Espouterla
Espouterla « rompre le bec d’un vase » à Toulouse, voir l’article pot, poutoun
Espouterla « rompre le bec d’un vase » à Toulouse, voir l’article pot, poutoun
Esquer, esquerra « gauche, difficile ». L’étymologie est peut-être le basque esker « gauche », mais la répartition géographique plaide pour une origine ibère. Le type esquer se trouve non seulement en occitan mais aussi dans toutes les langues de la péninsule ibérique; catalan esquerre, espagnol izquierdo, portugais esquerdo.
Dans les parlers occitans modernes, on le trouve d’après le Thesoc dans les départements suivants: ARIEGE, AVEYRON, CANTAL, HAUTE-GARONNE, PYRENEES-ATLANTIQUES, HAUTES-PYRENEES, PROV. DE LERIDA (ESPAGNE)
Escarié « gaucher ». L’abbé de Sauvages (1756 S1) donne l’ancienne recette pour transformer un gaucher en droitier en lui liant le bras jusqu’à ce qu’il ait pris l’habitude de se servir du bras droit.
En 1347 la reine Jeanne a ordonné que toutes les femmes débouchées ne se tiennent pas dans la Cité (d’Avignon), mais soient enfermées dans le Bordel et que pour qu’on les reconnaisse, elles portes une aiguillette rouge sur l’épaule de la main gauche escairo.
Cela me fait penser à La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne où Hester Prynne, une jeune femme vivant dans une communauté puritaine à Boston dans le Massachusetts. au début du roman, se voit condamnée par la société à porter sur la poitrine la lettre A pour Adultère.
Le GRAND DICTIONNAIRE UNIVERSEL DU XIXe SIECLE de Pierre Larousse mentionne :
« Esquicher v. n. ou intr. (è-ski-ché – provençal esquichar, presser fortement, s’esquichar, se faire petit pour passer en un lieu étroit). Jeux. Donner sa carte la plus faible pour éviter de prendre la main. On dit aussi s’esquicher . Fig. Rester neutre dans une discussion, ne pas avancer son opinion de peur de se compromettre : il a senti la difficulté, et il S’EST ESQUICHE (Acad.) ».
Esquicher reste dans les Larousse jusqu’en 1948. On le trouve également dans les dictionnaires de l’Académie Française à partir de 1789 et quelques années plus tard comme verbe réfléchi. Esquicher est présent dans le Petit Robert de 1967, toujours avec la mention « dialectal ».
L’influence de la langue d’Oc sur la langue d’Oïl augmente! Ce matin le 10 mars 2004 à 11H45 je l’ai entendu deux fois dans une émission de Stephane Bern avec le sens « serrer, presser ». Il semble donc qu’ esquicher est entrain de repasser dans la langue française.
Esquicher a aussi commencé une nouvelle vie dans le milieu des joueurs de bridge: « Esquicher vieux mot français utilisé au jeu de Resi et ressuscité pour traduire le verbe anglais « to duck ».
Un cordon bleu de Manosque a inventé l’ esquichade, une sorte de tapenade à base de courgettes. Voir la recette. Esquichade est dans la version anglaise, mais dans la version française l’étiquette et le contenu (?) changent : « Ce caviar d’aubergines parfumé à la truffe noire … »
En occitan moderne esquichà signifie : « serrer »: la preuve ci-dessous à Mons dans le Var:
Etymologie. Le FEW suppose l’existence dans les temps préhistoriques d’une onomatopée *skits ou *skitš qui imite le bruit de « déchirer » ou « faire jaillir un liquide de quelque chose par la pression ». On trouve des mots qui y correspondent du point de vue de la forme et du sens en Italie, en Sardaigne, dans le Midi de la France et en Catalogne. Dans les patois galloromans nous trouvons trois significations:
1. « Déchirer » surtout dans les régions de l’ouest, Aude esquissá , limousin esquichar, Gascogne esquissá. A Bayonne esquis « déchirure ». En ancien occitan [5] existait esquinsar ou esquisar « déchirer, arracher ».
2. « Presser, serrer, étreindre » ou comme verbe réfléchi en provençal s’esquichá : «s’efforcer, se serrer les uns contre les autres; se contraindre, se blottir; céder, se soumettre ». C’est ce dernier sens qui a été ressuscité pour traduire l’anglais « to duck ». Les sens donnés par les dictionnaires français se rattachent à ce groupe Nous les retrouvons surtout dans les parlers de l’est du Midi : esquissar « presser » attesté au XVIe siècle à Avignon, et à Aix-en-Provence. A Marseille naît l’expression esquichar l’anchoyo « faire maigre chère », à Pézenas s’esquichá « faire des efforts quand on va à la selle », ailleurs des mots comme le languedocien esquichoú « pelotte de cire dont on a exprimé le miel », ou l’ancien provençal esquichamen « constipation ».
Puis, en Provence, le début du mot es-, a été senti comme s’il exprimait le jaillissement et il était rattaché à la famille de verbes où es- provient du latin ex- « hors de », comme en français exproprier, expatrier, exclusion etc.
Esquichar est devenu cuchar « presser » en 1368 et quicha « presser avec force ». Il vit en français régional quicher « presser ». Hier une amie me disait spontanément : « Le medecin m’a quiché le ventre » en faisant les gestes explicatifs. En patois de St.André de Valborgne [ kitšá] est « serrer la main, appuyer » et Valleraugue [kitšá ] « exprimer le suc ». Les Marseillais aiment faire un quichet « presser un anchois sur une croûte avec quelques gouttes d’huile ». Toujours à Marseille le quichier était l’ensemble « des etrangers qui viennent à Marseille le jour de Saint Lazare, parce qu’ils étaient serrés comme des anchois? Il faudrait vérifier comment on appelle de nos jours les étrangers qui viennent à Nîmes pour la Feria. Enfin le quiché à Alès c’est une « targette ».
En argot parisien quicher signifie »vomir ». L’étymologie donnée par le Wiktionnaire (< de quiche sous-entendue lorraine < de l’allemand Kuchen « gateau ») me semble fantaisiste. L’étymologie doit être l’occitan quicher. La naissance d’une expressions « Cela me fait quicher » à partir d’ s’esquicher (Voir ci-dessus Pézenas), me semble parfaitement possible. Mais je n’arrive pas à trouver des attestations anciennes de ce verbe en français/argot.
3. Le sens « écraser, broyer » est limité au Dauphiné
Anglais to squeeze Tous les sens de ce verbe anglais font partie du deuxième groupe. Quand un Anglais dit « I am squeezing the anchovy », le Marseillais n’aura aucune difficulté à le comprendre.
Pour les étymologistes anglais l’origine de squeeze est obscure. Ils pensent que c’est probablement une altération du mot quease (c.1550), de l’ancien anglais cwysan « to squeeze », d’origine inconnue et de la même famille que l’islandais kveisa « crampes d’estomac ».
Nous proposons plutôt esquichar. Du point de vue étymologique, les dates , XVIe siècle en ancien provençal, début XVIIe en anglais, ne posent pas de problème; par contre comment un mot occitan peut arriver dans le Royaume Uni c’est une autre histoire et pour le moment je n’ai pas d’ explication. Un emprunt au français, à l’occitan ou au gascon?
I had always thought some of the Aggie traditions were crazy, but I really have no words to explain what is going on here. Someone told me it is some thing where they bunch together real close in a square and try to protect their dog. Apparently the corp members crowd together at critical times during a game and squeeze their testicles in order to feel the pain of the players and inspire the team. (thanks Mick) Sounds Aggie-rific to me. Maybe they just knew they were going to lose.
L’occcitan se globalise : the Quicher screw feeder. Un appareil qui qui place des écrous/vis dans la bonne position et les serre. Notre quicher est allé très loin. A prononcer en français quicheur comme leader > leadeur.
Esquila « grelot, sonnette » En ancien français existait le mot eschele « sonnette, petite cloche » qui s’est maintenu dans des patois du nord de la Galloromania. En occitan, depuis les textes anciens, nous trouvons la forme esquila, et en languedocien eskînlo (S), esquillo, et les dérivés esquil « grelot » (Rouquier), esqui(n)lou « clochette ». cf.Alibert.
Le Nord et le Midi sont séparés par une région où ni l’un ni l’autre sont présents. Pour des raisons d’ordre phonétique, ( e contre i), von Wartburgsuppose une origine franque pour les formes avec e : skella qui exsite encore en allemand Schelle « sonnette », néerlandais schellen « sonner », et l’adj. schel « son aigu et désagréable » et qu’on retrouve en Italie. D’autre part une forme gotique skilla serait à l’origine des formes occitanes, catalanes et ibéro-romanes.
Mais … gotique -i- aurait normalément dû aboutir à » -e-. Le maintien du -i- pourrait s’expliquer par une influence onomatopéique, le son d’un grelot étant très aigu (Ronjat). Von Wartburg par contre préfère l’explication du -i- par l’influence des abbayes coptes. En copte la cloche s’appelle chkil, ou chkilkil. La forme esquila serait alors une trace linguistique de l’influence des abbayes égyptiennes sur le culte dans l’occident.
En effet il y a eu plusieurs abbayes coptes dans le Midi au IIIe et IVe siècles. Dans un site de l’Eglise copte de France je trouve:
« En 330, saint Jean Cassien érigea à Marseille deux monastères. Saint Aphrodyse vint apporter d’Egypte la foi à Béziers. » « Par l’intermédiaire de saint Jean Cassien, la vie monastique occidentale a été très marquée par les Pères du Désert et des usages liturgiques égyptiens sont probablement à l’origine des anciens rites gallican et wisigothique.
Esquillà, resquillà avec le sens « déraper, glisser ». Voir l’article quilha
Esquisso ‘ébauche, premier crayon d’un ouvrage » (Marseille, Achard C.-F) a bien sûr la même étymologie que le mot français. J’y reviens parce que cette histoire mérite de une place à part. Elle était un peu perdue dans l’article esquicher, mot occitan que tout le monde connaît.
Dans les parlers italiens, occitans et catalans existe une grande famille de mots qui ont tous comme origine une onomatopée skits, skitš qui imite le bruit que fait un liquide quand on le fait sortir par pression1. Pour le riche développement de ce mot voir l’article esquicher.
A cette famille appartient le mot italien schizzare qui signifie « faire jaillir un liquide sous pression » et le substantif schizzo qui désigne cette action. . Schizzo signifie également « la tache qui naît en faisant jaillir un liquide ». Puis au XVIe siècle Giorgio Vassari2 peintre, architecte et écrivain utilise schizzo avec le sens « premier plan d’un ouvrage d’architecture ».
A cette époque la langue italienne jouait en France le rôle que l’anglais joue de nos jours. La première fois que le mot apparaît en français c’est sous la forme esquiche « premier plan d’un ouvrage d’architecture » en 1567, ensuite c’est esquisse depuis 1611 dans le dictionnaire de Cotgrave, qui donne quand-même le verbe « esquicher » pour « tracer le premier plan etc. ». Le sens du mot s’est généralisé en passant dans les autres arts plastiques, dans la littérature et enfin depuis la deuxième moitié du XIXe siècle esquisse devient pratiquement synonyme de « ébauche ».
Plusieurs dictionnaires proposent schedium comme étymologie, mais von Wartburg écrit que cela est peu probable sinon impossible pour des raisons d’ordre phonétique. FEW XII, 6
Estirgonhá et estrigoussá « tirailler, étirer » . Une étymologie assez compliquée.
D’après le FEW il s’agit d’un mot composé de es- + tir- + gonhá. Il est attesté en languedocien, en gascon ainsi qu’en catalan: estireganyar « déformer quelque chose en l’étirant » . L’abbé de Sauvage donne en plus les formes estrigoussa ou trigoussa et les sens « traîner; tirer par les habits ou par les bras ».
L’élément es- de estirgonha ou estrigongha a été ajouté par un croisement avec le verbe trigoussá, estrigoussá « tirailler quelqu’un, secouer avec violence » un dérivé du latin tricare « susciter des embarras, créer des difficultés » d’un latin classique tricari qui est conservé en occitan trigar « tarder, se faire attendre ». En catalan exiqte le verbe estiregassar « estirar violentament alguna cosa per fer-la seguir, allangar-la, arrencar-la » (DE).
L’élément –tir- vient de tirá « tirer » un mot dont l’étymologie a été longuement discutée et qui semble venir du latin martyrium « tombeau d’un saint, mort ou tourments endurés pour la religion chrétienne ». La torture la plus courante au moyen âge était justement d’étirer le condamné. Le bourreau s’appelait en ancien fr. tirant du latin tyrannus. Le verbe tirá doit être très ancien parce qu’on le trouve dans toutes les langues romanes.
L’élément –gonhá se retrouve dans les patois suisses et les régions voisines : vougni « tirer par les cheveux » et le mot tirvougné « tirailler » également. A cause de la forme et de la répartition géographique, von Wartburg propose une origine gotique *wunnjan « blesser, faire souffrir », dérivé de wunds « blessure », Wunde en allemand, néerlandais wond, anglais wound.
Dans le TLF estive est défini comme « Pâturage de haute montagne dans les Pyrénées. », et par métonymie : »Séjour dans ces pâturages ». Le mot est assez récent: 1933 avec le sens « pâturage » et a été emprunté à l’occitan du département du Puy-de-Dôme en 1876 avec un sens très spécifique de l’Aubrac « unité exprimant la valeur de la consommation d’une tête de bétail pendant une saison et sur le pied de laquelle on paie la dépaissance « . Ce sens se trouve dans les Larousses de 1876 jusqu’en 1945.
Le mot estiva est attesté en ancien occitan depuis 1216 avec le sens « récolte » et à Montauban au XIVe s. » travaux d’été ». On le trouve dans de nombreux parlers occitans avec le sens « pâturage ».Cf FEW XXIV, 235a
Un séjour d’une semaine dans le Puy-de-Dôme m’a donné l’impression que de nos jours estive et festive sont bien associés dans l’esprit des touristes et désigne en premier lieu un bon restaurant ou une fête locale, votive celle-là. Dans l’Aubrac c’est peut-être devenu « la valeur de la consommation d’une tête de touriste pendant une saison »
J’ai failli oublier l’étymologie : latin aestivus « qui a rapport à l’été ».