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Cloca, cloucho

Cloca, cloucho « poule couveuse » (S). En me promenant sur le net, je trouve dans un lexique gascon cloca prononcez [klouk] exactement le même mot qu’en néerlandais, écrit kloek! Le latin avait le verbe glocire « glousser » prononcé [glokire], conservé en ancien occitan clocir, languedocien cloussir, glussi (Valleraugue) et en français avec changement de conjugaison glousser. Quoi de plus logique que d’appeler la poule qui glousse la glousse ou la clousse, mot en effet attesté dans de nombreux patois, dont le languedocien cloucho.

L’évolution phonétique du deuxième –c- > -ch- a éloigné la forme du mot du son du gloussement de la poule. Dans beaucoup de parlers on a rétabli le caractère onomatopéique du mot en créant le type clocare > cloquer et la poule devient donc la cloca. La répartition géographique des deux types, clocha et cloca, est très irrégulière et ils co-existent en languedocien.

Dérivé : clouchado  » couvée « .
Nous trouvons des onomatopées identiques dans d’autres langues : allemand Klucke, danois klukke, anglais cluck, catalan lloca, breton kloc’ha, etc. Pourtant dans le concert des peuples ce n’est pas toujours le cas : Quand un coq chante, les Français entendent cocorico, les Espagnols quiquiriqui, les Anglais cockadoodledoo, les Néerlandais « kukeleku« ! Ecoutez le coq pour voir.
Si vous voulez entendre une couveuse glousser cliquez sur ce lien! et choississez « poule-hen 3 ».
Au XVIe siècle, donc bien avant la naissance de Cloclo, a existé le verbe clocloquer « glousser » qui pourrait revivre mais avec un autre sens.Cloca, cloucho « poule couveuse » (S). En me promenant sur le net, je trouve dans un lexique gascon cloca prononcez [klouk] exactement le même mot qu’en néerlandais, écrit kloek! Le latin avait le verbe glocire « glousser », conservé en ancien occitan clocir, languedocien cloussir, glussi (Valleraugue) et en français avec changement de conjugaison glousser. Quoi de plus logique que d’appeler la poule qui glousse la glousse ou la clousse, mot en effet attesté dans de nombreux patois, dont le languedocien cloucho.
L’évolution phonétique du deuxième –c- > -ch- a éloigné la forme du mot du son du gloussement de la poule. Dans beaucoup de parlers on a rétabli le caractère onomatopéique du mot en créant le type clocare > cloquer et la poule devient donc la cloca. La répartition géographique des deux types, clocha et cloca, est très irrégulière et ils co-existent en languedocien. Dérivé : clouchado  » couvée « .
Nous trouvons des onomatopées identiques dans d’autres langues : allemand Klucke, danois klukke, anglais cluck, catalan lloca, breton kloc’ha, etc. Pourtant dans le concert des peuples ce n’est pas toujours le cas : Quand un coq chante, les Français entendent cocorico, les Espagnols quiquiriqui, les Anglais cockadoodledoo, les Néerlandais « kukeleku« ! Ecoutez le coq.pour voir.
Si vous voulez entendre une couveuse glousser cliquez sur ce lien! et choississez « poule-hen 3 ».
Au XVIe siècle, donc bien avant la naissance de Cloclo, a existé le verbe clocloquer « glousser » qui pourrait revivre mais avec un autre sens.

L’abbé de Sauvages ajoute à clouchado que c’est Réaumur qui a inventé l’incubation artificielle, assertion confirmée par Wikipedia : Art de faire éclore et d’élever en toute saison des Oiseaux Domestiques de toutes espèces, soit par le moyen de la chaleur du fumier, soit par le moyen de celle du feu ordinaire (2 volumes, 1749 ; 1751).

C’est le premier traité d’aviculture. Il se compose de 10 mémoires décrivant les différentes étapes de cette technique. Présentée à l’Académie des sciences en 1747, cette méthode d’incubation artificielle, inspirée des techniques antiques égyptiennes, permit une amélioration considérable de l’élevage avicole en France, et fut utilisée fidèlement pendant plus de deux siècles.

Réaumur 1683-1757

(Tapez « Bréméens » sous Google et suivez le lien; vous serez amené 20 siècles en arrière!).

Clot. Planter une vigne avec le ‘clot’

« On plante au plantoir (plantadouira) ou à la fourchette ou au clot à l’intersection des lignes tracées par le rayonneur (enregaïre).  Le «clot» est une tige de fer, un rondin de 12 mm pointu à un bout que l’on plante à l’intersection du rayonnage et avec la « trinca-fòrta« [trinqua-forta] on creuse à côté une tranchée avec sur le côté, en repère, la cheville. Ensuite, on place le plant raciné que l’on met à la place du « clot » et on rebouche le trou. »

Raymond Jourdan de Montagnac.  Tous ces dessins viennent de sa description de la Culture de la vigne en Languedoc.  Un travail inestimable sur le travail de la vigne, à partir d’un harmas jusqu’à l’arrachage pendant le période entre les deux guerres.

Plantadouilho_Jourdan    trinqua_fortaJourdan  enregou_Jourdan  enregajealaprovençala

Enregaje_alcarrament

Etymologie : dans plusieurs parlers occitans est attesté le substantif  clota « creux dans la terre; fossette » et le verbe cloutà « faire des trous pour planter la vigne », dans le Gers ce verbe est défini comme « faire des clots » ! Je pense qu’à Montagnac  l’instrument pour faire des trous pour planter la vigne à pris le nom du résultat.   Un changement sémantique qui n’est pas rare.

L’origine est d’après le FEW un gaulois mais on n’a pas encore trouvé des mots celtes qui soutiennent  cette hypothèse. Elle est basée sur la répartition géographique.  Pour beaucoup plus d’info cliquer ici=FEW II, 796-798.

Clueg

Clueg « glui, chaume, botte de paille », dérivés clujada « toit en chaume », clujar « couvrir de chaume ». Dans le Compoix de Valleraugue (1625) clugin est toujours attaché au mot maison : . Dans le Compoix de Saint-Just (Aveyron), 1536 : l’ostal de Anthoni Calmes, clujat una partida de palha

L’origine doit être un*clodiu- « paille de seigle ». Le mot se trouve uniquement en galloroman et sous deux formes : dans le nord c’est glodiu- et dans le Midi clodiu-. En ancien français glui, en ancien occitan cloch, clueg. L’abbé de Sauvages donne deux formes : clé  « une botte de glui » et glijhou « chaume pour le toit ».
Comme le mot ne se retrouve dans aucune langue celtique, il faut supposer qu’il est hérité d’un peuple qui habitait en Gaule avant les Celtes. 1
Le verbe se trouve dans deux formes : clujar « couvrir de chaume » mais plus rarement avec une terminaison en -ir. La forme du Compoix de Valleraugue clugin est intéressante parce que le scribe a ajouté un –n final. Or les patois autour du Mont Aigoual se caractérisent entre autres par la chute de tous les -n à la fin des mots, matin > mati. Cette graphie serait donc hypercorrecte: -i au lieu de -at et en plus un -n au lieu de rien. Ce genre de « fautes » permet souvent de dater les évolutions phonétiques.

clujada

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  1. Un visiteur breton me signale pourtant : En Basse-Bretagne, dans les actes notariaux du 18e siècle (en français), le chaume servant à couvrir les toits est souvant appelé « gled; gledz« . Ce mot semble apparenté aux mots de la série clueg/clujat;clodiu. Il faudra faire des recherches approfondies pour savoir s’il s’agit d’un emprunt aux parlers galloromans ou d’un mot celtique.

Cluga(r), cluca(r)

Cluga(r), cluca(r) « fermer les yeux » vient d’une forme du latin parlé *cludicare dérivé du verbe claudere « fermer ». Nous le trouvons uniquement en occitan et en catalan clucar et cluc « les yeux fermés ». Voir aussi plegar.

Ma conseillère pour le catalan ajoute : clucar [son OU] : « clignoter, ciller; s’ assoupir en clignant des yeux et…dans ma jeunesse quand on disait a clucat  de quelqu’un,   cela signifiait que la personne s’ était éteinte, était morte ! »

Clugar

Clucar, clugar, clogar  « fermer (les yeux) » est surtout attesté    dans le Sud-ouest (Thesoc). Clucar vient du verbe *cludicare « fermer », (dérivé de claudere « fermer »).

Ma conseillère pour le catalan ajoute : clucar [prononcez clOUcar] : « clignoter, ciller; s’ assoupir en clignant des yeux et…même dans ma jeunesse quand on disait  » a clucat » cela voulait que la personne s’ était éteinte, était  morte !! « 

co, faire la co

Faire la co « se jouer de quelqu’un, le tromper » d’après Mistral.  Co  vient du latin coda  « queue ».  Mistral donne toute une série de formes sauf celle promue par la graphie occitane dite classique coa, qui ne correspond qu’à la prononciation de quelques villages, voir Thesoc s.v. queue.

Je n’ai trouvé nulle part la traduction en occitan de l’expression « faire la queue », cela ne peut être faire la co….  Je suppose que les habitants du Midi ne font pas la queue. Ils ont trouvé une autre solution, comme les Antillais:

faire la queue

 

Cobrifuòc

Le Cobrifuòc « couvre-feu » est très actuel dans le Magreb; spécialement en Egypte. L’étymologie est bien sûr le même que celui du français couvre-feu latin cooperire + focus. J’en parle parce que pour tenir mon anglais à niveau, je reçois régulièrement le New York Times (gratuit) qui signalait le curfew à Caïro. J’ai cliqué sur le mot et le NYT dictionnaire m’explique que curfew est notre « couvre-feu » et me donne en plus la prononciation anglaise! Dans ce dictionnaire il y a aussi l’extrait d’une encyclopédie qui note que curfew vient de l’ancien français. ou mieux de l’ancien anglo-normand.  En effet corfu y est attesté au XIIIe siècle .

Le sens du couvre-feu a bien changé depuis le Moyen Age. La plupart des maisons étant en bois, on ne craignait rien autant que le feu. A la tombée de la nuit le son d’une cloche de l’église indiquait qu’il était temps de recouvrir les feux d’un couvercle de fonte pour éviter tout risque d’incendie. Cette tradition subsiste dans quelques rares villes en France, notamment à Strasbourg et Pont-Audemer, où il est devenu le signe de la fermeture des magasins.

Le couvre-feu comme le connaissent actuellement les Egyptiens, a été inventé par l’armée allemande pendant le deuxième guerre mondiale.

Ce changement de sens a eu comme conséquence que dans l’armée moderne le couvre-feu est devenue l’extinction-feu.  Dans un site BRUITAGES ET SONS  DE MILITAIRE il y a  la musique du clairon « extinction feu », que vous pouvez écouter en cliquant ici! (MP3). Il y en a d’autres, comme « charge », « réveil » et « braillement sergent » et « clairon mort » , mais le bruitage « dictateur mort » n’existe pas.(lien)

 

Cocagne

Cocagne Cocaigne,« boulette de pastel » voir pastel.

Codou, code "caillou"

Códou « caillou », code en français régional vient d’un dérivé   *cótulus « petit caillou » dérivé du latin cos, cotis « pierre à aiguiser ». Cf. l’article cot, acout « pierre à aiguiser ».  1 Códou  est attesté en provençal et est-languedocien  jusqu’en Lozère et dans l’Aveyron. Nous le retrouvons en catalan codol  en corse  codule  et dans le Nord de l’Italie.

Un visiteur m’écrit:

Ma grand mère chauffait son lit l’hiver avec une grosse pierre lisse en forme de galet qui lui servait de bouillotte. Elle appelait ça « une code« .
Elle faisait chauffer sa code dans le four de sa cuisinière, et ça gardait longtemps la chaleur.

Quand j’étais gamin je ramassais des cailloux pour les lancer, et on appelait ça aussi  des codes...

Les habitants de Vauvert sont appelés Li roula code, car à Vauvert lors des grosses pluies, les cailloux plus ou moins gros étaient entraînés par le ruissellement dans les rues de l’agglomération. Voir  le site de Nîmes et du Gard avec les sobriquets utilisés dans le Gard.

Dans la même région on a créé le diminutif coudoulé , coudoulet .  Mistral cite un verbe  acoudoulha  « poursuivre à coups de pierres » pour le Languedoc.

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  1. La forme  codol  donnée par Alibert est une reconstruction d’un ancien occitan codol rarement attesté.

Cogot-cagot

Cogot « nuque; chignon »du latin cucutium « espèce de capuchon » attesté chez Trebellius Pollio, un historien du IIIe s. dont on ne sait rien sauf qu’il a participé à l’Historia Augusta. Attesté également en ancien languedocien et en béarnais moderne, ainsi que dans le Val d’Aran.

D’après le FEW  le mot latin est un dérivé direct du gaulois *kukka comme nom d’un vêtement très à la mode vers la fin de l’Empire romain. En Sardaigne vit encore kougouttou « capuchon », ailleurs cucuzza avec le sens « nuque », par métonymie. Il semble que basque kukutz « sommet » a la même origine. Le mot occitan a été emprunté par l’espagnol cogote et le portugais cogote, cangote « nuque ». Cucutium serait aussi l’étymologie du nom de la ville Cuoz en Suisse, dans la région rhétoromane, en désignant la colline sur laquelle elle est construite. D’autres toponymes dans la Forêt Noire.

Une forme avec –a-: cagouet « nuque » par dissimilation des deux –ou– est assez répandue dans le Ouest du français (Poitou, Vendée, Berry)

Du Cange s.v. cugus.

D’après Alibert cogot signifie « cagot, cafard » à Toulouse, si je le comprends bien avec le sens « bigot hypocrite ». Aurait-il consulté Du Cange ? qui explique qu’un cougot est un homme cocu consentant qui se tait, que les Lombards (Longobardi) appellent un Arga. L’évolution sémantique  « cocu qui se tait » vers « hypocrite » tout court est une généralisation normale et affaiblit l’étymologie proposée par le TLF:

Étymol. et Hist. 1535 cagot « hypocrite » (Rabelais, Gargantua, chap. 52, éd. R. Calder, Genève-Paris, 1970, p. 289). Empr. au béarnais cagot « lépreux blanc », d’orig. obsc. (dér. de cacare? cf. cagou) (1488 anthropon., d’apr. V. Lespy, P. Raymond, Dict. béarnais anc. et mod., Montpellier, 1887, s.v.; 1551, Fors de Bearn ds Nouv. Coutumier gén., t. 4, 1072 et 1093); le mot qui désignait des populations reculées des vallées pyrénéennes (peut-être à l’orig. affectées de la lèpre ou d’une autre maladie) a été appliqué par dérision aux bigots (pour l’évolution sém. « lépreux » > « hypocrite », v. cafard). (TLF)

Les deux mots cagot et cafard  « cocu » ne sont attestés en français que depuis de XVIe siècle. Je ne dispose pas de documents pour savoir si  le cogot toulousain est un emprunt au français ou l’inverse.

Dans un site catalan, consacré aux us et coutumes médiévaux je trouve:

cugucia, des del segle XI els senyors feudals van imposar un dret públic de justícia a la dona adúltera com a senyor jurisdiccional. A partir del segle XIII, el mal ús del dret privat, consistia en la confiscació de la meitat dels béns de la dona adúltera (quan no hi havia consentiment del marit) o de la totalitat dels béns (quan el marit ho ha consentit), la meitat pel marit i l’altra meitat pel senyor feudal. Etimològicament és un derivat de cuguç, probablement del llatí cucutium, « capulla », « barretina », és a dir cornut, marit enganya per la mulher.

L‘image qui explique cette évolution sémantique est que le mari trompé consentant tire le capuchon, cucutium, devant ses yeux pour ne pas voir.

Du Cange s.v. cugus, explique que cugus signifie « cocu, coucou, cornard » en français et qu’on dit couyoul en occitan. 1.
Couioul « cocu »  se trouve  en limousin (Mistral), et dans le Périgord, à Sarlat,  et à Puisserguier  dans l’Hérault.  Pour le FEW c’est  un dérivé de coleus « bourse »+ -olu2.

A Pézenas  couioul a le sens « folle avoine », Attesté également dans le Tarn, Tarn et Garonne et le Lot kouyoulo, en Lozère kouyogo, dans l’article cuculus « coucou » (FEWII/2,1453b-1454a). Un autre nom de la folle avoine :  coquiole. Couquiol est attesté  avec le sens « cocu » en 1462 d’après le DMF


coquiole

La forme de la balle ou glume de  la coquiole ressemble bien à un « capuchon ».  Ma conclusion provisoire est donc qu’il faudra revoir l’étymologie de couioul; couyoul  et la rattacher à l’histoire du cagot, cogot.  Le sens « mari trompé consentant » peut facilement passer à « mari trompé ».

  1. … et chez nous couz  du latin culpa « faute » FEW II/2,1497b (« Chez nous » veut dire peut-être à Amiens, son lieu de naissance?)
  2. II/2,888a-b