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Condamine "bonne terre"

Condamine , condamina   en ancien occitan (XIIe siècle) avec le sens « terre affranchie de charges » est un terme créé sous la féodalité à partir du  latin cum + dominium « propriété commune ».  On le trouve dans les textes en latin médiéval dans la forme condamina, condemina ,  etc. probablement issue du pluriel condiminia.
Le mot est resté vivant dans le sud de la France, surtout le sud-est  jusqu’au département  de l’Aude. Dans la toponymie on le trouve jusqu’en Territoire de Belfort. (Voir dans le paragraphe Toponymie le lien vers le Pégorier).

Condamine-Chatelard (04)

A la base des significations dialectales actuelles est le sens « terre non soumise aux charges féodales ». 1
Dans les parlers franco-provençaux  condemine  signifie « prairie appartenant au seigneur », en dauphinois « terre arable » et en languedocien « bonne terre réservée dans un domaine ».

En catalan  coromina , conomina a pris le sens « péninsule dans un cours d’eau ».

Il y a la rivière et la réserve naturelle  Condamine  en Asutralie.

Condamine Australie

The Condamine is located at the headwaters of the Murray-Darling Basin in southern Queensland and is home to approximately 162,000 people. The Condamine River is a tributary of the Darling River, the longest river in Australia. The region encompasses all or part of 13 local governments and has an extensive network of Landcare organisations and sub-catchment groups.

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  1. Remplacez féodales  par sociales  et vous constaterez avec moi qu’il n’y a rien de nouveau sous notre soleil)

Conilh, conilha

Conilh, conilha « lapin, lapine » voir l’article zeneto

Consòuda, cassòuda "prêle"

Consòuda, cassòuda « prêle, queue de cheval; joubarbe ». Solerius faisait déjà de la géo-linguistique:(Chez les Gaulois la cauda equina  s’appelle de la prêle, chez les  Dauphinois  l’asprette et chez nous la consaulde.  En Italie la petite s’appelle  aspretta, la grande  coda di cavallo.)

L’étymologie a l’air simple  : du bas latin consŏlĭda  « consoude; symphytum officinale » qu’on appelait ainsi en raison des vertus astringentes de la plante1.  Ce nom a été adopté par les médecins et s’est répandu par eux dans la langue populaire.

Mais  l’occitan  consòuda, cassòuda  désigne une tout autre plante, à savoir   la « prêle ».  Le sens « consoude officinale » donné par Alibert n’est  attesté  qu’en Auvergne et dans le Périgord.

 

       consoude                                                               prêle

 RollandFlore vol.XI, p.80 sous  Equisetum  = prêle, nous fournit les attestations suivantes:Ces données sont confirmées par le Thésoc s.v. prêle cassaoudo  dans l’Ardèche, le Gard, l’Hérault et la Lozère, avec le type koussaoudo  dans l’Hérault2.

Il  doit y avoir un lien ancien entre les deux plantes, autrement la confusion n’est pas compréhensible. En surfant un peu, je vois entre autres: Prêle et consoude pour la protection des plantes au nature  mais je ne connais pas les détails. Il doit s’agir de l’utilisation des deux plantes.

L’abbé de Sauvages écrit : « plante rude dont on fait cette espèce de bouchon tortillé pour écurer la vaisselle: c’est de là qu’est venu le mot de cassôoudo pour dire une lavette. La prêle  est astringente, les tourneurs s’en servent pour polir leurs ouvrages. » (S1). Les deux plantes sont astringentes , ce qui peut être la cause de la confusion des noms.

Voir aussi mon article freta,  fretadou

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  1. La Consoude officinale (Symphytum officinale) est l’espèce caractéristique du genre Symphytum. Wikipedia. Le TLF cite: La spécialité de ma grand’mère (…) c’était de refaire les pucelages par le moyen de la consoude qu’on appelle oreille de vache A. Arnoux, Calendrier de Flore,1946, p. 116
  2. Les données du Thésoc pour la région à l’est du Rhône ne sont pas encore publiées, hélas

contounat

contounat « ce qui est entassé dans un coin » voir acantonar

Contounat

Contounat « ce qui est entassé dans un coin », cf. acantouna

Coquel

Coquèl « flocon, grumeau; petit enfant; femme mal mise » Voir acoquelar

Coquo

Coquo « châtaigne ».cf. acouqueli

Corre l'ase

Corre l’ase « charivari » voir ase, ay

Coscolha

Coscolha « cosse, gousse, grelot, enveloppe des amandes; (estomac, santé ???=Alibert). Etymologie : latin (?) cuscolium « kermès ».

kermès

Il n’y a qu’une seule attestation en latin de cuscolium de sorte qu’on suppose qu’il s’agit d’un emprunt à une autre langue. Les représentants de cuscolium vivent autour de la Méditerranée : catalan cascalh « chêne-kermès », espagnol coscojo « kermès », basque koskolla « bourse », corse coscúglia « gousse de la châtaigne » ainsi qu’en occitan. Les premières attestations viennent de Foix en Ariège: coscolha « coquille » (14e s.), cascalha « coquille d’un animal » .

Une  visiteuse fidèle de Mirepoix, m’a signalé le mot couscouril : « Le couscouril, ici, c’est ce qui reste de l’épi de maïs, une fois qu’on en a retiré les grains. On se sert des couscourils, entre autres usages, pour allumer le feu. »

Les représentants de cuscolium se différencient beaucoup du point de vue phonétique : kouskèl « coquille » (Val d’Aran) kóskle « coquille de la noix » (Lozère), klesk « coque d’oeuf » (Ariège), clos « coquille (de noix) » en Languedocien, et du point de vue sémantique : couscouillo « brou des amandes » (Aveyron), mais au pluriel des couscouilhes sont les « petits grumeaux qui restent dans la poêle quand on fait des crêpes » à Aspe (Pyr.Atl.), cascoulhas « feuilles de maïs préparées pour faire des matelas », closca « tête, crâne » (languedocien) , ou même clos, cros « noyau » dans beaucoup de parlers languedociens.

(Le chêne kermès tire son nom de la cochenille qui le parasite, Kermes ilicis (de l’arabe qirmiz , du persan qirmiz : sanglant; rouge; cochenille) Wikipedia.). On récoltait autrefois les femelles pour en tirer, après séchage et broyage, une teinture rouge écarlate.

Costel, costa

Costel « pilori ». Au XVe siècle un blasphémateur à Hierle (canton d’Aulas, Gard) est condamné e.a.à d’estar sus lou costel per l’espaci de una hora. (Voir traucar pour le reste de cette condamnation). Je ne voyais pas le lien avec côte ou côté. Et pourtant, l’étymologie est latin costa « côte; côté, parois, flanc », vivant dans toutes les langues romanes tel quel ou dans le diminutif costella.

Occitan costa « os plat et courbé autour de la poitrine »

Rien n’était perdu autrefois. En Languedoc, comme partout, on mangeait des coustelons « côtelettes », mais après les avoir bien rousiguées on en faisait un coustèl  « piège pour prendre les oiseaux formé de deux côtes bandées en forme d’arc » (Mistral), confirmé par l’ALF pour le Gard. Dans la vallée du Seudre (Charente Maritime) on fait des coustilles « piège à oiseaux fait d’une côte de boeuf, et garni d’un filet ».

Un de nos compatriotes a dû déménager vers la region parisienne pour y gagner sa vie, comme « oiseleur », et il y a introduit dans l’argot le mot costel « pourvoyeur d’une masion de filles, maquereau » (Larousse, 1869).

Mais les costels pouvaient servir aussi à donner des coustoulados « volées de coup de bâton ».

Costa a très tôt pris le sens de « côté droite ou gauche d’un objet » en général au pluriel et devient dans les dérives concrètement un costier « appentis », coustè en béarnais, des cousterásses « lamelles de bos flexible pour tresser des paniers » et enfin en ancien occitan dans les Alpes Maritimes, comme à Hierle castel « pilori ».

          

Cousterasses                                                             Un costel parisien dans un costel.