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Aigo

Aigo s.f. »eau » du latin aqua. Voir aigardent. La forme aigue a été conservée en français aiguemarine = un béryl qui a la couleur del’eau de mer   et dans les toponymes  gardois   Aigues-Mortes, Aigues Vives.

Aigo boulido

Aigo boulido « potage à l’ail » SeguierIDu latin aqua « eau »  + le participe passé de l’occitan bolir du latin bullire « bouillir ». Il ne m’est pas clair pourquoi l’aigo boulido désigne uniquement le potage à l’ail. Dans l’Aveyron lo boulido étaient des « aliments grossiers, fruits etc. qu’on fait cuire pour les pourceaux ».

Ailleurs  c’est une « Soupe préventive et curative contre la gueule de bois, les lendemains de fêtes. », c’est-à-dire après avoir négligé le conseil de Maître Dufour, voir ci-dessus aigarden!
En Provence il y a un  dicton : « L’aigo-boulido sauvo la vido »

Aigo-saou

Aigo-saou « de la saumure et non pas de l’eau-sel... » corrige l ‘abbé de Sauvages.  Du latin aqua et sal « sel ».

Aire,airiel

Aire, airiel

‘avec plusieurs membres quarantes deux cannes cinq pans aire airiels trelhatz et pollallier du coté du couchant trente quatre cannes’. (compoix Valleraugue 1625 tome 2 page 26)

Etymologie : latin area « espace libre, sol uni ». Eira ou aira en ancien occitan signifie « lieu vide et libre autour de la maison »        ( XIe siècle) mais déjà à la fin du XIIe aussi « aire à battre le blé ».

Plus tard a été créé le dérivé airée ou ayrie « quantité de gerbes qu’on met en une fois sur l’aire pour la battre », yerado ou eyrado dans le Gard, et naturellement on s’en est servi pour désigner cet espace et le verbe enairá « mettre le blé sur l’aire ».

Dans beaucoup de villages occitans nous trouvons une Rue des Aires ».

La forme airiel, airiel du Compoix n’a été attestée nulle part ailleurs à ce que je sache, mais je pense que le destrador local a voulu bien distinguer la place libre autour de la maison et l’aire à battre le blé.


le cercle est l’aire à battre le blé

Aissada

Aissada s.f. »bèche, houe » d’un latin asciata participe passé du verbe asciare « travailler avec la houe », est attestée en ancien occitan depuis le XIIe siècle, et très répandue dans tout le domaine occitan, en catalan aixada, espagnol azada et portugais enxada, mais ne se trouve pas dans le domaine d’oïl. Les deux mots aissou et aissado cohabitent à Valleraugue et désignent le même outil.
A Trèves (Gard)  aousado a été donné pour « houe triangulaire », comme celui  dans le Musée Cévenol cité sous aissou

Aissou, aissada

Aissou « houe à lame triangulaire » (Taleyrac, commune de Valleraugue, octobre 2004). Le mot le plus répandu est aissada, (ou aissadou à Taleyrac où les deux formes sont utilisées) par exemple dans le site du Musée Cévenol : « Le labourage emploie essentiellement les houes. Celle à lame triangulaire ou aissada est un des outils les plus répandus en pays cévenol, elle permet de retourner la terre, de l’égaliser, d’en briser les mottes, de tracer des raies et former des buttes. » Nîmes eïssade « sarcloir ».

aissada
A droite l’aissou de ma fille à Taleyrac à gauche  celui du musée de St.Jean du Gard.

Les deux mots appartiennent bien sûr à la même famille, dérivés du latin ascia « hache des charpentiers, erminette » et aussi « binette » et « truelle de maçon ».

(On en a trouvé une à Faverges près d’Annecy :

mais les suffixes et les répartitions géographiques de ces deux types ne sont pas identiques. Le type ascia qui a abouti en occitan à aisso « hache des charpentiers, herminette » aisse en ancien français, esse « marteau de couvreur » en français moderne (absent du TLF), et ses dérivés (par exemple ancien occitan aisset « petite hache » et aisela « herminette de tonnelier ») se trouvent dans une aire allant de l’occitan jusque dans le nord-est du domaine d’oïl.
Le FEW suppose que la forme aissou est issue de la forme ascia + one. Elle est limitée à l’occitan et avec le sens « pioche » au provençal et au languedocien. Le mot aissoun est attesté en languedocien avec le sens « pic, pioche, hoyau, houe ». La forme sans -n n’est attestée que dans la région du Mont Aigoual : Valleraugue oysou « outil pour faire des sillons », Camprieux oisou « outil de jardin qui a un tranchant d’un côté pour couper la motte, et de l’autre côté un fer pour arracher », St Hippolyte aïssou « meigle, marre , maille, chèvre » (dans un texte de 1798 avec le verbe aîssounà « labourer avec la meigle » ) et aisou « houe à lame triangulaire ». Dans cette région le chute du -n final est régulière: matin > moti , plein > plé. (Atger).

Commentaires

Bonjour,
mon père, Raymond Jourdan, a travaillé en 1941-42 dans le quartier des Lônes à Carpentras, dans une ferme disposant d’un système d’arrosage connecté avec le canal de Carpentras. Pour ouvrir et fermer les rigoles d’arrosage des parcelles il écrit dans ses cahiers qu’il se servait d’un « issadou », ce qui correspond à « aissadou » de votre article.Chez Mistral, on trouve ce terme issadou dans l’article « eissado », page 851 du trésor du félibrige, avec l’indication (rh) qui signifie expression des bords du rhône.
Cordialement
Gérard Jourdan

J’ai répondu:

L’issado est une houe d’après Mistral. La bonde pour fermer ou ouvrir les rigoles s’appelait esclafidou d’après l’abbé de Sauvages.

Suite ci-dessous.

Ajas, ayas, ayar

Ajas, ayas, ayar s.m. « érable; érable noir; alisier », vient d’après Hubschmied, suivi par le FEW d’un gaulois *akaros « érable ». Nous le trouvons dans le Sud-ouest (Deux-Sèvres, Charente, Saintonge; Tarn et Garonne, Lot, et Corrèze) et en franco-provençal, Suisse, Dauphiné et la Drôme.

Toponyme : Vallée d’Aoste : Ayas vient d’un latin agatius (? Wikipedia)

Voir aussi  agast

ayas

Automne en Vallée d'Aoste

Aland(r)a

Alandá (2) v.tr. « cajoler ». Dans le dictionnaire de l’abbé de Sauvages (S2), nous trouvons un autre verbe alanda ou alandra « cajoler pour tromper, manquer de parole » et un subst. alan ou alandaïre « hableur, qui donne de belles paroles, qu’il ne tient pas ».

A mon avis l’étymologie de ces mots est inconnue. Dans le FEW je trouve le verbe alander « amadouer » (Hte-Loire) et s’alandrir « se parer, faire toilette » (Barcelonette), landrejà « flaner » (Quercy) dans l’article landel « femme de mauvaise vie », un mot germanique qui aurait donné landra en italien. Il appartiendrait à la même famille que l’allemand landeren, lenderen ou slenderen, néerlandais slenteren.

Dans une note (FEWXXIV,551a, note 21) Th.Gossen écrit qu’ « à la lumière des noueaux matériaux italiens . [..] on devra réétudier la question à fond. »

Voir aussi l’article balandar « balancer »

Alandà

Alandá v.tr et r. « ouvrir en grand » est attesté des Cévennes gardoises jusqu’aux Pyrénées Orientales. (Thesoc). Avec le sens « brûler’ seulement dans les Cévennes gardoises. Le témoin de St-Hypolite du Fort a ajouté la remarque « brûler rapidement ». L’abbé de Sauvages (S1) donne alandà « étendu ». Dans la deuxième édition, il ajoute l’infinitif  alanda « ouvrir tout à fait une porte, une fenêtre, ouvrir les deux battants. Etaler une marchandise. Lâcher le troupeau. »  Alanda lou fio est « faire brûler le feu ». Ces dernières significations  ont échappé au FEW.

D’après le FEW il faut rattacher ce groupe de mots à un gotique *landa « gros bâton, barre ». A Ossau (Pyr.Atl.) est attesté lande « barre de fer servant à fixer un battant de porte » et dans le Val d’Azun (Htes-Pyr.) landèra « bâton recourbé pour tourner le lait du fromage ». Le sens « ouvrir en grand » s’explique facilement comme « enlever la barre des deux battants ». Pour « lâcher le troupeau » (S2) on le fait également.

« Etaler la marchandise »(S2) est imaginable, mais je ne comprenais pas par quelle évolution sémantique le verbe alanda a pu prendre le sens « brûler » dans les Cévennes.  C’est chez l’abbé de Sauvages que je trouve qu’ alanda lou fio signifie  « faire brûler le feu »  C’est une action que l’on fait avec un bâton ou une barre de fer.

C’est la même barre qu’on enlève pour ouvrir en grand une porte ou faire brûler le feu.

alanda loi fio

Alanda lou fio.                                             La lande tient une porte de garage.

 

Alapeda ‘asphodèle’

Alapeda « asphodèle », attesté à Nice, Lezan (Thesoc) et à Alès. L’étymologie  est inconnue, (FEW XXI, 188-18/9),  L’abbé de Sauvages l’appelle alêdo, attesté aussi  dans l’Aveyron, le Gard et surtout dans l’Hérault (Thesoc); dans l’Aveyron on dit ausst l’ orouódo, tous avec un changement de suffixe, à Tarascon c’est alègue d’après Mistral.  Ces noms   ,  seraient d’origine pré-indoeuropéen.  A ne pas confondre  avec arapède  « mollusque ».    .

asphodèleWikipedia Asphodelus albus Mill., 1768

L’abbé de Sauvages donne dans la 2z édition de son dictionnaire les noms que voici:

aledo S    et Coutelo_ aledo S

 Il y a donc encore des recherches à faire.

Un occitaniste a cru devoir  enrichir sa langue avec en empruntant asfodèl au français dans Wikipedia occitan:

Los asfodèls tanben nomenat correntament porraca o alapeda son de plantas vivaças monocotiledonas, apartenent a la familha de las Liliacèas dins las clissificacion classica e dins la classificacion filogenetica son dins la familha dels Asphodelaceae e del genre Asphodelus.

Pour l’étymologie du  nom asphodèle voir l’article asphodelus du FEW, XXV, 491  en français !