Escafit s.m. « morue séchée à l’air libre » voir l’article estofi
Escafit, escafida adj. »étriqué » (Pan); « étroit, étranglé » (S2). En ancien occitan escafit signifie « svelte, allongé, élégant », comme eschavi en ancien français. Raynouard le traduit par « potelé » , mais dans le contexte « svelte » est peut-être mieux. Il s’agit en tout cas d’une qualité. Jugez vous-même:
Le verbe de l’ancien français eschavir signifie « parer, façonner. »
Le FEW propose comme étymologie un ancien franc *skapjan « créer, former » , néerlandais scheppen, allemand schöpfen. (Cf. Grimm). Escafit, -da faisait partie du vocabulaire de la culture chevaleresque du Moyen Age.
Uniquement en provençal, notamment à Marseille, nous trouvons l’expression parlar d’escaffi « parler ironiquement à quelqu’un » et escaffi s.m. « chagrin, inquiétude », escaffiar « mépriser, rebuter, dédaigner ». Je ne vois pas très bien quelle évolution sémantique peut expliquer celà ??
Escagassar, v.tr. « fienter avec effort » escagasser en fr. rég., v.r. s’escagassar « s’efforcer pour aller à la selle », « écraser, aplatir » (Alibert) est devenu français depuis 1902 voir le TLF. L’évolution sémantique en français vers
L’étymologie de la forme, latin ex + cacare ne pose pas de problèmes.
Le verbe escagassar était limité à l’ouest-provençal et l’est-languedocien. avec comme sens principal « s’accroupir ». Louis Rouquier l’utilise pour dire « se pâmer de rire ». Il a été introduit en français à l’aide de l’argot, probablement à partir de Marseille.
Cacare est une onomatopée qu’on trouve dans beaucoup de langues indo-européennes, catalan, espagnol, portugais cagar, allemand kacken, néerlandais kakken, etc. La forme française chier a perdu par l’évolution phonétique tout consonance onomatopéique, de sorte que dans le langage des enfants elle a été remplacée par caquer, caguer.
Escais « éclat de bois »; « morceau ou reste d’une marchandise, coupon, échantillon » (Alibert).
L’histoire d’ escais « éclat » est bien différente de celle d‘escais « sobriquet ».
Il vient du mot germanique *skalja « coquille », d’oeuf, d’escargot, de noix etc. qui existe encore dans pratiquement toutes les langues germaniques: néerlandais schil « pelure », anglais shell « coquille » et dans les langues romanes en italien et en francais: écaille. Le mot germanique *skalja avait déjà développé les sens 1) « éclat de bois ou de pierre » et 2) »morceau, rognure ».
Le premier est déjà attesté en ancien occitan; escalh « petit éclat » (vers1240) , escai « éclat de bois » en occitan moderne et des dérivés comme escalhar « fendre ». Par contre le sens « morceau » (Alibert) qui est bien attesté pour les patois wallons et ceux du nord-est de la France, n’est pas attesté pour l’occitan en dehors du dictionnaire d’Alibert.
Je pense par conséquent que la « Rue des Escaïs » à Agde (voir escais « sobriquet ») tire son nom du sens « éclat » ou même du sens « écaille » des poissons.
escais écailles
Escais « sobriquet; moquerie », escaissar « donner un sobriquet; se moquer, railler ».
Escais « morceau ou reste d’une marchandise, coupon, échantillon » et escaissar« déchirer, rompre une branche d’un arbre, écuisser » ont une autre histoire. Suivez le lien.
Un lecteur habitant la « Rue des Escaïs » à Agde m’a demandé l’étymologie de ce nom. Le sens le plus ancien semble être « moquerie » déjà attesté par l’abbé de Sauvages : escainoun composé de escai « moquerie » et noun « nom » > ‘sobriquet’ ou ‘surnom ou nom de guerre’ (S; M, Autran). Mais je crois que la Rue des Escais fait plutôt allusion à escais « morceau ».
L’étymologie est le latin *capseum « cavité buccale » une forme secondaire de capsus « caisse; intérieur d’une voiture; cage pour les animaux sauvages ». Ce sens est conservé en ancien occitan cas « caisson, ballot » et à Castres cals « sorte de volière ». Latin capsus avait aussi le sens « vessie destinée à recevoir une farce » qui est à l’origine du sens du mot ancien provençal cas « trou d’une aiguille par lequel passe le fil » (Arles 1400), conservé tel quel à Castres.
La forme *capseum désigne la « cavité buccale » ou les « parois intérieures de la bouche », ce qui donné en ancien occitan cais « machoire », conservé à Puisserguier et dans l’Aveyron cais. Un dérivé caissal signifie « dent molaire » (St.Andre de Valborgne). A partir du sens « machoire » s’est développé en ancien occitan le sens « joue’ , conservé dans l’Ariège kèch.L’expression far col e cais « faire la moue, minauder » est à l’origine du verbe escaisar « se moquer de quelqu’un » ce qui a abouti à Puisserguier à escaissà « donner des surnoms ». Ensuite a été dérivé le substantif escai(s) « moquerie, surnom, sobriquet ».
Catalan queix « mâchoire » et espagnol quijada « joue » appartiennent à la même famille de mots.
Escama « écaille ». Etymologie: latin squāma « écaille ». Mot occitan et ibéri-roman . Voir les différentes attestations et significations dans le FEW XII,215-217dans l’article squāma « schuppe » (= écaille). La grande majorité des significations s’expliquent facilement, mais je ne comprenais pas la filiation « écaille » > » fille , femme effrontée, dévergondée qui a le diable au corps, petite espiègle » pour le mot escamandre et qui viennent du Tresor de Mistral et du Dictionnaire de l’abbé de Sauvages.
J’ai eu recours au Dictionnaire de l’abbé de Sauvages, qui donne deux explications. D’abord il définit une escamandre « une marie-chiffon, fille ou femme en guenilles », sens qui s’explique à partir d’ écaille > fil qu’on tire d’un tissu, effilure, > effilocher, etc. (voir l’article du FEW) . Ensuite il écrit dans l’article Escamandras « péjoratif dévergondée » : » L’Escamandre est le nom d’un très petit fleuve qui baignait les
Mais il n’y croit pas. Mistral non plus d’ailleurs; il rapproche escamandre de esclandre qui vient du latin scandalum (CNRTL) et je crois qu’il a raison, contrairement au FEW.:
Mistral précise aussi la localisation de l’étang Escamandre, confirmé par Google Maps et Wikipedia.
L’étang de Scamandre à Saint-Gilles
Le type écame a aussi existé dans le domaine d’oïl1, mais il a été remplacé par le type germanique *skalja « écaille ».
Une autre étymologie de l’espagnol escamocho se trouve ici
Pages copiées dans odt. AFINIR > escaume Z46
escauma FEW 12,216b escaume pr. Squama 12;216b « écaille de poisson »
Escambarlat « qui a un pied dans chaque camp ». est un mot utilisé par René Merle dans sa conférence donnée à la Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard, le 19 octobre 1991, intitulée Nimes et la langue d’Oc. Voilà un mot qui serait bien utile dans les discussions politiques, mais qui n’existe pas en français. En France il faut choisir, (jambe) gauche ou droite. Le sens figuré que lui donne René Merle est déjà attesté en béarnais au XVIe siècle : escarlambat « celui qui, pendant les guerres de religion, marchait avec les deux parties ».
Escambarlat est dérivé du latin camba, gamba « articulation entre le sabot et la jambe du cheval » qui a remplacé le latin classique crus dans presque toutes les langues romanes, à l’exclusion des langues ibéro-romanes et une partie du gascon qui l’ont remplacé par le type perna « cuisse des animaux, jambon », espagnol pierna ‘jambe’. Camba a été emprunté au grec kampè ‘articulation’ d’abord par les vétérinaires. Ce mot montre clairement que le latin que nous parlons est une langue populaire.
Une analogie ?
Escambarla « enjamber » s’escambarla « se mettre à califourchon, écarter les jambes », est limité à l’occitan et au franco-provençal; il est peut-être composé avec ou influencé par cabal ‘cheval’. L’abbé de Sauvagesajoute qu’il est « indécent d’écarquiller les jambes en compagnie » et il ajoute l’adjectif escambarla ‘libertin, celui qui est libre dans ses propos’.
Tiré du livre de André BERNARDY «Les sobriquets collectifs (Gard et pays de langue d’Oc)» – AHP – Uzès. Et Jean-Marie Chauvet – Historique de la commune de Rodilhan.Lenga de Pelha.
« A Bouillargues, les gens avaient tendance à marcher les jambes écartées. Est-ce la pratique du cheval qui avait provoqué cette déformation générale, propre aux cavaliers, et cela parce qu’ils utilisaient leurs chevaux de labour pour aller à la rencontre des taureaux lors des «abrivados» ? Ou bien, au temps des guerres de religion, jouaient-ils le double-jeu et avaient-ils un pied dans chaque camp ? Ou bien leur déformation était-elle congénitale ? Ou bien encore était-elle sortie de l’imagination de leurs voisins ? Qu’importe, ils furent bel et bien «lis escambarla» ou jambes arquées. » Voir le site généalogique de Rodilhan.
deux escambarlats
Escampar « répandre, faire couler (du vin), distribuer », intransitif « jaillir »; escampa d’aigo « pisser ».
Ce verbe composé de ex + campus + are est attesté en occitan et en franco-provençal depuis le moyen âge. En ancien occitan un escapaire est un « dissipateur ». Quand on répand des solides dans des champs, on le jette en général, de là escampar « jeter, lancer » et s’escampar « s’élancer » verbe fréquemment utilisé dans la course camarguaise.
En français régional escamper « jeter à la poubelle » vient de l’occitan et non pas de l’italien. (Lhubac)
A ne pas confondre avec l’italien scampare « échapper » provençal escampo « prétexte, échappatoire » d’un *excappare « échapper », influencé par notre escampar. Sur le web en occitan on trouve les deux significations pour s’escampar. Il s’agit d’homonymie.
D’après le TLF le verbe escamper « s’esquiver » vient du provençal et escamper « jeter, faire disparaitre » de l’italien « scampare », mais le verbe italien n’a pas cette signification.
Escanar » étrangler, étouffer ; resserrer, égorger ; crier à tue-tête » n’a rien à voir avec le scanner, un mot anglais emprunté au latin scandere « monter, grimper » et qui au 16e siècle a été utilisé pour » scander des vers « . A l’époque, les élèves frappaient de leurs mains ou de leurs pieds à chaque syllabe accentuée pour en marquer le rythme montant ou descendant des vers. » Le sens « regarder attentivement » date de 1540 et son contraire dans scan a page « jeter un coup d’oeil sur une page » en 1926. Je ne sais si mon scanner est supposé de regarder attentivement ou superficiellement.
Notre escanar est dérivé du substantif canna » roseau, tuyau » que les Romains ont emprunté aux Grecs. A partir du sens « tuyau » beaucoup d’autres se sont développés : cheneau « robinet, bobine » ; cannelle ; occitan cano « mesure de longueur : 1.98 m (voir cet article); bâton et de là jambes en argot ; cruche, cannette ».
Celui qui nous concerne est : « trachée-artère » dans l’expression canne du poumon. Ex + canna + are prend alors le sens de « achever de tuer, un porc par exemple ; égorger « . Le mot est bien occitan, attesté avec le sens « égorger » de la Val Soana jusqu’en béarnais. Dans le Midi on aime les expressions fortes. A Alès par exemple s’escanà veut dire « travailler dur, s’éreinter ».
canna canne du poumon
Deux problèmes :
Mathon donne dans son site : escana « chapardé « , escana « chaparder » et escanaïre « chapardeur » . (Nîmes) Ce sens est confirmé par mon copain de Manduel. Escana « dérober » est attesté comme mot marseillais et dans des dictionnaires d’argot depuis 1838. A quel sens de excannare faut-il le rattacher?
Le « bleuet » (la fleur ou l’oiseau ??) est appelé escanapols à Saurat en Ariège; confirmé sans localisation par Alibert.
Michel Wienin commente et ajoute:
ESCANAR. Pas de problème pour le sens initial d’égorger avec extension à étrangler (resté dominant en Lgdc sud) : quand j’étais petit les grands garçons jouaient à l’escanette chacun étranglait l’autre jusqu’à ce qu’un des deux abandonne ; jeu bien sûr interdit à l’école !). les sens dérivés suivent la même logique qu’en français : prêter à taux usuraire : escanaire = étrangleur, escanador = coupe-gorge d’où escroquer (dominant Provence et Lgdc est) puis voler, chaparder etc. Un usurier ou un prêteur malhonnête est qualifié d’escana-cat (il ferait rendre gorge à un félin).