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Drulier, drolhier "alisier"

 Drulier, drolhier « alisier ». Étymologie :  drulier ‘est un  dérivé de druliodruelha « alise ».  Le drulier  est l’Alisier torminal, ou Sorbier torminal (Sorbus torminalis) un arbre appartenant au genre des sorbiers de la famille des rosiers. (Wikipedia).  Les baies de la grosseur d’une cerise sont comestibles (Sauvages S1).

Etymologie : drullho, drélho (en Lozère)  est d’après le FEW un dérivé du gaulois   *derco « baie » ou du celtique *dergos  « rouge ».

drulhier   drulho

J’ai reçu d’une fidèle visiteuse  le texte d’un chant occitan Sem Montanhols 1:

Sem montanhols n’avem l’independença
L’avem, l’aviem e mai la gardarem
Si a pas de rei en França
N’autres i renharem!

Nòstre sol mestre es aquel que fa naisser
Lo blat l’autumn e l’erba lo printemps
Lo pregam que nos laisse
Lo gost del pan longtemps!

Fasem justicia a mòda montanhòla
Sens derrengar los jutges inustiers
Lo còde de Laguiòla
Es lo bòsc del drulher

Tu vinhairon, sias fier de ta vendemia
Mas ieu te planhi, paure costovin
Tu coltivas ta vinha
N’autres bevem lo vin

Dels vielhs Gales n’avem lo crit de guerra
Possam de crits que fan tot ressontir
En passant sus la terra
Aimam de nos far ausir.

Le  code de Laguiola, lo bòsc del drulher   m’intriguait.  Un promoteur d’une maison de retraite en Lozère, me fournit l’explication suivante:

L’alisier…. que l’on trouve en nombre dans les forêts du nord Lozère et dont on dit que les fruits étaient la nourriture des Dieux. Dans la tradition celte, l’alisier était un talisman contre la foudre, et les légendes racontent que les fouets dont le manche était en sorbier permettaient de dompter les animaux ensorcelés. Pour les germains encore, les agneaux devaient passer dans un cercle en sorbier dès leur naissance et un bâton de même essence était planté au milieu des pâturages pour protéger les troupeaux.

Cela reste à vérifier.

D’après Pégorier on trouve des toponymes   Drulé, Drulhier  uniquement dans le domaine occitan:

Avec Google »maps » j’ai trouvé  Drulhes,  Labrousse (Cantal),  par exemple.

Pour l’étymologie  dalise suivez ce lien TLF.

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  1. de nombreuses versions chantées sur YouTube Joanda

Duc, dugou

Duc, du « duc »; ducat « duché ». Quand les Francs ont envahi la Gaule et établi l’ordre, ils ont repris l’organisation de l’administration romaine et les noms des différentes fonctions. L’étymon est le latin dux, ducem « chef ».   Les ducs exercaient, au nom du souverain, des pouvoirs de nature militaire et judiciaire sur un ensemble de comtés. (voir Wikipedia). C’est le sens le plus ancien du mot.

La première attestation de duc pour désigner le « Rapace nocturne de la famille des Strigidés, aux yeux gros, ronds, tournés vers l’avant et entourés de disques de petites plumes effilées qui se dressent en aigrettes de chaque côté de la tête (ce qui les distingue des chouettes*) (TLF),date de 1165. L’explication de cette évolution sémantique serait le fait que le duc est souvent entouré d’un nuage d’autres oiseaux quand il apparaît en plein jour. Une autre explication est donnée dans R.Richter, p.114. D’après lui Aristote raconte qu’un duc accompagnait des cailles pendant leur voyage vers le Sud en automne. L’abbé de Sauvages pense que l’origine du nom du(c) « hibou » est une  onomatopée, mais les étymologistes n’y croient pas, sans pouvoir donner une explication 100% satisfaisante de cette évolution sémantique. Ecoutez le cri du grand duc et vous serez d’accord avec moi que cela ressemble plutôt à « hibouou » qu’à « duuuuc » . Peut-être quand on pense à  la prononciation des Romains « douououc ».

Le Thesoc donne la forme dugou pour des parlers des Alpes-Maritimes et la Lozère en les classifiant comme le type dugol (??) et comme étymon duculu* ou ducu* (??). Je pense que la terminaison en –ou est une transformation due à l’influence du français hibou, ou des parlers du nord de l’Italie : Gênes dugou, Valsesia dugu. Pour d’autres noms du grand duc voir Rolland, Faune 2, p.50 ss. Vous trouverez des toponymes du type Canta-duc en cliquant ici. Il s’agit d’un article cantare dans la toponymie galloromane; cf canta-perdris.

En occitan duc, dugon, du(g)a etc. a pris au figuré un sens péjoratif; « niais, imbécile ». Duganel, duganeou « petit duc; nigaud, innocent ». Je pense que cette évolution s’est produite à partir du verbe duca « regarder sans rien dire; bayer aux corneilles » ( Mistral et Sauvages). 

Nouveau. Cette interprétation est probablement erronée. Il s’agit peut-être d’une évolution sémantique de deganel, deganeu, duganau variante de uganau « huguenot »,  ou d’une fusion de ces deux mots.  On n’a pas d’attestations de deganel « imbécile »  dans les textes anciens.  Voir cet article.

………………
………………grand duc ………………………………………………Grand duc Henri (Luxembourg)

Voir aussi l’article  douts

Ebria, ebria

Ebri, ebria « ivre » du latin ebrius « ivre ». De nombreuse formes pour la voyelle initiale depuis l’ancien occitan: ibre, iure, ieure. Voir ebriago.

Le TLF en suivant le FEW remarque que : « Les parlers gallo-romans préfèrent, comme le fr. pop. des mots plus expressifs.. » Un coup d’oeil sur l’Atlas linguistique de l’occitan montre que cela vaut aussi pour l’occitan : acotrat, bandat, bombat, briat, choc, conflat, embriac, empegat, fin, fiolat, gris, ibronha, pete, pintat, plen, rede, sadol, tibat, tordos, torsut et je suis sûr que la liste est incomplète.

La preuve : un visiteur qui me signale que le chanteur languedocien Joanda dans la Gazette connaît le mot molan et qu’il explique dans la Gazette de Nîmes qu’on appelle le raisin un sac à mol, expression tiré du mot molan « ivrogne ». Molan se trouve dans l’Alibert avec le sens « pêche molle; personne molle: sorte de raisin » et est dérivé du latin mollis « mou ».

Ebriago

Ebriago

  • ivraie

ebriago « Ivraie »    

  • redoul (coriaria myrtifolia) » Voir Wikipedia pour redoul. Cette espèce contient de la coriamyrtine, alcaloïde qui frappe les moutons d’intoxication alcoolique lorsqu’ils  consomment les baies. Le nom vulgaire redoul désigne aussi le sumac. Utilisation: Tanins: les grandes quantités de tanins contenues dans cette plante l’ont fait utiliser pour le tannage des cuirs. Les feuilles ont été utilisées pour peindre en noir. Pigments: violet noir dans les fruits.

On cite leur utilisation au siècle dernier pour teinter le vin. Voir Wikipedia.

Étymologie : ebriago vient du latin ebriacus « ivre » un dérivé de ebrius « ivre ». Ancien occitan ebriac, embriac, ubriac. Occitan moderne embria « ivre », embriaï, – aigo (Alès), e(m)bray, b(e)ryac (Ariège), etc.(cf.Thesoc, ivraie). Pour le languedocien est attesté un embriaigo-cabro « lotier cornicule » (Wikipedia), autrefois utilisé comme calmant et somnifère. Je pense que la source du FEW a confondu cette plante avec le coriaria myrtifolia ou redoul qui sert aussi pour le tannage. Dérivés : ancien occitan abriaga « ivraie enivrante « ; occitan embriac, embriaga ; embriaigà « enivrer ».

L’insertion d’un –m- ainsi que la chute complète de la première syllabe et les variantes avec i- (français) s’expliquent par le fait qu’il s’agit d’un e- long dans une syllabe ouverte. Voir Ascoli, dans l’Archivio glottologico 3, p.442. Consultable grâce à l’université de Toronto (globalisation !) qui vous permet de consulter cette revue dans les bibliothèques canadiennes et américaines!

Italien ubriaco « ivre », catalan embriac, espagnol embriago, portugais embriagado, basque iraka, iralka, libraka. A ma demande un visiteur qui connaît bien le basque m’a répondu : Le basque ira(l)ka « ivraie » est semble-t-il en effet un emprunt au gascon irague « id. », lui-même du latin ebriaca. La variante roncalaise libraka avec b suppose un autre intermédiaire roman pyrénéen où le b de la forme latine a été conservé (biraca ou quelque chose comme çà, très probablement de l’aragonais).


ebriago?

             

                                                                           embriaco « doronicum »                          ubriago  « fumeterre »    
Le nom a été transféré à d’autres plantes: provençal embriaco « doronic« , « centranthus ruber », ubriagia « colchique » (Alpes-Mar.), ubriago « fumeterre » (BduR) embrieiguas « sorte d’orchis » (Montpellier). Je ne connais pas les raisons de ces transferts, mais je pense que la plupart est enivrant(???).

Échamp ‘gradin cultivé’

Mon ami manduellois d’origine ardéchoise, utilisait le mot échamp pour désigner les gradins , appelés traversiers ou bancel dans le Gard et la Lozère. D’après le dictionnaire un  échamp   est une « bande de terrain comprise entre deux allées d’arbres ou de vignes ». Curieusement   n’est attesté qu’en dauphinois et  dans les dictionnaires français depuis le début de XXe siècle. En Ardèche  un échamp est un »gradin cultivé ».   Autrefois on y cultivait la vigne, mais de nos jours ces gradins sont repris par la nature.  Il m’a envoyé une photo d’un échamp actuel :

 

 

Ci-dessous Une vue d’ensemble impressionnant:

Mais ce n’est pas partout le cas. Il y a un toponyme  Échamp dans la vallée d’Eyrieux . De nos jours les paysans   produisent une espèce de pomme de terre; appelée les Échamps, ou le Belles d’Échamps,  appellation contrôlée je pense.

Ici pas de coulassou

L’étymologie  est la même que celle du  verbe escampar « verser, épancher » composé du latin ex-, campus, et -āre, attesté  en ancien occitan avec les sens « répandre, faire couler le vin, distribuer;  jaillir ». Le verbe est attesté avec des significations proches dans de nombreux parlers occitans. Voir le FEW II, 159.

 

Efan

Efan « enfant », voir fan. Alibert donne ne donne que les formes enfant et efant. Orthographe étymologisante?

Egassiaral

Egassieral (nom d’une rue à Ste Valiere, Aude), egassiairal(stade à Narbonne).

L’egassiairal (Narbonne) sans juments.

Un visiteur m’a demandé ce que ce mot pouvait signifier, même les anciens dans son village ne le savaient pas. Voici ce que j’ai pu lui répondre:

« Bonjour!
Dans le Dictionnaire d’Alibert je trouve: egassier « conducteur des juments pour le dépiquage » , c’est à dire qu’autefois on se servait des juments pour faire sortir le grain de l’épi en foulant les céréales. » Il y avait des troupeaux de juments, egassada ou egatada,  pour ce travail. Je pense que votre egassieral est un enclos ou une écurie où se trouvaient ces bêtes. Si vous trouvez une confirmation de l’existence d’un tel endroit dans la rue en question, veuillez me tenir au courant et si possible, me faire parvenir une photo pour que je puisse l’insérer dans mon site.

Vous voyez qu’il l’a fait! avec en plus la confirmation qu’il y avait bien un enclos ou une écurie pour les juments et que la photo représent le portail muré!

         
mais les equae ont été remplacées par des Chevaux.

Il s’agit d’un dérivé du latin equa « jument », mot devenu rare même dans les patois du Midi et remplacé par le mot français ou par caballa, mais conservé en catalan : egua, euga (DE). »

En latin médiéval existait eguezerius  » maître gardeur de juments » qui a survit dans le nom de famille Eygesier.  FEW III,233    Voir aussi l’article aigassier dans le DOM.

On peut aussi rattacher le mot egassieral  à ce nom de famille et de fonction.

Egassier

Egassier « conducteur des juments pour le dépiquage des céréales ». En 1926 Vinas Gaston a publié « L’egassier (Le Gardeur de cavales). » Le mot est aussi devenu un nom de famille.

Cf. egassieral dérivé de equa « jument ».

Equa est aussi  conservé dans le nom d’une plante, le « tussilage » ou « pétasite », appelé paouta d’éga ou paouta d’aze au Vigan (Gard), d’après Rouger François-Alexandre, Topographie statistique et médicale de la ville et cantan du Vigan. Montpellier 1819.

Eguezier 'gardian de chevaux'

Eguezier « gardian de chevaux » à Apt au Moyen Age. Etymologie : du latin equitarius « maître de haras » un dérivé de equitium « haras ».  Parfois j’ai de la chance et je trouve toute l’histoire d’un mot dans une source.  Elle est écrite dans l’article de de F.Sauve, Les Services publics communaux et les abonnements en nature au Moyen Age dans la région Aptésienne.  Annales de la Société d’Etudes provençales 5 (1908). Aix-en-Provence. p.10  :

 

 

 

Eigagnaou "rosée"

Eigagno; eigagnaou, aigagnaou « rosée » . La première est plutôt  provençale, la seconde languedocienne. Dérivé de aqua « eau ».

Exemple tiré de Fabre d’OlivetLes Troubadours… A la fin du vol. II, pp. 586-617 se trouve un lexique « occitanique », qui présente des mots de la région de Ganges (Hérault).

eignanaou