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Faï, faïsses

Faï, s.m., pl.faïsses « fagot ; faix de branches » cf.français .TLF faix du latin fascis « faisceau, fagot, paquet ». Vous pouvez écoutez un dicton de Valleraugue : Pitchot faïs bien liat es mietch pourtat. pitchot fais

Au pluriel faisses « fagots » est homonyme de faisses « bandes »!

Faisso

Faïsso, s.f. « bande dont on enveloppe un enfant, maillot; intervalle entre les rangées de ceps, plate-bande de jardinage, sole de terrain, bande de terre soutenue par un mur ».(Mistral), et en  languedocien faisso « lange d’enfant » (S), « bande de terre , terre de forme allongée » = traversier (Andolfi).

Pour les nombreux sens et dérivés voir aussi Alibert s.v. fais, où il réunit tous les mots qui proviennent de fascis « faisceau, fagot » de fascia « bande, bandelette » et de fascina « fagot de sarments ». Presque tous les mots donnés par Alibert s.v. fais « faix, fagot, fardeau, paquet, embarras d’estomac » comme dérivés représentent en réalité le latin fascia. Fascis et fascia étaient en effet assez proches du point de vue de la forme et du sens: fascia désignait une bande de tissus pour envelopper et le résultat était souvent un fascis un « paquet ».

            Images du  Gafiot

L’ancien occitan faisa et le verbe faisar « envelopper, bander, serrer , Aude  faisa v.a. « enmailloter », représentent le verbe latin fasciare « bander, envelopper de bandes ».
Etymologie: pratiquement toutes les significations qu’on trouve dans les parlers modernes existaient déjà en latin : fascia « bande, lien, sangle, etc.». Fascia avec le sens « bande de terre » se trouve déjà dans des inscriptions latines en Gaule. Cf. aussi catalan faxa, espagnol haza, portugais faxa  comme en  ancien occitan faissa, surtout en provençal et en auvergnat. Le sens exact du mot s’adapte bien sûr à la configuration du terrain, p.ex. Aveyron faïsso « carré d’un jardin, petit champ » mais en Camargue c’est « une partie des terres labourables d’une exploitation, affectée à l’une des cultures de l’assolement ou à la pâture, parties généralement séparées par desroubines « .
Un visiteur originaire du Vaunage m’écrit que pour lui « les faïsses sont les cultures en espalier dans les côtes, vignes, oliviers … ». Les espaliers  sont des bandes de terre.

    
faïsso
à gauche en Camargue et à droite dans les Cévennes.

Voir pour une étude approfondie et très documentée de ce mot au sens « bande de terre » consulter l’etude de : Michel Rouvière, » A propos de faysse et escayre : l’indispensable « remise à plat » terminologique , dans www.pierreseche.com/faysse_et_escayre.html / 9 février 2002 « 

Falabrego, farabrego

Falabrego, farabrego « micocoule » (provençal, attesté aussi à Pézénas) « basilic » (languedocien) voir aufabrego . Absent de l’Alibert. D’après le dictionnaire Panoccitan qui veut normaliser l’occitan, l’alfabrego serait le « grand basilic » et le falabrego le « micocoulier ». Le nom du basilic serait baselic  ce qui est un gallicisme.

Etymologie: faba graeca « micocoulier » attesté chez Pline. Le même mot se retrouve dans le Nord de l’Italie. Voir aussi l’article Micacoulié emprunté par l’occitan au grec et prêté au français.

Falbe, faube, fauba

Falbe, faube, -a adj. L’étymologie est la même que celle du français  fauve, le  germanique *falwa « de couleur fauve » devenu en latin falvus Cf. TLF fauve .

L’adjectif falbet, faubet,-a signifie aussi  « fauve »en occitan, mais le sens « infirme, raide desséché », p.ex. camba faubeta ne se trouve que dans l’Aveyron.

Faubel adj. « de couleur fauve », faubeta s.f. « fauvette » appartiennent à la même famille *falwa.

Fouviq, fauvi « sumac » en provençal et dans le Gard, est un autre dérivé du germanique *falwa « de couleur fauve ».  Regardez l’image et vous comprendrez pourquoi. Certaines espèces possèdent des propriétés utilisées en médecine et en droguerie pour la couleur (vernis, laques, tanins). Le sumac est un des matériaux tannants les plus nobles et les plus anciens du monde méditerranéen. Il était utilisé par les Egyptiens et les Grecs pendant l’Antiquité pour colorer la laine et plus tard comme extrait tannant.

Je n’ai pas d’explication pour la forme feugié donné par Mistral pour le Var. Une erreur? par confusion avec la fougère. Cf. feuse. A La Canourgue est attestée une forme foubyeyro « fougère » dérivé de falvus.

L’étymon falwa se trouve aussi dans d’autres langues : néerlandais vaal « jaunâtre », allemand falb « de couleur fauve », anglais fallow idem, corse falu, portugais fouveiro.

Au total nous avons en occitan 5 types lexicaux pour le Rhus (Wikipedia) : Fouviq, fauvi; Fustet ; nerte ; Roudou ou rodo; et français sumac.

Fan, efan

Fan dans les expressions fan de chichourles (Lhubac = « exclamation d’admiration ou d’étonnement »; Alibert = chichorla « ortolan »; Mathon « juron qui nomme le sexe de la femme » ). Pour chichourle = jujube  = didoulo suivez ce lien.

                                                                                         

D’après notre femme de ménage l’expression fan de chichourles est souvent utilisée par les joueurs de carte. Marius Autran de La Seyne écrit que c’est une abréviation du mot « enfant » qui est ensuite introduite dans beaucoup d’exclamations : très fréquemment utilisé dans des formules exclamatives, dans toutes sortes de situations : surprise, admiration, désarroi, etc. : Fan de garce ! Fan de petan ! Fan de chichourle ! Fan des pieds ! Oh ! Fan ! etc.
Dans le site de Georges Mathon, , je trouve une petite histoire en patois O fan de pié .

L’article infans « enfant » dans le FEW montre qu’en effet la forme efan est typique pour l’occitan (à voir chez Ronjat 2,p.211). La forme sans -n- dans la première syllabe est très ancienne et se trouve déjà en latin dans des tablettesdu 6e siècle, appelées « tabellae defixionum » inscrites avec des malédictions qu’on a trouvées entre autres en Auvergne. Il s’agit d’un rite d’envoûtement très ancien connu des Egyptiens, des Grecs et des Romains. L’instrument en est le plus souvent des tablettes de plomb, roulées ou pliées et percées d’un ou plusieurs clous.

Fanga, hagne

Fanga « boue ». L’histoire de ce mot est la même que l’histoire du fr. fange.Cf. TLF fange .

Des formes comme le gascon hagne, le pérgourdin et le limousin fagno reposent directement sur le gotique *fanja « boue ». On les retrouve dans les parlers plus au nord, jusqu’à la Loire. Un deuxième groupe, comme occitan fanga, fango vient d’un germanique fani- + ga. Le plus répandu en occitan est le dérivé expressif fangas « bourbier ».

A partir de ce dernier la créativité lexicale des Occitans ne connaît plus de frein : fangassié « celui qui se plait à marcher dans la boue; râle d’eau », fangassous « bourbeux », s’esfangassar « s’affaisser, s’aplatir comme de la boue » (Barcelonnette), etc.

Fanny 13-0

Fanny, une abréviation pour tafanari.

faouterna, foterla

Faouterna « aristoloche » (Montagnac), foterla s.f. « aristoloche clématite » (BotaniqueArles).

Far fauterna « troubler la vue »  à Agde d’après Alibert.  Comme le lien sémantique n’est pas clair, je ne sais s’il s’agit du même mot. D’après Mistral  fauterno est une variante languedocienne de farfantello.

Le mot falterna « arristoloche » apparait pour la première fois dans un Dynamidia  du  Xe siècle,  un genre de guide médical  sur utilisation des plantes . Ensuite il y a quelques attestations médiévales de la région picarde, normande et wallonne,  mais pour les parlers modernes les attestations viennent surtout du domaine occitan.  La première date de 1355.

On n’ aucune idée de l’origine de ce mot. Il n’y a aucune trace de falterna   en dehors des parlers galloromans.  En googlant j’ai trouvé 3 suggestions :

Eras, quan plou et iverna
e fresca aura e buerna
s’atrai e chai e despuelha la verna,
fas sirventes per esquerna
d’amor, qu’enaissi s’enferna
que las joves an levad’a taverna.
Tant an apres de falterna
que lur cons vendon a terna:
plus son arden non es lums en lanterna.
10 Domnas tozas,   sofrachozas,   la vera paterna
vos cofonda,   e·us rebonda   selh que·l mon governa!
Qu’en Jausbertz   non es tan certz,   per los sanhs de Palerna,
qu’el pantais   del pel no·i lais,   si sec la vostr’esterna.

Si je comprends bien le texte  falterna  veut dire ici « voir trouble, sont aveuglé ».  Faux! Heureusement j’ai demandé au prof. Gérard Gouiran de m’éclairer. Il a retrouvé son article cité dans la note en bas de cette page, où il avait écrit:

Or cette plante passait au Moyen Âge pour aider à l'accouchement.
On lit en effet, dans le Livre des simples medecines (ms. British Museum
Sloane 3525, 118 v°a) que R. Arveiller m'a fait l'amitié de transcrire :
Por delivrer la feme de sa porteure, prennez la racine d'aristologe et cuisiez la en vin et en huile et faites laver la feme del nombril desi as quisses. La racine doit estre cuillie quant i n'i a ne foille ne flor ; et la foille et la flor, quant elle i est, par ce qu'eles traient tote la force a eus.
On peut également songer aux vertus toniques et emménagogues
reconnues à cette plante. Au lecteur de choisir laquelle de ces propriétés
convient le mieux ici.

Il conclut aujourd’hui : « Je suppose que j’avais dû parler de ce passage à mon très regretté maître Arveiller, qui était très fort sur le vocabulaire de la botanique et il faut bien dire que, si l’on attribuait à l’aristoloche la vertu (si j’ose dire!) de faire avorter, il ne me semble pas nécessaire de chercher autre chose. » Falterna_Gérard Gouiran (texte complet de sa lettre)

Déjà l’abbé de Sauvages  avait écrit pudiquement  qu’il y a deux espèces, une avec des fleurs jaunes pâle appelée  sarasine, et la seconde est   « l’aristoloche ronde »; on l’emploie pour les maladies de femmes.   Mais elle est très toxique:

l’Aristoloche clématite possède de l’acide aristolochique au niveau de ses parties souterraines. Cette molécule est toxique pour l’homme avec de multiples conséquences. (Wikipedia). Plus dans l’article en catalan:  Tinguda des de l’antiguitat sútilitzaven algunes espècies com a planta medicinal basant-se en la teoria del signe. És, però una planta tòxica i cal extremar la precució en qualsevol ús que es faci. La bellesa de les seves flors en fan una planta de jardineria. (Wikipedia catalan).

Sur la théorie des signatures, dont je parle à propos de plusieurs plantes et leurs utilisations, voir l’article dans Wikipedia français et les autres langues.

Le fait que faouterna « aristoloche »  apparaît dans  le glossaire d’un viticulteur de Montagnac s’explique par le fait qu’il faut éviter d’en mettre avec les raisins, parce qu’il donne un goût âcre au vin.

Le nom faouterno  a été transféré  à la « morelle » en Lozère et dans l’Hérault,  et  à la fumeterre dans le Gard. Il s’agit peut-être d’erreurs?

        

Morelle (Solanum ambosinum)     Fumeterre

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1

  1. Edizioni critiche: William P. Shepard, «A Provençal débat on Youth and Age in Women», Modern Philology, 29, 1931, pp. 149-161, a p. 151; Fortunata Latella, «Un indiscusso caso di intertestualità trobadorica», Pluteus, 6-7, 1988-9, pp. 45-65, a p. 58. Gérard Gouiran, «Le cycle de la bataille des jeunes et des vieilles», in Per Robert Lafont: estudis ofèrts à Robert Lafont per sos collègas e amics, Montpelhièr-Nîmes 1990, pp. 109-133, a p. 127; John H. Marshall, «Les jeunes femmes et les vieilles: une tenso (PC 88.2 =173.5) et un échange de sirventes (PC 173.1 + 88.1)», in Il miglior fabbro. Mélanges de langue et littérature occitanes en hommage à Pierre Bec, par ses amis, ses collègues, ses élèves, Poitiers 1991, pp. 325-338, a p. 333.

Farandoulo

Farandoulo « farandole » est passée dans  le Dictionnaire de l’Académie depuis 1835 (TLF) . Le nom farandole n’est pas attesté avant le XVIIIe siècle.

L’étymologie d’après le TLF, qui suit le FEW , est  » incertaine; peut-être altération du provençal barandello, brandello « farandole »  un dérivé de branda « remuer, branler », de même origine que brandir*, sous l’influence de dérivés occitans tels que flandina « cajoler », flandrina « lambiner », flandrin « fainéant » 1

Je ne suis pas très convaincu par cette étymologie et ceci  d’autant plus que b(a)randello est définie comme une « farandole languedocienne »! Voir aussi mon article brandado.

Hector Rivoire Statistique du département du Gard, Tome premier, Nîmes, 1842, p.343 cette danse est décrite ainsi:

Dans un très petit nombre de communes des arrondissemens de Nimes et d Uzès et en traversant les cantons de St Quentin d Uzès de Montaren de Blauzac et de Lussan toute la musique se compose d un hautbois et d un très petit tambour qui sert d accompagnement Dans quelques unes de ces localités la danse y est appelée branle ou baran delle C est une sorte de valse russe extrêmement précipitée dans laquelle on tourne continuellement sur un même plan »

 

une  farandoles (en bas de l’image)

Catalan : farandola « Dansa popular que hom practica actualment encara a Provença, però que també havia estat ballada a Catalunya ».

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  1. FEW t. 15, 1, p. 252, note 14 et t. 15, 2, p. 136b; v. aussi Coromines.

Farci l'ase

Ase « gros boyau »  et l’expression farci l’ase « manger goulument »  voir  ase.