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Broumejà, broumet, broumegeur

Broumegeà « appâter ».   Le  broumet  est ce qu’on met dans le broumegeur.

Dans la CIGALE ET LA FOURMI façon provençale !!!  écrite par Caldi Richard.

 » En la broumégeant un peu je pourrai sans doute lui resquiller un fond de daube « .

D’après le Trésor de Mistral ( le t. 2, p.1155) le verbe  broumeja  signifie « jeter dans la mer l’appât dont on se sert pour attirer le poisson ». Le substantif   broumet  désigne:

L’étymologie est le  grec broma « appât, fessure en bouillie qu’on jette à la mer pour attirer le petit poisson ».  broumejà   est le verbe. Le   mot broumet  a été apporté directement par les Grecs à Marseille. Ce n’est pas une fantaisie  d’étymologistes, regardez:

Le sens s’est spécifié dans le milieu des pêcheurs, pour ensuite se généraliser totalement dans le verbe broumejà.

Un pêcheur de Marseille écrit: « je viens de me fabriquer un broumegeur ( cage en grillage que je compte lester sur le fond remplie de sardines broyées ). »  Un   broumégeur  pro contient jusqu’à 1,5 kg de broumé.  À immerger sous le bateau pour pêcher la bonite, juste au dessus du fond pour pêcher les sparidés.

Un pêcheur de Narbonne l’appelle   broumegeur ou  BROUMEUR,   BROOMER. Cette dernière graphie a subi l’influencé du  grec ou de l’anglais broom « balai ».

En galloroman, cette petite famille de mots qui semble être bien vivante, n’est attestée qu’en provençal, mais le pêcheur narbonnais le connaît aussi. Je n’ai pas de renseignements sur la côte ligure en Italie…

Un collègue catalan, auteur du site Petit és Polit a trouvé le mot dans un nouveau dictionnaire du Nord catalan et il s’est rappelé de mon article qui date de 2010. Il a écrit:

Seguint amb la lletra ‘B’, una petita observació però: a l´entrada ‘Bromeig‘  se´ns ofereix aquesta traducció al català de la resta del territori: ous de peix servint d´esquer

amb la qual cosa sembla donar-se a entendre que es tracta d´un mot exclusiu del nord.

En realitat pel que sabem la paraula és ben present una mica arreu, per exemple a les Balears. El diccionari Alcover la registra amb tota normalitat i nosaltres l´hem sentida en boca de pescadors de la costa de Tarragona.

De les dues variants del terme, Bromeig i Grumeig, la primera és la que va arribar als dialectes lígurs des del provençal:

Bromes, Brümezzu  esca pei pesci. (Carlo Randaccio. Dell´idioma e della letteratura genovese 1894)

segons Alibert provindria del grec βρῶμα  ‘aliment’.

A la web Cumpagniadiventimigliusi trobem la mateixa etimologia:
greco: BROMA “immondizia” > brüma  “fanghiglia di origine organica”.(..)
Modalità di pesca (..)  greco: BROMA “cibo” + IZO – IDIARE > brümézu – brümezà  “gettare esca in mare”

Degut a l´existència de l´altra variant, però, l´explicació etimològica més habitual fa derivar el mot de ‘grum’ (del llatí grūmu, emparentat amb, per exemple, l´anglès crumb)

 

Brousto

Brousto « pousse, ramée » (M). Alibert donne deux formes: brost et brot.  Brousto  est dérivé du germanique *brust « pousse ». Ancien occitan brost et brosta « feuillage, ramée » fin XIIe s. Cf. fr. brouter, broutille. Le sens « jeune pousse » se trouve surtout dans le Midi et en catalan brosta.

Voilà une famille de mots qui relie le moyen âge à internet. Pour trouver ce site sur internet vous avez utilisé un browser , comme Mozilla ou IE, littéralement un « brouteur ».

Le verbe anglais to browse: « paître »; to browse through a book « feuilleter un livre « . Emprunté au moyen français brouster dans lequel on a pris le -t final pour la forme du participe passé : *browsed.
Le substantif occitan brousto « pousse » se traduit en anglais par the browse « tender shoots, twigs, and leaves of trees and shrubs used by animals for food « . Suivez ce lien vers le Metaglossary

bru et picho bru

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Bru   « erica scoparia »  et  picho bru « callune vulgaris » (Pouzolz II,19-20). L’abbé de Sauvages (S1) l’écrit brus, brussës   au pluriel : « dont on fait des balais ou qui servent comme rameaux pour les vers-à-soie »  brussës de magnas.

Actualités: « terre de bruyère dans le tabac »:

E.RollandFlore populaire VII, 251
No comment!

 

    

De nombreuses formes dans Rolland Flore Populaire, VII, p.248-250; toponymes, onomastique, proverbes et dictons p. 250 ss.

L’étymologie est probablement un gaulois brūcus « bruyère », qui vient d’un ancien celtique *vroicos. (FEW suivi par TLF).  La racine simple n’a été conservée que dans le Midi, où  le dérivé brugiera  désigne un « champ couvert de bruyères », comme  en ancien français, mais très tôt ce  dérivé y désigne la plante seule.

Dérivés:  languedocien bruguiè  « taillis de bruyère à balai qu’on met en coupe réglée »; brugas  « lande couverte de bruyère » , brugassiè « habitant des bruyères » ou en Rouergue « pie-grièche ».

Une utilisation spéciale a donné le verbe brugar dans le Var « flamber l’extérieur d’un bateau avec de la bruyère »

Le nom vulgaire brémale donné par Pouzolz ci-dessus est mentionné dans le TLF s.v. brumaille²: Étymol. et Hist. 1548 brumalles (Chatelleraud, Arch. Vienne dans Gdf.); 1858, 23 mai bremaille (Article sur la terre de Chambord dans le Journal L’Union, cité par Jaub.); 1874 brumaille (Les Primes d’honneur, p. 365, Paris dans Littré); 1925 breumaille, supra. Mot dial. du Centre (Jaub. : brumâle, brumaille, bremâle, bremaille) et de la région de Blois (A. Thibault, Gloss. du pays blaisois : brumaille, bremaîlle) issu du croisement de bruyère* avec mâle*, lat. masculus (FEW t. 1, p. 558b), cette bruyère (bruyère à balais) étant celle qui prend les plus fortes dimensions (Jaub.).

Stephane Gendron, Les noms de lieux de l’Indre. Académie du Centre, 2004, p.160-161 signale ce nom comme toponyme:

Une  Villa Brugariae  est attestée dans le Gard  depuis 870.

D’après E.Rolland, Flore VII, p.215 et l’ALF Supplément le « rhododendron ferrugineum » s’appelle bruirasso, bruassa, brouàsa  dans le dép. des Hautes-Alpes.

En Gascon un  bruc  est un « cèpe, boletus edulis » , à Toulouse le bruguet  « sorte de champignon », mais je ne sais lequel??, languedocien brugassou  « agaric marbré »

En Italien 1. brugo ,  2 brughiera. En piemontais brùvéra.

Azaïs, Bulletin 1871, p.17  sur bremale

 

Brus, brusc "ruche" une étymologie compl...

L’étymologie de brus, brusc, bruk, bru  « ruche » serait d’après  le FEW 1, 575  latin bruscum « noeud de l’érable ».

racine ou loupe d'érable

Mais, comme vous le savez,  le premier volume du FEW  paru en 1922, a été complètement revu et corrigé, SAUF un grand nombre de mots de la lettre B.   L étymologie  bruscum > brusc est entièrement basée sur la phonétique historique.  Le premier problème déjà signalé par von Wartburg est  que  la qualité du –u-, long ou court  est inconnue.  En plus  il est difficile d’établir des  liens sémantiques  entre un « noeud de l’érable » et une « ruche », du « bruyère; broussaille » ou la notion de « rude au toucher » (> « brusque »), tous des sens classés sous cet étymon. Le TLF brusque  renvoie    vers « Cor., hyp. probable », ce qui signifie probablement « Corominas »…… Dans le Diccionari etimològic de Jordi Bruguera, qui est basé sur le travail de Corominas, est noté que le mot brusc « brusque » est probablement  préroman.

Heureusement que le Lessico Etimologico Italiano est plus clair; dans l’article brusk-, brosk-, brisk- ‘radice nocchiuta’ « racine avec des noeuds »; brūscus ‘pungitopo’ « petit houx »; briscus ‘pianta’  est inclus le sens « ruche, rucher « , attesté en Ligure :

Lig.occ. (Olivetta San Michele) brǘsk m. ‘alveare ricavato da un tronco cavo’ AzarettiSt.8037, lig.centr. bṛǘšk ‘apiario, alveare’ Massajoli.

L’article brusk-  etc. du LEI est très complexe; si cela vous intéresse visitez le site. De toute façon la conclusion est  qu’il s’agit d’un mot préroman, et que le latin  bruscum  en est un exemple.

Le Thesoc nous fournit des attestattions de brusc  « ruche » pour la région voisine de la Ligurie, les Alpes-Maritimes,  et de brutse  à Job (Puy-de-Dôme).

Le mot languedocien brus  « bruyère à balai »  fait partie de la même famille. L’abbé de Sauvages donne deux articles brus.

1. Brus « la grande bruyère dont on fait les balais, les rameaux des vers-à-soie »  Brussës dê magnas  « des rameaux ».

2. Brus  « une ruche de mouches ou pour les abeilles, on les fait avec quatre ais1 assemblés ou avec un tronc d’arbre creusé, on les construit aussi avec de l’éclisse, de la paille, du jonc, de l’osier, & l’on dit en conséquence, j’ai cent paniers dans mon rucher. Dans la deuxième édition l’abbé ajoute  brus  ou brés d’abél.

Ci-dessous une image d’une ruche naturelle! (source où vous trouverez beaucoup d’autres images).

ruche naturelle dans un tronc d'abre

Anglais brusque « brusque ».

  1. des bouts de bois, voir TLF

Buc

Buc  » chicot d’une branche d’arbre ; pointe ; écharde ; cime de montagne ; ruche d’abeilles ; tronc d’arbre creusé où l’on plaçait les bébés ; dans l’Aude : conque ou bassin fabriqué avec un morceau d’écorce ; ….  » (Alibert). L’abbé de Sauvages donne en plus  le sens   » chicot d’une dent cariée « .  Le mot a existé en ancien français avec les sens  » tronc du corps  » et  » tronc d’arbre « , comme en ancien occitan. Dans les parlers modernes, buc n’est attesté qu’en wallon, en franco-provençal et en languedocien.

D’après le FEW l’origine est l’ancien franc buk  » ventre « , que l’on retrouve en allemand Bauch,, néerlandais buik et ancien néerlandais buuk avec le sens » ruche  » comme le mot buc occitan ! Le sens primaire de buk semble être  » cavité  » et de là  » tronc  » ou  » ventre  » et ruche,  » chicot  » etc.. Le mot existe également en catalan, espagnol et italien.

des bucs à Thines (Ardèche)

Bugar, bugat ou bugalh « rucher ». Le visiteur/apiculteur Jean Courrènt m’envoie la contribution suivante:

« Comme vous le savez, la ruche est appelé buc, de Toulouse à la mer1. Dans votre présentation, je ne trouve pas le bugar (le rucher). Buc est apparu après l’installation des Wisigoths. L’orthographe de « buga » (rucher) est bugar, bugat ou bugalh (avec des nuances de sens), en Terre d’Aude. Le mot bugar, qui désignait « un gros rucher » (probablement du seigneur civil ou religieux, à l’origine, à l’époque de la féodalité et des droits d’abeillage et d’épaves) n’est plus utilisé depuis que la production de sucre à bon marché a réduit l’importance de l’élevage des abeilles (probablement deuxième moitié du XIXe siècle). Actuellement, les vieux apiculteurs ne disent plus que « ai bucs » (« Vau ai bucs » ou « Vau a las abelhas« ) ce qui rejoint le apiaria [pluriel de apiarium], les lieux où l’on met les ruches des abeilles, constaté dans le langage commun, par Aulu Gelle, au IIe s. (Nuits Attiques, II, 20). Le rusca des Gaulois devait également se maintenir jusqu’alors, pour la ruche familiale (ce qu’il faudrait quand même prouver).
Bien cordialement. J.COURRENT.
PS : En 1704, le compoix de Montredon-des-Corbières signale deux bugars (un gros et un petit). A la même date, il y avait trois bugars à Tuchan, dans les Corbières. Le bugar ne désignait donc plus le rucher du seigneur. »

  1.  Remarque : Le Thesoc donne le type buc « ruche » pour les départements de l’Ariège, le Gers et la Haute-Garonne. Alibert mentionne bugal, bugar « rucher, groupe de ruchers »

Budets, budèl

Budèl « boyau, tripe, intestin » est la forme de l’ancien occitan, conservée dans le Lauragais, ailleurs dans l’Ouest-occitan c’est budets avec changement de suffixe.

L’étymologie est la même que pour français boyau à savoir latin botellus « petit boudin, petite saucisse », mais le –ü- des formes occitanes comme le -u- de l’italien budello reste inexpliqué.

Dans beaucoup de parlers occitans budets, budel est remplacé par le type tripes. Voir Thesoc pour la répartition géographique. Catalan budell « intestin ».

Le languedocien a créé un dérivé embudela « éventrer », comme l’ancien français emboeler. Ce dernier, comme ancien français boel sont passé en anglais : bowel « intestin » et embowel rendu plus transparent par disembowel « éventrer, vider des intestins ».

Bugà(r)

Bugar, bugat ou bugalh « rucher » voir  Buc

Bugada

Bugada « buée; lessive; linge de la lessive » et les dérivés bugada(r) « lessiver », bugadarià « blanchisserie », bugadier « cuvier à lessive », bugadièra « blanchisseuse, buanderie; liseron » bugadon « petit cuvier », bugador « cuvier », bugàs « vent chaud et étouffant ». Mistral donne quelques indications complémentaires:

       bugadiera  

L’étymologie est la même que celle du français buer, buée.  « De l’a. b. frq. *bûkôn « tremper dans la lessive » » (TLF). Suivez ce lien.  Vous verrez que mon travail est de la vulgarisation.

Bugne, bonha

Bonha « bigne, bosse, enflure; souche d’arbuste; maladie du maïs; écrouelles » (Alibert), en français régional : baigne, bugne; bugner « toucher, heurter »(Andolfi), bougne « griffe, coup »(Lhubac).

Ancien français bigne, bugne signifie « bosse à la tête provenant d’un coup »  et de là, en prenant la cause pour l’effet : « gifle », représente un celtique ( ?) *bunia « souche d’arbre ». Languedocien bougno  et bougnas, bonhas « vieux tronc d’arbre ; petite souche » ;  bougneto « petite souche ». (S.).  L’évolution des sens a dû être « nœud d’arbre » > « bosse » > « coup ».
Pour l’ informateur ardéchois de Gravières de lAtlas linguistique la bugno est carrément « la tête ». Est-ce que la violence y règne?

Probablement de la même famille sont français beigne, italien bugna « bosse » et le catalan bony.  Anglais bunion « Callosité qui se forme au niveau des articulations du pied, en particulier à la naissance du gros orteil ». Peut-être même le néerlandais bonje  « bagarre ».
Un rustre ne connaît que la force de ses poings, de là bougnat « paysan rustre, grossier ». (And.). Bougno « tache » et bougneto « petite tache » sont  peut-être  dérivés de l’aspect d’une  « bosse » après un certain délai…
Par contre quand un Lyonnais vous donne une bugne, c’est un geste d’amitié! D’après le grand nombre de visites le 24 février 09, une patisserie pour le Mardi Gras . Pour une recette cliquez ici !

Est-ce que l’argot lyonnais bigne « prison », et bignolle « agent de sûreté » argot français bignole « concierge » appartiennent à la même famille?? (FEW XXIII, 129b)

bugnes lyonnaises

 

 

Buscalhar

Buscalhar « ramasser du menu bois » , buscailler en français régional. Alibert donne deux formes : boscalhar et buscalhar tous les deux avec le sens « ramasser du menu bois ».

Le type buscalha « ramasser du petit bois, des copeaux » se trouve en Normandie, en poitevin, en franc-comtois, en franco-provençal et en occitan des vallées provençales italiennes jusqu’en Béarn. En languedocien buscalh a pris le sens de « tison ». Le dérivé buscalhar « ramasser du petit bois » est attesté en ancien occitan depuis 1240, dans les patois buscalhar se trouve en provençal et en languedocien jusqu’en Rouergue.(FEW XV/2, 25b-26a s.v. *busk-)

Le type boscalhar se trouve dans des textes en ancien franco-provençal avec le sens  » couper du bois pour son usage dans une forêt seigneuriale ou communale » qui était un droit à l’époque, et de nos jours (??) je crois. Mistral donne les formes bouscaiage, bouscaiatge pour ce droit  et bouscaiá, bouscalha pour le verbe.(FEW XV/1, 104b s.v. *bosk-)

L’étymologie n’est pas évidente. Boscalhar viendrait du mot germanique *bosc- « bois » et la forme avec –u-, buscalhar du germanique *busk- « baguette, tige ». Mais il y a un lien étroit entre ces deux étyma, d’après Braune il s’agit du même mot avec un changement de la voyelle (apophonie) du radical (Voir Zeitschrift, 36 p.713 et p 584 pour les formes italiennes). Je peux ajouter qu’en néerlandais le mot bos signifie aussi bien « bois, forêt », que « faisceau, botte » et nous retrouvons l’apophonie dans le diminutif bussel « botte; faisceau ». L‘EWN  pense qu’il s’agit d’un emprunt à un substrat pré-indoeuropéen, et dit que les rapports entre les mots germaniques et romans ne sont pas encore très clairs.