Trigoussá, estrigoussá
Trigoussá, estrigoussá « tiraller quelqu’un, secouer avec violence » voir estirgonha
Trigoussá, estrigoussá « tiraller quelqu’un, secouer avec violence » voir estirgonha
Trissar « piler, broyer, fouler aux pieds » voir tris ci-dessous.
Trisson, trissou(n), trissadou (S) « pilon du mortier »; estrissar « broyer, écraser les mottes de terre ». Composé : trisso-moutos « maillet pour émotter », ancien occitan atruissar « opprimer moralement ». Il y a quelques attestations du dérivé trissouiro, trissadouiro(s) avec le sens « dents ».
Tris, trissa adj. « pilé, broyé », saou trisso « sel fin », est un dérivé du verbe trissa « piler, broyer » issu du latin *tritiare « frotter, piler, broyer ». Les représentants de *tritiare se trouvent en espagnol triza, hacer trizas « casser en mille morceaux », catalan estrijolar
« broyer », en occitan et dans l’Est de la Galloromania jusqu’en Champagne et les Ardennes. Le -ss- dans beaucoup de formes galloromanes doivent s’expliquer par une assimilation à l’adjectif tris.
D’autres mots qui ont la même origine : trissou(n), trissado, (etc. cf. Thesoc) « pilon, mortier », trissadouiros « les dents » à Marseille, trissagi « action de piler »; un composé en Dauphiné: trisso-krousto « un gros mangeur ».
Voir aussi le verbe triar « trier, choisir » et trida adj. « arable, meuble ».
Français triturer < latin triturare est un emprunt du XVIe s. au latin classique.
Trou(t)š , trouyš ; trouc (Béarn), troç « trognon de chou » (cf. Thesoc) vient d’une racine préromane, peut-être gauloise *truko- « souche ».
La forme béarnaise trouc suppose une origine truko-, trukko- , tandis que troç, troutš etc. exigent un dérivé *trukio-.
Presque toutes les attestations viennent du sud-ouest , de l’Ariège jusqu’à la mer. C’est là aussi qu’on trouve les dérivés comme trouchá légne « couper du bois en tronçons », estrouchá « étronconner, couper net, ôter le trognon ».
Le Truc de Balduc n’est pas le Machin de Balduc dont on a oublié le nom mais une « colline, une montagne ». C’est le truc le plus connu de la Lozère, le département de France le plus riche en trucs, même s’ il y a aussi le Mont Truc en Hte-Savoie. D’après le Pégorier truc signifie « hauteur, éminence » dans les dép. Lozère, Ardèche et Aveyron. D’autres noms dans la même catégorie : trucaioun « petite butte dans les Cévennes. Trucal « butte, monticule, hauteur aride et isolée » (Languedoc, déjà S1); trucas « grosse butte, gros tertre » Languedoc; tru, truc « grosse pierre, roche; butte, sommet » occitan et franco-provençal. La famille de mots est très répandue en Italie et dans les langues ibéro-romanes comme catalan trucar « donner des coups ». Truc signifie partout « gros caillou, rocher, bloc erratique, rocher massif », en occitan du dép. des Hautes-Alpes jusqu’au Cantal, par ex. à Champsaur « grosse pierre ». Estruquer » enlever les pierres d’un champ ».
J’ai l’impression que plus on va vers l’ouest plus les trucs grandissent. Voir l’image du Truc de Balduc, qu’on peut difficilement considérer comme un caillou. A Teste (Gironde) truque est une « hauteur de terrain, plus haute que les autres, et dans les Landes un trucest est une « dune ».
Le FEW considère ce groupe de mots et de toponymes comme dérivés du verbe du latin parlé *trūdĭcare « heurter » créé à partir du latin classique trūdere « heurter ».
*Trūdĭcare a donné en ancien occitan trucar « heurter contre » ( vers 1300). A Nîmes trucâ « heurter » (Mathon). Dans les régions d’élevage trucar se dit en général des bêtes à corne « frapper de la tête, de la corne ». De l’Hérault jusqu’en Gascogne le dérivé truc signifie » choc, heurt ». A Toulouse le truc est « le bruit que font les écus en les comptant » et dans cette région « payer comptant » se dit paga truquet. En béarnais truc a pris le sens d’un des résultats possibles d’un heurt : « le son d’un battant (de cloche, etc.) ». Ailleurs, surtout en gascon l’évolution a continué et le truc est devenu « grande clochette pour le bétail » (Val d’Aran, Lavedan, les Landes, etc.).
L’étymologie donnée mais pas expliquée par le FEW du truc « gros caillou » comme le TRuc-de-Balduc n’est pas très convaincante. C’est surtout l’évolution sémantique « choc, heurt, battant » > « caillou, rocher, tertre » qui n’est pas claire. Le verbe catalan trucar « sonner, donner un coup (de fil), frapper à la porte » et ses dérivés sont expliqués comme des onomatopées par Corominas (DE) , mais ils pourraient s’expliquer éventuellement à partir d’un verbe trūdĭcare « heurter ». Le Truc de Balduc par contre est beaucoup plus difficile à expliquer. D’ailleurs, d’autres comme A.Dauzat ou C. Nigra pensent que truc « rocher » est un élément d’un substrat celtique ou préceltique, ce qui est d’autant plus probable à mon avis qu’il s’agit d’un mot très fréquent dans la toponymie.
Trucà « heurter ». Comme étymologie on suppose un *trūdĭcare « heurter », dérivé du verbe trudere « heurter ». *trūdĭcare a donné en ancien occitan trucar « heurter contre » ( vers 1300). A Nîmes trucâ signifie toujours « heurter » (Mathon). Dans les régions d’élevage trucar se dit en général des bêtes à corne « frapper de la tête, de la corne ». De l’Hérault jusqu’en Gascogne le dérivé truc signifie » choc, heurt ». A Toulouse le truc est « le bruit que font les écus en les comptant » et dans cette région « payer comptant » se dit paga truquet. En béarnais truc a pris le sens d’un des résultats possibles d’un heurt : « le son d’un battant (de cloche, etc.) ». Ailleurs, surtout en gascon l’évolution a continué et le truc est devenu « grande clochette pour le bétail » (Val d’Aran, Lavedan, les Landes, etc.).
Le verbe catalan trucar « sonner, donner un coup (de fil), frapper à la porte » et ses dérivés sont expliqués comme des onomatopées par Corominas (DE) , mais ils pourraient s’expliquer aussi bien à partir d’un verbe trūdĭcare « heurter ».
Voir aussi l’article Truc-de-Balduc un « très gros caillou ».
Français truc « coup d’adresse, ruse » apparaît dans quelques rares textes de l’ancien français, un peu plus au XVe siècle (cf. DMF). En moyen néerlandais est attesté en 1554 le mot truc avec le sens « ruse » et il est courant en néerlandais moderne; j’ai quelques doutes sur cette étymologie « emprunt au français » du mot néerlandais parce que ce sens ne devient vraiment courant en français qu’à partir du XVIIIe siècle.
Remarque. En anglais la même notion est exprimée par le mot trick « ruse » (15e s.), qui vient du normand ou du picard trique, (français triche) du latin triccare. Une coïncidence ?
Le FEW le rattache à trūdĭcare « faire un coup », à partir de l’occitan truc coup », mais il y a d’autres propositions. Pour plus de renseignements voir le TLF.
Triol, truelh « pressoir » Étymologie. Une visiteuse du site m’écrit :
J’habite à Prades-le-Lez, village au nord de Montpellier dans une impasse appelée « Lou Triol », j’ai vainement cherché ce que le mot Triol pouvait signifier (lou = le), dans mon entourage personne n’a pu me renseigner. Avant la construction de notre lotissement en 1987 il y avait des vignes… je ne vois pas le rapport avec Triol. Si vous aviez une petite indication sur ce mot je vous en serais très reconnaissante.
J’ai pu lui répondre:
Bonsoir,
Triol ou Truelh vient du latin tŏrcŭlum « pressoir », il s’agit donc probablement de l’endroit où se trouvait le pressoir ou l’auge dans laquelle on écrasait le raisin avec les pieds ».
Tŏrcŭlu est devenu truey, truilh, triol, trel, truel, treu en occitan. Voir le Thesoc s.v; pressoir à raisin. et comparez la répartition géographique du type truelh; truolh avec les données du FEW XIII/2, 39 et vous verrez que la zone Tŏrcŭlu est beaucoup plus grande qu’on ne supposerait avec les données du Thesoc. Elle s’étend grosso modo jusqu’à la Loire.
Dérivés : troulhié maître du pressoir, trolhar « presser », l’auge pour écraser le raison s’appelait trouïadouïro à Alès.
L’article du FEW occupe 4 pages. Il y a pas mal de mots occitans qui viennent de torculum.
Un ami d’origine ardéchoise m’a écrit une petite histoire à propos des:
Truffoles, c’est comme ça que l’on appelait les pommes de terre surtout du côté de chez ma Maman en haute Ardèche (St Agrève…1040 mètres d’altitude où je suis né ! et où la burle souffle l’hiver). Dans la Vallée de l’Eyrieux, donc plus bas (la ferme de mes parents est à 450 mètres d’altitude) on faisait plutôt des rates dans les échamps situés à l’adret , abrités de la bise (vent du Nord froid que l’on appelle mistral ici !) pour les expédier (via un « groupeur-grossiste » qui les transportait vers les grands villes (Paris, Lyon) mais aussi des pommes de terre de conservation.
Truffoles« pomme de terre » n’est pas une AOC ou APC, mais presque. Voicet r l’article
L’étymologie est le latin tuber « genre de rave » attesté en ancien provençal depuis le XIIe siècle dans la forme trufa « espèce de champignon souterrain » (tuber cubarium). Plus tard , du XIIIe au XVe siècle trufa signifie aussi « moquerie, plaisanterie ». Voir FEW XIII,2 p.384
Olivier de Serres introduit la cartoufle en France en 1619 après un voyage en Suisse. Vous trouverez la suite de cette grande révolution alimentaire dans l’article cité ci-dessus.
L’histoir de ratifle et cartoufle, allemand Kartofflme se trouve dans l’article Tartifles.
Etn’oublions pas la truffade du Cantal!
Trule s.m. 1. viscère; 2. boyau; 3. boudin; trulet (1) s m. boudin; trulet (2), truleta « enfant ventru ». (Panoccitan); trullé « homme ventru » (S); trunle « boudin; homme gros, goinfre » (Die); trular « avaler avec précipitation des quantités énormes de liquide » (Queyras); estrular « faire des efforts ou porter des coups au ventre au point de faire sortir les boyaux »; plusieurs dérivés dans le dép. des Hautes Alpes, comme estrulà « éventré, égorgé, dont les boyaux sortent ». Les attestations sont limitées à l’Est du domaine occitan, jusqu’au Rhône, plus une à Alès. La première date de 1411 d’un texte des Alpes maritimes.
Cette famille de mots est d’origine inconnue (FEW XXI, 470) (si vous avez une idée ??) et aucun des informateurs des Atlas linguistiques ne donne une forme qui y ressemble. (Thesoc).
Pourtant Google me donne « La trulle est une variante niçoise du traditionnel boudin noir. Il reprend un des ingrédients de base de la cuisine niçoise à savoir la blette. La farce est additionnée de blette et de riz. Elle se mange chaude ou froide. » Wikipedia. Une recette de La trulle niçoise. Le plus intéressant linguistiquement parlant est le trulet als cebas attesté à Montauban, dans le Tarn et Garonne, D’après le site http://lavieillechouette.com/, bourré de bonnes recettes et d’expressions locales, trulet signifie « boyau » et « boudin » dans cette région. Comme ce site est en pleine transformation, j’ai imprimé la page en PDF concernant les différents types de trulet, que vous pouvez consulter ici: trulet_Montauban , qui fait partie des CARNETS DE LA « VIEILLE CHOUETTE », plus spécialement de Lou darriér viatge de Mossiur lou Tessou.
Trulet ‘boudin, boyau’ à Montauban. Le mot est absent du Thesoc. L’étymologie est inconnue d’après le FEW XXI, 470qui donne par contre pas mal d’attestations provençales, à l’est du Rhône. L’abbé de Sauvages connaît le trullë au figuré comme « homme ventru ».
Il est à noter que j’ai trouvé ce mot dans le site de La vieille chouette de Montauban, tout à fait de l’autre côté du domaine occitan. Il serait intéressant de savoir si mes lecteurs le connaissent ??
Dans le site de La vieille chouette plein de bonnes recettes de cuisine à l’ancienne vous trouverez un petit lexique de mots régionaux. qui sentent bien le terroir.
Il y a longtemps elle m’ écrit:
Pour le mot « trulet » je vous confirme qu’ici le mot est utilisé dans les deux sens -boyau et boudin – je pense que le mot devait désigner au départ le boyau puis par la suite ce que l’on met dedans ??? comme ils disent ici » lou farson« .
La plus locale : le boudin « galabare » les morceaux de tête coupés petits, sont mélangées avec du sang, et les « garnitures » (des oignons , de l’ail fondus et des épices * ).
On les « entonne » dans le gros intestin d’où un énorme « boudin » rondouillard et contorsionné comme un gros nuage d’orage d’été (et les orages sont gros chez nous l’été!).
– encore local, le « trulet als cebas » (boudin aux oignons) Avec le sang , un peu de petits lardons et beaucoup d’oignons bien « séchés » et dorés à la poêle avec les autres « garnitures » et les épices * .
– moins local le « trulet als pomas » (boudin aux pommes) , avec de bonnes pommes anciennes (de la Ste Germaine ou de la reinette calvine,) des oignons , pas d’ail … et des épices douces
– encore moins d’ici mais bien « corse » et « corsé » « trulet als castanhas » (le boudin aux châtaignes) avec des châtaignes pré-cuites, les « garnitures », pas de « Rabelais » mais plutôt des épices douces … un délice tout doux
– testez aussi le « trulet als rodabèls » (boudin aux lardons ) avec des lardons bien grillés, et les » garnitures »et épices * habituels
– et le « boutifar » ??? vous connaissez??? un boudin avec un peu de viande, des « garnitures et beaucoup de poivrons séchés et du piment, (un peu comme le mélange pour merguez) Importé par nos voisins espagnols il est également assaisonné de 4 épices et cannelle en plus
– le pas du tout « del païs » le boudin « féroce »antillais au riz et piments avec lardons, légumes + riz mi-cuit, épices (massalé, hot curry, gingembre …) + piment « lantern » et autres petites bonnes choses qui vous laissent la langue d’un dragon crachant le feu
– la liste n’est pas exhaustive ! on m’a parlé d’un boudin aux herbes, aux noix et d’un farci avec la langue pré-cuite . Je n’en ai jamais fait donc je ne saurais vous éclairer … cette « eau de boudin » mais « res se pèrder res dins lou tessou ».
et puis il y a les boudins blancs , pas vraiment des trulets » puisqu ‘il y a de la viande de veau (ou de volaille dans certaines familles) avec la panne de porc . Et le sang est remplacé par lait, mie de pain et blanc d’oeufs mais on l' »entonne » dans les mêmes boyaux et on le cuit pareil . Vous avez compris que je ne vous parle pas des « bâtons de craie » des grandes surfaces mais de ravissantes choses roses nacrées que vous pourrez déguster aussi bien froides dans une salade que chaudes dans les recettes de dessous !
NB Les boudins vont cuire dans un bouillon corsé mais à petite température pour ne pas « esclapar » . On met le galabare en premier ( plus gros donc il mettra plus longtemps à cuire) dans le bouillon frémissant dans lequel ils vont pré-cuire et gonfler tout doucement . D’où l’interêt de ne pas trop « entonner les budèls » car sinon ils éclateraient dans l’eau .
Surtout ne jettez pas « l’aigo de boudine », le bouillon de cuisson , les convives (au moins les « sudistes » ) vont adorer avec des « trempes de pan goussé » comme chez Victorine ou avec des gros vermicelles comme chez Maria . Une autre cousine y mettait du tapiocca et ce potage « en famille » était « l’entrée » du festin du cochon parce que … » res se pèrder res dins lou tessou ».
Tueis, tueï « If [et non thuya], arbre de la famille des taxacées (Taxus baccata) est attesté en Provençal (par exemple à La Seyne) et dans le Périgord. Il y a dans le domaine occitan et franco-provençal deux formes : teis tech, tatch « if » ou le dérivé tasiñe « laurier-tin » (Alès) qui viennent du latin taxus « if », mais aussi les formes tueis, tuei, tuy « if » qui ont subi l’influence ou viennent directement du grec τόξον (toxon) « arc à tirer ». L’explication de cette évolution sémantique se trouve dans le fait que le bois de l’if était considéré comme le meilleur pour la fabrication des arcs et des arquebuses. Grâce à Internet archive j’ai pu retrouver la source de cette information : Warburg Otto, Die Pflanzenwelt 1, p. 343:
If millénaire breton.
Chalet Les Touisses
Dans le FEW XIII/1, 147b von Wartburg écrit que la présence du mot en Périgord ne peut être un argument contre cette étymologie grecque, parce que ce n’est pas rare de trouver des mots grecs qui se sont répandus à partir de Marseille dans tout le domaine occitan. Nous retrouvons la forme provençale dans le toponymes comme La Touisse, Les Touisses. Voir le Pégorier, s.v. Tueis et Tuy
La latin taxus est aussi à l’origine de l’italien tasso, du catalan teix, de l’espagnol tejo, du portugais teixo et a été emprunté par le breton ; taouz.
Corominas propose une influence du mot thuya ce qui est rejeté par von Wartburg pour des raisons d’ordre phonétique.