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Couziná

Couziná est un autre mot pour la bajana la « soupe de châtaignes » donné par l’abbé de Sauvages.

L’étymologie est latin coquina ‘cuisine’ + -atus .

C’est un mot bien occitan et s’il est attesté en ancien français, il s’agit de textes provenant de la Provence. La première attestation vient d’un version du Roman provençal d’Esther écrit par le médecin  Crescas (nom provençal d’Israël) fils de Joseph le lévite1  Caslari  (de  Caylar ou Caslar) 2, médecin juif du XIVe siècle, dont je joins un extrait.  Il s’agit d’une curiosité. Le manuscrit a un texte en provençal écrit à l’aide de caractères hébreux. Il a été publié dans Romania 21(1892)p.194 ss.


La transcription est de Paul Meyer

Le mot cozinat dans le vers 102. Vous voyez qu’on aimait la bonne chère : des capons et des galines.

Le sens  « soupe de châtaignes »  est typique pour les Cévennes, ce qui montre qu’à l’époque pour les Cévenols cuisiner était identique à « faire la soupe de châtaignes' » et qu’il n’y avait pas d’autre chose à manger. Ailleurs le cousinat était un mélange de légumes ou un mets préparé au feu. Alibert donne cosinada ‘contenu d’une cuisine; pot au feu; châtaigne ou pomme de terre cuite sous la cendre’.

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  1. C’est-à-dire descendant de la tribu de Lévi
  2. Paul Meyer l’éditeur ajoute dans une note : Le Callar, Gard  canton Vauvert, arr. de Nîmes ou Le Caylar, l’Hérault ? Cette note a suscité un commentaire intéressant!

cranco "crabe; écrevisse"

Cranco « écrevisse, crabe ». L’étymologie est le latin cancer « crabe, écrevisse ». Le latin cancer était devenu cancrus et crancus dans la langue parlée.  Le sens « écrevisse » n’est pas dans le dictionnaire d’Alibert, ni chez Mistral, quoique bien attesté dans tout le domaine languedocien.  Cranco  est aussi prononcé cranc  ou cran.

                 crabe       ecrevisse

Escranca « écarquiller les jambes, s’accroupir, fatiguer », s’ocroncà « s’accrocher » (Cahors), encronca « accrocher, par exemple l’angle d’un mur avec une charrette » viennent tous de  cranco.   En béarnais  le sens de  cranc  s’est spécialisé et est devenue « sciatique ».

Les étymologistes des langues germaniques ne veulent pas admettre qu’il y a un lien entre notre cranco  et l’allemand krank  « malade », malgré la ressemblance sémantique, de l’ancien allemand crank « tordu, courbé » , anglais crank  « bras dans une machine tournante ».

a crank

 

Crau, La Crau

Crau s.f. « plaine couverte de cailloux » en Provence(Pégorier) .  La ferme appelé La Crau   à Manduel est l’attestation  le plus à l’ouest du domaine occitan.   Il n’y a pas d’autres Crau  dans le Gard ni dans l’Hérault d’après  les Dictionnaires Topographiques de ces départements.   J’ai trouvé un résumé des étymologies amusantes proposées au XIXe siècle, dans l’article très intéressant1 de  Rainaud A.. La Crau. In: Annales de Géographie. 1893, t. 2, n°6. pp. 189-211.

Craou, en provençal, signifie « terroir pierreux, lande couverte de cailloux » (Mistral, Dictionnaire provençal-français, v° Crau). L’étymologie de ce mot a été l’objet de nombreuses recherches. On l’a rapproché du roman grava, grève, gravier; — du celtique craïg, crag, krag, assez répandu dans la nomenclature géographique : Mont Cragus, Alpes Grées, etc., mot qui signifierait pierre, rocher, comme aujourd’hui encore crag en anglais. Bochart, qui rattachait tout à l’hébreu, y voyait un radical hébraïque de méme sens. D’autres érudits ont cru découvrir à ce mot une origine grecque, et l’ont rapproché de kerrauvos en souvenir d’Hercule foudroyant ses ennemis; — de kranaos, la Crau méritant à plus juste titre encore que l’Attique l’appellation de kranaon pedion : plaine pierreuse, sèche et aride; de krauros : sec, desséché; de kràdzo : crier. Pour effrayer ses ennemis Hercule aurait poussé des cris épouvantables. Ces étymologies sémitiques et grecques ne sont que fantaisies d’érudits. Il nous semble préférable de nous arrêter à l’étymologie dite celtique qui dérive Crau de crag « pierre, rocher ». Les Latins l’appelaient Campus Lapideus. Le nom de Cravus, Cravum, Gravis, transcription latine de Crau, n’apparaît qu’au XIe siècle de notre ère dans les privilèges impériaux accordés à l’Eglise métropolitaine d’Arles.

 

Le FEW  le suit partiellement   dans l’article *kraw- « pierre » avec un étymon préroman, qui est présent sous deux formes dans les parlers galloromans: *kraw- et *krawc-.  La première se trouve en wallon, lorrain, normand et dans le domaine occitan en Provence2.   La seconde ne se trouve qu’au sud de la Loire, comme aoc. crauc « stérile, aride (du terrain), crauc à Toulouse « vide, creux » . Godelin parle du craouc de pes calhaous  « le creux entre les cailloux » d’un chemin. L’auteur suppose que *kraw- a été formé à partir de *carra  et il renvoie vers les articles  *cracos, le gaulois *krouka  « cime »   > e.a. cruc « cime d emontagne » (Cantal) qui y sont liés. La famille de mots *carra « pierre » nous  vient de la nuit des temps, la période que les linguistes appellent pré-indo-européen.

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  1. Il aurait pu l’intituler L’Histoire et l’Avenir de la Crau
  2. L’attestation donnée par le FEW pour  le Cantal, vient du Glossaire  de la Langue d’oc de P.Malvezin, BDP 3.2.8.3.1,  qui écrit que Crau est la plaine caillouteuse d’Arles

Cros

Cros « fosse, trou, cavité » et s’agotar « s’égoutter ».
La dormeuse fait le lien entre  la rue Ste Hélène à Pamiers et la dernière épisode de la légende du Bois de la Croix. Son histoire est une illustration parfaite de ma devise Parcourir le temps c’est comprendre le présent. Suivez ce lien avant de continuer votre lecture!

Le point de départ  est le Roman d’Arles, un texte en provençal du XIVe siècle, qui raconte l’histoire de la ville d’Arles depuis la Genèse et la Légende du Bois de la Croix en fait partie. Elle cite les deux derniers vers du texte reproduit ci-dessous. Comme je ne comprenais pas les mots cros et agotavan, j’ai cherché et trouvé avec Gallica l’édition faite par Camille Chabaneau en 1888 dans la Revue des Langues Romanes.RLR32(1888), p473ss

              
La Crucifixion de Taddeo Gaddi                                                               rue Saint Hélène (Pamiers)

Extrait du Roman d’Arles.

Cros « fosse, trou, cavité » a la même étymologie que français creux : « L’aire du mot,  en gallo-roman,  dans les parlers de l’Italie septentrionale et en rhétorom,  rend  l’origine  celtique krosu-,  par l’intermédiaire d’un latin *crosus. « vraisemblable  (TLF).

S’agotar signifie « s’épuiser, devenir sec » en occitan moderne d’après Alibert. C’est un dérivé de  gutta « goutte ».   Le FEW  traduit l’ancien occitan  s’agotar par « s’égoutter » dans  cet article mais c’est plutôt dans le paragraphe goutte « rigole, égout, ruisseau de la rue », qu’il devrait se trouver et la traduction donnée par la dormeuse « se déversent toutes les eaux .. » est la bonne.

Crosets, crozets

Crosets, crozets « sorte pâtes alimentaires ».

Résumé: Les crosets savoyards sont d’origine provençale et/ou italienne.

J’ai l’impression que les Savoyards ont fait main basse sur le nom crozets : « les crozets sont une variété de pâtes savoyardes. » écrit un journaliste du Point, qui continue : « Chaque petit pays savoyard posséderait son crozet. Qui se dit croêze ou croêju à Albertville, croezu à Annecy, croezet à Thônes ou krozè en Oisans. Chaque vallée connaît son crozet, avec des noms, des formes, des saveurs et des recettes différentes… »

François Brachet, écrit dans son Dictionnaire du patois savoyard de 1883,   que croset  est dérivé du latin crux, crucem « croix », parce que les cuisinières faisaient une croix sur la pâte avant de la découper. Il est suivi par Mistral et Mme Germi, malgré les difficultés phonétiques posées par cette étymologie.

Vous verrez que pour rendre à ce mot son histoire probable, nous avons besoin des attestations anciennes. Von Wartburg a classé le mot croset, crozet, crouset en moyen français , dans l’article *krosu « creux » un mot qui est peut-être d’origine gauloise.

Crozets…… savoyards ?

La plus ancienne attestation que von Wartburg connaissait datait de 1528 dans la traduction en français du livre de Battista Platina De honesta voluptate  écrit vers 1470 : Croset s.m. « sorte de potage » : « Potaige à la romaine, appellé lozans ou crosetz.  »  Les recherches faites pour le Dictionnaire du Moyen Français ( DMF) ont permis de trouver une attestation plus ancienne : croset Régional. (Savoie) « Pâte taillée en forme de ruban » (Éd.) : …Qui bien se moulle, bien se baigne ; Qui fait chappelain, il fait prestre ; Qui fait crosetz, il fait lasaigne. vers 1485-14901.

Comme je suis gourmet, j’ai voulu en savoir plus sur le Potage à la romaine. Google m’a guidé vers l’article très intéressant de Jean Louis Flandrin, Les pâtes dans la cuisine provençale. Il écrit qu’autrefois en Provence « Les vivres s’apprêtent à l’italienne avec force épices et sauces extravagantes et de haut gout… ». M. Flandrin a … creusé le sujet et il vient à la conclusion qu’au 14e siècle les crozets ressemblaient sans doute à de petites écailles concaves ou des coquillettes. Autrement dit, les crosets sont creux. Il cite le Liber de coquina écrit en latin en Italie méridionale au début du XIVe siècle. Il a été commandité par la maison capétienne d’Anjou-Sicile, qui régna aussi sur la Provence.

« De la même manière … » veut dire « de la même manière que les lasagnes ». Avant de les servir, il faut les remplir de fromage râpé. L’auteur de l’article Wikipedia sur le Liber de coquina a remarqué que « Le nom des plats évoque souvent la provenance des recettes », comme par ex. De brodio provencialico (sur le bouillon à la provençale).

La conclusion est que les premiers crosets savoyards que nous connaissons viennent du sud de l’Italie comme les lasagnes. Le mot croset peut avoir la même origine.  L’étymologie *krosu « creux » proposée par le FEW reste donc la plus probable.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liber_de_coquina

  1. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 54). = Proverbes en rimes.- Frank (Grace) & Miner (D.).- Baltimore : The John Hopkins Press, 1937

Croto

Croto « voûte » (S), cròta « crypte; grotte; cave; voûte; souterrain voûté » (Alibert). Dans le Compoix de Valleraugue (1625) on trouve le mot crotte : « Cave qui peut servir de rue » : « leur maison d’habitation contenant de maison crotte deux cannes un pan compris le passage qui est sur la crotte et au chef de la maison de Pierre Liron ». D’après l’IGN il y a 57 Crotte et 34 Crottes en France plus les dérivés et composés.  Les Crottes  est un quartier bien connu  de Marseille XVe.

P.Blanchet cite le proverbe bouono croto fa bouon vin.

L’étymon est latin crypta, un emprunt au grec. En latin crypta désigne « une galerie couverte servant de passage » et « cloître fermé, entourant la cour des villas et servant de cellier » et même « passage souterrain, tunnel ». Le sens que crotte a dans le Compoix est celui de mot latin.

    

Labeaume (07). Manduel (30)

Ces passages étaient souvent voûtés. comme celui-ci de Labeaume (07). Le mot crota va donc signifier « voûte » principalement en franco-provençal et en occitan. La cave de la maison est également voûtée. Il est normal qu’elle reçoit le même nom : crota. Pourtant les attestations sont pratiquement limitées à l’occitan. Les Romains se servaient de la crypta comme « cellier », sens qui a été conservé dans de nombreux patois. En montagne ce sont les grottes naturelles que l’on compare à des caves , par ex. à Lasalle (Gard) croto « caverne ». Le même mot a été emprunté au latin :  néerlandais krocht « crypte; grotte » et breton groc’h (Vannes), allemand Gruft, anglais croft .1 :un petit terrain près d’une maison 2. une pette métairie (mot rare).

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Au XVIe siècle la grotta joue un rôle important dans la poésie italienne de la Renaissance et Ronsard l’a rendu populaire en France dans ses Meslanges. Les paysagistes de l’époque créaient des grottes artificielles dans les jardins. Depuis le mot a été adopté par toutes les langues occidentales : catalan, espagnol, portugais gruta, allemand Grotte, néerlandais grot.
Le dérivé grotesque ‘dessin capricieux’ qui vient également de l’italien a suivi un autre destin. Le point de départ a été le genre de grottes artificiels comme ci-dessous.

ou celle du Linderhof en Bavière : grotte de Vénus

Le webmaster du site qui contient le Compoix de Valleraugue de 1625 me donne les renseignements complémentaires qui voici: Crotte, ce n’est pas une injure, il s’agit de la cave voûtée servant de fondation (pede) ou de sous-sol dans la presque totalité des maisons de Valleraugue en 1625. On disait même maison crottesque (crotte_1.jpg) [compoix de Valleraugue 1625 tome 1 page 29]. Quelques fois, la rue passait et passe toujours sous la maison donc par sa crotte. C’est le cas de la maison de Thomas Serre, qui héberge actuellement la mairie de Valleraugue .(crotte_2.jpg) [compoix de Valleraugue 1625 tome 1 page 110], espace bien conservé.

Sur les crotté (Breil) et les casouns (Saorge) remarquables dans le Mercantour suivez le lien.

Cruc 'cime'

Cruc« cime de montagne » (ALF), cruca « tête, crâne » en limousin, Périgord, Agen; cruc pelat  « tête chauve » à Teste  viennent d’un gaulois *krouka  « cime » et appartient à une famille pré-indo-européenne *carra « pierre ». Voir  l’article Crau.

Cuca

Cuca s.f. « lente; chrysalide; vermisseau; chenille; mite; artison; petit insecte » . Dérivés cuquet même sens; cuquetar « vétiller, agir avec avarice ». (Alibert).

Attesté en ancien occitan depuis environ 1350 avec différentes significations, mais toutes dans le même champ sémantique : « chenille; sorte de vermisseau; blatte; ver luisant (Lomagne); ver du fromage, etc. » et un emploi au figuré en béarnais: cuque « blatte; femme qui vit en sauvage ». Dans la même région on a créé escucá « détruire les cafards » et escucatá, acucá  » se blottir, se tapir à la manière des blattes; encucá « s’enfermer comme des blattes qui se terrent ». Cuca « lente » est largement attesté dans l’Ariège et dans 4 villages de l’Aude cf. Thesoc.

 

L’étymologie est inconnue. FEW XXIII, 274a-b. Il s’agit probablement d’un emprunt au catalan, avec u > ü , sous influence de nombreux mots qui ont cette même correspondance.

D’après le Diccionario de la lenga espagnola, l’espagnol cuca s.f. ou cuco subst.masc.(!), qui peut avoir un sens très proche, serait d’origine onomatopeïque: : De or. onomat.; cf. lat. tardío cucus y gr. kokkuts. Il semble que Corominas, que je n’ai pas pu consulter, a une proposition… Dans un dictionnaire catalan je trouve : Cuca f. 1.Nom que hom dona a un gran nombre de bestioles pertanyents principalement al grup dels artropodes. 2. cuca de llum Lampyris nocticula. Attention le –u- catalan se prononce [ou] ! Un visiteur me signale: espagnol cucaracha « blatte, cafard ».

Cusa ‘grotte’

CUSA (nf) : (Cantal) caverne, grotte ; pauvre maison ( Alibert). CUSÒL (Auvergne, Cantal, Rouergue, Tarn) : petite grotte => Toponymes Cuse, Cuset, Cusol (Pégorier, Morlet : + nom de famille). Syn. de cauna.

Pierre Gastal, auteur de Nos racines celtiques, du gaulois au français,  m’a fourni l’étymologie  et une riche documentation  de cusa , cusòl, classé par le FEW dans les mots d’origine inconnue. Je lui ai posé la question:

Bonjour,Les attestations de  cusol, cusou  « cabane, pauvre maison » etc. se trouvent  dans le volume 23 Incognita  du FEW. XXIII,2b à Carlot etc.   A Cahors cuzoul « grotte ou cachette naturelle où se cachaient les ermites reclus » FEW XXI,373a

Il m’ a répondu :
Cher Monsieur,
Retombant sur votre réponse, déjà quelque peu ancienne, je peux vous indiquer que j’ai trouvé quelques informations sur l’occitan cusa => toponymes cuse/couse/couze.
Ci-dessous un article tiré cette fois d’un fichier de noms de lieux.Bon dimanche, amicalement.
P. Gastal

COUSE/COUZE/CUSE (nf, de l’occ.) : endroit caché, secret => caverne, grotte => (occ.) pauvre maison.

De l’occitan cusa => cusòl, d’une rac. celtique voire pré-celt. signifiant « caché, retiré, secret », cf. anc. fr. cuter (cacher), bret. kuzh, v.bret. cud (caché, adj. ; cache, n.), gallois cudd (id.).

* Communes : Couze-et-Saint-Front/Dord. (grotte ornée de La Cavaille), Lissac-sur-Couze/Cor. (grotte du Moulin de Laguenay), Cousance/Jura, Cousances-les-Forges/Meuse, Cuse-et-Adrisans/Dbs (grottes d’où sort le Gondenans), Cusey/HM., Cusy/HSav.-Yon., Cuzy/S&L. Cuise-la-Motte/Oise ?

* Lieux-dits aussi dans le Massif Central : Cuse, Cuze (grotte du Cuze à Charmensac/Cant.), Cuset/Av., Cusol… ou ailleurs : Cousancelles/Meuse (com. Cousances-les-Forges).

* Cours d’eau : Cette racine convient évidemment à des rivières sortant d’une caverne ou bordées de grottes. La Couze/Cor. près de la grotte de Noailles, La Couze/Cor.-Dord.-HV, 3 autres riv. La Couze-d’Ardes/PdD (qui a pour affl. Le Ruisseau de Cuzol). La Cuse/Dbs, source du Cusancin dans une grotte ; La Cuse/Dord., affl. Dordogne (rivus de Cusa 1495). ; Le Cusancin/Dbs,  La Cozance/Ain, La Cozanne/CdO (Vauchignon) qui sort d’une grotte dans le Cirque du Bout du monde ; Le Cuzoullet/Lot, affl. Lot.

Au regard de si nombreuses occurrences, NR et NL, la traduction vague « rivière de montagne, torrent » est peu crédible.

Classé dans les Incognita par FEW. Ce classement et le suff. -incos du Cusancin, NR, suggèrent une origine ligure.

Rapport avec Cusset/Allier, com. (aussi quartier de Villeurbanne + Cussey/Dbs, 2 com., et Cussey/CdO + Cussay/I&L…) ?

Cf. breton kuzh (caché, secret).

Cuscar, un lien entre l'Occitanie et les Flan...

Cuscar « parer, former, arranger, mettre en ordre; soigner un malade, un enfant, les servir, avoir soin de les vêtir, de les couvrir, les remuer, les faire manger,&c »  et descuscar « défigurer, meurtrir, balafrer »(Sauvages, S1),   viennent d’un mot germanique  kuski  « pur, vertueux, chaste » 1  qui  a abouti à  keusch en allemand,  kuis  en néerlandais « chaste ».

La première attestation vient du Gascon  Marcabru ( 1110-1150): cusc  « pur, vertueux ».

Les attestations du verbe  cuscar  et de son contraire  descuscar ne sont pas très fréquentes. Mais au XVIIIe siècle ils devaient être bien vivants en languedocien, parce que l’abbé de Sauvages complète sa définition entre la première et seconde édition de son dictionnaire.

Ce qui m’a frappé est le fait que l’évolution sémantique qui s’est produite en occitan  a eu lieu également en  flamand où a été créé le verbe  kuisen   avec le sens  « nettoyer, rendre propre », un emploi qui fait toujours sourire les Néerlandais.   Le fondateur de la lexicologie néerlandaise, le Flamand  Kiliaan donne l’exemple   kuyschen de boomen « tailler les arbres », un sens qui a peut-être existé en occitan; en tout cas  l’abbé de Sauvages connaît  son  contraire :  descuscar  « déparer un arbre en cassant les branches » (S2) .

descuscado______________________________________

  1. Il n’est pas impossible que kuski  a été emprunté au latin conscius  « conscient » dont  le sens s’est développé en « conscient  de ce qui est convenable » > « chaste, vertueux ».