Afatoun prunelier (ancienne graphie prunellier). L’étymologie est d’après le FEW un mot préroman *fattua , dont l’origine est pré-indo-européen. Vous trouverez toute une série d’attestations dans le FEW XXI, 101 Dans la Vaucluse afatoun est aussi utilisé au figuré d’après Mistral « prunelle de l’oeil ». : Le fruit est parfois appelé, selon les régions, Buisson noir, Épinette, Belossay, Créquier, Fourdinier, Fourdraine, Mère-du-bois , Pelossier ou Prunellier1 commun.(Wikipedia).
Prunus brigantina (Prunus brigantina Villars, Prunus brigantiaca Chaix). photo de Luc Garraud, prise en Névachie, près de Briançon.
Ci-dessous la photo du site les passeurs de mémoire .Le botaniste Luc Garraud m’écrit : « La photo que vous présentez sur votre site, trouvée sur le site des passeurs de mémoire est fausse, il s’agit ici de Prunus cerasifera var « mirobolan », qui présente soit des fruits jaunes d’or ou rouges »
Intéressé par l’ethnobotanique qui peut souvent expliquer l’étymologie des noms patois des plantes, je suis tombé sur un article intéressant de Carole Brousse, L’ethnobotanique au carrefour du Muséum national d’Histoire naturelle et du Musée ethnologique de Salagon (Alpes-de-Haute-Provence) (lien direct),
Elle cite Dominique Coll qui en 2012 présenta le travail réalisé par le collectif de retraités « Passeurs de mémoire » et qui cherche à relancer les usages populaires de la prune de Briançon et notamment la confection de « l’huile de marmotte », fabriquée à partir des « afatous2», fruits du prunier briançonnais.
affatous ou afatou est le prunier de Briançon qui porte fièrement le nom de la ville mais aussi celui de marmottier ou marmotier. Luc Garraud du conservatoire botanique de Charance3 précise:Queyras, Haute-Provence, Piémont : Affatous, Affatoulier, Affatouyé, Afatourié, Afatounie, Afatou, Afatoun, Afatour, Affâtoua, Affouate, Fatouléra, Fâtoules.
Alpes-Maritimes en Roya, Cunéo, Tende : Piora, Pioré, Peyra, Priouré
Briançonnais, Névachie, Vallée de Suze et de Stura : Marmutié, Marmotté, Marmuti, Marmotta, Brignié, Brigné , Marmottier, Abrignon.
Afatrassir v.tr. « rendre mou, lâche » v.r. « s’avachir » (Mathon ; Alibert ) composé de ad + fatras. Voir ce dernier
Affenacé « ensemencé en pré » dans le Compoix de Valleraugue 1625: Pièce du long du Vallat arrosable nouvellement affenacé contenant pred . L’attestation du Compoix de Valleraugue est la première ! Voir le DOM s.v. afenatge « redevance de foin »
Provençal afenassa » ensemencer un champ en pré « , Marseille afenassar, languedocien afénassa déjà chez l’abbé de Sauvages 1756 sont dérivés du latin fenum ‘foin’. Le -é final pour le participe passé est bien sûr une francisation.
Ce n’est pas la même chose que français affener. (afenar et ses dérivés en languedocien, voir Alibert.) également dérivé du latin fenum. En occitan affenaje est » l’action d’ensemencer en pré » et le verbe français affener signifiait autrefois » faucher » Voir le TLF.
Agachar « regarder attentivement, guetter, épier ». L’étymologie est composé du préfixe ad- et un verbe dérivé du francique *wahta« sentinelle, homme qui fait le guet », conservé également en allemand die Wacht « la sentinelle »,en anglais to watch « être alerte, regarder attentivement », néerlandais wacht « sentinelle ». 1
Nombreuses attestations en ancien occitan dans le Dictionnaire de l’Occitan Médiéval s.v. agachar et dérivés comme agachonar « pourvoir une borne de témoins » une activité du géomètre « arpenteur » comme Bertrand BOISSET. Voir mon article canna.
La langue s’adapte toujours au besoin des utilisateurs. R.Covès signale dans son Sète à dire le mot sétois agachon « cabanon de chasseur », qui dans l’expression chasser en agachon signifie « chasser en apnée au fond de l’eau en attendant le passage d’un poisson à portée de fusil ».
Agacho signifie aussi « baliveau » en provençal d’après Thomas dans Romania 41, p.61 que je copie ci-dessous pour montrer que les linguistes ont lutté après la réforme proposée par P.Meyer en 1905 (! ) pour une simplification de l’orthographe. (Lien directe vers son rapport). Une lutte hélas perdue, qui coûte au moins un an d’études à tous les Français, avec les résultats qu’on sait.
Agantar v.tr. « saisir, empoigner » , en fr.rég. aganter (Lhubac). Cette forme est limitée en occitan à la région à l’est du Rhône et au languedocien, mais il existe aussi en italien agguantare, en espagnol, en portugais aguantar « prendre » et en catalan agontar « supporter ; durer ».
L’origine d’ agantar est le préfixe latin ad + le francique want « gant ». Les Romains ont emprunté le mot avec la chose aux Francs. Ils ne connaissaient pas cette forme de gant qui couvre la main et chacun des doigts séparément, Il faut pourtant remarquer que les plus anciennes attestations du germanique want désigne des gants sans doigts, comme encore de nos jours en allemand Want et le néerlandais wanten.
Plus tard, au moyen âge, le gant jouait un rôle symbolique important dans la transmission du droit de propriété et les pleins pouvoirs.
A Pézenas le sens de aganta s’est spécialisé : » recevoir une gifle » . Dans le jeu de la pétanque anganter = « attraper »; pour le sens précis voir René Domergue.
La forme agansa attestée à Colognac, est née sous l’influence du verbe gansar « faire un nud de ruban ; saisir, empoigner » qui vient du grec gampsos.
Le mot occitan gan comme l’italien guanto, le cat. guant, esp. et pg. guante ont été empruntés au français. L’impératif occitan agante ! « prends, attrape ! » en parlant du cordage d’un bateau, a été introduit en français au 18e siècle comme terme de matelot .
Pas mal de noms de plantes font référence à la forme du gant ou les 5 doigts :
agant-minous silene armeria
gantelet campanule .
Sur l’histoire et l’évolution du gant au sens propre comme au fig., voir Larousse 1866s.v. gant et aganter.
Agassa, agaça s.f. « pie ». Latin pica « pie » a été supplantée dans la majeure partie du galloroman à l’exception de la région parisienne, de la Champagne et de la Normandie, par le nom germanique de l’oiseau agaza, En occitan agassa apparaît plus tôt qu’en langue d’oîl, ce qui fait supposer qu’ en occitan agassa a été introduit par les Goths.
Breton agas a été emprunté au dialectes voisins..
Voir aussi darnagas « pie grièche » et agassin « cor au pied ».
Comme agace « pie » est considéré comme un mot français, je vous renvoie vers le TLF . Un article en italien dans la Zeitschrift.27, 137 ss.
Agassin, agaçin s.m. »cor au pied » est un dérivé d’ agassa « pie ». La comparaison d »un cor au pied à l’oeil d’un oiseau est attestée en latin depuis le VIIe siècle : oculus pullinus, « oeuil de poule », expression encore utilisée en allemand : Hühnerauge littéralement « oeil de poule ». Elsterauge « oeil de pie » est également courant.
Les mots qui viennent du latin pullinus se rapportent en général aux poules, comme par exemple languedocien poulinas « fiente de poules » (S). Cela peut être la raison pour laquelle on a remplacé dans l’ expression oculus pullinus la poule par la pie ou la perdrix. Agassin vient alors de agaza + -inus le suffixe de pullinus.
L’expression complète, avec les deux mots oculus + agazinus, existe sous influence des langues voisines (néerlandais eksteroog, Suisse ägerstenaug, -oog ou -aug « oeil ») en Wallonie, dans la Meuse, la Moselle et le Doubs. Le type agassin domine en franco-provençal et en occitan et son histoire se trouve décrite dans le TLF
D’après le Thesoc, dzasin (avec aphérèse) signifie « verrue » dans la Hte-Vienne. A Nîmes et Montpellier le « sempervivum tectorum, la joubarbe des toits » s’appelle l’erbo deis agassins parce qu’il était utilisé contre les cors au pied et les verrues. Y aurait-il un peu de la théorie des signatures? On croit aussi qu’il protège contre la foudre.
Agast, ou agas s.m. « érable; érable à feuilles d’aubier ». Étymologie : grec akastos « érable » . D’après les dictionnaires agast n’est connu qu’en provençal et en est-languedocien. L’abbé de Sauvages ajoute que le bois d’agas sert pour le charronage. Pour Mistral l’agast est « l’érable de Montpellier ». (Acer monspessulanum L.)
Ce nom est limité au parlers à l’est du Rhone et une zone du est-languedocien. Pour le moment on n’a pas d’explication de cette limite géographique. Le FEW signale le mot basque gaztigar « érable » qui pourrait être un emprunt à l’occitan avec un suffixe basque. FEW XXIV,276