnac, une note sur l’approvisionnement en eau : « A partir de ce bassin va partir ce qu’on appelle un aqueduc, d’abord une suite de tuyaux de terre mis bout à bout et à l’air libre traversant des propriétés privées et qui conduit à la Fontaine du Griffe. Tout semble terminé le 23 juin 1667 puisque les consuls annoncent « l’eau a commencé à couler au Griffe« . La fontaine ne coule plus mais elle existe toujours avec ce même nom.
Le dictionnaire de toponymie de l’Hérault, de Franck Hamlin, complète : « Ruisseau de Griffout (Pardailhan). Ruisseau de Griffouls (Ferrières-Poussarou). La Plassel del Griffoul (Azillanet) en 1657 (Compoix FD IV. 11). Lou Griffoul, 17e s. (Sahuc, Ville de Saint-Pons, Inventaire des archives communales antérieures à 1790, p. 111), loc. non ident. aux environs de Saint-Pons. Occ. « Grifol« , source, fontaine. La Font du Griffe, bergerie (Montpeyroux) variante du même terme ». Le nom de famille Lagriffoul est porté à Pézénas et dans les environs.
Pour moi, c’est ce genre de Promenades Etymologiques que j’aime. Relier le nom de la « fontaine (publique) » dans un village à une sculpture volée aux Egyptiens pendant une Croisade du 12e siècle, c’est exactement ce qui me plaît. Cela fait rêver.
Hamlin donne aussi Griffoulas un dérivé de l’occitan « grifolàs » massif de houx, car il ne s’agit pas d’une fontaine qui coulerait avec abondance mais d’un lieu dit concernant un col de la commune de Saint-Julien. Il note que le mot « grifol » désigne un grand houx (ilex aquifolium). (Voir à ce propos mon article agreu « houx »)
La déchetterie de Manduel, Bouillargues et Rodilhan est en pleine transformation, mais son nom Grimaudes ou Les Grimaudes reste :
Qu’est-ce que ce nom peut-il signifier? D’après les dictionnaires français un grimaud est une « homme renfrogné, déplaisant, maussade », mais le mot est hors d’usage d’après le Larousse de 1930. Il vit quand même dans les parlers régionaux. En béarnais par exemple un grimaud est un « farceur ».
En français du XVIe siècle grimaud est aussi un surnom des protestants et au XVIIe cela devient »diable; Satan » ; en languedocien grimaou, grimaoudo est ‘sorcier », et à Alès un « esprit fantastique ». D’autres significations dans le FEW XVI, p.64
Grimaudes fait partie des mots qui viennent d’une racine germanique *grima- ‘masque »; comme on fait aussi des masques en dessinant ou en salissant le visage (Halloween,, ha ha) grimer a peis le sens « peindre sur le visage », grimace « contorsion deu visage ».
Les langues germaniques ont déjà créé des noms de personnes, comme en ancien franque Grimwald qui a donné en ancien français Grimaud; en le lombard Grimoald qui a donné en italien Grimaldi. Là nous sommes en terrain connu.
Marc Kreydenweiss a appelé une de ses cuvées « Grimaudes rouge« . Dans la revue du vin c’est devenu le Domaine des Grimaudes.
Gringo « Américain, étranger qui parle mal l’espagnol » est un mot espagnol, dont létymologie n’est pas sûr, mais j’ai trouvé une piste qui pourrait etre ex)loitée par quelqu’un qui qui aime chercher dans de vieux livres.
Voir la deuxième partie de mon article Panta intitutée Un petit chemin de travers.
L’idée m’est venue de l’article Pantaleon du FEW VII, p.565.
Une visiteuse bienveillante m’ a incité à relire mon article:
Salut, Robert–
Il me semble que c’est Saint Jean Baptiste le patron de Genoa.
En tout cas, comment fais-tu le saut de Saint Grégoire au mot « gringo »? Je n’ai pas compris. Ça me hante!
Et bravo pour to web site sur l’étymologie occitane! J’apprends quelque chose à chaque fois que je l’explore!
et après ma réponse explicative, elle m’a donnée les informations suivantes;
Ceci pourrait t’aider: un livre écrit par Arturo Ortega Moran, Cápsulas de lengua: las palabras y sus historias, dans lequel il dit: greguería, que significa griteríaconfusa. Il y mentionne aussi le Universal Vocabulario en Latín y Romance, par Alonso (Alfonso) (de) Palencia, 1490.
Et peut-être via « archive.org » — Antroponimie ed omonimie nel campo della zoologia popolare PDF, trouver le tome que tu cherches?
Re PANTA-: dans le film du même nom, la jeune Frida crie « PANSÓN! » envers Diego Rivera… Aha!
Voici de qui elle parle:
Wikipedia Palazzo se San Gregorio et https://fr.wikipedia.org/wiki/Palazzo_San_Giorgio_(G%C3%AAnes)
Le Palazzo San Giorgio (ou Palazzo delle Compere di San Giorgio)
Hçstorique
L’Office de Saint Georges prêta des sommes d’argent considérables à de nombreux dirigeants européens pendant les xve et xvie siècles, gagnant une influence croissante. Les rois catholiques avaient des comptes ouverts à la banque, de même que Christophe Colomb
Dans l’Office de San Gregorio, première banque de l’Europe: En 1408, le palais est devenu le siège de la banque Saint-Georges ou Office de Saint Georges.
Grola groula, groulo « savate, pantoufle, souillon » . L’étymologie est une racine *grolla non attestée. (Alibert donne comme étymologie latin grullus « bateau » que je n’ai pas retrouvé).
Des Groules détournées:
Le type grola se trouve dans les départements ARDECHE, AVEYRON, GARD, HERAULT, LOZERE. d’après le Thesoc, et le type grolha, groulha dans les départements AUDE, HERAULT, PYRENEES ORIENTALES. Mais ces données sont très incomplètes. Le type grolla se trouve dans tous les parlers occitans et franco-provençaux, ainsi que dans les régions voisines, dans les parlers de l’Ouest, en normand et en piémontais groula « ciabatta ». Il est vivant dans le français régional du Gard groule, attesté ce matin chez une amie. Lhubac mentionne groulle pour Gignac avec le double –ll- bien prononcé.
Le verbe dérivé grolassier signifie « trainer des pieds, marcher lentement », ou à St-Etienne « s’arrêter dans les cabarets, se débaucher ». Une groulassou est une « traineuse de savates » à Castres. Le groulié le « savetier » en Aveyron et ailleurs.
D’après Alibert grola est aussi le nom d’une plante le « caucalide à feuilles menues », mais je n’ai rien trouvé1
gratéou, grapoun, grampoun, goussés, cagnots, laputs
Voici l’article de Mistral, avec les différentes formes et sens:
L’abbé de Sauvages connaît aussi le jeu de savates: jhouga a passo groûlo « jouer à la savate ». Pour en savoir plus j’ai demandé à Google qui me renvoie vers les Oeuvres complètes de Sterne:
Si vous voulez lire ce qui arriva à sa fille ainée, cliquez sur le lien ci dessus.
En 2009 il y avait encore quelqu’un qui connaissait cette expression et qui l’utilisait à propos d’un match:
pêche dit :
Depuis le XIXe siècle existe la Savate (sport de combat); Voir Wikipedia.
Gronh « groin, trogne », en ancien ocitan « museau du porc »; on le trouve aussi au féminin gronha. Ce mot m’intrigue pour trois raisons:
Nous trouvons le mot groin en ancien anglo-normand, le français parlé en Angleterre entre le 12e et le 15e siècle, avec le sens « sommité, partie supérieure d’une colline » aux XIIe et XIIIe siècles, et il s’est maintenu en normand avec le sens « petit cap marécageux de la côte du Bessin et d’Avranches » . Le mot a été conservé dans de nombreux noms de lieu dans les dép. des Hautes Alpes, de l’Ile et Vilaine, les Côtes d’Armor et la Charente en général avec le sens « cap, pointe, promontoire ». (IGN).
Une évolution sémantique identique « groin » > « colline » se trouve dans d’autres langues romanes, comme en roumain gruiu « colline », catalan gruny » groin; tas » mais aussi dans la famille de la racine préromane *murr-.
Douglas Harper et d’autres font bien venir groyne « une forte digue dans un port de mer » de l’anglo-normand groin avec le sens « museau du porc », sans comprendre le lien sémantique, parce qu’ils ne savent pas que groin signifie également « colline, cap, promontoire ». Plusieurs attestations ici s.v. groin. Une dans le DMF : le groin des rochers
D’après plusieurs dictionnaires l’anglais groin désigne « l’aine » , mais en réalité groin signifie « mons pubis » ou « mons veneris ». Le pubis est une « saillie triangulaire » (TLF). Il me semble logique que l’étymologie du mot anglais groin avec le sens « aine » ou plutôt » pubis » est le même que celui de groyne « digue » à savoir le latin grunium et qu’il a emprunté au galloroman, probablement au normand.
des groins groin-attaque
groin-protecteur
Une voûte « groin » Un champ de groins pour protéger la plage. Une « groin-attaque » et un « groin-protecteur ».
Il faut admettre que ces images sont plus proches de l’idée « colline arrondie, cap, promontoire » que de l’idée « dépression, abîme ». sauf peut-être pour le type qui subit une « groin-attaque »…
Un visiteur catalan m’a signalé que Corominas discute l’étymologie de broumeja « appâter », broumet « appât » dans son article grumejar. Comme je ne suis pas en possession de ce grand dictionnaire étymologique du catalan, je lui ai demandé de me le copier. Voici le résultat. gruma
Il découvert que le type d’origine grecque βρωμα se retrouve sur le côtes méditerranéennes jusqu’à Vénise. Je reprends ici ces attestations:
Dans mon article broumeja j’ai déjà mentionné l’attestation du nord-catalan ‘Bromeig‘.
Corominas propose de rattacher les deux types broma et gruma non pas au grec mais à une racine Grūm-, avec labialisation de gr- > br- sous l’influence de la voyelle tonique suivante. Le fait que BROMA existe dans le vocabulaire nautique avec le sens « mollusque qui dévore le bois » avec le composé abrumar est un argument de poids.
broma3 [1504; probablement del gr. brõma ‘corcadura’, perquè corca per sota el buc de les embarcacions] ZOOL Mol·lusc lamel·libranqui marí de la subclasse dels eulamel·libranquis (Teredo navalis), de cos molt allargat, vermiforme, i de conquilla petita, atrofiada, emprada com a òrgan perforant.
Mais dit-il à la fin de son article qu’on ne peut prendre une décision définitive.
Coromines, Diccionari etimològic i complementari de la llengua catalana
Guèine « renard ». L’étymologie est certainement un nom propre d’origine germanique. Le FEW suit Meyer-Lübke et propose le nom Winald. La première attestation date de 1190 et vient de l’ancien occitan guiner 1
En occitan moderne guèine « renard » est attesté dans l’Aude, l’Aveyron, l’Hérault et le Tarn (Thesoc). A St-André de Najac (Aveyron) guino désigne une « vache au pelage rouge » et un guinet un « boeuf aupelage rouge ». Guineu « renard » est aussi attesté en catalan depuis le XIIIe siècle. D’après Alibert guèine signifie « méchant, traître, perfide, felon » à Aurillac et en Quercy, ce qui est tout proche sémantiquement parlant.
A Toulouse existe une expression fa la guinèu « chômer, ne rien faire; défier » qui d’après le FEW est un emploi au figuré, inspiré par le fait qu’un renard semble observer de longues heures son environnement sans bouger. A Belmont-sur -Rance fa guinèlo est « se cacher pour épier; faire le guet ». En limousin un gueinard est un « indolent ».
Au XIXe siècle apparaît en argot parisien le mot guinal « juif » et à la fin du siècle avec les sens « usurier; marchand de chiffons en gros »; le grand guinal est le « mont de piété » et le verbe guinaliser, guignaliser « circonscrire; faire de l’usure; acheter à vil prix ». Il n’est pas impossible que l’origine de ces mots d’argot est à chercher dans le domaine occitan. 2
L’adj. guèine existe dans l’Aude avec le sens « mal bâti, mal fagoté » en limousin il signifie » maladroit, fainéant » et en Béarn gayne est « louche ». Jusqu’ici on n’a pas réussi à établir un lien sémantique avec le renard.
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Guindre « dévidoir pour les cocons » (Cévennes, Alibert), guinde « dévidoir très léger sur lequel on opère le dévidage des cocons » (Mistral, qui donne en plus les formes vindo, vindoul (Nice), vindour). Les formes avec un v- initial, qui se trouvent dans les parlers provençaux en Italie, mais aussi dans le Queyras et à Barcelonnette vindou(r), continuent la zone géolinguistique du Nord de l’Italie, par exemple piémontais vindou.
Le TLF fait la remarque suivante: « Mot du Sud de la France prob. empr. à l’ital. guindola « dévidoir », attesté dep. le XIVe s. (doc. lucquois ds BATT.), prob. dér., à l’aide du suff. -ola, du m. h. all. winde « id. » (cf. piémontais víndu, véndu, vindo; v. FEW t. 17, p. 588b); la finale du mot fr. fait cependant difficulté. »
Pourtant je ne vois pas de problème accentué comme gondola [gón-do-la] : gùindola >*guindla > guindre. Cette dernière forme est bien attestée à Alès, La Salle et Marseille et renforce l’hypothèse d’un emprunt à l’Italien. L’italien l’a emprunté à l’allemand winde « trueil » du verbe winden « se tortiller, serpenter ».
Voir mon article sarga sur le développement de la sériciculture, et les dessins ci-dessous tiré du site de Georges Mathonpour savoir de quoi nous parlons.
merki….la seule sertitude c’est que j’irai pas niquer des 51 sur leurs terres!!!!!
on va finir par se facher avec tout le monde!!!! mais pas grave!!!!!!!
patoche pour jouer à la savate , il faut être souple des adducteurs…